Histoire :
10mai 1927Cela fait 2jours que tu m’enlaces a l’ombre sous les sapins. Tu m’enlaces comme si j’étais la plus belle chose du monde. On ne peut pas t’en vouloir, au contraire, ton instinct maternel te rend si merveilleuse. Tout le monde te félicite d’ailleurs. Ta grossesse sera récompensée par une gentille petite calme, douce et souriante. Notre ressemblance est flagrante d’ailleurs. Tu t’amuses, mère, a entortiller le bout de tes doigts dans les quelques mèches rousses poussant sur le haut de mon crâne. Ton sourire est radieux. Tu ne peux t’empêcher de plonger tes yeux d’or dans le bleu profond de mon regard, te noyant littéralement de bonheur.
Si tu savais, mère à quel point je t’aime. 13mai 1927Les collègues à ton bureau te félicitent. Tu n’as pas pris un gramme. Tu es toujours aussi fine malgré avoir accouché. Pour un mannequin c’est important. Surtout quand on est l’égérie de la marque Houston. Surtout quand on s’appelle Joséphine Houston et qu’on a épousé un des plus grands couturiers du monde sorcier. Tu ne leur avoueras pas que tu restes rayonnante grâce au sang de velane que tu as hérité de grand-mère. J’espère en avoir hérité aussi. Mais pour le moment, je n’émets que des gazouillis pour te prouver mon amour. Amour que tu me rends plus que suffisamment. Tu m’emmènes absolument partout avec toi. Même quand tu exposes les créations de père je suis là, dans te bras. Papa nous fait des tenues assortis. On me surnomme « Mini J » parce que je suis une réplique miniature de toi. Les photos de nous deux sont si belle. Je suis si fière d’être ta fille.
18mai 1927Père est là. Lui qui est si souvent débordé de travail, il est là. Heureux de nous voir toute les deux. Il redécouvre la France à chaque fois qu’il descend de sa Grande Bretagne. Il vit si loin de nous, mais il est pourtant si proche dans nos cœurs. Il passe le plus claire de son temps à t’admirer, je le vois du haut de mes cinquantes centimètres ! Il me regarde avec ce même regard amoureux. Vous êtes deux a me regarder ainsi. Pour le moment.
8mai 1929J’ai deux ans et c’est l’âge ou mes premiers souvenirs font surface. Je te revois maman, toujours aussi belle mais le ventre rond comme un ballon de baudruche ! Je te demande plusieurs fois pourquoi tu es ainsi parce que je ne comprends pas tout et tu me le répètes avec la même douceur à chaque fois.
« Parce que tu vas être grande sœur June chérie. »Le rouge me monte aux joues à chaque fois. Je te le redemande, encore.
2 juillet 1929Père court de partout, totalement affolé. Toi, tu te déplaces comme tu le peux, essayant d’arriver à la voiture qui t’attends devant notre maison. Vous me laissez avec une demoiselle qui doit visiblement prendre soins de moi pendant que vous vous en allez. Même si elle a l’air charmante, ne m’abandonnez pas. Je vous préfère vous deux.
5 juillet 1929Juliette est là ! Cela doit faire deux jours… Et tu l’a comble d’amour, comme tu l’as surement fait pour moi autrefois. Je vous admire sans une once de jalousie. Tu nous aime autant l’une que l’autre, je n’en doute pas une seconde. Je fais de mon mieux pour m’occuper d’elle, mais Juliette semble tellement fragile et je ne suis pas bien forte, il m’est donc difficile de pouvoir faire quoi que ce soit. Mais tel une mère parfaite tu t’en occupes parfaitement, tu as même congédié la charmante jeune fille qui devait s’occupait de nous et tu as pris des vacances auprès de ton travail au combien important !
3 juillet 1232C’est l’anniversaire de Juju. Elle a trois ans. Moi, j’ai fêté ma cinquième bougie il y a deux mois ! En tout cas j’ai fait un joli bouquet de fleur pour Juju. J’espère qu’elle va apprécier ! Puis cet après-midi je pense que je lui ferrai des nattes dans les cheveux sous les sapins derrière la maison. On jouera avec ses poupées. Je crois que père lui a fabriqué une robe comme cadeau. En tout cas, mère tu as repris le travail et tu as fait en sorte que Juliette monte avec toi pendant le défilé de ce soir. Je suis sûre qu’elle va être ravie.
15 Décembre 1933Je rentre de notre petite école de province ou tu as inscrit Juliette et moi. Je t’explique que beaucoup de garçon de ma classe ne cesse de me regarder et de m’offrir leur boite de crayons de couleur parce qu’ils se disent amoureux de moi et je t’avoue trouver cela particulièrement plaisant car cela faisait bouillir de jalousie la petite Natalie au fond de la classe. Cependant sans vraiment que je comprenne pourquoi tu me réprimandes en m’expliquant mes origines. Grand-mère nous a laissé un beau cadeau empoisonné : Ce n’est pas de l’amour. Tu m’expliques que le cœur est facilement manipulable. Ce n’est qu’une attirance. Et il ne fallait « au grand jamais » confondre cela. Tu m’expliques que nous avons ce pouvoir étrange de faire tourner les têtes à tout ce qui nous regardent, d’hypnotiser un homme d’un simple battement de cil ou avec un large sourire. Je comprends mieux ton travail maintenant, tu offres du bonheur aux gens qui te regardent. Après tes explications je suis beaucoup moins enthousiaste que tout à l’heure.
24 février 1935La vie est simple mère. Tu m’interdis de me couper les cheveux pour je ne sais qu’elle raison. Pourtant la mode est au court. Je suis dans ma période où j’essaye d’imiter tes moindres faits et geste. Et quand tu utilises ta baguette pour lancer un sort te permettant de plier le linge rapidement je t’imite avec un vulgaire bout de bois. Partant me promener avec Juliette, j’attrape une fleur qui ne s’était pas encore ouverte. La regardant, intensivement, je prie pour qu’elle s’ouvre et dévoile sa beauté naturelle. Etrangement cela se produit. Toi qui n’es pas loin tu admires le spectacle en silence, et transplane rapidement pour prévenir père, qui une fois arriver saute de joie.
Première année.Stressée, angoissée, apeurée. Pour la première fois tu me laisses seule. Seule, dans cette somptueuse école de magie. Je n’ai aucun mal à me faire des amies. Je ne suis pas le centre d’attention, je n’aime pas vraiment ça, mais je suis dans ce petit groupe et je me sens bien. J’ai de bonnes notes. Mes professeurs sont satisfaits. Je t’écris cependant toutes les semaines, à toi et à Juliette.
Seconde annéeJ’ai retrouvé mes amies. On est ravies de se retrouver. Mes professeurs sont autant satisfaits que l’année précédente. Il y a ce garçon Éric qui me regarde tout le temps. J’essaye de l’ignorer comme tu me dis de le faire, mais il me plait mère. Il est gentil. Vous me manquez toujours autant.
Troisième année Cela fait bizarre que Juliette soit là maintenant ! Je suis cependant très heureuse de l’avoir avec moi ! Je me sens un peu moins seul et elle aussi. Elle devient si belle Juliette. Nous restons souvent ensemble. Je suis ravie d’être aussi proche d’elle. Je commence à avoir un penchant pour l’Histoire de la magie ! Ce court est fascinant maman ! Eric quant à lui, m’a proposé de sortir. J’ai accepté tout de suite… C’est le premier à m’avoir demandé.
Quatrième annéeJe comprends de quoi tu m’avertissais plus jeune mère. Cette attirance qu’on provoque chez les hommes peut s’avérer très dangereuse. Eric m’a laissé pour une autre parce que du jour au lendemain « n’éprouvait plus rien » en mon égard. Je te promets maman, je serais vigilante à l’avenir. J’ai appris par l’une de tes lettres que tu étais tombées malade…. Je ne peux m’empêcher d’être inquiète pour toi. Très inquiète même. Tu ne défiles plus ces temps si. Père est loin. Tu devrais peut être le rejoindre ? Juliette et moi pouvons-nous débrouiller maintenant. Puis entre les mus de Beauxbâtons rien ne peux nous arriver.
Cinquième annéeLes Buses ont été difficiles, mais j’ai su surmonté ça. Cet été j’ai vu ton visage blafard et ton corps squelettique. J’ai peur mère. Je ne le montre pas devant Juliette. Elle qui est si jeune, il ne faut pas l’affoler, ça pourrait lui créer un traumatisme. Mais je sais que tu es malade, gravement malade. Mais tu refuses de nous l’avouer. Tu refuses de me dire ce que tu as. Je pense qu’en vérité tu ne le sais même pas toi-même. Une maladie orpheline ? Donne-moi de tes nouvelles.
Sixième annéeVenir à beauxbaton une nouvelle fois en t’abandonnant à ton chevet a été extrêmement compliqué. J’ai passé cette année à essayer de relativiser ou à t’imaginer radieuse comme autre fois, mais rien à faire. Mes résultats sont en chute libre, et mes professeurs essayent d’être tolérants avec moi. Tu le sais, je le sais, Juliette le sait, père essaye de se faire à l’idée : il ne te reste que quelques mois. Et savoir que nous ne pourrons les passer près de toi, nous fait du mal, à tous les trois.
21 Aout 1943Tu nous regardes faire nos valises pour Londres. Nous essayons d’emporter tout ce que nous avons besoin et j’ai beaucoup de mal à me séparer de ton serre tête porte bonheur. Juliette ne dit pas un mot. J’essaye comme je peux de la faire sourire. Père a demandé notre inscription à Poudlard, l’école de magie anglaise. Je ne parle presque pas anglais, cela va être intense. Nous l’intègrerons cependant un moi en retard par rapport aux autres. Dans la presse on parle de ta mort précipitée. « Une étoile s’est éteinte. » Tout le monde a de la peine pour père, mais il est ravi de pouvoir nous avoir près de lui maintenant. Nous essayons d’être forts. J’essaye de prendre ta place. Et de m’occuper d’un peu tout. Je nous regarde Juliette et moi dans le miroir de la salle de bain et c’est toi que j’aperçois. Nous te ressemblons tellement. Nous sommes tellement fières d’avoir eu une mère aussi droite, aussi aimante. Je n’irais pas à cette fête portée en ton honneur. Je ne peux pas m’y résoudre. C’est pourquoi pendant que tout le monde festoie dans notre ancienne maison, je vais m’assoir la bas un instant, seule sous les sapins. Revoyant tes yeux qui se noyaient dans les miens.
Si tu savais, mère à quel point je t’aime.