Neven D. Wright

Neven, personne ne l'aime. Les Gryffondor ne l'aiment pas parce qu'il est trop mou, trop indolent. Les Poufsouffle ne l'aiment pas parce qu'il réussit tout sans faire de vrais efforts. Les Serdaigle ne l'aiment pas parce qu'il est intelligent, érudit et pourtant, s'en moque éperdument. Les Serpentard ne l'aiment pas, parce qu'il n'a aucun répondant. En règle générale, on l'ignore.
Il n'a absolument aucune idée de ce qu'il fera après ses diplômes et se dit toujours qu'il a encore un ou deux ans pour réfléchir.
Ses deux parents sont sorciers, il vit actuellement avec sa mère, son père est à l'étranger depuis des années (officiellement). Il est fils unique.
Le passé de Neven ? Affligeant de banalité. Neven, c'est ce garçon trop intelligent pour son âge, trop cultivé, trop érudit. Celui dont on n'a pas besoin dans la cour de récréation, celui dont on envie les facilités, celui dont on ne s'approche que pour copier un devoir oublié. Et Neven, Neven en a conscience. Neven sait que l'intelligence est une qualité mais il n'y croit plus, parce que ça ne lui a apporté que des malheurs.

Quand il était enfant, les autres enfants l'ostracisaient, discrimination enfantine envers celui qui préfère les livres aux courses folles dans la rue. Et Neven, il avait deviné pourquoi, mais il ne changeait pas, parce que ses parents étaient fiers de lui et ça lui suffisait, de savoir que les personnes les plus proches de lui appréciaient ce trait chez lui. Neven, il n'a pas beaucoup de souvenirs de son enfance fade et terne. Juste une monotone succession de journées solitaires passées à dévorer les ouvrages de la bibliothèque de ses parents.

Le problème avec Neven, c'était qu'il comprenait, il comprenait vite et surtout, il comprenait trop, pour un gamin. Les enfants de son âge, ils avaient peur de lui : il semblait deviner tout ce qu'ils pensaient avant même qu'ils n'ouvrent la bouche et ça les effrayait. Finis les petits mensonges, les petits bobards racontés pour impressionner ses camarades, finis les idées géniales qui les changeaient en petits leaders pendant un bref instant. Parce que Neven était là et Neven gâchait tout. Les adultes ... ? Eh bien, c'était la même chose, avec une pointe d'envie, de mépris et de fascination. Cette petite chose, cet insignifiant bout d'humain savait parfois autant de choses qu'eux, raisonnait parfois plus vite qu'eux ... Pour qui se prenait-il ? Il n'était un enfant, il devrait rester à sa place.

Et l’événement qui enfonça le clou de ses convictions, ce fut le jour où son père, un peu ivre de la soirée qu'il venait de passer avec ses amis, fit l'erreur de ramener une autre femme à la maison. Neven, il savait ce que c'était, il avait entendu les voisines cancaner, parler de ces hommes et de ces femmes qui s'intéressaient à d'autres que leur conjoint, la honte de la nation, qu'elles disaient, ces vieilles commères. Et Neven, Neven, si naïf, croyant bien faire ... Neven, il a dit à son père que ce qu'il faisait, c'était mal. Ce fut la première fois qu'il le vit arborer cette expression si cynique, si méprisante envers lui. Cette expression, avec ses yeux qui lui disaient qu'il n'avait rien à dire, qu'il n'était rien. Ses yeux, comme les yeux des autres, loin de ce qu'il avait toujours vu son père. La femme, elle, elle riait, un gloussement amusé, un gloussement condescendant, ce gloussement des adultes qui se pensent inatteignables. Neven, ça lui a fait peur. Il s'est enfui, caché.

Les événements s'enchaînèrent. Sa mère découvrit l'affaire, il y eut séparation par accord tacite. Au fil du temps, Neven a appris à se taire, à tout garder pour lui. Il ne participait plus aux conversations, n'apportait plus son opinion aux discussions. Il lisait, se taisait, perdait parfois tout contact avec la réalité pendant une journée, ne sortant de sa chambre que pour manger ou se laver. Il se ferma aux autres, surtout son père, qui prenait dans sa psyché une apparence monstrueuse.

Et c'est dans cet état d'esprit que Neven entra à Poudlard. Alors, sans intérêt, hein ?