Qui m'a appelé? [Flash Back 1937]

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[POINT DE VUE AARIS]

Encore, encore et encore des cours. Des dizaines et des dizaines d'escaliers, qui menaient en général nul part. Encore et enore la même routine. C'était vraiment lourd. Chiant. Ennuyant. Puis cet idiot de Dharma, qui ne se faisait pas remarquer, qui était le pauvre débile tout seul au fond de la classe. Il ne me laissait jamais intervenir. D'accord, je m'emporte vite, j'ai fait des erreurs, mais j'ai appris à vivre avec lui. Je le connais mieux qu'il ne se connais. Ses moindres pensées, je les analyses. Ses paroles, ses comportements, ses gestes. Aaah, encore un point qui m'énerve... Ses gestes. Je ne peux pas contrôler sa voix, mais ses gestes, si. Enfin, je peux essayer, du moins. Ce petit con a bien appris à me laisser le contrôle que quand il le voulait. En plus, depuis quelque temps, j'essaie de lui parler mais je me retrouve comme face à un mur. Du coup, j'attends encore et encore qu'il me laisse lui parler. Depuis la rentrée, qui s'est faite il y a deux mois, il ne me parle plus. Et s'il me parle, c'est pour me dire de ne pas le faire chier. Mon dieu que ça m'agace. J'ai l'impression de vivre dans une prison. Si je parle, il s'énerve, c'est d'ailleurs bien ridicule, mais comme je ne veux pas que l'on découvre que le petit Dharma ache un grand méchant loup dans sa petite boîte cranienne, je préfère me la fermer, vous voyez. Bref. Dharma était en route vers son énième cours de... De quoi déjà? Sortilèges? Je ne sais même plus, tellement sa vie est morne. J'essayais encore une fois de lui parler.







Après le cours. Bah bien sûr. Quel beau parleur, ce sale gosse. Il m'énerve, toujours à avoir le dernier mot. En plus, tant qu'il n'en ressent pas le besoin, je ne peux pas le contrôler. La dernière fois que je l'ai fait... C'était à un moment où il était seul, perdu, désespéré, ce qui n'est plus le cas. Je comprends parfaitement qu'il m'en veuille, mais de toute façon, c'est presque grâce à moi qu'il est à Poudlard. Notre pute de mère n'aurait jamais accepté que Dharma aille à Poudlard. Elle aurait traité Dharma de cinglé, et l'aurait enfermé à double tour dans sa chambre ou placé à l'asile. Encore un cours ennuyeux en perspective, donc. L'heure passa lentement, si lentement... Je m'ennuyais tellement... Les cours de sortilèges ne m'intéressait pas. J'aurais aimé que Dharma aille dans la Réserve de la bibliothèque, j'avais entendu dire que la magie là bas était plus instructive. J'avais aussi entendu parler de certains sortilèges justement, des sortilèges spéciaux. Dharma n'écoutais pas assez les gens, alors je le faisais pour lui. Des sortilèges puissants, interdits. Je les savais, mais je ne les utiliserais pas, sauf en cas de danger de mort bien sûr. Je ne voulais surtout pas que Dharma sois en prison ou quelque chose comme ça, car j'allais devoir rester avec lui, et je n'avais pas spécialement envie de passer mes journées à discuter avec le morveux. La cloche sonna enfin. Le cours éait fini. Un garçon aux cheveux bruns rouges avec un bandeau noir nous doubla et nous bouscula, mais sans faire exprès ; ça me mit quand même en rogne.








Il ignora ma dernière réponse et se remit à marcher dans le couloir. Soudain, une voix se fit entendre au dessus du vacarme.


Sur ces mots, Dharma s'était évidemment retourné. Je soupirais, et voyait à travers ses yeux que le mec qui nous avait bousculés avait également fait volte-face. Pourquoi se retournait-il? On l'avait sonné? Pas que je saches. Nous n'étions pas du même nom de famille, si?

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[POINT DE VUE DHARMA]




J'y crois pas! C'était un autre Underwood! Quelle coïncidence! C'était drôle de voir que je  n'étais pas le seul à Poudlard. Il s'avança vers moi, alors je reculais contre le mur, méfiant. Une jeune sorcière s'approcha du mec en face de moi, pour lui rendre un objet que je n'eut pas le temps de voir. Je penchais la tête presque imperceptiblement. Il me fixais avec intensité, concentré. Puis il lâcha :






Merde, j'avais dit ça tout haut? Il n'en prit apparemment pas compte, puis me tendit la main. Il paraissait gentil. Ses cheveux rouges bruns étaient hérissés en pique, ça me faisait sourire un peu intérieurement.





Je ne savais pas qu'il était dans ma classe... Je ne savais même pas qu'un autre Underwood était à Poudlard. C'était assez étonnant d'ailleurs. Je lâchais sa main, que je tenais encore. Il était un mec assez populaire, contrairement à moi, le pauvre gosse sans potes qui passe son temps à étudier. Il me souriait gentiment, comme si il avait pitié de moi. Ça m'énervais grandement. Aaris prit la parole dans ma tête.







Je mis mes mains sur mes oreilles et me laissais glisser le long du mur. Je fermais les yeux, me concentrant pour bloquer Aaris. L'autre Underwood observait la scène d'un œil neutre, sans intervenir. Je respirais difficilement, essayant de me calmer petit à petit. Aaris m'avait vraiment énervé sur ce coup là, alors je le bloquais. Il ne pouvait plus me parler, encore moins me contrôler. L'autre Underwood me regardais avec perplexité. Je commençais à pleurer, plus de rage que de tristesse. Je ramenais mes genoux contre ma poitrine, et enfouie ma tête entre mes genoux. Je reniflais et murmurais alors :


Il restait silencieux, semblait peser le pour et le contre. Il est vrai que depuis mes dix ans j'étais bizarre, parlant tout seul, parfois tout haut, vraiment fort. Mais Aaris était difficile à gérer, je devais donc me débrouiller pour qu'il m'écoute. Il me regardait d'un air étrange. Je pleurais toujours, reniflant un peu. Heureusement, les couloirs étaient vides. Je me demandais si j'avais cours, si j'allais aller à l'infirmerie, ou juste aller dans ma salle commune pour me calmer. Je ne savais pas vraiment quoi faire, alors je restais ici, roulé en boule, me faisant tout petit, tout discret. Tel était ma vie.

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[POINT DE VUE AARIS]




Tels étaient les mots que j'essayais de faire sortir de la bouche de Dharma, sans succès. Il m'avait encore bloqué, ce petit con. Je détestais quand il faisait ça, j'avais l'impression d'être enfermé dans un boîte. Sensation horrible qui perdurait. Il restait assis, les genoux contre sa poitrine. L'autre grande perche, de son côté, s'était accroupi et essayait de voir une étincelle de vie chez Dharma. Mais Dharma était amorphe, comme comateux. Il ne répondait pas, se contentait juste de se calmer. Son état était larvaire, il ne bougeai pas, ne respirait presque plus. Il avait les pupilles dilatées. Il était secoué d'une violente colère, qu'il maîtrisait très bien. Malheureusement, il ne semblait pas avoir besoin de moi, puisqu'il était en colère, et non désespéré. L'autre Underwood semblait perplexe. Surpris. Il fallait trouver une explication logique à ce que le jeune aux cheveux rouge brique venait de voir, ou il allait alerter tout le monde. Et je n'en avait aucune envie, vous voyez. Mais Dharma restait silencieux. Il ne répondait pas. Restait silencieux. Vide. Triste. Sans vie. C'est alors que l'autre lâcha :




J'essayais de faire entendre raison à Dharma. Une explication rationnelle. Voilà ce qu'attendait un esprit tel que celui qui était en face de moi. Je l'avais en quelque sorte "analysé". C'était le mec gentil, toujours pleins de bonnes intentions, il fallait juste le rassurer et tout irait bien.





Il m'avait répondu? En pensant en plus?! Sérieusement, ce petit con m'écoutais juste quand j'avais une bonne idée? Mais quel profiteur! Mais il savait que je n'avais pas tort et qu'il fallait que le secret perdure. On ne s'était jamais fait choper jusqu'à maintenant. Pourquoi on se ferait attraper aujourd'hui? Surtout que ce jeune homme aux cheveux rouges briques ne semblait pas méchant. D'ailleurs, celui ci s'était accroupi face à Dharma, et il essayait de capter son regard. Il cherchait ses yeux à travers ses genoux. Mais Dharma se refusait à le regarder maintenant car toute trace de sa colère n'était pas totalement partie. L'autre leva la main et fit une sorte de geste avec, devant les yeux de Dharma. Comme un "au revoir".




Dharma releva la tête de quelques centimètres. L'autre Underwood avait posé une de ses mains sur son épaule. Dharma lui fit un sourire, qui passait crème. Il mit ses jambes en tailleur et pencha la tête, toujours en souriant. Ce gosse avait le don de m'impressionner. Il avait une capacité à changer d'humeur plutôt fantastique. Passant de colère à joie, limite. Il lui lança avec jovialité :




Brave enfant. Il avait trouvé une explication rationnelle, pas fausse et logique à cette histoire. Il faudra juste faire attention à son comportement avec l'autre Underwood, désormais. D'ailleurs, celui ci devait bien avoir un prénom. Un prénom peut être aussi exotique que Dharma? Je n'en savais rien. Je savais juste que c'était un élève plutôt intelligent, sûr de lui, et plutôt populaire. Quelle ironie que Dharma ait pété les plombs devant lui. Bon, je l'avoue, c'était un peu de ma faute... Mais l'erreur est humaine!







Je soupirais un peu. Dharma était vraiment lourd, à croire qu'il refusait tout lien qui me rattachait à lui. Je n'étais pas un poison quand même, si? Bref. L'autre Underwood paraissait surpris de voir Dharma immobile pendant qu'il me parlait dans sa tête, mais il ne fit aucun commentaire, se contentant d'attendre, la main sur son épaule. Dharma se leva, s'étira et demanda avec un ton calme et posé :




Pas mal, frangin. Il ramenait la conversation à son avantage en interrogeant l'autre. Puis l'Underwood ne semblait pas se préoccuper du sort de Dharma. Il se releva aussi. Dharma mit les mains dans ses poches, toujours un sourire aux lèvres, les yeux en amandes, sa fossette sur la joue qui ressortait. Il faut avouer qu'en manipulation Dharma était doué, puisqu'il usait de son "charme" pour forcer la main des gens et reprendre une conversation à son avantage. Ses cheveux blancs étaient un peu en bataille. Ses yeux azurs exprimait une sincère curiosité. Il était vraiment doué. L'autre Underwood n'y verrait que du feu. Il fallait protéger notre secret. Coûte que coûte. Lui comme moi, on n'avait aucune envie de subir des expérimentations mentales ou encore la prison à vie. Il fallait protéger notre secret. Envers et contre tout. Personne ne devait savoir. Personne.