[Résidence principale des Lambertson - 1932] La Terreur porte des culottes courtes

Dans les rues de Londres, la nuit tombe et déambule une charmante famille que les passants bienveillants prennent soin d'éviter. S'ils n'étaient pas souriants, respirant la joie de vivre et avec un enfant d'à peine cinq ans dans les bras, ils aurait l'air plus terrifiant encore.
Si ce n'était pas le père [clik], son crâne rasé, son manteau de cuir, son impressionnante cicatrice au visage ou encore la superficie de ses épaules qui les effrayait, c'était la femme [clik], glaciale, qui avait l'air des mauvaises reines dont on parlait dans les contes qui poussait les gens en face d'eux à changer de trottoir. Mais de tout ça, la petite famille n'en avait rien à faire. Ce soir était un soir important et ils étaient tous sur leur 31. Même si l'idée de « bien s'habiller » donner un mélanger assez comique pour le père de famille qui, même avec la meilleure volonté du monde ne pouvait ressembler à autre chose qu'un voyou.
Qui aurait pu croire alors qu'ils se rendaient chez l'une des plus importantes instances magiques du pays ? Pas les moldus craintifs qui passaient sans croiser leur regard en tout cas.

Puis ils arrivaient. Magnifique résidence dans les quartiers bourgeois. Pourtant ils ne semblaient pas plus intimidés que ça. Sauf peut-être la petite tête rousse dans son gilet rose, cachée sous ses mèches de cheveux, peluche en forme de lapin dans la main, une oreille dans la bouche, qui tenta de se cacher un peu plus dans les gras de son père alors qu'on leur ouvrait la porte. [clik]

Elle fut déposer à terre « comme la grade fille qu'elle était » disait papa, et fit fi des compliments et politesse qu'elle reçut en entrant, trop intimidée pour saluer la moindre présence. Ses parents s'excusèrent pour elle, mais elle n'en avait rien à faire, elle se cachait derrière la jambe de papa, tenant sa peluche fortement. Trop de grande personnes, trop de fast.
Puis elle remarqua, en retrait, une petite tête blonde. Peut-être était il temps de laisser papa et maman avec leurs amis les gens effrayants.
Oui, il était temps.

Elle courut alors de ses petits pas, vers la tête blonde, mais malgré sa course fulgurante, elle fut rattrapée par son père, décidé à lui ôter son gilet trop chaud pour l'intérieur. Elle grognait. On intervenait pas comme ça dans la course de Sally. Et ôter son gilet était bien plus difficile qu'il n'y paraissait, étant donné qu'elle voulait garder dans sa main la monsieur FeatherBottom la peluche.
Une fois fait, elle s'en alla dans sa petite robe blanche sous les réprimande de ses parents qui disaient avoir une petite fille bien mal élevée. Mais elle était bien trop détaché de tout ça pour se rendre compte qu'ils parlaient d'elle. Elle courut alors vers Caïn, puis serra très fort sa peluche contre son buste, tournant le pied depuis la pointe sur le sol, essayant de cacher sa timidité évidente.


Elle triturait ses doigts dans des positions à peine humaines tout en souriant bêtement. Elle avait trouvé son copain mais était déjà bien trop timide pour même saluer le garçon.

Les Vesago arrivaient les derniers. C’était ainsi comme toujours ; pourtant ils n’étaient pas en retard. Non, jamais en retard, ou du moins très rarement. Mais on savait qu’ils arriveraient en dernier, après les autres invités. On aurait pu être mauvaise langue et raconter çà et là que c’était pour se faire remarquer.  Non, ce n’était vraiment qu’un hasard récalcitrant, un destin un peu joueur. Ce soir-là, c’était surtout à cause d’un jeune garçon de six ans peu enclin à montrer bonne figure. Déjà à l’époque, Asterion était silencieux et relativement taciturne. Oh, il était certes joyeux et amusé d’un rien – comme bien des enfants – et avait l’air tout à fait normal. Mais son caractère indépendant et surtout solitaire commençait à se former.

« Asterion, tu seras correct avec M. Lamberston et les invités. »

La voix de son père lui remit les idées en place aussi sûrement qu’une tape sur la main l’aurait fait. Devant la porte de l’immense bâtisse, le jeune garçon piétina le sol, et réajusta son costume doucement. Il se pinça doucement les joues pour avoir l’air parfaitement réveillé, et il eut un petit sourire poli. Voilà qui faisait plaisir à son père. Un jeune garçon bien élevé, poli, respectueux, obéissant… tout ce qu’Asterion semblait vraiment être. Il avait en effet vite compris que pour être tranquille, il devait se laisser devenir ce que son père désirait qu’il devienne, sans se poser d’autres questions. Du moins, sans les exprimer.

« Tu iras t’amuser avec Caïn et Sally, hein fils ? Tu es toujours aimable avec eux ? »

Il hocha la tête. Caïn et Sally étaient assez amusants et ils avaient son âge à peu près. Le jeune gamin était assez content de les revoir, à vrai dire. Aussi, dès que les politesses furent échangées, le futur-serpentard et son impeccable costume disparurent entre les jambes des invités. Il se glissa ainsi jusqu’à ses camarades de jeu, et il attrappa à deux mains les épaules de l’aîné.

« Caïn ! Sally ! »

Il leur sourit doucement, ses yeux bleus brillant d’amusement à l’idée de tout ce qu’ils allaient pouvoir faire ce soir-là. Voler de la nourriture, embêter les elfes, échapper à la surveillance des adultes… peut-être que Caïn avait des trésors cachés dans sa maison – comme lui-même, dans la sienne – et peut-être qu’ils réussiraient à aller jouer dehors malgré la nuit…

« Je suis content de vous voir. On va jouer ? »

Beaucoup trop de grandes personnes. Agrippé au bas de la rampe d'escalier et juché sur la pointe des pieds, le blondinet essayait désespérément d'apercevoir, par dessus l'épaule de ses parents et de leurs amis, ceux qu'il attendait. Rubens avait bien essayé de l'attraper par le bras pour le pousser devant eux et le faire saluer comme il se doit mais plus glissant qu'un veracrasse, le garçonnet s'était dérobé. Devant le grand sourire du gamin, Rubens avait ravalé sa colère. Heureusement, Salem descendait et faisait un fils beaucoup plus convenable à annoncer, l'homme prit donc le parti d'ignorer l'impertinent et pour le moment, Caïn ne demandait rien de plus.

Enfin, une petite tête rousse parvint à s'échapper d'entre la forêt de jambes qui la cernait. Le garçon l'accueillit avec un grand sourire sincère et troué : une de ces incisives s'était fait la malle récemment.

"Salut Sally ! T'as une belle robe !"

Caïn releva un regard fier vers sa mère mais cette dernière ne les surveillait pas, trop occupé à saluer ses invités, ce qui tira une moue boudeuse au gamin. Il voulait lui prouver qu'il avait bien retenu ses leçons de savoir-vivre avec une dame et elle n'était même pas là pour l'entendre !

Heureusement, l'arrivée d'Asterion lui ramena le sourire et il hocha vivement la tête, coulant de nouveau un regard aux adultes avant de chuchoter à ses deux amis conspirateurs.

"Faut partir maintenant, sinon ils vont vouloir qu'on reste avec eux."

Sa grimace exagérée laissait bien entendre tout le mal qu'il pensait de cette idée et le doigt sur les lèvres, il fit signe aux autres de le suivre. La petite tribu escalada les marches sur la pointe des pieds et aussitôt hors de vue, Caïn se mit à galoper, excité comme une puce :

"J'vais vous montrer un truc trop chouette, venez !"

La petite Sally enfouit son visage encore un peu plus quand elle entendit Caïn la complimenter sur sa robe Elle articula difficilement un tout petit « merci » alors que la pointe de son petit pied gêné s'en prenait violemment au sol.
La petite, qui se réveillait à peine, se tourna quand elle entendit quelqu'un d'autre entrer. C'était Asterion, un autre grand. Elle lui fit vigoureusement coucou de la main. Malgré son réveil difficile, elle était tout à fait heureuse d'être là avec ses amis. Mais Caïn la stoppa dans son enthousiasme en qu'il était tant de partir.
Ne voulant décevoir son ami, Sally se courba légèrement, comme si elle pouvait devenir plus petite encore. Et fit du mieux qu'elle pu pour être le plus discrète alors qu'elle suivait le petit maître de maison.

Les marches furent difficile à franchir, escaladant à quatre pattes, Sally se trouva toute essoufflée une fois en haut. Elle passa discrètement la tête par la rambarde. Elle voulait suivre ses amis et jouer avec eux, mais elle avait un peu peur de se faire disputer par ses parents, surtout son père qui n'aimait pas trop qu'elle s'éloigne. Mais si elle avait réussit à partir, c'est que de toute façon, ils ne regardaient pas.

Elle remonta sur ses petits pieds et se tourna vers les garçons, les yeux brillants. Qu'est-ce-que Caïn allait leur montrer ? Dans une maison aussi grande, tout était possible.


Elle se rendit soudain compte qu'elle avait peut-être parlé un peu fort alors qu'ils devaient être discrets. Elle posa en hâte ses mains contre sa bouche puis reprit en chuchotant.