[1943 - Mars- Fin] - Besoins de Conseils [[PV Aileen]]

Cela commençait réellement à se voir maintenant. Avec un peu plus de 3 mois de grossesse derrière moi, mon ventre commençait à s'arrondir significativement. Si j'attendais un peu plus, je prenais le risque que mes vêtements soit définitivement trop petit pour m'aller. Aussi profitant que les vacances de Pâques soit là, je me rendais donc discrètement au chemin de traverse. S'il y avait bien un endroit où l'on pouvait trouver tout ce que l'on désirait, c'était probablement là-bas. Aussi, ayant besoin d'une couturière spécialisée, je décidais de chercher là-bas en priorité. Il y avait toujours beaucoup de mondes, tellement de passage que n'importe quel commerçant ne pouvait pas retenir tous les noms. C'était parfait, ou presque. Ainsi, il y avait peu de risque de croiser quelqu'un que moi ou ma famille pouvait connaitre ou bien d'être reconnu plus tard par un commerçant un peu trop bavard. Malheureusement, mes cheveux étaient bien trop visible, trop reconnaissable. D'un roux vif qu'il en était presque rouge, je ne pouvais pas facilement passée inaperçu parmi les robes noirs, mauves ou vertes. C'est donc muni d'un voile recouvrant mes cheveux que je commençai à déambuler.

Par mesure de sûreté, j'évitais les magasins trop connus, ceux que l'on retrouve sur l'artère principale, mais dirigeant vers des boutiques plus modestes, mais néanmoins propre. Celle qui retint mon attention portait un nom pour le moins simple, mais accrocheurs : "Les Retouches d'Aileen". Il était facile de comprendre que la propriétaire se nommait Aileen, un nom qui sonnait plutôt bien. Prenant une grande inspiration qui se termina en un soupir hésitant, je poussais toutefois la porte de la boutique. C'était une boutique de couture tout ce qu'il y a de plus commune. Les étoffes, le fil et les aiguilles étaient présentés de manière à ce que chacun trouve ce dont il avait besoin. Mais là, maintenant, ce n'était pas juste de tissu que j'avais besoin, il me fallait les conseils d'un professionnel pour savoir quoi faire exactement. Etrangement, malgré ma force de caractère habituel, je ne pouvais m'empêcher de remarquer à quel point je me sentais vulnérable sur le moment. Moi qui avais l'habitude d'aider tout le monde tout le temps, me retrouvait pris de court dans une situation que bien de femmes avaient traversé auparavant. D'une voix claire, que l'on pouvait sentir empreinte d'hésitation, je pris cependant la parole.

-"Bonjour, il y a quelqu'un ?"

Comme une réponse à ma question, je vis une jeune femme, qui ne semblait pas beaucoup plus vieille que moi.

-"Bonjour, vous êtes Aileen ? J'aurais besoin de quelques conseils…"

Venez ensuite la partie compliquée. Comment dire à quelqu'un "je suis tombée enceinte sans le vouloir, je compte garder l'enfant, mais il faut que je cache ma grossesse à tous mes compagnons de classes et pour ça j'ai besoin de vêtements fait sur-mesure qui ne laisse rien paraître ?". Mais quelque chose vint cependant me simplifier grandement la tâche. En fait de "quelque chose", il s'agissait là d'enfants en bas-âge, des nouveau-nés. Un sourire vint alors se poser sur mes lèvres. Au moins, là j'étais sûr de trouver quelqu'un de compréhensif à mon souci… Ou alors elle me jugerait irresponsable tout en me faisant un sermon interminable sur ma conduite déviante. Cette simple pensée suffit à retenir le sourire que les enfants m'avaient fait avoir. M'assurant, que personne n'était là, je pris une respiration et mon courage à deux mains puis relevant légèrement ma chemise, montrant mon ventre légèrement arrondi.

-"J'aurais besoin de … dissimuler ça quelques temps…"

Aileen semblait être une femme douce et gentille. Du moins c'était l'impression qu'elle me donnait lorsqu'elle s'approcha de ce que je compris être ses enfants. Tout comme Angelica l'avait été avant, la couturière ne dissimula pas sa surprise en voyant mon ventre. C'était compréhensible, j'étais toujours une élève de Poudlard, bien que je sois majeure depuis plusieurs mois. Je n'étais pas bien loin de finir mes études, j'avais déjà décidé de ce que je ferais par la suite. D'ici peu, j'entrerais en contact avec Ollivanders et lui demanderait de me prendre comme assistante et de me former. J'apprendrais tout ce qu'il y a à savoir sur les baguettes avec le meilleur fabricant britannique. Mais si je ne dissimulais pas ces modifications qui déformaient mon corps, la fin de l'année risquait d'être bien difficile. Tout comme Angelica, Aileen agit de manière délicate, comme si elle cherchait à me préserver. Peut-être était-ce là les hormones qui parlaient, toujours est-il que j'avais de plus en plus de mal à le supporter. Je n'étais pas en sucre, bon sang !

-"Je m'appelle Cassandre… Je préfère éviter que ma famille apprenne ça… Et avant tout jugement, sachez que je suis majeure…"

Aileen, sûrement connaissant la situation, ne fit toutefois aucune remarque ni ne posa d'autres question. La laissant à sa réflexion, je regardais autour de moi, m'attardant sur les deux bébés dans leur couffin. Il semblait bien jeune, peut-être tout juste né ? Leur visage tantôt souriant, tantôt curieux, me fit alors sourire, comme s'ils me montraient un avenir bien moins sombre que tout ce que l'on pouvait me dire. Je fus arrachée à ma contemplation par la voix d'Aileen qui me ramena à la réalité du moment, j'avais besoin de vêtement plus discret.

-"Je préfère éviter les couleurs vives… Je devrais porter ses vêtements avec mon uniforme, il vaudrait peut-être mieux le retoucher directement… ou en refaire un sur mesure… Pour le sort, si vous me l'apprenez, je pourrais très bien le refaire, je suis assez doué pour les sortilèges, j'en ai appris plusieurs cette année. Ma dernière année à Poudlard."

Essayant de détendre un peu l'atmosphère ou plutôt de me détendre moi-même un peu, je rajoutais sur le ton de la plaisanterie.

-"Il fallait bien marquer le coup avant d'entrer dans la vie active, non ?"

La question, bien que légitime, avait de quoi surprendre. Certes, il était normal que la couturière s'inquiète du devenir de l'enfant, mais elle ne pouvait rien y faire, à moins d'avoir une fortune à partager. Quoique… Peut-être pouvait-elle offrir ses services pour le coup ? Néanmoins, sans me démonter, je répondis avec calme ce que j'avais déjà décidé depuis plusieurs années. Tout du moins, avant cet "accident", bien qu'il n'ait en rien changé mes décisions.

-"Cela fait quelques années que j'étudie les baguettes. Je compte bien devenir assistante d'Ollivanders et le dépasser un jour ! Pour lui, cependant…", par réflexe, je posais la main sur mon ventre en le caressant légèrement,"Je compte bien évidemment le garder, m'en occuper, l'élever. Je demanderais peut-être de l'aide à ma mère, avec de la chance, son père m'aidera aussi."

Refusant de m'attarder plus longtemps sur un sujet aussi délicat, je laissais ma couturière réfléchir à ce qu'il serait le mieux pour le "déguisement de fin d'année". Je n'étais pas franchement une profane et encore moins une professionnelle. Je n'avais aucune de ce qu'il fallait faire, de ce qui était le mieux, aussi espérais-je qu'elle eut quelques expertises dans ce domaine-là. Mon regard se posa de manière presque instinctive sur les enfants non loin.

-"Et vous ? Comment ça s'est passé avec eux ?"

A la fois curieuse et intéressée, c'était là le but de ma question. Je n'avais encore eu aucun modèle à suivre. Si elle s'en sortait, alors peut-être pourrais-je prendre exemple pour m'en sortir à mon tour.

Les deux poupins étaient bien différent l'un de l'autre, malgré leur gémellité. L'un, calme et endormi, faisait contraste avec l'autre, plus agité, mais silencieux, hormis les quelques babillements habituel des enfants de son âge. C'était attendrissant dans un sens, mais un peu flippant, la manière dont ce dernier avait à me fixer de la sorte, comme si j'étais un intrus dans sa vie. Certes, c'était le cas, je m'étais incrusté dans son" royaume", parlant avec sa mère, la soustrayant à eux, à son devoir maternel. Mais tout de même ! Un malaise me prit alors soudainement… Et si mon enfant se comportait ainsi avec moi ? Trop effrayé par cette possibilité, je n'écoutais que d'une oreille distraite ce que la couturière avait à me dire. Oui, un bébé c'était de l'attention, de l'amour, ça change tout.

Puis, soudainement, comme sorti de nulle part, un bébé atterrit dans mes bras. Il ne me fallut pas moins d'une seconde pour analyser ce que Aileen venait de me dire et pour comprendre qu'elle n'avait pas attendu ma réponse pour me donner à porter son enfant dans les bras. Oui, il fallait bien commencer quelque part, commencer à s'habituer à ce qui serait un quotidien d'ici peu. Mais, là encore, tout de même ! Je me sentais gauche, j'avais l'impression que le moindre geste risquait de faire tomber l'enfant, c'est que c'était fragile ce genre de chose là ! Je n'étais définitivement pas à l'aise et c'est alors qu'une autre pensée terrifiante me vint à l'esprit. Et si MOI, j'étais incapable de m'en occuper ? Et si je le faisais tomber ou qui lui arrivait malheur parce que je n'ai pas fait attention.

Doucement, je reposais le bambin dans son berceau avant de m'en éloigner d'un pas en arrière. J'essayais de cacher mon malaise, mais je n'avais pas besoin de regarder Aileen pour comprendre que je n'y arrivais pas très bien. Comme pour me trouver une excuse, j'essayais de marmonner quelque chose, mais rien de vraiment intelligible ne passait mes lèvres. Prenant une grande respiration, je me rasseyais et… fondit soudainement en larme, sans pouvoir en retenir une seule.[i]

-"Non, non … Je vais lui faire mal… Je ne suis pas prête…"

[i]Essuyant les larmes d'un revers de ma manche, je tentais de retrouver mon calme en prenant de lentes respirations, mais, sans comprendre vraiment pourquoi, cela ne semblait avoir aucun effet.

-"Je vais pas y arriver… Je … Et s'il ne m'aime pas non plus, comme lui ? Et si j'étais une mauvaise mère…."