Idylle O. Archdeacon

Elle n'aime que peu parler de politique. De crainte de laisser filer quelques informations qui ne devraient pas être entendues par les oreilles indiscrètes, d'une part, et parce qu'elle se plait bien plus à écouter les autres. Et les gens, dans ce genre de conversations, révèlent bien des choses à celui qui sait écouter et observer.
Cela dit, si l'on insiste quelque peu, elle vous dira qu'elle trouve le premier ministre plutôt bon dans son affaire, et qu'ils auraient pu tomber sur bien pire, pour sûr. Le tout avec un sourire en coin. Elle l'aime bien, il n'y a pas à dire. Quant au conflit, c'est avec une espèce d'amusement amer qu'elle le contemple, malgré son soutien invisible à la cause des sang-purs. Comme si les moldus eux-même ne créaient pas déjà assez de chaos dans ce monde, hein.
Elle est la professeur au sourire charmant et aux paroles acides, celle qui pourrait vous poignarder en vous souriant, vous étouffer de ses mains après vous avoir souffler un « je t'aime » chaleureux. La femme qui hausse le ton lorsque on ne l'écoute pas assez, qui jure et rit de l'indécence de ses propres blagues. La dame qui vous menacera si vous ne suivez pas son cours correctement, et vous lancera probablement un livre à la figure si vous n'écoutez pas. Elle est appréciée, pour sur, mais il ne faut pas pousser le bouchon trop loin. Elle plait, séduit et s'amuse. Et sort griffes et crocs dès qu'elle est lassée.
Mais ce n'est pas tout. Il y a la professeur fantasque, mais aussi l'informatrice, celle qui obtiendra le moindre renseignement, tant qu'on la paie, et pas toujours en monnaie. Celle qui longtemps est restée dissimulée sou le couvert de l'illégalité, pour le compte de bien du monde. Douée dans son domaine, renarde rusée et pleine d'imagination, elle arrive très souvent à ses fins, qu'importe le prix, faisant d'elle aux yeux de beaucoup quelqu'un sans valeur morale et de peu de dignité. Des commérages qui la font bien rire, d'ailleurs.
Les projets à long terme ne marchent jamais avec elle. Elle change trop souvent d'avis, et tout prévoir l'angoisse. Il n'y a rien de mieux que l'improvisation, pour sûr.
La famille Archdeacon est une vieille famille respectable et respectée. Aînée de trois enfants, Idylle est un semblant de déception pourtant, à cause de sa nature insatiable et volatile, incapable de réellement s'établir où que ce soit durablement.
Enfant de deux anciennes familles de sang-purs, l'une d'Écosse et l'autre de France, elle n'a pas jamais eut une vie qu'on pourrait qualifier de difficile ou terrible, au contraire. Ou du moins, pas du point de vue matériel et financier. Aînée de la fratrie, on attendait de grandes choses d'elle, pour tout dire. Devenir une brillante sorcière, épouser un homme tout aussi brillant pour ensuite donner naissance à une descendance qui saurait faire perdurer le sang et le nom de leur famille, quoi qu'il arrive. Voilà ce qui était prévu pour elle, dès sa naissance, et voilà sur quoi elle finit bien vite par cracher.

Ses parents n'ont rien de mauvaises personnes, ce sont juste des parents. De ceux qui veulent le meilleur pour leurs enfants, même si cela veut dire aller à l'encontre de leurs désirs et aspirations. Et il n'y a rien de plus buté qu'un parent persuadé de faire quelque chose de bien pour son enfant. Autant dire qu'avec le tournant qu'à prit la vie de leur fille, les relations actuelles n'ont rien de très cordiales, et encore moins amicales, fait dont Idylle ne se soucie que peu. Elle affectionne autant qu'eux la pureté de son sang, mais ne compte pas se plier, pour l'heure, à leur désirs idiots. Hors de question.

Brillante jeune femme ayant fait ses études à Beauxbâtons, avec de très bonnes mentions en sortilèges et métamorphose, et des résultats plus que bons dans les autres domaines. Autant dire qu'elle semblait être l'étudiante dont ses parents avaient toujours rêvés. Sauf qu'à partir de son départ de l'école, tout ne se déroula pas comme prévu.
Très peu intéressée par l'idée de se marier et d'être une femme respectable -foutaises- elle préféra partir à la découverte du monde, mais pas seulement. Après tout, demoiselle pleine d'ambition de de talent, la blonde avait bien d'autres aspirations.

Le chemin qui la mena à devenir une sorte de trafiquante d'informations en tout genre est des plus flou, elle-même refusant d'en parler clairement. Chose certaine, elle brille dans ce domaine-ci, de par sa ténacité autant que son talents pour se sortir des pires ennuis. Et peut-être aussi grâce -à cause ?- de son manque de remords et sa facilité à aller très loin pour obtenir ce qu’elle souhaite. Quitte à faire quelques petits sacrifices ou se mettre en danger. Et des ennuis, elle en a eut, pour sûr. Autant avec des sorciers que des moldus, s'étant déjà risqué à faire avec eux, sans pour autant laisser filtrer quoi que ce soit au sujet du monde magique. Avide et peu scrupuleuse, certes, mais pas stupide.

Se plaisant à ainsi vivre dans l'illégalité, à creuser dans les secrets de chacun pour obtenir des informations aussi diverses que variées, elle en vint à croiser la route de l'actuelle premier ministre. Un homme relativement admirable, selon elle, à qui elle loua ses services, avec un certain amusement, il fallait bien l'avouer.

Et à présent, la voilà professeur à Poudlard. Un chemin qu'elle n'aurait jamais cru emprunter un jour, à vrai dire. Et pourtant, la voilà à présent enseigner l'étude des runes, discipline à laquelle elle portait déjà beaucoup d'intérêt lors de ses jeunes années. Quant à savoir pourquoi professeur, et pourquoi Poudlard, rien n'est très clair. Peut-être un désir de se poser, finalement. Ou peut-être pas.