Il faisait grand soleil, et pas un souffle vent lorsqu’une femme accompagnée de son mari entra à St Mangouste pour accoucher. Dix jours plus tard, elle ressortait portant dans ses bras un petit bambin aux joues roses. La fête se fit dans la grande maison au sud de Londres, le dernier enfant de la famille était né, une fille qui répondra maintenant au jolie nom d’Abigail Rowle.
Famille pédante, famille orgueilleuse mais quoi de plus normal elle qui a le sang aussi pur qu’au premier jour, l’atmosphère de suffisance envers les autres personnes et l’ambiance politique générale n’ont que renforcées ce sentiment au fil des ans.
Belle petite fille, glorieuse petite fille, ambitieuse petite fille, autant de qualificatif que l’on te répète à longueur de journée « tu es sage, tu es belle, tu es intelligente ». Orgueil et ambition voici les deux mots qui guideront toute ta vie.
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Le grand jour est arrivé, les bagages prêts et chargés sur le chariot, tu t’élances vers le mur en brique de la gare de King’s Cross, tes parents fiers et impatients te suivent de près pour t’aiguiller dans cette foule de plus en plus oppressante et dense. Bagages chargés à bord du train, tu fais un dernier adieu de la main à tes parents impatients sur le quai, un bisou sec sur les joues et c’est le grand départ. Le grand serpent de fer s’élance dans la campagne verte du nord-est de l’Angleterre, le trajet est long mais le train est confortable et les personnes présentent sont forts sympathiques. Ton arrivée au château, tu n’en garde que très peu de souvenirs sauf qu’il faisait très froid et qu’il pleuvait averse sur le magnifique édifice. Lors de la cérémonie, tu as été placé à Serdaigle : pas si mal ont dit tes parents, ils auraient préféré Gryffondor ou encore Serpentard, mais qu’importe cette maison te convenait et puis ce n’était pas Poufsouflle. Les années ont passés, tu n’étais pas une très bonne élève mais pas non plus un cancre disons que tu maintenais tes notes à un niveau acceptable pour ta famille et pour passer en année supérieure. Les ami(e)s tu en avais quelque un de ta maison et quelques serpentards avec qui tu aimais faire quelques farces au plus jeunes ou aux professeurs. Parmi tes fréquentations, se trouvait une cousine éloignée du côté de ta mère ainsi qu’un garçon de la maison du serpent, un certain Faustus Weiss. Son nom tu l’avais déjà entendu lors de réunion entre gens de bonne compagnie – sang pur -, tu savais que sa famille avait un sang irréprochable et une petite fortune qui certes avait commencé à décliné mais pas de façon catastrophique, il était donc un bon parti du point de vue familial. Tes examens en poche, tu ambitionnais de rentrer au ministère de la magie, mais pour quel métier tu n’en savais rien. De toute façon la question ne se posa plus quatre mois après ta sortie de Poudlard, tes parents avaient des projets, disons des projets pour toi : une maison, un mari, trois enfants et un chien. Tu as donc écumé toutes les soirées mondaines de Londres de cette année, tu as rencontré de nombreuses personnes du même milieu que toi, et que tes parents trouvaient dignes d’Abigail Rowle. Puis tu as revu des ami(e)s dont Faustus, tes parents le trouvaient bien, toi tu le trouvais mignon mais sans plus, sans doute qu’avec le temps cela changerait. Pendant un an vous vous êtes fréquenté, des rendez-vous entre amis sans plus. Tes parents te poussaient au début, puis après c’est toi qui allait le voir sans leur approbation mais qu’importe ils avaient presque déjà dit « oui » à un potentiel mariage.
1901. Les fiançailles sont annoncés et le date du mariage fixée en fin du mois d’août, où les chaleurs sont encore présentes sans être étouffantes. Faustus, avec le temps tu étais tombée amoureux de lui, coup de chance sans doute car même si tu ne l’avais pas aimé, tes parents t’auraient marié à lui : mariage arrangé entre deux familles courant à l’époque, lui et toi avaient le sang pur ainsi qu’une petite fortune, ton avantage étant que ton nom est connu dans ce milieu. C’est donc à l’âge de 19 ans, que tu maries à un homme de 21 ans. Tu t’habitues vite à ta nouvelle vie au manoir des Weiss entre les domestiques, le luxe et la vie facile… mais tout à une fin.
Tu es dans un ménage heureux, Faustus est un mari aimant cependant tu n’as toujours pas donné d’enfant et encore moins un héritier, tout cela te tracasse, si tu n’arrivais pas à lui donner ce qu’il désire plus que tout que va-t-il se passer ? Va-t-il encore t’aimer ? Va-t-il te renvoyer chez toi pour être la risée et la honte de ta famille ? Intelligente tu es, tu sais que vos emplois du temps sont peu compatibles lorsque Faustus est à Londres pour faire des ronds de jambes au ministère de la magie toi tu fais les tiens dans un autre cercle. Sas doute que cet éloignement presque perpétuel n’encourage pas à la venue de cet heureux évènement. La vie continue sans le moindre souci, entre ton mari aimant et ta belle maison vide.
1915. Enfin, le grand jour est arrivé, cela fait neuf mois que tu portes en toi ton salut, la fierté de ton mari et son orgueil. Tu accouches à St Mangouste comme ta mère auparavant, et ressors accompagné de ton mari portant un bambin aux joues roses. La fête se fit dans le manoir des Weiss dans le Cornwall, le premier enfant de la famille était né, un garçon qui répondra maintenant au jolie nom d’Arthur Griffith Weiss. Tu le chéris, tu l’aimes plus que tout et tu vas l’élever dans les traditions familiales ainsi que dans l’idée qu’il est unique. En effet, il est unique c’est un sang pur.
1922. Crise économique aux Etats-Unis, la bourse s’effondre et par la même occasion la richesse de la famille Weiss. Toi, tu te retrouves entrainé dans ce cercle infernal du déclin. Ton mari se fait distant, tes « ami(e)s » de bonne compagnie te tournent le dos, ils ont raison, tu n’as plus un rond. Vous raclez les fonds de tiroirs pour espérer en faire sortir le moindre petit penny entre les nervures du bois. Toi tu gardes la tête haute, tu tiens la maison comme tu l’as toujours fait à la manière d’un général des armées : rien n’est en désordre, rien ne dépasse d’un tiroir. Vie merdique, situation catastrophique, avec Faustus tu fais des ronds de jambes au ministère auprès des rares relations qu’il te reste. Tous deux voulez retrouver vos gloire, votre aura, retrouver votre place dans cette société qui vous a mis sur le banc de touche, seul atout de votre côté : le sang qui coule dans vos veines qui est immaculé. Le ménage se fait dans la famille, on écarte les cracmols, le sang mêlé et les excentriques. La branche secondaire avait été souillée par l’arrivée d’une moldu à la génération précédente, leurs descendants étaient mis de côté, leur figure brulés sur la tapisserie familiale. Toi, Abigail, tu vasques à tes occupations : tenir la maison, élever ton fils. Ton fils justement, va-t-il être ton ultime honte ? Pas une once de magie en lui, pas une réaction, les bruits courent, tu essayes de les contenir à la maison et ne pas les laisser sortir de ces murs. Tu as renvoyé la dernière des domestiques, elle avait osée mettre un doute sur la possibilité d’Arthur soit un cracmol. Maintenant, te voilà seule avec tes craintes, un mari absent occupé à se courber, un garçon dépourvu de magie et un vieil elfe de maison, pauvre Abigail, vie merdique, vie catastrophique.
1925. La vie est dure, mais tu fais face, tu n’en montre rien. Le visage fermé et froid tu passes tes journées à lire et à boire du thé. On a sonné à la porte, blasée tu t’es dirigé vers cette dernière, ouvre et ramasse la lettre de papier blanc à terre. Sans crier gare, le vent a soufflé, les volets ont tambouriné, les chandelles soufflées, toi dans le hall tu te retournes vers ton fils en haut du grand escalier. Un sourire, le premier en trois ans s’affichent sur tes lèvres et la fierté rejaillit dans tes yeux devenus ternes. Ce soir-là s’était la fête, dans la cheminée crépitait un feu chaleureux, les plats préférés d’Arthur avaient été préparés. L’enfant venait redonner espoir aux parents.
1927. La famille avait espéré mais non, tu n’avais pas donné d’autre enfant à Faustus, ton corps aurait pu mais sans doute que la passion qui vous a lié a été ternie par le déclin familial. Mais qu’importe aujourd’hui est un grand jour, Arthur part pour Poudlard, cette école où tu as appris tant de choses. Les mois passent, ton fils te manque même si tu sais que lui ne manque de rien, tu te laisses aller chose rare et puis les finances sont au plus bas. La seule chose qui depuis quatre mois a éveillé ton attention a été l’attribution des maisons : ton fils est à serpentard, très bonne nouvelle. La poussière et les fuites d’eau dans le toit ont eu raison de ton entêtement et celui de ton mari. Vous avez engager des frais pour refaire la toiture et donner un coup de ménage. Les économies faites, tu as même pu réengager une domestique pour t’aider au quotidien. Certes, la maison n’a pas retrouvé tout son charme par rapport à l'époque mais au moins, vous mangez à votre faim chaque soir et aucunes fuites d’eau ne vient troubler ton sommeil.
L’épine dans le pied fut Arthur, tout commençait à redevenir stable, toi et Faustus allaient pouvoir regagner cette société qui vous avait mis à l’écart, mais tout bascula. Avant sa dernière année à Poudlard, il fut exclu de l’école pour une infraction au décret de restriction de l'usage de la magie chez les sorciers de premier cycle. A cette époque, la famille décida de couper les ponts déjà fragiles avec ton fils, tu en pleuras en silence maudissant cette décision qui te prenait ton seul enfant. Abigail, tu es intelligente et tu as espoir, tu espérais même si tu étais la seule à y croire, que ce dernier reviendrait dans le droit chemin. La violence pourquoi ? Tu ne comprenais pas, tu l’avais élevé avec tout l’amour que tu avais, il avait appris les bonnes manières mais il sombra. Puis sa dernière punition t’ébranla au plus profond de ton être : Azkaban. Ton fils de 25 ans avait été condamné à purger 3 ans de prison pour avoir attaqué cinq moldus. La famille Weiss avait désapprouvé cet excès de colère, tant de violence cependant, elle ne disait rien sur le choix des victimes. Par pure politesse, tu envoyas de fleurs et un mot d’excuse auprès de leurs familles respectives puis tu te renferma sur toi-même te persuadant que cette punition ne pouvait que lui faire du bien et qu’il allait enfin comprendre ainsi que responsable.
1942. Il revient le fils prodige. Non il ne revient pas ton fils, il sort de prison. Trois longues années, où tu as perdu ta joie de vivre, la lueur dans tes yeux. Visage est fermé, aucun sourire sur tes lèvres, tu regardes devant toi, tenant dans ta main droite la lettre de libération. Doucement tu t’assoies sur le vieux fauteuil du salon….
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Tu refermes le livre de photos de famille, en te levant tu ramasse ta baguette posé sur la cheminée et te dirige vers le vestibule. Faustus d’attend, voilà trois semaines que ce dîner est programmé, tu vas y retrouver des vieilles connaissances et d’autres personnes de bonne compagnie. Doucement, tu descends les escaliers, ton mari te sourit et te laisse passer la porte. La soirée est belle, tout va pour le mieux, pourvu que cela dure…..