Professeure Nastassia Melhoff

En 1875, au cœur d'une Hongrie magique naquit trois petites filles, chacune grandissant dans l'ombre de la tour Minengrád, domaine millénaire de la famille Melhoff. Melhoff. Qu'est-ce que les Melhoff sinon une famille de vampires barbares puisant sa fierté dans chaque goutte de sang qu'il leur est permise de faire couler? Le sang, le rouge. C'est la seule couleur que tu puisse donner à cette jeune et ancienne époque de ta vie. Pour eux, pour tes aînés, seul importait ce qui coulait dans tes veines, celles de tes sœurs et bien entendu celles des malheureux qui se retrouvaient « convié» à leur somptueux banquets. En cette époque, invité signifiait proie, et proie signifiait cadavre.

Trois petites filles, c'est donc bien la surprise qui attendait la mère des Melhoff qui ne put supporter tel accouchement, succombant à ses blessures après la troisième, la dernière, l'indésirable Nastassia. On dit qu'à la sortie de Viktoria, elle aurait rit. Qu'à l'a sortie de Krisztina, elle aurait hurlé de rage et qu'à ta sortie à toi, la bâtarde, l'avorton du trio, elle n'aurait pas émit le moindre gémissement. Pas le moindre son ni même la moindre grimace. Rien.

Mais ta mère, elle ne t'a jamais manqué ni même traversé l'esprit pendant la moindre seconde. Si la voir loin de lui à permit à la haine de ton père de grandir au point de t'isoler au sommet de cette tour maudite, jamais, aussi violentes et destructrices ses crises étaient, elles ne furent suffisantes pour te faire regretter d'être née. Tu t’assiérais simplement sur le rebord de cette fenêtre à regarder vers le haut, vers les étoiles, vers le seul endroit qui méritait d'entendre tes prières à toi, créature impie. Tu t'y assiérais et tu fermerais les yeux, parfois humides, parfois cernés, afin de deviner quelle constellation deviendrait ton amie pendant une nuit, vers laquelle tu enverrais cette chouette immaculée que seule toi, petite fille à l'imagination débordante, pouvait voir. Les chants étranges provenant du lac non loin s'élèveraient et toi, tu les écouterais de manière distraite sans jamais même te demander ce qui pouvait émettre tel son.

La relation avec tes sœurs? Ton isolement ne t'a jamais réellement empêché de les voir, ces deux parties de toi manquantes et ce même après la révélation de tes talents magiques. Tu fus la première, causant envie et admiration chez Viktoria, jalousie maladive chez Krisztina et... Colère chez ton père qui ne pouvait se résoudre à te voir autrement que comme un horrible et grossier gaspillage. Puis vint le jour ou tu dû t'inscrire à une école que tu n'auras pas choisi. Oh, comme tu aurais aimé aller à Beauxbâtons avec Viktoria! Ou même à Durmstrang aux côtés de Krisztina! Si la patience de la nuit, des étoiles et de la lune t'avais permise de survivre douze ans à ce climat tendu, il te fallait dès lors t'en aller, ne plus jamais y remettre les pieds. Tu n'avais que douze ans lors de ta fuite, organisée par ta cousine et quelque bonnes travaillant à la tour. Tu dus partir loin, très loin, et chez ta cousine tu trouva refuge dans un pays parlant une langue que tu ne comprenais qu'à moitié.

Te voilà en Grande-Bretagne, prête à faire ton entrée à l'école la moins plausible qui ait pu être, la plus éloignée et celle qu'aucun Melhoff n'ait jamais même fréquenté. Poudlard. Ce ne fut avec aucune surprise que la petite fille aux cheveux blancs et à la peau de porcelaine que tu étais rejoint la maison Serdaigle, arborant avec fierté le bleu qui s’agençait si bien avec tes yeux. Tu y vécu une partie conséquente de ta vie, y trouvant l'amour, l'amertume, y trouvant... L'astronomie. La réelle étude de ces étoiles qui jamais ne t'avaient abandonnées dans les nuits les plus sombres, la réelle connaissance de toutes les constellations imaginables! Mais quelque chose te rongea, la seule chose qui t'avait retenue toute ton enfance dans cette maudite tour Hongroise. Les deux jeunes filles que tu avais laissé derrière toi en partant. Tu n'étais pas permise de leur envoyer de lettres, vu la délicate situation à laquelle tu faisais face.

Puis le dernier jour de ta scolarité, en 1904, te parvint une lettre de Minengrád.

Toutes trois avez toujours été là pour vous serrer les coudes face à un père despotique, mais l'une d'entre elles semblait la plus encline à lui succéder. Prendre sa place. Au début tout ça n'était qu'hypothèse, joli songe que de devenir maîtresse d'une tour aussi grande menaçant les astres de sa hauteur, mais avec le temps, les songes devinrent pensées, et les pensées idées.

Alerio Melhoff avait succombé à la maladie. Sa fille, Krisztina -faute d'avoir pu retrouver Viktoria, disparue à l'est- , accédais au pouvoir et commençais dès lors à rompre le silence de mort qui avait depuis toujours pesé entre les vampires de Minengrád et le reste du monde. Elle te conviait au château.