Et si on jouait à chat ?

Extraits des Pensées Secrètes de Lavinia Black

« Nous ne devons jamais verser de larmes.
Les larmes ne sont rien d'autre que la défaite du corps sur le cœur.
Elles constituent la preuve que garder un cœur ne sert à rien d'autre qu'à s'affaiblir. »

Arrivée à Poudlard

« C’est aujourd’hui que je recommence tout. Aujourd’hui que je prends mon poste de Professeur de Défense contre les Forces du Mal. Et j’ai le cœur aussi serré par l’émotion que le premier jour où j’ai franchi les portes du château. Je regarde les élèves qui prennent place dans la Grande Salle. Est-ce que mon visage laisse transparaître ce même mélange d’excitation et d’appréhension que j'avais lors de mon premier jour à Poudlard ? Mes mains serrent le bord de la table réservée aux professeurs. Ne pas trembler. Ne pas faillir.

J’observe les différentes maisons, les élèves qui ne se mélangent pas. Comme si le fait que l'on soit courageux, loyal, intelligent ou ambitieux soit une raison de se séparer. Comme si l’on ne pouvait pas être tout cela à la fois. Et partager les mêmes défauts, les mêmes peurs, comme avant la cérémonie de répartition, en cet instant où ils ne sont que les nouveaux, effrayés et unis dans la même crainte. Les maisons nous définissent, nous rassurent. Mais n’est ce pas trop tôt ? Les influences que nous connaissons pendant notre enfance nous définissent tellement… Et si je n’avais pas été à Serpentard, si en ce terrible instant, je n’avais pas demandé au Choixpeau de me laisser intégrer la maison de mes ancêtres... Peut-être que je ne serai pas là aujourd’hui. Je n’aurai pas été lâche, et je ne porterai pas en moi la souffrance si particulière causée par l’absence et la culpabilité.

J’adresse un sourire aux élèves. Quelques uns m'adressent un sourire, d'autres me regardent juste avec des yeux écarquillés. Avant de commencer à manger, le Directeur m'introduit en tant que nouvelle Professeur de Défense contre les Forces du Mal, quand il dit mon nom je me lève, j’adresse un petit geste à l’ensemble des élèves et je m’assieds en rougissant. Je contemple les autres professeurs et personnels de Poudlard. Une mystérieuse femme en noir attire mon regard. Elle est assise près de moi, elle ne parle à personne. Depuis combien de temps porte-elle le deuil ? Le noir rend sa peau blanche plus pâle encore. Je l’imagine, plus jeune, riante sous un soleil d’été, portant une robe de toutes les couleurs. Je la trouve belle. J’essaie de lui sourire, mais elle ne me voit pas. Plus tard je tenterai de me rapprocher d’elle.

Je croise le regard d’un homme qui comme moi observe avec attention les différentes personnes présentes. Il a ses yeux verts, à lui. Mon cœur manque un battement. Je tourne vivement la tête, protégeant mon visage derrière ma main et une mèche de cheveux noirs. Je sens une brûlure parcourir ma peau. Qui est-il ? Précautionneusement je me risque à l’observer encore. Il est absorbé par une conversation avec son voisin. Fébrile, je prends plus de temps pour le détailler : élégant, fin, sa posture et sa tenue criant son appartenance à une famille riche et noble. Ses yeux sont verts, mais en vérité ils ne sont pas l’exacte réplique de ceux d'Alexander. D’une teinte plus pure et d’une forme plus effilée peut-être. Il tourne la tête dans ma direction, mais je ne le regarde déjà plus, contemplant la nourriture qui vient d’apparaître sur la table. Tout le reste de la soirée, je garderai les yeux baissés. Je ne peux pas m’offrir le luxe de souffrir pour un simple regard. »

Fin de ma première semaine de cours

« Je crois pouvoir dire que tout c’est bien passé. Les élèvent m’apprécient il me semble, bien que tous n’apprécient pas le départ du précédent professeur. Qu’il est dur de prendre la place de quelqu’un… Mais je suis gentille et patiente avec les élèves et j’ai plein d’histoire et de secrets magiques à leur raconter dès qu’ils m’en font la demande. Je crois que tout ce passera bien. Je me suis bien intégrée.

Je suis Lavinia Black, la nouvelle, gentille et distinguée Professeur de Défense contre les Forces du Mal. Et personne ne me connait plus que cela. Cela me convient parfaitement. »


Isobel Arrington, la princesse en deuil.

« Isobel a une chambre adjacente à la mienne ! On peut même passer d’une chambre à l’autre par une petite porte dérobée. Nous venons de faire cette découverte et je m’en réjouis. Isobel est la bibliothécaire de Poudlard. Je suis allée la voir plusieurs fois pour prendre des livres, lui demander conseil et tout simplement discuter. Elle n’est pas toujours très bavarde mais je l’apprécie. Elle est cultivée et elle aime les livres. Que demander de plus ? Un sourire… Ils sont rares et un peu pâles mais ils me réchauffent le cœur. J’espère lui en arracher de plus grands et de plus joyeux. Cela viendra.

Nous n’avons pas encore parlé de nos vies respectives. Peut-être que cela n’intéresse pas Isobel, mais de mon côté cela m’arrange. Je ne suis pas prête à affronter mes souvenirs, pas encore. Et pour elle, je suis sûre qu’elle a vécu des pertes qu’elle n’arrive pas à oublier, et jamais je ne me permettrai de raviver sa douleur en lui posant des questions indiscrètes. La tristesse d’Isobel me rappelle que je ne dois pas sombrer, et j’aimerais l’aider autant que sa présence discrète et apaisante m’aide. »

« Aujourd’hui Isobel a rencontré quelqu’un ! Mais chut c’est un secret… Et c’est un fantôme. Isaac et moi étions plutôt surpris quand nous l’avons vu se lever précipitamment en direction de l’étrange inconnu. Je ne sais pas ce qui l’a attiré, mais les seules fois où je l’avais vue aussi vivante, c’était uniquement pour expulser d’irritants élèves de sa bibliothèque.

Si c’est un mort qui peut lui redonner la vie, alors je ferai tout pour qu’il reste dans sa vie et qu’ils soient amis. De plus, cet ancien duelliste connait pleins d’histoires passionnantes que je veux toutes entendre et graver dans ma mémoire. »


Isaac Lawford

« Si tu devais te transformer en serpent demain, et que tu commençais à dévorer des humains, et avec la même bouche avec laquelle tu aurais dévoré ces humains, tu me criais "Je t'aime!". Serais-je toujours capable de dire "Je t'aime!", de la même façon qu'aujourd'hui? »

« J’ai parlé plusieurs fois avec Isaac. Il est aussi courtois et galant, que son apparence est soignée et étudiée. J’apprécie sa compagnie autant que celle d’Isobel mais je crains que ce ne soit pas pour de bonnes raisons. Il est intéressant, cultivé et agréable mais… Mes sentiments à son égard ne sont que trop influencés. Je suis indéniablement attirée par lui, bien que je ne veuille l’avouer pour rien au monde. Et cela m’effraie. Cela m’effraie terriblement, parce que je sais que je ne suis pas prête à souffrir de nouveau. L’est-on jamais ? Peut-être pas. Mais je n’ai même pas encore eu le courage d’affronter mon passé et d’en parler à quelque d’autre que ceux qui l’ont vécu avec moi. Alors, je peux affirmer, sans me tromper, que je ne dois pas être attirée par un homme, quel qu’il soit.

De plus, je ne sais rien d’Isaac. Il ne parle jamais de lui, jamais réellement en tout cas. Je ne me comporte pas si différemment, mais cela m’agace tout de même. Quand je le regarde, je ne le vois pas. Je ne vois qu’un reflet de ce qu’il est, toujours parfaitement à la place où on l’attend. Comme si chacun de ces gestes était parfaitement étudié, parfaitement contrôlé. Comme s’il ne savait pas vivre. Je ne peux même pas l’imaginer courir, ou exprimer une émotion trop forte sans l’émousser d’abord.

Isaac n’existe qu’en tant que Professeur distingué, et cela, me semble impossible. Parce que je dois donner la même impression à ceux qui me voient, non ? Et pourtant, je ne suis pas ce qu’ils voient. Ce qu’ils voient n’est qu’une infime partie de ce que je suis. Comme Isobel d’ailleurs. Alors pourquoi en irait-il autrement pour Isaac ? Et au lieu de me tenir à distance, cela ne fait que m’attirer un peu plus. J’aime les mystères. Cet homme est un mystère… »


Aeris Lavender, la tigresse au cœur tendre.

« La fleur qui s’épanouit dans l’adversité est la plus rare et la plus belle de toutes. »

« Aeris est une jeune fille vive et forte, et malgré les problèmes que lui cause sa baguette, elle présente des capacités étonnantes en Défense contre les Forces du Mal. La puissance de ses sorts m’émerveille à chaque fois et je ne peux m’empêcher de la complimenter régulièrement. Je pense qu’elle est la réceptrice du plus grand nombre de points que j’ai accordé depuis le début de l’année. Sur la demande de Ludwen Blackson, le précédent professeur de DCFM, j’ai fais particulièrement attention à Aeris et quand elle est venue me voir pour me demander des conseils sur sa baguette, j’étais prête. A force de la voir, je me suis attachée à elle.

Aujourd’hui nous avons passé quelques heures ensemble. Nous avons parlé de son désir de devenir Auror et je lui ai raconté comment plusieurs de mes connaissances avaient emprunté cette voie. Moi-même j’avais longtemps hésité, mais cet emploi ne m’aurait pas permis de faire le tour du monde et d’apprendre autant de choses sur tous les types de magie. Aeris est sûre d’elle et infiniment plus forte que moi à son âge. Peut-être même plus forte que moi aujourd’hui encore. Je l’aiderai autant qu’il le faudra pour qu’elle réalise son rêve. Mais j’espère qu’elle ne se perdra pas dans la colère obstinée que je vois parfois, comme une ombre dansante, au fond de ses yeux. »


Cadence Anew

« Tu m’as apporté la douceur amère de la guérison. Tu sais tout de moi, car à toi seule, j’ai tout dit quand j’étais malheureuse et blessée. Je te fuis, car ce que tu sais te donne du pouvoir sur moi. Même si je sais que tu es gentille et honnête, je crains ta présence car elle me rappelle mon passé. Mais si je suis vraiment malheureuse, autant que la dernière fois, alors, certainement je reviendrai te voir. Parce que je sais que tu ne me jugeras pas. Que je pourrais tout te dire. »