[mi-mai 1943] qui ose interrompre mon sommeil ?

Saloperie d’examens de fin d’année. Non pas qu’Elizabeth s’inquiétait de ses futurs résultats – ils seraient excellents, comme d’accoutumé – mais pour maintenir ce degré d’excellence il fallait tout de même étudier. Etudier au lieu d’aller lézarder au bord du lac avec ce temps absolument magnifique. Etudier au lieu de simplement tout envoyer en l’air. Etudier au lieu de prendre son balai et d’aller faire un tour du côté du terrain. Et dire que la plupart des élèves n’étudiaient même pas, à croire qu’ils allaient passer leur année en claquant simplement des doigts. Ça, ça avait vraiment le don de la mettre hors d’elle, voir même de la rendre davantage méprisante que ce qu’elle était habituellement. Enfin bon, là il fallait reconnaître que la plupart des élèves devaient être en cours. Après tout c’était un simple coup de chance si l’un de leur professeur était absent et d’ailleurs elle le bénissait vraiment, grâce à lui elle avait enfin terminé ses devoirs pour la semaine et même ce foutu parchemin à rendre pour le cours de métamorphose qui lui avait prit une après-midi entière. Enfin peu importait, maintenant elle avait enfin terminé et se résignait donc à l’idée d’étudier au lieu de faire n’importe quoi d’autre d’amusant.

En regardant autour d’elle, elle constata qu’elle était la seule dans le cas, à croire que les autres avaient tous décidés de rester des crétins sans cervelles, ignares jusqu’au bout des ongles en se tournant les pouces quelque part tout en se dorant certainement la pilule dans le parc. Une vraie bande de salopards ! Et Lance le premier. Bizarrement dès que l’annonce du cours annulé avait été faite, ce dernier avait mystérieusement disparu de son périmètre et était aller se planquer merlin sait où. Ce n’était pas comme ça qu’il allait arriver à quelque chose dans la vie cet idiot ! S’il ne bossait pas, même les créatures les plus stupides ne l’approcheraient plus à moins de cent mètres !

C’est dans cet état d’esprit qu’un élan de rage s’empara d’elle et qu’elle se leva d’un coup, renversant sa chaise au passage, tout en fermant violement son manuel d’histoire de la magie et le fourra à la va-vite dans son sac d’un geste rageur. Au diable toutes ces conneries, il n’y avait aucune raison qu’elle soit la seule à bosser tandis que tous les autres profitaient tranquillement de leur après-midi. Il était hors de question qu’elle reste cloitrée à l’intérieur. Aussi, elle ramena  rapidement ses affaires dans son dortoir, s’empara de son balais et commença à se diriger vers le terrain de quidditch, bien décidée à profiter du temps plus qu’excellent pour de parfaites conditions de vol. Une fois arrivée sur place, elle fit quelques figures avant de revenir presqu’aussitôt au sol. Il n’y avait rien de plus ennuyant que de s’entrainer si personne n’était là pour l’admirer ou vociférer des insanités à son encontre comme le faisaient si bien ces si charmants petits Gryffondor…

Elle s’amusa alors à voler en direction du parc et retient un sourire carnassier un voyant un flemmard de sa connaissance roupiller tranquillement au bord du lac. C’est dont tout naturellement qu’elle fonça en piqué vers lui avant de ralentir doucement et de s’arrêter à quelques mètres au-dessus de Lance. Le pire c’est qu’il dormait vraiment, remuant dans son sommeil tout en tenant des propos totalement incohérent. Elizabeth ne savait trop si elle devait en rire ou en pleurer. Certes la situation était loufoque, mais il avait cette fichue habitude de dormir n’importe où et de se donner en spectacle au vu et au su de tous, vraiment navrant. Finalement le rire l’emporta sur le désappointement et elle ne pu s’empêcher de venir lui tirer une mèche de cheveux tout en ricanant, ses pieds se balançant dans les airs.

- Alors, c’est comme ça qu’on révise Lance ? pas très studieux tout ça….

Elle ricana en le voyant s’éveiller légèrement énervé avant de lui lancer ce sourire tellement caractéristique. A peine croyable, il pensait vraiment pouvoir être en colère contre elle pour si peu ? Si ça n’était pas tout bonnement adorable ! Tout le monde savait qu’il suffisait d’être une fille pour échapper aux foudres du terrible batteur des Serpentards alors évidemment si c’était avec Elizabeth, ça passait sans problème. Il avait toujours cette manie de la draguer, comme pour rire et voir si elle cèderait un jour, il avait de l’espoir le petit.

C’est là qu’il lâcha sa phrase terriblement bateau du dragueur compulsionnel et qu’une idée germa dans l’esprit de la poursuiveuse. Ils allaient bien se marrer…. Elizabeth prit son air le plus choqué et blessé, comme si Lance venait de la gifler et regarda le sol, les yeux embués de larmes et l’air déconfit. Après un temps qu’elle jugea suffisamment long, elle le regarda à nouveau et évita de justesse un bouquin qui lui volait dessus à tout allure en feintant sur le côté, se retrouvant finalement la tête en bas. Cette fois elle lui lança un regard noir en descendant de son balai avant d’aller cherche ledit bouquin et de revenir pour attraper Lance par le col.

- Charmant ? siffla-t-elle. Pour le moment j’ai toute une série de qualificatifs qui me viennent à l’esprit pour te décrire mais charmant n’en fait certainement pas partie ! Non seulement tu me traites d’« immonde garce » dans ton sommeil mais en plus tu me confonds avec une cible ? Tout batteur et Serpentard que tu sois, c’est impardonnable ! Tu te prends pour qui Dawson, hein ?!

Elizabeth avait dit tout ça d’un ton plus que glacial alors qu’en son fort-intérieur elle ne pouvait s’empêcher de s’esclaffer, ravie de sa petite mise en scène. Avec un peu de chance il allait devenir pâle comme la mort et ramper à ses pieds pour implorer son pardon et lui vouer un culte pour les trente prochaines années dans le but de s’excuser, il se proposerait même peut-être comme larbin… Bon d’accord, elle rêvait sans doute, mais elle se plaisait toujours à s’imaginer son ami dans des situations loufoques. Elle préférait d'ailleurs largement l'imaginer comme ça que comme étant complètement furieux suite à son petit manège. Non, définitivement, elle préférait largement la version où il rampait à ses pieds...

Elle le regarda à nouveau avant de ricaner. Ça lui apprendrait  à vouloir lui faire un numéro de charme, pas qu’elle crache dessus, c’était toujours agréable de se faire draguer par quelqu’un de mignon, mais dans le cas de Lance ce n’était même pas flatteur au vu de sa fâcheuse manie à sauter sur tout ce qui bougeait. Après tout elle n’était pas n’importe qui !

- Bah alors mon petit Lance, on a perdu sa langue ? Sinon blague à part depuis quand oses-tu lancer des choses sur ma royale petite personne ? C’est pas gentil ça, tu mériterais mille fois la mort mais comme je suis magnanime je te laisse la vie sauve… pour cette fois.

Elle lui tira la langue en lui faisant un clin d’œil, soudainement de très bonne humeur. Bon le fait de se payer ouvertement sa tête n’était peut-être pas très charitable mais si on ne pouvait pas charrier les amis de temps à autres… à quoi diable servaient-ils ?! C’est sur ces bonnes pensées qu’Elizabeth le relâcha avant de se lancer tomber dans l'herbe à côté de lui et regarda le livre qu’elle venait de ramasser avant d’esquisser une grimace de dégout. Voilà bien une chose qu’elle ne comprendrait jamais chez le Serpentard. Comment pouvait-il passer son temps en compagnie de créatures inférieures et pire encore, aimer ça ?

Elle se massa l’épaule du bout des doigts en une grimace après que Lance lui eut frappé celle-ci dans ce qu’il devait penser être un geste amical et ô combien délicat, mais qui lui laisserait sans doute un joli bleu pendant quelques jours. Lance et son sens de la délicatesse, encore une grande histoire d’amour… Elizabeth s’était toujours demandé ce qu’il pouvait bien faire à Serpentard. Oh bien sûr il en avait toutes les qualités, mais au grand dam de la préfète, il avait également de grandes qualités de foutu Gryffondor quand y pensait bien… Premièrement cet amour incommensurable pour les créatures magiques… non mais sérieusement, qui pouvait vraiment aimer ces sales bestioles à part les gentils et braves petits gryffis ? Et puis sinon… ben sinon il n’avait pas tant de qualités que ça pour les rouges et or, mais rien que son amour pour le cours de soin aux créatures magiques lui donnait la nausée. Sans ça il aurait presque pu être parfait. Presque.

Elle lâcha un reniflement de dédain quand il lui parla de son avenir dans le théâtre, l’air assez sérieux. Comme si elle pourrait jamais s’abaisser à aller vers un avenir aussi peu glorieux. Elizabeth voulait les regards effrayés teintés de respect sur son passage, elle voulait l’exaltation qu’ont les hommes puissants de ce monde et mieux encore, elle voulait le pouvoir. Alors non, décidemment, elle ne pourrait jamais se contenter de théâtre, aussi douée était-elle. Elle préférait de loin avoir à utiliser ses petits talents pour monter progressivement les échelons à l’insu de tous.

Elizabeth lâcha un gloussement moqueur lorsque le batteur s’avança pour réclamer son baiser. Il fallait lui reconnaître tout de même l’espoir des imbéciles heureux et puis il avait au moins le mérite de la faire rire. Et rire pour de bon, pas un de ces ricanements glacials dont elle avait le secret. Ça faisait du bien parfois. Elle recula néanmoins légèrement, des fois qu’il tente vraiment de l’embrasser. Avec lui on ne pouvait jamais être sûr de rien ! Pas que l’idée lui déplaisait tant que ça, mais il ne fallait pas non plus lui donner de l’espoir au petit ! Et puis c’était bien plus marrant de le voir essayer que de le voir agir réellement.

- Je ne suis aucune grande princesse d’aucun grand comté, c’est assez vexant venant de toi d’ailleurs. Pour la peine t'auras pas droit à de baiser du tout

Répondit-elle d’une voix un peu plus froide, mi-figue mi-raisin. Non mais c’est vrai qu’il était vexant à la fin ! Ce n’était tout de même pas de sa faute si elle n’aimait pas ça. Bon elle devait reconnaître que le truc qu’il lui montrait était assez mignon mais qui sait si ce n’était pas une machine à tuer son truc mignon, hein ?! Pour autant qu’elle le sache, les trucs les plus mignons étaient généralement aussi les plus meurtriers, c’est bien pour ça qu’elle détestait ces créatures, on ne savait jamais à quoi s’attendre avec elles. C’était bien trop imprévisible à son goût !

- Bien que ce… Boursouf soit très mignon, je te rappelle tout de même que ça reste un charognard. Alors certes ça ne tue pas, mais tout ça pour te dire que tes trucs adorables peuvent parfois se révéler être de véritables machines à tuer.

Elle marqua un temps de pause avant de sortir son caméléon de sa poche, poche qu’il ne quittait que rarement… enfin pas si rarement que ça mais c’était toujours à l’insu d’Elizabeth.

- Par ailleurs, je n’ai absolument rien contre les bestioles, j’adore mon petit Bulle ! D’accord j’ai plus souvent envie d’étriper ce caméléon qu’autre chose, mais je pense l’avoir suffisamment recherché un peu partout dans le château que pour pouvoir dire que je suis adorable avec les bêtes !

Bon c’est vrai qu’elle menaçait souvent de le tuer et qu’en-dehors dudit caméléon elle ne supportait pas beaucoup de bestioles – pas même les chouettes mais ces oiseaux de malheur passaient leur temps à vouloir la pince tout de même ! – mais son pseudo amour pour sa bestiole devait bien suffire non ? Et afin d’être plus convaincante encore elle rangea Bulle dans sa poche avec un grand sourire.

Pas de cœur ? Mais si enfin ! Elle en avait un, tout le monde savait ça voyons… il était juste caché très profondément, de manière à ce que personne ne sache qu’elle en possède réellement un. Ses martyrs ne s’y attendaient jamais lorsqu’elle finissait par montrer un peu de tendresse, leur faire croire qu’elle n’avait pas de cœur n’était jamais qu’un processus destiné à les briser un peu plus voilà tout. Voilà ce qu’elle s’apprêtait à répondre en souriant d’un air goguenard en se payant royalement sa tête lorsqu’elle fronça les sourcils. Il lui arrivait quoi à Dawson là ? Il se pensait discret en se rapprochant l’air de rien tout en matant Elizabeth-ne-savait-trop-quoi parce que ses seins étaient plus bas mais là il regardait intensivement son visage. Tellement intensivement que sans ses nombreuses heures d’entrainements devant son miroir, Elizabeth en aurait rougit. C’était quoi cette façon de la dévisager, on ne lui avait jamais dit que c’était malpoli ?!

Elle s’apprêtait à lui lancer une remarque bien acerbe made in Elizabeth lorsque la question tomba. Elle lui lança un regard de travers, tentant de savoir s’il était sérieux ou non. Et cette histoire de défi… non mais il était vraiment sérieux ou il se payait sa tête là ?! Parce que des défis débiles et irréalisables elle en avait des tonnes, mais de là à brader ses baisers pour le voir se ridiculiser… il était peut-être en manque. Ou alors une énième brunette venait encore de le rembarrer alors il se rabattait sur elle qui n’avait rien demandé. Il savait pourtant bien ce qu’elle en pensait alors pourquoi s’échinait-il à demander ? Et en plus il lui promettait que ça serait plaisant ? Il était au courant qu’il n’avait pas le monopole des histoires de drague dans l’école ? Il s’imaginait quoi, qu’elle ne savait pas rendre ça plaisant, elle ? Et puis franchement ? Une haleine merveilleuse ? C’était tout ce qu’il avait trouvé ?

Elizabeth lança un sourire mesquin avant de venir poser son doigt sur les lèvres de Lance pour tracer le contour de sa bouche, s’amusant par avance de sa réaction. Elle s’approcha de son visage en se léchant la lèvre supérieure par pur réflexe et arrêta ses propres lèvres à une distance assez raisonnable des siennes avant de venir lui donner une tape sur la joue et de lui tirer la langue, reculant brusquement et s’allongeant dans l’herbe, les bras derrière la toi et un rire moqueur dans la voix.

- Lance, Lance, Lance, serais-tu à ce point désespéré ? Aucune fille ne veut de toi ou tu as déjà fait le tour de toutes les lèvres ? Tu sais, si c’est le cas tu pourrais essayer avec certains professeurs ou tu pourrais même te tourner vers les hommes, je suis sûre que certains ne cracheraient pas dessus.

Elle le regarda en battant des cils avant d’étouffer un rire, elle l’imaginait déjà en train d’essayer ce genre de technique sur un garçon, ça pourrait même être très drôle quand on y pensait mais bon, il s’agissait pas de ne choquer les gens et elle s’en serait peut-être voulu s’il se retrouvait déshérité pour ça. A la place elle l’observa de nouveau, fixant ses lèvres à son tour en reconsidérant la question et laissa apparaître un grand sourire sur ses lèvres tout en se redressant sur ses coudes.

- Mais dis-moi mon petit Dawson, si tu es sérieux, il est où mon strangulot hein ? Pas que j’aime particulièrement ces bestioles, je les trouve même assez répugnantes, mais je pense que le spectacle pourrait être très drôle à voir. Par contre évite de te blesser, j’ai absolument horreur de tâcher mes vêtements alors si en plus c’est pour venir te sauver la peau… Par ailleurs, je ne pense pas que ça puisse me rapporter gros mais ça aura le mérite de me divertir, et tu sais à quel point j’aime être divertie !

Vexé ? Il connaissait ça lui ? Et puis d’abord qui devait se sentir le plus vexé dans l’histoire ? Le type dont on se payait la tête ? Ou bien la fille prise comme simple morceau de viande dont on quémande le baiser en échange d’un stupide défi ? Il pensait réellement qu’elle allait acceptait sans se payer un minimum sa tête ? Pourtant il la connaissait bien aux dernières nouvelles… Elizabeth avait beau être une garce finie et avoir beaucoup de défauts, déconsidérer sa personne n’en faisait pas partie et elle ne se bradait pas comme ça. Elle avait bien trop d’estime pour son elle-même pour ça. Elle avait parfaitement conscience de sa condition, du fait de faire partie des privilégiés et adorait qu’on la supplie, qu’on se mette en quatre pour obtenir ne fusse qu’une chose d’elle. Une sang-pure ne s’adonnait pas à ce genre de pratiques stupides, une sang-pure ne s’abaissait pas à céder à un chantage affectif aussi ridicule. Et lui, il osait râler parce qu’elle lui refusait un baiser ? Il osait se vexer pour si peu ? Alors qu’il aurait simplement dû être honoré de sa simple présence à ses côtés, mesurait-il seulement se chance ? Mais non… non cet idiot préférait se vexer pour si peu et ça mettait la jeune préfète dans une rage folle. Comment osait-il ?

Elizabeth lui jeta un rapide coup d’œil et cela ne fit que la faire bouillonner davantage. Il paraissait tellement sûr de tout ce qu’il avançait, allant jusqu’à dire qu’elle-même devait forcément avoir envie de l’embrasser. Pour qui se prenait-il à la fin ? Quand bien même elle aurait eu envie de ce baiser – et cela n’était qu’une hypothèse hautement improbable parce qu’une Levy ne s’abaissait pas à avoir envie,  elle suscitait l’envie chez les autres, point – il était tout de même bien culoté de présupposer de ses envies à elle. Elle pouvait avoir envie de tout et n’importe quoi et en particulier avoir envie de l’étrangler. Ça n’aurait été que justice non ? Surtout quand cette andouille persistait à parler de lui sortant de l’eau. C’est vrai que ça devait être quelque chose à voir au moins une fois dans une vie mais il se défilait. C’était peut-être ça qui énervait la jeune fille. Pas de ne pas avoir de strangulot – grand dieu non, ces bestioles la répugnaient au plus haut point et elle l’aurait renvoyé dans l’eau directement – mais de voir qu’il évitait le pari en prétextant un coup dur pour son ego… il essayait de la faire culpabiliser ? Elle allait lui faire ravaler ses paroles à coups de pieds dans le cul oui !

Elle le regarda se coucher paresseusement à ses côtés et cette fois elle lui enfonça sa baguette magique dans les côtes tout en se rasseyant, passablement énervée. Alors comme ça il voulait une super idée ? Eh bien il allait l’avoir et ça allait tellement l’humilier qu’il ne pourrait plus faire un pas devant l’autre sans être le sujet tourné en dérision dans toutes les conversations de Poudlard.  Et elle pendant ce temps elle prendrait son pied en le regardant se démener comme un con. On verrait bien s’il voudrait toujours de son baiser à ce moment-là ! Bon, il lui en voudrait sans doute pour un temps et chercherait peut-être même à lui faire la peau, mais ça n’était pas si grave… Merde si. Elle avait déjà tellement peu d’amis que si en plus elle commençait à se mettre à dos les personnes qui la supportait, elle allait finir seule et aigrie avec une vingtaine de chats dans son manoir pour seule compagnie. A la rigueur Alan passerait encore lui dire bonjour une fois tous les dix ans… magnifique perspective d’avenir. Aussi, elle décida que l’humilier n’était peut-être pas la solution miracle, qu’un maléfice de crache-limace lui vaudrait une haine sans nom et elle se laissa retomber sur le sol dans un soupir.

- On t’a déjà dit que t’étais vraiment pas doué en négociation ? Et puis, tu négocies sérieusement pour un baiser ? Si tu es en manques à ce point-là je peux te donner des noms tu sais… Sans compter que si je n’avais pas été aussi adorable, et j’insiste sur le adorable, tu serais déjà en train de vomir des limaces à ne plus en finir pour avoir osé me parler de la sorte pour une connerie pareille ! Surtout que je ne vois pas pourquoi j’aurais tellement envie de t’embrasser. De un je ne suis pas une sorte de prix qu’on peut rajouter à son tableau de chasse, et de deux, si j’en avais eu envie j’aurais très bien pu le faire il y a longtemps non ? Par ailleurs – dans l’éventualité où j’en aurais bel et bien envie – j’ai attendu jusque maintenant alors je ne suis plus à ça près !

Elizabeth se tourna à son tour pour se coucher sur le ventre et grommela dans sa barbe, en faisant bien attention à ce qu’il perçoive des mots tels que « crétin », « troll des montagnes » ou encore « quotient intellectuel d’un scroutt à pétard ». De toute façon, elle n’avouerait jamais – même sous la torture – que l’éventualité d’embrasser Lance lui avait traversé l’esprit plusieurs fois et qu’elle se demandait bien ce qu’elles pouvaient toutes lui trouver.

- Si tu tiens tellement à ton défi débile pourquoi tu n’irais pas draguer le calamar géant, avec un peu de chance t’aurais même droit à deux baisers pour le prix d’un, elle est pas belle la vie ?! marmonna-t-elle d’une voix amère plus pour elle-même qu’autre chose.

De toute façon, ça n’était pas comme s’il allait accepter ! Et oui, elle râlait pour un rien, et oui, elle avait la rancune tenace et un comportement enfantin, mais il n'avait qu'à se prendre à lui-même. Idiot.

Qu’il ait pointé quelque chose du doigt ? Dans le style qu’elle ait développée de tendres sentiments à son égard ? Il n’allait pas bien dans sa tête lui… Tout le monde savait qu’Elizabeth n’aimait réellement personne à part elle-même, alors être soudainement prise d’un amour fou pour Lance ne faisait vraiment pas partie de ses projets. Pas du tout même. Oh, mais s’il parlait seulement du fait qu’elle y avait déjà songé, alors là oui. De toute façon le contraire aurait été plutôt étrange, n’importe quelle fille se demandait un jour ou l’autre ce que ça faisait d’embrasser un ami non ? Enfin surtout histoire de comprendre en quoi ledit ami était si fantastique que ça. Non mais parce que ce n’était pas possible à la fin, même si Lance était ce qu’on pouvait appeler un séducteur raté, il arrivait quand même à emballer un tas de filles alors il devait bien avoir un truc ? Donc oui, il était forcément curieuse, ça tombait tellement sous le sens enfin !

Elizabeth se tortilla en sentant son doigt s’enfoncer dans ses côtes. Bon elle l’avait sans bien cherché mais tout de même ça n’était pas une raison. Elle menaçait les autres en leur enfonçant sa baguette et jamais l’inverse enfin ! Bon évidemment pris hors contexte les esprits pervers se seraient encore lâchés mais elle se comprenait et c’était l’essentiel. Jamais ô grand jamais personne ne se serait permis de lui lancer ne fusse qu’une pichenette pour tenter de la réveiller sans craindre de subir son courroux en retour. Surtout qu’Elizabeth en avait à revendre du courroux pour le coup, un rien la faisait sortir de ses gonds et il fallait avouer que Lance l’étonnait un peu plus à chaque fois. Ce type n’avait absolument aucun sens du danger. Ou alors il la considérait comme un danger potable, pas trop hargneux. La deuxième possibilité était sans doute la plus plausible le connaissant, après tout elle le pensait vraiment quand elle lui disait qu’il aurait eu tout à fait sa place chez les Gryffondors, un côté un peu trop imbécile heureux que pour son propre bien. Réflexion faite s’il n’avait pas été chez les Serpentards, Elizabeth se serait fait un plaisir de le détester cordialement, un peu comme elle mettait une certaine hargne à pourrir la vie de Rosenbach par exemple. Enfin soit, tout cela pour dire que ce type avait vraiment tendance à ne pas sentir quand sa mort était proche d’arriver parce que personne ne lui enfonçait un putain de doigt dans la taille pour essayer de la faire réagir. La seule réaction qu’il allait obtenir c’était une bonne baffe dans la figure et il s’étonnerait encore ! Et puis cette manie egocentrique qu’il avait à toujours trouver ça flatteur comme pensée. Bon d’accord il avait raison, d’accord c’était plutôt flatteur qu’il songe à l’embrasser elle mais… mais non ça n’allait juste pas. On ne pouvait tout simplement pas embrasser quelqu’un comme ça tout de même ! Allons donc, ce n’était pas dans les mœurs de l’époque et elle n’était pas une fille légère, loin de là ! D’accord elle avait beaucoup de défauts, certes… bon même un peu plus que nécessaire, mais jamais ô grand jamais elle ne voudrait d’une réputation de fille… eh bien de… euh… débauchée voilà.  Elizabeth était beaucoup de choses mais certainement pas une débauchée.

Elle se mordilla la lèvre en tournant la tête pour tomber nez-à-nez avec la pauvre marguerite malmenée par Lance quand celui-ci parla de secret. Après tout, c’était vrai. Si personne n’était au courant, elle ne passerait jamais pour une fille de petite vertu pas vrai ?  Et ça ne pouvait pas faire de mal que d’embrasser le batteur, si ? ça pouvait même être très bien réflexion faite, surtout que Lance était vraiment mignon… enfin ça c’est ce que disait tout le monde, pas que Lizzie le trouve particulièrement mignon ou quoi mais il n’était pas si désagréable que ça à regarder et puis ils étaient amis de toute façon alors elle pouvait bien le reluquer de temps à autres non ? Roooh et puis elle n’avait pas à se justifier à la fin.

- Un secret hein ? lança-t-elle d’un ton goguenard, après tout on ne se refaisait pas. Tu sais garder un secret toi mon petit Lance ?

Bon d’accord… c’était peut-être un peu vache, elle le savait parfaitement bien qu’il savait garder des secrets, après le nombre de coups foireux qu’ils avaient fait ensemble sans se faire attraper, il devait obligatoirement savoir tenir des secrets, mais ça n’était pas drôle si elle ne pouvait pas le taquiner un peu, n’est-ce pas ?

- Et puis quand tu dis « n’importe qui » ça veut dire quoi ? Que seule la salle commune de Serpentard aura droit à un récit complet et détaillé sur le fait que miss-insupportable-salope-Levy ne sait pas bien embrasser ? Je suis sûre que le Scuttlebutt news en sera ravi, il doit bien avoir au moins un élève qui me déteste dans ce stupide journal. A moins que tu ne saches réellement te faire discret, auquel cas… eh bien ma foi, je serai stupide de refuser n’est-ce pas ? Qui n’a jamais rêver d’embrasser le grand Lance Dawson.

Il fallait vraiment qu’elle y aille moins fort avec l’ironie, c’était vraiment une sale habitude que de tourner tout au sarcasme dès qu’elle le pouvait. Elle ricana pour se donner contenance avant de se redresser et de surplomber de moitié son camarade chacun de ses bras de part et d’autre de la tête de Lance et un sourire moqueur sur les lèvres pour compléter le tout. Vraiment, elle devait se débarrasser de cette foutue attitude qui consistait à tout tourner en dérision ou presque, ça allait finir par lui jouer de mauvais tours.

- Donc… sauras-tu tenir ta langue ? Là est la question !

Les tortures qu’elles pouvaient réserver hein… C’est vrai qu’il en savait quelque chose pour les faire subir à de pauvres et innocents premières années avec elle. Mais ils avaient tous tendance à dire que tous elle était la pire. Elle ne comprenait pas pourquoi d’ailleurs, après tout elle n’était pas si terrible que ça. Elle se lâchait juste quand la situation l’exigeait et elle pouvait se montrer cruelle voir sadique, mais après tout n’était-ce pas que justice ? Si elle commençait à se laisser marcher sur les pieds, à se prendre des coups sans rétorquer, que deviendrait-elle ? Une simple loque à la merci de tous. Et ça, plutôt crever. Alors oui, elle pouvait être particulièrement mesquine en matière de vengeance, mais qui ne l’aurait pas été ? Au moins tout le monde savait qu’il valait mieux garder ses distances avec l’héritière Levy et ses amis, comme le montrait le cas présent, savaient qu’il valait mieux garder ses secrets. Au final ce n’était pas si mal d’être une vraie terreur.

Elle ferma les yeux un instant en ricanant. De toute façon à quoi lui servait de se prendre la tête. Lance ne trahirait jamais un de ses secrets. Surtout s’il était aussi concerné. Et puis au pire elle pourrait lui faire du chantage par la suite avec tout ce qu’elle savait sur lui. Comme il pourrait la faire chanter aussi d’un autre côté, mais elle n’allait pas s’arrêter à deux-trois détails. Le seul problème ce n’était pas tant le fait d’embrasser Lance et qu’il aille colporter de sales rumeurs sur son compte, après tout les bruits de couloirs ça la connaissait plutôt bien,  mais plutôt d’embrasser Lance, l’une des personnes dans son entourage qui se rapproche le plus d’une notion de meilleur ami aux yeux de la jeune serpentarde, et de se retrouver avec une situation particulière sur les bras. Ça l’ennuierait tout de même assez de se retrouver gênée face au batteur pour si peu. D’habitude elle n’embrassait pas ses amis, juste de pauvres petits crétins manipulables à souhaits et qui s’imaginaient pouvoir obtenir quelque chose d’elle. Des crédules quoi. Pas des gens qu’elle souhaitait garder dans sa vie après en tout cas. Bon de toute façon, elle n’avouerait jamais – et ce même sous la torture la plus vile – que Lance comptait pour elle, après tout ils se marraient bien ensemble et ça aurait été dommage de gâcher tout ça non ? Mais au fond ça ne risquait pas finalement. Lance était un coureur, il avait l’habitude et elle, eh bien comme il venait de le dire, elle était la reine de glace, la fille sans cœur qui ferait sans doute un jour un mariage de convenance plutôt qu’un mariage d’amour.  

Elizabeth éclata tout de même de rire en l’entendant parler de cette histoire de langue. C’était bien lui ça, toujours à raconter des conneries sans avoir l’air de trop sans rendre compte. Mais bientôt elle s’arrêta net en sentant sa main sur sa joue avant de se sentir rougir furieusement. Merde c’était bizarre quand même. Pas désagréable mais c’était bizarre. Et puis ce sourire charmeur et ce « alors » lâché nonchalamment, c’est qu’il était tentant comme ça en fait. Elle comprenait quand même ce que toutes ces « greluches » lui trouvait, mais ça faisait bizarre de se retrouver à la place de ladite greluche. Elle s’entendit presque clairement déglutir, se traita mentalement d’idiote puis pencha son visage vers celui de son ami avant de poser chastement ses lèvres sur celle de Lance pour se redresser presqu’aussitôt, un sourire taquin sur le visage.

- Alors voilà.

Elle pouvait imaginer presque imaginer son air surpris. A tous les coups il avait encore cru qu’elle le faisait marcher et peut-être que s’il la pensait sérieuse il en espérait plus. Mais elle aimait bien le faire enrager quand même, c’était marrant après tout. Elle posa cette fois ses coudes de part et d’autre de sa tête avant de poser son menton contre son cou dans une position ô combien inconfortable.

- T’en  as pensé quoi ?

Bon d’accord, elle se payait un peu sa tête, mais juste pour voir.