Histoire :
Rigel Black était né dans une famille de sang-pur. Sa mère, son père, sa tante, son oncle et plus loin encore étaient des sang-purs, c'était comme ça. Depuis le tout début, ils étaient au-dessus des autres et pouvaient influencer sur les décisions des puissants.
Dans leur salon trônait la tapisserie de l'Arbre de la famille, s'enrichissant à chaque branche des noms des nouveaux-nés. Il était fier de voir le sien inscrit dessus et il savait que ce serait ainsi pour encore des siècles et des siècles.
Rigel Black aimait le manoir de 12, Square Grimmaud. Il aimait les chambres séparées qui lui donnaient le loisir de faire ce qu'il souhaitait, les explorations qu'il menait dans la cave et le grenier qui recelait mille merveilles. L'enfant était né en 1929. Il n'avait donc pas que connu les périodes de bombardements et avait pu profiter de la vie londonienne, avec ses frères et ses cousins, pendant quelques années.
Il y avait une multitude de cousins et il aurait été bien difficile de tous les nommer. Parmi eux, les enfants de la sœur de sa mère qui vivaient dans la campagne d'à côté. De son enfance, il se souvenait de ces promenades épouvantablement longues, du soleil qui cognait sa nuque et des cris d'enfants. Il passait ses étés à courir dans les champs, à jouer à des jeux que les futurs petits sorciers s'amusaient à inventer.
Rigel Black détestait ces étés à la campagne. Parce qu'il devait courir, parce qu'il devait montrer aux adultes qu'ils s'amusaient, et plus que tout, parce que sa solitude était rompue. Il y avait beaucoup de mouches, il sentait la sueur lui coller les cheveux au visage, ce qu'il détestait par dessus tout et la viande lui filait parfois un mal au ventre de tous les diables. Un jour de beau temps, il tomba de balai sur une grosse pierre et s'ouvrit la jambe ; la blessure ne cicatrisa jamais vraiment, mais il garda un véritable ressentiment contre cette campagne et les cris sauvages de ses cousins qui jouaient à Moldus et Sorciers, un jeu de leur propre fabrication. Il détestait être le moldu.
La vie à Londres était bien plus calme et plus facile. Rigel était fait pour être un homme de la ville. Il avait tout sous la main et ses frères le laissaient tranquille, le connaissant un minimum. Il n'y avait pas plus calme endroit que sa chambre, qu'il rangeait scrupuleusement pour aménager d'obscures cachettes où, si tôt, il avait commencé à débuter d'étranges collections. Faire des collections le calmait lorsqu'il devait parler en public ou prendre des décisions. Avant de faire un acte important, il prenait tous les petits objets dans sa main et les recomptait, un par un, trois fois. Le rituel étant exécuté, il sortait et faisait ce qu'il avait à faire.
Comme la plupart des enfants de sorciers, encore plus pour lui, étant de Sang-Pur, Rigel Black était scolarisé à domicile. Tous les jours, généralement tôt dans la matinée, sa mère ou son père leur apprenait un précepte de la magie, ou de la vie quotidienne qu'ils devaient travailler toute la journée. Rigel apprit à lire vers six ans, aidé de ses frères, sous la direction sévère de leur mère. Il passa ensuite ses journées dans d'obscurs bouquins prenant la poussière, lorsqu'il ne les fermait pas, par flemme de les continuer jusqu'à la fin.
Jamais Rigel ne remit en question la hiérarchie des Black. Malgré tout, la question du Sang-Pur ne lui paraissait pas si importante que tout le monde le prétendait. Il n'avait jamais vraiment côtoyé de Moldus, mais se fichait d'en rencontrer un jour à Poudlard. Ça lui était bien égal. Il considérait tout de même comme chère la parole de sa mère : pour rien au monde il ne l'aurait déçue, et il buvait ses paroles comme du petit lait.
À partir de 1940, les bombes tombant sur la ville de Londres rendirent leur vie plus difficile. S'agissant de l'année où il partit à Poudlard, il se considéra chanceux d'éviter toutes les manœuvres qui auraient rendue sa vie beaucoup plus chiante.
Rigel, comme tous les membres de sa famille avant lui, fut envoyé à Serpentard. Il accueillit la nouvelle sans une moue, puis se dirigea en silence vers la table qu'il regardait avant même qu'on le lui posa le Choixpeau sur la tête. Il voyait des enfants de première année complètement hébétés par ce qu'ils voyaient, par le ciel qui changeait au-dessus de leurs têtes ou par les bougies qui flottaient, mais lui, il se contenta d'observer tout cela sans un mot. Lorsqu'il s'assit sur le banc des Serpentard, il fut surpris de voir certains lui taper sur l'épaule, lui souhaiter bienvenue. Il se força à
sourire (on lui avait dit que ce serait plus conventionnel) et les remercia, sans se forcer à prononcer un autre mot de tout le repas.
Il avait passé les différentes années à Poudlard avec succès, réussissant plus ou moins à être tranquille la plupart du temps. Rigel aimait être seul, peut-être même un peu trop. Il avait appris à tolérer son colocataire qu'il lui avait paru insupportable les premiers temps, et s'était même fait ce qui pouvait ressembler à une amie. Poudlard, c'était sympa : il n'en fichait pas une ramée pendant les cours, perdu dans son imagination, bossait un minimum les contrôles et avait toujours la moyenne. La moyenne, tant qu'il avait la moyenne, tout irait toujours bien ; le but avant tout était qu'on lui fiche la paix.
Retourner à Londres pour ses vacances était en revanche plus compliqué, les bombardements étant toujours présents. Ses parents avaient protégé la cave à l'aide de sorts importants, plus importants que ceux qui l'étaient autour de la maison. La petite routine qu'il avait établi à Poudlard était totalement ruinée lorsqu'il revenait dans la maison familiale : il était alors question de l'avancée de Grindelwald, de moldus. L'enfant qu'il était écoutait les adultes parler sans dire un mot : c'était sans doute mieux, et il n'avait aucun avis sur le sujet, à part celui des personnes de sa famille. L'été, lorsque les enfants revenaient de l'école, les Black préféraient partir loin à la campagne pour échapper à la vie quotidienne pendant les bombardements. Il retrouvait ainsi les étés trop chauds, trop fatigants, et les courses de balais qu'il détestait. Vivement la fin de la guerre.
Lors de sa troisième année, Poudlard fut envahi par des créatures appelées Inferi. Comme la plupart des élèves, il n'en mena pas large, suivit la foule et courut vers plus puissant pour être protégé. Toute sa logique lui disait qu'il aurait été stupide de faire le héros, si c'était pour mourir des mains d'une de ces créatures. Tout se passa bien, il put retourner à sa vie tranquille et c'était tout ce qu'il demandait...il ne voulait cependant admettre qu'il avait ressenti un soupçon d'excitation, un tout petit, devant cette magie qu'il ne connaissait pas. Cette magie noire qui était bien gardée dans les rayons les plus fermées de la bibliothèque. Il mit cette idée dans un coin de sa tête, puis continua ses études.
Cette année était la cinquième. Comme toutes les autres, il l'avait commencée dans l'idée qu'elle serait agaçante et qu'il ferait le minimum pour néanmoins que sa famille soit fière de lui lorsqu'elle recevrait les résultats de ses BUSE.