Rêveuse, morose, les poings seuls soutenant sa tête lourde, la rouquine de serpentarde ne prenait pas plus d'attention au bol de lait devant elle qu'à ce que pouvaient lui dire ses camarades.
Les yeux légèrement dans le vide résultant d'un réveil difficile, elle contemplait les vitraux décorés de la grande salle qui s'ouvraient pour laisser s'engouffrer les hiboux postaux. Elle ne s'attendait pas à recevoir la moindre lettre. Ca tombait bien, elle ne serait pas déçue que les animaux lui donne raison, mais c'est le temps qui lui donnait envie de juste rester dans son lit. La pluie.
La pluie, le temps Ecossais en général était bien loin de la faire rêver, elle qui ne supportait que très mal le froid. Ces premières pluies annoncées l'automne et elle se serait damnée pour une année sèche. Bien entendu, ce n'était pas possible, et les aléas de la météo le lui rappelaient comme une menace. Bientôt, elle ne sortirait que couverte de plusieurs couches de vêtement ou ne sortirait pas du tout. Quelle perspective réjouissante.
En vérité, ce qui la laissait aussi bougonne, c'était encore de se dire que ça faisait quelques temps qu'elle attendait autant qu'elle redoutait cette journée pluvieuse. Les BUSEs, c'était pour cette année, et il fallait qu'elle se rattrape en botanique. Alors elle s'était mise au défi de se rendre dans les serres dès les premières pluies pour pouvoir se faire ses petites révisions personnelles. Travailler. En botanique. Sous la pluie.
Dans l'état actuel des choses, Sally avait envie de se laisser se noyer dans son bol de lait.
Mais dans la vie, il faut ce qu'il faut, et une fois qu'elle eut enfin fini son petit déjeuner, elle monta dans son dortoir pour s'habiller en conséquences, cape d'hiver et sa large capuche ornant ses cheveux roux, elle s'était pourvue de son livre de botaniques
Milles herbes et Champignons magiques, parce que s'il était de première années, elle devait revoir les bases, c'est-à-dire que ce livre deviendrait son livre de chevet pour pouvoir avancer correctement.
Les pas clapotants, elle se retrouva dehors, fuyant vers les serres tel un spectre de la mort, et si la moindre goutte lui avait touché le nez elle aurait certainement hurlé comme l'une de ces mêmes créatures.
Glissant presque sur la pente du château menant aux serres à cause de la boue formées, elle maudissait la terre à chacun de ses pas. Se tordre la cheville, ce serait pourtant une bonne excuse pour ne pas étudier ? Si, il fallait qu'elle s'y mette si elle ne voulait pas obtenir la note Troll à es examen.
Elle arriva enfin devant la serre, claquant la porte derrière elle. Ôtant sa capuche et déposant sur un plein de travail son sac duquel elle sortit le fameux ouvrage de botanique, elle s'arrêta un instant devant les vitres de la serre. Devant elle, apparaissant flou sous les gouttes qui venaient s'écraser, une silhouette se promener dans le potager. Mais qui, à art quelqu'un de désespéré, viendrait se promener par un tel temps ? Personne de bien sain d'esprit, d'après es standards de la rouquine.
Elle allait pour reprendre ses activités quand sa curiosité naturelle la poussa à examiner plus encore la silhouette, savoir si elle pouvait connaître la personne qui se tenait un peu plus loin d'elle ou non. Si, peut-être, elle trouverait un moyen de contourner ses bonnes résolutions. Plissant les yeux et effaçant la buée d'un coup de manche, Sally finit par reconnaître entre deux citrouilles, un garçon avec lequel elle n'avait plus eu de conversations depuis bien longtemps.
Un instant, elle pensa rester dans la serre, ne pas s'imposer. Ce garçon, Charlie, elle sentait bien qu'il était fuyant, et c'est dire, depuis leur rencontre et leur arrivée à Poudlard, c'est à peine s'il lui avait adressé la parole une seule fois ! Et ça avait le don de rendre Sally mal-à-l'aise. Oui mais... Il n'est pas né celui qui snobera la rouquine sans avoir à répondre de ses actes !
Elle renfila donc sa cape, laissant ses affaires en désordre avant de sortir de la serre pour se diriger vers le potager. Une fois assez proche de lui pour être certaine qu'il l'entendrait avec la pluie battante, elle s'adressa à lui, innocemment.
« Bonjour ! Je peux t'aider ? … Charlie, c'est ça ? »
Bien sûr, elle connaissait parfaitement la réponse à sa question et elle était certaine que lui-même savait très bien qui il était. Il serait peut-être tant de comprendre pourquoi du jour au lendemain, le rouquin qu'elle avait su apprécier dès la première minute l'avait reniée en tant qu'amie.