[Mai 1944] Je ne suis pas là... [Keira et Amanda]

Aussitôt le cours de potions terminé, les élèves de la classe de 4e s’empressèrent de se faufiler par la porte bruyamment. Tous, sauf Khanrell, qui avait appris, avec le temps, que si elle ne voulait pas se retrouver coincée dans la masse d’étudiants qui s’agglutinaient en même temps dans les couloirs, elle avait intérêt à traîner. Elle prit donc tout son temps pour ranger ses effets, et attendit le silence avant de se lever, saluer timidement du chef son enseignant de potions, et s’éclipser hors du cours où résonnaient encore les éclats de voix et les pas précipités de ses collègues.

Tête basse et d’un pas lasse, Khanrell remonta les escaliers des sous-sols pour retrouver le rez-de-chaussé. Elle avait une longue pause avant son prochain cours et allait s’empresser de rejoindre la bibliothèque pour s’y cacher en attendant. Même si on était en plein période d’examens, l’adolescente y trouvait toujours le calme dont elle avait besoin pour se décoincer un peu et respirer. Mais à peine eut-elle mis le pied sur la dernière marche des escaliers qu’elle entendit un groupe de 5e arriver beaucoup trop rapidement dans le couloir d’à côté. Ils débarquaient sûrement d’un cours aussi, mais pourquoi tout ce grabuge? Inquiète, la blondinette décida de redescendre une marche et se cacher dans l’angle du mur. Elle attendrait tout simplement que ses aînés passent devant elle, probablement en direction du prochain cours ou d’on-ne-sait-qu’elle-activité-trépidente-dans-la-cours, et puis ensuite elle pourrait rejoindre le temple du savoir, ni vue ni connue.

Comme à son habitude, elle regardait ses pieds, cachant son visage derrière ses longs boucles blondes. Plus elle se faisait petite, et moins on la remarquait… Moins on la remarquait… mieux elle se portait.

Bon, évidemment, il avait fallu que la bande de 5e années ne passe pas devant les escaliers, mais les descendent, sûrement pour un cours de potions! Bon sang, quelles étaient les chances que ça lui arrive? Bon, assez grandes, quand même, néanmoins, Khanrell ne se souvenait pas avoir jamais vu ses aînés descendre aux sous-sols au même moment où elle les quittait. Question de timing? Maintenant, sa façon de se faire petite dans les marches ne la rendait que plus VISIBLE à tous, carrément évident qu’elle avait voulu se cacher et elle en était ridicule. Bravo, on n’arrête pas le progrès.

Comme si ça pouvait changer quelque chose à sa situation déjà précaire, la gryffondor se surpris à retenir son souffle et fermer les yeux, même si elle avait déjà la tête baissée vers ses chaussures et de nombreuses mèches blondes qui camouflaient son visage. Ainsi, pas étonnant qu’elle ne vit pas venir la verte qui fit semblant de tomber pour la pousser en bas des escaliers. En fait, comme Khanrell n’avait rien vu, elle était certaine que celle-ci l’avait juste agrippée par le bras pour la jeter en base (ce qui était le cas, mais bon…) ! Ses livres et son sac furent éparpillés au sol alors que la jeune juive tentait de se rattraper pour limiter les dégâts, sans grands succès. Heureusement, elle n’entendit rien se briser (ni dans son corps, ni dans son sac, ce qui reste important), mais elle se fit un mal de chien en déboulant une à une les escaliers, se rattrapant de peine et de misère sur un bras qui amorti tout le choc. Peut-être grâce à l’adrénaline (ou l’habitude d’avoir mal), la blondinette réussi à se relever à moitié, sur son bras blessé.

-C’est pas grave, j’vais bien… plaida-t-elle sans toutefois arriver à se remettre debout, car elle sentait enfin les effets du choc dans son bras et elle tenait à peine assise. Non! N’n’on v’v’raiment, ce n’est r’r’rien du tout! bégaya-t-elle, complètement humiliée, alors qu’une autre cinquième année lui tendait une main pour se relever. Elle s’est ex’x’cusée, c’est p’p’pas grave.

Bon, ce n’était pas du tout des excuses, Barnes s’était plutôt moquée en prétendant ne pas l’avoir vu, mais son ton n’avait pas été désolé. Seulement, Khanrell n’avait pas envie de faire de scène, ni de donner des problèmes à qui que ce soit, elle voulait juste rentrer dans sa salle commune et reposer son bras. Toutefois, devant l’insistance de la Poufsouffle (arborant un insigne de préfet, ce qui acheva de convaincre la 4e année), elle céda finalement à lui prendre la main avec son bras qui n’était pas blessé et à se remettre mollement sur ses jambes.

-T’tu vois? R’r’rien du t’tout! S’il-te-plait, je v’v’veux pas de p’problèmes… bredouilla-t-elle en s’empourprant violement puisque la fautive avait du revenir vers elles après avoir été hélée par la préfète.

Sauf que pour être honnête, elle ne se sentait même pas la force de ramasser ses affaires. La douleur dans son bras était de plus en plus violente, comme si l’adrénaline se dissipait peu à peu pour la laisser pleinement ressentir son mal. D’ailleurs, de nombreuses parties de son corps commençaient à ressentir les effets de sa roulade dans les escaliers, et elle allait sûrement passer la semaine toute courbaturée. Quelle salope cette serpentard!

[Amanda, Keira est une Poufsouffle par une Gryffondor :P]

Si Barnes revint bien vers elles à l’appel de la préfet, ce ne fut que pour se plaindre qu’elle arriverait en retard en cours, et qu’elle n’avait visiblement aucune raison de rester, puisque Khanrell «allait bien». La 4e année se mordit la lèvre (elle avait souvent tendance à le faire dernièrement) pour se retenir d’échapper un grognement lorsqu’elle s’était finalement penchée pour saisir son sac et avait éveillé la douleur dans ses muscles. Non, elle n’allait pas bien, et aurait probablement de la douleur toute la semaine à cause de la façon dont elle avait tiré sur son muscle en tombant, mais hors de question de l’avouer. Si l’orgueil peut faire office de courage, alors peut-être que le choixpeau avait raison, finalement, de l’envoyer chez les gryffondor.

L’agaçante verte fit mine de partir, l’air moqueur, mais la préfète, que l’autre avait appelé «Matthews», semblait bien décidée à avoir le dernier mot, et imposa un sortilège de pot de colle à Barnes pour l’empêcher de s’enfuir. Khanrell se figea devant le spectacle, étonnée que les préfets aient le droit d’intervenir aussi… drastiquement, mais surtout embêtée que tout le monde les regardent. Tiens, ils n’allaient pas être tous en retard en cours, eux? Mais non, c’était bien plus drôle d’assister à cette grotesque guerre des blondes… Seigneur! Que la Gryffondor aurait aimé être bien loin !

Et en plus, Matthews enlevait des points à serpentard… ça y est, maintenant elle allait vraiment avoir les verts sur le dos pour des semaines, Barnes n’allait certainement pas la laisser s’en tirer comme ça, et lui remettrait cette perte sur le nez dès la prochaine occasion. Hors de vu d’une préfète, probablement. Pendant un instant, Khanrell se demanda si elle pouvait profiter du fait que la jaune s’était approchée de la verte pour lui parler afin de s’éclipser, mais comme elle devait désormais attendre de recevoir des excuses, la 4e année se retrouva à juste être coincée entre deux feux… Soit elle fuyait et risquait elle aussi d’être punie… ou elle souffrait d’être encore, une fois de trop, le centre d’attention.

-J’j’je… v’vais aller à l’inf’f’firmerie maint’t’tenant, v’voir si tout est Ok… M’m’merci Mat’tthews…

Merci pas merci ouais! Finalement elle allait sûrement avoir plus de problèmes qu'autre chose...