Histoire :
Solomon nait d’un hasard, de la rencontre entre un sorcier spécialisé dans l’importation de produits des colonies et une moldue de confession juive tombée éperdument amoureuse, comme on tombe éperdument amoureux à cet âge. Les premiers mois sont souvent idylliques, éthyliques même, et la venue de Solomon prend tout le monde au dépourvu. Une nuit d’orage, Sarah fuit son compagnon et son fils. Elle s’en va retrouver sa famille moldue et, il faut bien l’avouer, le riche promis allemand qui l’attend en Bavière… La guerre est finie et l’Allemagne est à refaire pour les moldus.
Les années passent, Cavinger, le père de Solomon se remarie avec Tamara. La nouvelle famille a la chaleur des épousailles heureuses et les sourires des gens apaisés. Solomon se sent un peu à part. Pourtant les familles de son père et de sa belle-mère tentent de le réconforter… Mais il reste dans les souvenirs de Solomon l’odeur de lait et d’ambre que portait sa mère quand elle lui donnait un baiser sur le front. Tamara sent les gâteaux, le sucre et le miel. Tamara est si loin de sa mère…
Il est temps d’entrer à Poudlard, de faire ses preuves et de s’éduquer à la magie … Solomon ne retient que la seconde option. L’ambition ne fait pas partie de son caractère et déjà, aux cours théoriques comme pratiques, les professeurs savent que cet enfant-là a une seconde vie dans des univers connus de lui seul. Il rêve, il conte des histoires pour lui-même et parfois pour les autres. Et dans le temps qu’il lui reste, entre ses cours et ses rêves, il pense à sa mère moldue qu’il aimerait tant revoir.
Les études terminées, son père lui propose de travailler pour lui, dans l’importation des produits des colonies. Solomon refuse. A la place, il se rend en France puis en Allemagne pour retrouver sa mère. Ces années-là crissent comme des grincements de dents. L’inconsistante tension des remous politiques qui n’ont pas encore percolé dans les populations empêchent Solomon de retrouver sa mère. Sur les routes moldues, il fait taire son ennui et ses attentes en assistant aux spectacles pour enfants.
Un an de cette vie le mène vers Ingrid, sa blondeur et son sourire. Pour elle, il serait prêt à abandonner sa mère, la magie, son père, la vie. Il embarque dans sa troupe de spectacle, il apprend à façonner des marionnettes dans du bois de sapin et à coudre leurs vêtements. Les moldus qui vivent le long des routes l’acceptent facilement, lui tatouent le serpent qui est le signe de leur regroupement. Mais Ingrid contracte la pneumonie et les voyages sont douloureux à sa santé. Elle meurt. Solomon retourne chez les siens.
Le père lui ouvre grand les bras. La demi-fratrie beaucoup moins. Solomon a oublié de donner des nouvelles, on s’est inquiété, on l’a vilipendé pendant son absence, on se venge un peu à présent qu’il est revenu. Il se sent encore plus mis à l’écart et cet écart ne répare pas son cœur. Alors son père lui achète une maison à Pré-au-lard, loin des autres membres de la famille, et lui dit de prendre son temps pour se guérir les sentiments.
1939. La guerre éclate à nouveau. Solomon veut retourner en Allemagne. Sa belle-mère lui rend visite. Cavinger a beaucoup vieilli, sa santé est devenue fragile. Veut-il tuer son père de tracas ? Pour une femme qui l’a abandonné alors que sa belle-famille lui a toujours tendu la main ? Solomon accepte la remontrance et décide d’attendre que la guerre passe, que les frustrations s’évaporent…
1940. Les échanges militaires, dans le monde moldu et magique, sont devenus légions. A vingt-quatre ans, Solomon aimerait se rendre utile. Il s’engage dans la Brigade de Police. Au sein de cette Brigade, il verra son monde magique changer, muter, se durcir, s’in-humaniser. Il ne comprend pas pourquoi moldus et sorciers, chacun de leur côté et chacun pour leurs raisons propres s’entretuent tellement. Est-ce l’air ambiant, les vents, les pensées impures, un poison invisible qui les poussent à ainsi agir ? Alors comme sur les routes de France et d’Allemagne, quand il a le temps, entre deux missions, pour adoucir l’air, le vent, les pensées, le poison ambiant, Solomon recrée des marionnettes et des poupées pour les spectacles d’enfants.