Quelques mots entre deux sorts # Eden

York, le 13 juillet 1943,

Chère Mme Valentyne,

Je dois dire que l’arrivée de votre hibou (une charmante bestiole, très efficace, en effet, si j’en juge par la vitesse à laquelle il m’a gobé trois biscuits du marin tandis que je lisais votre lettre, m’obligeant à me contenter d’un ragout aux os de kelpies en guise de dîner – une excellente chose, au demeurant, il faut que je surveille ma ligne) a provoqué en moi une surprise qui n’a été surpassée que par la joie que j’ai ressentie en découvrant votre si généreuse et aimable offre de travail.

Je suis extrêmement flatté que mon amie Pearl ait pensé à moi pour cet emploi ; je ne veux pas vous mentir, sans doute a-t-elle exagéré mes talents. Cependant, il est vrai que, comme vous le dites si justement, nous vivons des temps pour le moins difficiles – je suis bien placé pour en juger – et que l’on ne peut jamais compter sur trop de soutien pour y faire face. Or, si j’en juge par ce que je crois lire entre les lignes de votre missive, vous cherchez un employé de maison dont les compétences rejoignent, en partie du moins, celles que j’ai la chance de posséder.

Je vous ferai grâce, ici, d’un C.V. complet ; il me semble plus judicieux de vous l’exposer de vive voix quand nous nous verrons – car, vous l’aurez compris, j’accepte votre proposition, et je l’accepte même avec gratitude. Je serai ravi de pouvoir discuter de tout cela autour d’un thé.

Par conséquent, je reste à votre entière disposition ; je vous laisserai le soin de fixer le jour, le lieu et l’heure de notre rendez-vous à votre convenance, de toute façon, je ne manque pas de temps devant moi.

Je vous prie, madame, de croire en l’expression de mes salutations respectueuses,

Sgt. Ysengrim Rhys.