[1943 - Mars] I'm on fire (Artur)

Ahahaeuhueuhe. Z’avez besoin d’un dictionnaire ? J’espère que non, parce que j’en ai pas sur moi, pas le temps et puis c’est trop lourd, j’ai déjà assez à porter avec ma graisse, merci. Je suis juste en train d’essayer de ne pas être en retard, tout en pensant à plusieurs choses en même temps, et en essayant de mettre ces stupides chaussures correctement. Oui j’ai décrété que les chaussures avaient une intelligence. Et je confirme par la même occasion que les garçons sont incapables de faire plusieurs choses en même temps. Du moins, c’est mon cas, alors je généralise pour me sentir moins seul. Mais commençons par le commencement. Parce que ma vie elle est cool. Depuis quelques mois, voire même presque un an, on nous rabâche les oreilles avec les examens. Genre ça va changer notre vie. Si on les rate, on va tous mourir dans d’atroces souffrances. Mais auparavant, on vous fera bien souffrir. Mis à part ça, aucune pression ne vous est mise. Au-cune. D’ailleurs, au départ, on prend ça à la légère. On se dit qu’on a touuut le temps d’étudier, qu’on fera ça en octobre. Puis en novembre. Puis le lendemain. Et à chaque fois on reporte. Et puis dans mon cas, on arrive en mars avec des notes même pas complètes. Pourtant j’étais là à tous les cours. C’est pas possible, j’ai des feuilles qui doivent être dotées d’ailes ou de jambes. Et qui s’amusent à aller à la découverte du château ou du monde. Vous comprenez, je ne peux briser leur rêve.

MAIS. –Parce qu’il y a toujours un mais-, moi ça ne m’aide pas dans mes études. Et du coup, je stresse de plus en plus dès que je fais face à un calendrier, que quelqu’un prononce le mot « cours » ou « examen », ou que je voies tout simplement un professeur. Il fallait donc que je réagisse. J’aurais pu partir avec un filet à la chasse aux feuilles de cours. Mais j’ai trouvé mieux. Même mieux que la poudre de griffe de dragon. J’ai trouvé…J’ai trouvé Ethan. Mon sauveur. Sans rire, il m’a déjà tiré d’un faux pas. Chose que je ne lui ait pas vraiment encore rendue. Et ici, encore une fois, il était prêt à me sauver la vie. Je ne regrette absolument pas de l’avoir rencontré. Explication. Il était venu me voir, apparemment lui aussi les examens ça ne le rassurait paaas du tout, me disant qu’il avait trouvé un élève, en septième, qui était prêt à l’aider. En lui passant des copies de ses examens de cinquième. MA-GNI-FI-QUE. Au moins, on aurait une idée de ce que les profs pourraient poser comme question. Mais ce n’était pas gratuit. Il ne voulait pas de Gallions. Non. Il voulait une bouteille de Whisky Pur Feu. Ah..ahaha. Ca aurait pu paraître de rien du tout, une bouteille. Mais le problème est que, même si le demandeur est majeur, ni Ethan ni moi ne le sommes. Ce qui posait un peu problème. Mais il était temps de mettre à profit ma taille encombrante. Qui ne plaisait pas à certaines portes. Bref. Il allait falloir être discret, et se faire passer pour plus âgé qu’on ne l’était. Ca ne devait pas être si difficile que ça. C’est ce que je me disais en tout cas.

Et repenser à tout ça en même temps, avec en plus le stress des examens, plus le retard que j’avais pour le rendez-vous avec Ethan –pas de ma faute, y avait une araignée sur mon chemin, je hais les araignées.- ça ne m’aidait pas à me dépêcher correctement. Et encore moins à mettre mes chaussures, récalcitrantes depuis que j’avais quitté la Salle Commune. A croire qu’elles étaient contre moi. Mais je m’en fiche, j’irai jusqu’au bout du monde, sans qu’elles ne se mettent correctement si il le faut. D’ailleurs je vois le bout du calvaire ! Il suffirait juste que j’ouvre la porte d’entrée pour enfin retrouver Ethan et s’arrêter deux minutes pour les mettre correctement ! Sauf qu’une fois la porte poussée, une marche vint prêter main forte aux chaussures. Sincèrement, j’ai cru voir ma vie défiler devant moi à ce moment-là. Ou j’ai surtout vu de très près ma main gauche que j’avais levée, réflexe douteux et complètement inutile, sauf si je me découvre une addiction au frappage de visage par main gauche. Ce serait vachement inquiétant quand même. En attendant, même si mon visage a souffert, j’ai miraculeusement réussi à ne pas faire une rencontre avec le sol. Yeah, je m’améliore. Et je viens même de me rendre compte par la même occasion pourquoi mes chaussures étaient récalcitrantes. Mon pied gauche essayait de faire un avec la chaussure droite et vice-versa. Ah.Ahahah. Je ris de pitié. Sincèrement, si un jour on me propose de m’attribuer un prix, je me donnerai celui de boulet mondial. Bref. Le plus important était que j’avais réussi à être au lieu de rendez-vous. Complètement essoufflé, mais j’y étais. J’aurais bien pris Ethan dans mes bras, qui était en train de courir vers moi en agitant les bras, trop heureux de ma réussite journalière.



« ▬ Désolé, Désolé ! A la base, j’étais à l’heure mais…Eh…Y avait genre une grosse araignée en plein milieu du couloir, il a fallu que je m’en débarrasse, du coup j’ai voulu lui lancer un sort, mais elle arrêtait pas de bouger, une vraie horreur.»


Ce qui était vrai. On ne dira pas qu’elle a fini écrasée sous un livre jeté à une très bonne distance d’au moins 10 mètres, impensable de l’approcher plus près que ça. Bref. Revenons-en à nos Niffleurs. Il avait dit qu’il fallait se dépêcher parce qu’il devait acheter…un chapeau ? Okay. S’il veut. Si il le dit c’est que ça fait partie du plan, c’est lui le chef, je ferai tout ce qu’il me dit. Et puis il est intelligent pour les plans. En fait j’en sais rien mais j’ai décidé que ce serait comme ça alors on me contredit pas.


« ▬ Okay ! Tu sais déjà où aller en acheter ? Et…et pour la…euh pour ce qu’on doit aller chercher tu…tu sais où on doit aller ? Y en a…Aux Trois Balais ? J’ai jamais vraiment été autre part qu’à Honeyduckes sincèrement. Tu crois qu’on aura le temps d’y passer ? J’ai plus grand-chose dans mes réserves de bonbons et j’ai pas envie d’être à court. »


Je regardai à droite et à gauche, regardant quand même si il n’y avait pas quelqu’un, avant de rentrer un peu ma tête dans mon col, espérant qu’on me regarderait, et qu’on ne me remarquerait moins, chose un peu utopique malheureusement. A moins que je ne me coupe les cheveux et que je ne rapetisse de plusieurs centimètres.


« ▬ Ermh…On y va du coup ? Je crois qu’il y a personne…»


Okay. J’abdique. Je ne serai jamais un espion de haut niveau.

Expiiiiiirer, inspiiiiirer. Bouse, c’était l’inverse. Je voulais mieux reprendre mon souffle et je me retrouve à la place à crachoter un peu partout – en évitant Ethan quand même, je ne suis pas dénudé de ce que les gens appellent « bonnes manières » hein, même si on m’a plus souvent rabâché que j’avais la tête d’un ours en peluche qu’autre chose.- avant d’arriver à respirer à nouveau normalement. Je le dis maintenant haut et fort, j’ai fait ma dose de sport pour 5 ans. Et que personne ne vienne me proposer d’aller en faire avec lui, le sport c’est meurtrier, je viens d’avoir une preuve supplémentaire. Déjà qu’il y a quatre ans, même le balai conspirait contre moi, trouvant ça plus amusant d’avoir des rendez-vous répétitifs avec mon visage qu’autre chose. Mais bon, on avait autre chose à penser. Et ça, je le laissais faire pour la réflexion. Après tout, c’était lui qui avait eu en direct les informations. Moi je ne faisais qu’aider. Si je pouvais me rendre utile, autant le faire, et puis il y avait quand même les réponses à la clef. Même si j’étais mort de peur à l’idée de cette horrible mission qui nous attendait, il fallait bien qu’un jour dans ma vie, je prenne mon courage à deux mains. Chose plus facile à dire qu’à faire. Parce que quand on parle de…

Oh Merlin merci, il a accepté pour Honeyduckes. Ma vie est complète, je peux mourir en paix, ma réserve de bonbons ne sera pas à sec de sitôt. Encore heureux que j’avais fait quelques économies ces derniers-temps. En même temps, avec les fêtes de Noël et tout le bardaf, mon porte-monnaie se sentait un peu mieux. M’enfin, avec un passage chez Honeyduckes, c’est sûr qu’il allait perdre du poids. Rien qu’à l’idée d’entrer dans le magasin et d’imaginer aussi l’odeur suave qui y régnait, j’en avait déjà l’eau à la bouche. Eh ? On lui avait donné plus que pour une bouteille de whisky ? C’est que ça s’annonçait encore mieux ! Mais après…L’élève était quand même en septième année, aucune idée de sa maison, j’ai pas demandé, et…et il en connaissait beaucoup plus que nous en matière de sort. Et il avait réussi ses BUSEs, LUI.  Uuuh. Le coup de l’argent, j’en étais quand même pas très certain.



« ▬ Génial ! On aura qu’à aller vite pour lui acheter sa bouteille, ça ne doit pas être si difficile à trouver…Mais…tu penses pas que si jamais on lui « emprunte » de l’argent, il ne chercherait pas à se venger ? Imagine qu’il sache lancer des sortilèges informulés, il suffirait de le croiser de loin dans un couloir pour se ramasser un sale sortilège et finir à l’infirmerie ! »


Prenant un air plus qu’horrifié, m’imaginant les pires déformations que l’on pourrait subir suite à un sort d’un dernière année, je secouai un peu la tête de droite à gauche, afin de me sortir cette idée de la tête, faisant voleter légèrement par la même occasion mes cheveux. Non. Il fallait garder la tête froide, si on commençait à se présenter tous les mauvais côtés de cette histoire, on n’en serait jamais sorti. Alors on commence par inspirer doucement cette fois-ci et on réfléchit. Ca ne doit pas être si difficile que ça d’être intelligent après tout.


« ▬ Hm…Si tu veux, je peux te prêter, c’est pas un problème ! Ce sera peut-être plus sûr. Et…Et il faudra trouver aussi quelque chose pour qu’on ne nous reconnaisse pas là-bas. Urf…Si seulement je savais lancer un sort de Désillusion correctement…Mais je risque plutôt de nous mettre des cheveux roses fluo qu’autre chose. Tu…Tu sais en faire toi ? »


Je baissai la tête vers lui, avant de croiser son regard, dans lequel brillait une certaine détermination. Au moins, lui n’était pas une poule mouillée. Et à vrai dire, sa détermination était un peu contagieuse. Tant mieux, parce que j’en avais besoin. C’est donc avec un peu plus de courage que je mis à marcher à ses côtés, suivant sans trop de mal son rythme, l’imitant aussi en regardant de temps à autres derrière moi, jusqu’à ce que je me prenne une branche d’un des sapins sur le côté dans la figure. Merci conifère. L’année prochaine si je rentre chez moi à Noël, je me ferai une joie de brûler ton semblable qui aura décoré mon salon. Ceci dit, Ethan ne semblait pas plus avoir de chance que moi, le sol semblait lui en vouloir, à moins que ce ne soit ses pieds. Je compatis mentalement mon cher ami. Je l’aurais bien dit oralement, mais sait-on jamais que l’on soit suivit, autant rester le plus silencieux possible. Jusqu’à ce qu’il reprenne la parole, acquiesçant très fortement à sa proposition du bar, quel qu’il soit.


« ▬Oui, je suis parfaitement d’accord, ce sera nettement mieux ! Même si on est déguisés, on pourrait se faire repérer. Parce que si on se fait prendre, je suis pas certain que ma mère fasse seulement le déplacement pour venir me faire la morale. La mienne serait plutôt du genre à envoyer d’abord une beuglante et arriver à l’improviste pour dans le meilleur des cas me ramener à la maison, dans le pire…Me mettre dans une boîte et m’envoyer au bout du monde ? Quoique…elle attendra que je passe mes B.U.S.E.s avant, si on ne nous vire pas…»


Ouais l’once de courage viens de s’éteindre comme une flamèche sous une inondation. Eheheh. Promis, pour mes A.S.P.I.C.s, si je survis jusque-là, j’étudierai et je n’accepterai rien de foireux. Comme ce plan-là. Mais il était trop tard pour reculer désormais. Je n’allais pas lâcher Ethan. Ca ne se fait pas, je lui ai promis que je l’aiderais. En plus il souriait, tout espoir n’était pas perdu. Si on se mettais tous les deux à désespérer en hurlant un peu partout, là ce serait perdu. Mais on en était pas encore là.


« ▬ Jamais entendu parler…Et ça doit ressembler…A un…sanglier ?»


Bien sûr Artur. Je m’auto propose de m’auto-donner le prix de la perspicacité. Et de m’applaudir aussi. Mais on va éviter, je sais déjà pas marcher tout en me retournant de temps en temps, alors si j’essaye en plus d’applaudir, je risque de commettre un suicide involontaire.


« ▬ J’imagine qu’on trouvera assez facilement, Pré-au-Lard, ça n’est pas si grand que ça…J’espère en tout cas que ce sera assez spécial pour ne pas nous poser de question et nous vendre cette bouteille. D’ailleurs…j’en ai jamais goûté de Whisky Pur Feu, tu crois que ça a bon goût ? »


On sait jamais hein, qu’ils auraient une fois envie de mettre un truc bien dégeulasse en vente. Mais je préférais débourser mon argent en sucreries qu’en alcool. Ca, c’est sur et certain. Enfin, avec tout ça, j’apercevais le village de loin, retrouvant mon sourire, le pointant du doigt d’un air légèrement surexcité.


« ▬Là ! Allez, le temps qu’on trouve un déguisement subtil, et tout, dans…une quarantaine de minutes, on est ressorti, libres comme l’air et presque certains d’avoir des réponses d’anciens examens ! »


Vie magnifique. Et je ferais mieux d’être un peu plus discret en fait ouais.

Quand on est stressés, certaines personnes ont tendance à agir de manière impulsive, d’autres se forcent à réfléchir, ou encore désespèrent. Je pense que je fais un peu le mélange des trois, ce qui ne fait pas super bon ménage. J’ose même pas imaginer ce que ça donnera le matin du premier examen. Avec un peu de chance l’apocalypse aura eu lieu la veille. Première fois que je souhaite la fin du monde, mais ici c’est un cas de force majeure. Parce que de toute manière, si je les rate, je meurs, alors autant épargner mes souffrances le plus possible. Même si le destin semble prendre un malin plaisir à s’acharner sur moi, de temps à autres.  Mais bon, inutile de se plaindre, ici, peut-être que c’était un mal pour un bien, une nouvelle fois, si tout se passait bien –et tout allait aller BIEN. Ce n’est pas non plus comme si j’étais tout seul et sincèrement, à part se perdre quelques fois, et faire exploser deux trois minimes choses, il n’était rien arrivé de plus grave lorsque j’étais avec Ethan. Donc il n’y avait pas de raison pour que l’on se fasse renvoyer cette fois-ci.- on serait tranquilles. En quelque sorte. Et puis l’union fait la force. Alors autant avoir confiance en nous même, si on assemble nos idées, on peut arriver à quelque chose de très bien. Un duo de choc, mortel même. …Mais pas trop mortel si possible. Je ne tiens pas à mourir jeune. Oui bon je viens de formuler le vœu de mourir avant mes examens mais c’est parfaitement logique d’accord ? On va remettre la faute sur le stress. Et le destin. C’est toujours de leur faute. D’ailleurs, c’est peut-être parce que j’ai tendance à tout rejeter sur le destin qu’il me le rend bien. Hypothèse à creuser lorsque j’en aurai le temps, et l’inspiration, et s’il vous plait faites que ce ne soit pas pendant la prochaine évaluation de Métamorphose. Bon on arrête les frais. Positivons, positivons, Ethan venait de dire qu’il avait une idée qui éviterait de nous faire nous retrouver à Azkaban, pour faussement d’identité, vol et j’en passe.



« ▬ Si on sait faire moins que plus, ce serait préférable…En plus à coup sûr, on nous donnera une potion soi-disant remède avec un goût complètement ignoble. Eheh. Si jamais on se fait prendre pour vol, je suis quasiment certain que ma mère me laissera en vie, mais très certainement pour pouvoir mieux me torturer ou essayer de me vendre. Donc je suis totalement pour ton idée tant que ça nous permet d’éviter de nous retrouver à la porte, je te fais confiance ! »


Et je parlais sincèrement. Il n’y avait aucune raison de douter de lui, c’est pas comme s’il m’avait réellement déjà entraîné dans une mauvaise situation. D’accord celle-ci, c’était pas génial, mais une nouvelle fois, c’était pour la bonne cause. On a rien sans rien. En attendant, je laisse bien ma baguette où elle était, et je le regarde ranger la sienne, répondant à son sourire, acquiesçant en l’entendant dire qu’il allait essayer quelque chose. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, si ça se trouvait il avait un superpouvoir secret ? Ce serait genre trop génial ! Si ça se trouve il allait nous pondre une bouteille en moins de deux ! Si il le faisait…Bon je dirais pas non plus que j’irais jusqu’à me marier à lui, mais c’est certain que je lui en serais éternellement reconnaissant. Bref. Il était en train de se concentrer, et comme fasciné, je le regardai faire, arrêtant même de respirer un instant, le regard inquiet, serrant un peu mes poings que j’avais levé, comme en signe d’encouragement. Je l’aurais bien encouragé oralement, mais je n’avais pas spécialement envie de le déconcentrer, surtout pas maintenant, en ce moment fatidique, qui allait peut-être changer l’Univers. Ou en tout cas le nôtre.

Il n’y eut pas de bruit sourd, pas d’explosion, pas d’étincelles. Ce qui est pas plus mal dans un sens. Mes tympans ont pu survivre. Par contre…par contre les cheveux d’Ethan, je n’en suis pas si certain. Bouche-bée, je le regardai quelques instants, ne respirant toujours pas, toujours dans la même position, si ce n’est sans doute les yeux un peu plus écarquillés, avant de réapprendre à respirer, l’air commençait quand même un peu à me manquer, n’arrivant pas à lâcher mon regard de ses cheveux, qui venaient de prendre une autre couleur. Ils étaient bleu il y a deux seconde et maintenant…maintenant entre le vert et le jaune. C’était…C’était…



« ▬ Mais…c’est Gé-ni-al ! Comment t’es arrivé à faire ça ? C’est trop cool ! T’es super fort en Métamorphose en fait ! Whooo, ce serait tellement bien si je savais faire la même chose… »


Cependant, vu son regard, il n’avait pas l’air aussi enthousiaste que moi. Pourquoi ? Je n’en avais pas la moindre idée, parce que sur le coup, il m’avait bluffé. Et pas qu’un peu. Bon d’accord, j’admets que si on croisait quelqu’un que l’on connaissait, et que la personne le regardait de face, il risquerait de le reconnaître après quelques instants, mais si on passait rapidement son regard, on y voyait que du feu ! …le problème était peut-être qu’on ne voit pas spécialement des gens avec des cheveux vert-jaune tous les jours et que donc, ça allait encore plus attirer les regards. Oh. C’était peut-être pour ça son regard. Rabaissant enfin les bras, et tiltant que ce n’était pas non plus la meilleure des couleurs, ce qui fit un peu rabaisser mon sourire, je fini par le suivre vers le village, jusqu’à arriver au moment fatidique. Celui de trouver le bar en question. Et alors que je réfléchissais à un plan machiavélique Ethan en trouva un avant moi, qui je dois le dire était infaillible. J’acquiesçai, autant ne pas perdre de temps, et me dirigeai de suite vers une personne un peu plus loin.


« ▬Veuillez m’excuser de vous importuner, mais je suis un peu perdu, sauriez-vous me dire comment je pourrais me rendre à la Tête de…Salamandre ? Eh…Sanglier ? Oui, c’est ça, la Tête de Sanglier ? »


Alors je ne sais pas, si elle n’avait jamais vu de sa vie quelqu’un de plus grand qu’elle, ou si tout simplement elle a remarqué Ethan derrière et a eu peur de ses cheveux, ou tout simplement ne parlait pas Anglais, mais tout ce que je sais, c’est que je me suis pris un sale vent, et qu’après m’avoir regardé pendant une dizaine de secondes, elle est partie sans rien dire. Ce qui ne m’aide pas franchement dans la situation où l’on se trouve. Me retournant vers Ethan, un air d’incompréhension collé sur le visage, j’haussai les épaules, impuissant durant quelques instants, avant de trouver une autre personne, et de réitérer ma demande. Il n’était pas question de baisser les bras si près du but. Et cette fois-ci, la réponse fut plus fructueuse. Même un peu trop à mon goût si vous voulez mon avis. Après m’avoir indiqué le chemin, le sorcier insista au moins trois fois pour me vendre je ne sais quel ingrédient magique, moi et le cours de Potions c’est pas trop ça, avant de me proposer de nous y accompagner. …Je sais pas pourquoi mais vu sa tête, j’avais pas trop confiance. Et même après avoir poliment refusé sa demande, il insista, visiblement près à me suivre. Encore heureux que je marchais plus vite que lui. Ou que j’aie des jambes plus longues, je m’en fiche le plus important est de le semer, le plus vite possible. Sans plus attendre, je me dirigeai donc vers Ethan, le prenant par le bras en entendant l’autre gugusse derrière, avant de me diriger dans la direction indiquée.


« ▬ Bonne nouvelle : je sais où c’est, mauvaise nouvelle, bien qu’il ait l’air de vouloir nous aider, e sais pas pourquoi il a pas l’air de vouloir nous lâcher. »


Essayant d’accélérer le pas, j’aperçu après quelques instants une bâtisse, dont la porte était surmontée d’une tête de sanglier. Cependant au lieu de m’y engouffrer la tête la première, je préférai aller dans une rue adjacente, laissant passer devant nous le sorcier, qui heureusement n’avait pas l’air d’avoir remarqué la feinte –ô combien réfléchie- pour le semer. En attendant, bien qu’Ethan aie trouvé une parade pour changer de chevelure, moi je n’avais strictement rien. Mais était-ce réellement important ? Dans l’immédiat, à part me mettre trois tonnes d’encre, je n’avais pas grand-chose à faire. Quoique. J’avais bien une petite idée, bien que je ne sois pas sûr que ce soit très utile, on pouvait toujours essayer. Sortant ma baguette, je la pointai vers ma tête, fermant à mon tour les yeux quelques instants. Bon. Il n’y avait rien à craindre, c’était à peu près le seul sort que j’arrivais à faire correctement, sans avoir à m’y reprendre à trois fois. Et je vous défie de dire du mal de Sorcière Hebdo. Parce que c’est bien grâce à cette revue que je sais me faire une tresse sans utiliser mes mains. Vous moquez pas, c’est super utile le soir avant d’aller dormir si je veux éviter de me retrouver avec des tonnes de nœuds le lendemain. Bref. Une fois la tresse faite, je rangeai le bout de bois vachement utile, et me contorsionnai légèrement afin de faire rentrer la dite tresse dans l’arrière de mon col. Là, avec un peu de chance, si on ne me regardait de loin, on pourrait penser que j’ai les cheveux courts, non ? …Laissez-moi au moins espérer.


« ▬ Eh…Ca change quelque chose ? Sinon je sais pas pour toi, mais j’espère juste que la fréquentation de ce bar ne ressemble pas de trop au type qu’on vient de croiser. »


Sinon, je le jure, je serais prêt à partir en courant. Très très loin. Trèèès loin. J’ai déjà eu ma dose d’émotion pour aujourd’hui, pas besoin de m’en rajouter plus je crois.

Rien que repenser au sorcier qui nous avait suivis pendant un petit temps suffisait à me faire frissonner. Plus jamais je n’irai demander mon chemin à un inconnu, autant me perdre jusqu’à ce que je trouve l’endroit voulu, ce sera certainement plus sûr hein. Bon on se calme, on a réussis à s’en débarrasser, comme des pros l’aurait fait, avouez-le au moins, et il faut juste espérer qu’il ne nous repérera pas dans le bar. Sinon on l’aura un peu mal. On peut à limite faire semblant de ne pas le connaître. En espérant qu’il ne s’agissait pas du gérant du bar…Si c’est le cas, on est foutu, on aura plus qu’à aller autre part pour pouvoir avoir notre bouteille. Mais dans un sens, vu tout ce qu’on avait déjà pu endurer, il ne faisait pas de toute pour moi que le pire était passé et non à venir. …Que j’aime me faire des illusions. En attendant, Ethan m’avait posé une questions quelques instants plus tôt, que j’avais bien enregistrée, sans pour autant y répondre tout de suite, comprenez je réfléchissais à un plan pour fuir le mieux possible le sorcier dont il était question.



« ▬ Eh…Je sais pas trop il voulait me vendre un truc…J’ai pas bien compris ce que c’était mais ça avait l’air encore plus bizarre que mon essai de Philtre de Paix de l’autre jour. Après j’ai pas trop écouté ça…ça faisait trop peur la manière dont il nous suivait. »


Et même tout chez lui en fait était parfaitement horrifiant. Mais ce n’était pas l’heure d’y repenser, j’aurais toute la nuit pour pouvoir cauchemarder en paix sur ce type. Même si ce n’est pas super attrayant comme idée. Je crois que ce soir je vais surtout martyriser une nouvelle fois mon chat en le forçant à dormir avec moi, quitte à s’étouffer à moitié à cause de ses poils. M’en fous, ce sera mon doudou improvisé. Il aura pas le choix. Jusqu’à ce qu’il me foutte un coup de patte dans l’œil ou qu’il essaye de me griffer. Bref. J’aurais tout autant le temps de penser plus tard à la boule de poil qui elle avait la chance de pouvoir se prélasser toute la journée dans le dortoir ou la Salle Commune. Le plus important était le sourire que venait de me faire Ethan, face à mon changement de coiffure. Peut-être que ça avait bien marché ? Que ça m’avait littéralement métamorphosé ? Ou au moins…aidé ? Face à son sourire, je ne pût qu’en faire de même, cependant, il ne resta pas bien longtemps. Rien que d’énoncer le fait de me couper les cheveux était plus horrifiant encore que le sorcier d’il y a quelques instants.



« ▬ Les…Les couper ? Je pourrais jamais faire ça !  »


Bon on ne va pas rentrer dans un débat sur la coiffure, comme il l’a bien fait remarquer. Mais il était hors de question que je coupe ne serait-ce que cinq centimètres de mes cheveux. Sauf si j’ai des fourches. Mais y a pas besoin de couper autant. Alors qu’on laisse mes cheveux tranquilles. Le premier qui s’en approche avec des ciseaux, je le mords. Qui que ce soit. Et si c’est quelqu’un que j’apprécie, je mange les ciseaux à la place.  Au moins ça aura le mérite d’être clair. Je tiens à garder mes cheveux longs, même si ce n’est pas ce qu’il y a de plus pratique. Je l’admet quand y a du vent, vaut mieux pas se mettre derrière moi, ça traine souvent un peu partout, y compris dans les potions, mais au moins…Au moins si j’ai froid ça peut me tenir chaud ? D’une certaine manière. Et puis surtout, quand j’ai le malheur de monter sur une balance –c’est qu’on m’y a forcé avant- je peux déculpabiliser en me disant que je pouvais me retirer quelques kilos, c’est que ça peut peser extrêmement lourd des cheveux vous savez. Bref. Assez parlé. On avait une mission à accomplir hein. Surtout qu’Ethan avait pris les devants, avançant vers la porte, après m’avoir lancé un regard, visiblement pas si rassuré que ça. …C’est vrai que je le serais encore moins si c’était moi qui devait entrer le premier.

Je le suivi, le quittant à peine d’une semelle, déglutissant en découvrant l’endroit dans lequel on venait d’entrer. Ah. Ouais quand même. C’était…Euh…original ? Au moins…C’est sûr qu’on croiserait pas d’autres élèves. Mais si jamais un professeur débarquait pour une raison ou l’autre, on…on était mal. Très mal. Si ils voulaient un bar avec une ambiance macabre, c’était plutôt bien réussi pour le coup. Je ne sais pas qui avait fait la déco, ni combien on l’a payé, mais si un jour je veux me faire de l’argent, je peux toujours me proposer. Le pire dans tout ça, c’est que tout le monde ici semblait…Semblait trois fois plus effrayant que l’autre gugusse qui nous suivait. Je veux rentrer chez moi, tant pis pour la bouteille. En plus, vu leurs regards insistants et sur moi, et sur mon homologue, pour eux, nous n’étions pas les bienvenus. B..Booon. On va les ignorer. Du moins, essayer. On inspire longuement et…et on suit Ethan. Heureusement qu’il était là, sinon je pense que j’en aurais jamais été capable.

Par Merlin, il prend même la parole. Ethan, sincèrement je te remercie, si on a cette bouteille tu seras mon Dieu à jamais et je te bâtirai un autel en plus de créer un groupe pour tous tes adorateurs. Je n’aurais jamais été capable de prendre la parole comme ça. L’idée du voyage, c’est top, on peut trop passer pour des étrangers avec ses cheveux, on aura qu’à dire que c’est la nouvelle mode d’un pays lointain. Sauf que, même si Ethan s’était débrouillé comme un chef, le barman ne répondit pas, se contentant de me lancer un regard, comme si il s’attendait à ce que moi aussi je dise quelque chose. …non. Je ne dirai rien. Moi étranger qui pas savoir parler anglais correctement, Да ? Allez, on essaye d’imiter un minimum les gens d’ici, on croise les bras et on fronce les sourcils. Je dois juste avoir l’air ridicule. Non convaincant, convaincant. Si je n’y crois pas moi-même, les autres n’y croiront pas non plus.  Soit dit en passant, même si j’étais toujours pas à l’aise, je trouvais qu’on s’en sortait pas mal. De mieux en mieux même. La voix d’Ethan avait changé, cependant je n’arrivais pas à dire si c’était parce qu’il gagnait en confiance, ou tout simplement parce que, vu l’absence de réponse claire du barman, il le pensait sourd. Ce que je pensais aussi soi dit en passant. Mais il sembla comprendre la demande, du moins après nous avoir encore fixé, -nous avait ils démasqués ?- il partit durant quelques secondes, où je regardai Ethan, d’un air légèrement effrayé, après tout, il allait peut-être prévenir quelqu’un du personnel pour leur dire que deux élèves étaient en train de demander illégalement de l’alcool, mais…mais il contenta de revenir avec deux verres en main. Oh. Ouais. Non. Ca nous aurait suffi juste la bouteille, je l’aurais à la limite payée moi-même et on serait parti en courant avec que ça aurait très bien été. Les bras toujours croisés, j’haussai un sourcil avant de regarder Ethan. Qui me regardait aussi. Ehehe. On fait quoi maintenant ? On ne peut même pas se concerter. Si seulement on avait décidé d’un langage codé juste avant, ça aurait été pas plus mal non plus.

Réfléchissons. Jusqu’ici, Ethan avait fait pas mal de truc. Pas mal décidé et avait eu pas mal d’idées, qui je dois admettre étaient bonne. Il était donc temps de prendre les rênes. Sauf qu’il n’y avait pas grand-chose à faire. Demander une bouteille en disant qu’on ne voulait pas des verres…Rendrait les soupçons plus grand, on est d’accord. Si ça se trouve, il nous mettait à l’épreuve. Il n’y avait donc plus qu’une seule chose à faire. Lançant un dernier regard à Ethan, pour me redonner du courage, je pris le verre, observant durant quelques instants le liquide rougeâtre. Adieu monde cruel. M’enfin, je dis ça mais ça ne peut pas être si terrible que ça, non ? A ce que je sache, ça n’a jamais tué personne, et puis si c’était mortel, on en vendrait pas. Bon. Il est l’heure de se rendre utile à l’humanité. Sans attendre plus longtemps, je portai le verre à mes lèvres avant d’en boire entièrement les contenu, et de reposer peut-être un peu trop violemment le verre sur le bar. Avale, avale. –Osez ressortir cette phrase de son contenu et je vous recrache le mien dessus.- Je ne sais pas ce qui fut le plus dur. De garder une expression plus ou moins placide, ou avaler l’entièreté de ce qui semblait être un bain de bouche puissance 1000. Un instant après avoir réussi à ingurgiter l’alcool, je cru que c’était fini, que tout allait revenir à la normale. Je pointai donc d’un air qui se voulait assuré ce qui me semblait être la réserve, avec l’intention de repartir avec une bouteille sans demander mon reste. Ne pas oublier. Toi étranger.



« ▬Bout… »


Ce fut à cet instant précis que je compris le plein sens de « pur feu » dans le nom. Rabaissant rapidement mon bras, préférant mettre ma main devant ma bouche, j’essayai de ne pas tousser, et surtout de ne pas m’étouffer devant l’entièreté de la salle, et préférai tourner le dos au bar, avant de lancer un regard à Ethan, les yeux de plus en plus humides. Il fallait sortir le plus vite possible, avant de perdre le tant soit peu de crédibilité que l’on avait éventuellement acquise avec mon geste…complètement stupide. Et le seul à pouvoir faire quelque chose pour l’instant était Ethan. Et si je ne trouvais pas de l’eau, ou quoique ce soit qui pouvait calmer un tant soit peu les effets de ce truc, j’allais certainement mourir immolé, mais de l’intérieur. Dans l’espoir de faire avancer les choses un peu plus vite, je plongeai une de mes mains dans mes poches, avant de confier ma bourse à Ethan. On s’arrangera pour les remboursements plus tard. Il pourrait même la garder s’il voulait, tant qu’on quittait cet endroit. Promis. c‘est la dernière fois que je m’embarque dans un truc dans le genre. Et maintenant, il faut juste espérer qu’il ne faille pas vider le verre d’Ethan. Sinon on est dans la grosse bouse. A moins que.


« ▬ T…oublie pas…arroser sapin quand Père Noël…parti… »


On code les messages comme on peut, même avec une voix rauque. J’étais déjà pas certain d’avoir été super discret, après tout, j’avais essayé que mon homologue soit le seul à entendre le message, maintenant, il fallait espérer qu’il ait compris le message. Désolé pour la plante dans le pot de fleur, mais elle avait déjà l’air morte, alors un verre de plus ou de moins au pire, ça changerait rien. Tant qu’elle n’est pas carnivore, on ne va pas faire la fine bouche.

Dois-je m’inquiéter de ce que je viens de boire, ou plutôt du contenu dans lequel je viens de boire ? Sur le coup, je ne m’étais pas trop attardé sur le verre, mais maintenant que j’étais aux portes de la Mort, ou du moins à ce qui y ressemblait, les deux seules choses qui m’importaient dans mon champ de vision, de plus en plus limité étaient Ethan, et le verre, bientôt coupable d’homicide involontaire. Même de loin, et à moitié mourant, il avait l’air d’être complètement…il avait surtout l’air d’avoir besoin d’un bon coup de lavage, avec un peu plus que du savon. Quoique, vu le tord-boyaux qu’il contenait, et qu’il devait contenir assez souvent vu les personnes présentes, ça suffisait peut-être pour le désinfecter totalement. Du moins je l’espérais. Quoique, ce serait plus honorable de mourir d’une maladie, que pour avoir bu un verre en étant mineur. Un peu ridicule à mettre sur la tombe, il faut bien l’admettre. En attendant, si j’avais su lancer correctement un aguamenti, bien que ce ne soit pas si compliqué, dans l’état où j’étais, j’aurais certainement mal visé, quelqu’un s’en serait pris dans la figure, et même si, sans vouloir paraître méchant, ça leur aurait peut-être fait le plus grand bien, je ne pense pas qu’ils apprécieraient. Donc on va se contenter de mourir en silence. Le plus silencieusement possible en tout cas. Au final, j’aurais mieux fait de ne pas faire comme si j’avais les cheveux courts, si je m’étais contenté de les lâcher, ça aurait pu m’aider à m’étouffer discrètement. Mais maintenant je n’ai plus le choix.

Le plus important était de ne pas croiser le regard du patron de l’établissement, sinon tout serait fini, il comprendrait tout de suite que…Qu’on n’était pas spécialement habitués à boire de l’alcool. Si près du but, ce serait trop bête d’échouer. Ceci dit…Ceci dit, je n’étais pas certain qu’Ethan avait compris ce que j’avais dit. Cette mise en garde cachée qui serait peut-être mes derniers mots. En tout cas, il avait compris qu’il valait mieux dégager le plus vite d’ici, avec la bouteille. Alleluia, en quelque sorte. En entendant les bruits de pas, peut-être qu’il allait chercher le but de notre mission ?, j’essayai de continuer d’étouffer la toux qui se faisait de plus en plus présente, me retrouvant au bord des larmes, avec la gorge on ne peut plus sèche, toujours en feu, je béni une nouvelle fois Ethan en l’entendant demander de l’eau. En espérant que ça allait suffire, ou que ça apaise un minimum mes souffrances. Sauf que je n’avais pas du tout calculé le fait qu’Ethan…Qu’Ethan vide son verre. Je levai légèrement la main vers lui, lâchant une sorte de gémissement en guise d’avertissement, faute de ne pas pouvoir mieux faire. Un mort suffit. Pas deux. Surtout Ethan. Qui pour le moment me tendais un verre d’eau. Sans hésiter je le pris, le regardant d’un air inquiet, avant de voir son visage comme se décomposer, avant de boire son verre d’eau, chose que je ferais bien de faire aussi. Mais contrairement à ce que je m’étais imaginé, ça ne fut pas si efficace que ça le verre d’eau. Il en aurait fallu au moins deux litres.

Enfin. On avait la bouteille. Il ne restait plus qu’à…qu’à sortir. Sauf que…Ca semblait si loin la porte. Comment arriver jusque-là ? Il le faudrait bien pourtant. En essayant de ne pas péter la bouteille au passage ce serait bien. Sauf que, en tournant ma tête vers Ethan…Il n’avait pas l’air dans son assiette. Même pas du tout. Je sais pas si c’est moi qui commençait à débloquer un peu – il manquerait plus que ça-   mais on aurait dit qu’il…qu’il tremblait ? Bon. Même si il ne tremblait pas, il valait mieux limiter les dégâts. Parce que j’allais pas faire non plus long feu moi. On essaye de respirer un grand coup –fail en puissance-, on salue vaguement le barman en grognant un peu et…Et on essaye de se diriger vers la sortie, vaillamment. Le reprenant par le bras, et n’ayant maintenant plus aucun effort à fournir pour faire une tête de dépressif de haut niveau, je commençai à marcher vers la porte, ô douce lumière que nous aurons la joie de redécouvrir si l’on arrive jusqu’à elle, essayant de mettre correctement un pied devant l’autre. Ce qui fut plus difficile que prévu. Parce qu’en plus de s’étouffer à moitié, il fallait que mes jambes ne répondent plus correctement, magnifique.

Mais il y eut encore plus magnifique. La chaise qui rencontra mon chemin. C’pas moi, c’est elle, j’ai rien pu faire, elle était sans doute suicidaire et s’est jetée sous mes pieds sans que je ne puisse m’arrêter. Puisse-t-elle reposer en paix. Toutes mes condoléances à la famille, quant à moi, je remercie la présence d’Ethan à côté, qui m’a sans doute évité une rencontre avec le sol. D’accord, au départ je croiiiis que j’étais censé tirer Ethan vers la sortie, ouais peut-être. En attendant, il m’avait plus servi d’appui qu’autre chose, me sauvant de l’attaque vile et perfide de la chaise. Toujours unis, même dans la pire des batailles, merci Ethan. Mais même si on avait gagné une bataille, la guerre n’en était pas moins finie. Sans doute que bon nombre d’embûches allaient se mettre sur notre chemin. On les vaincra, foi de Strugatsky, je suis certain que mon père serait fier. Même si je l’ai jamais vu.


« ▬ C…Ca va ?  »


Très important de se renseigner sur l’état de son coéquipier, avant d’aller sur le champ de bataille. Il allait falloir être au meilleur de notre forme. Même si ce n’était pas suuuper bien parti. On peut quand même y arriver. Nous ne sommes pas encore morts sur le sol. Même si ça ne saurait tarder, peut-être. Mais j’ai pas envie de le savoir. Avec tout ça, j’en avais oublié d’avancer. Et même si j’avais toujours envie de tousser, je commençais à oublier, ou alors à m’habituer, à l’incendie qui s’était déclenché dans ma gorge. Mais j’avais à peine fait un autre pas de plus qu’une embûche, de taille, se présenta à moi. Juste là. Un peu plus loin. J’aurais reconnu entre mille le sorcier attablé. Il fallait juste espérer qu’ils ne nous aient pas vus. Et il fallait surtout prévenir Ethan.



« ▬Tchhh…Là, c’pas le type qui…qui nous a suivi tout…tout à l’heure ? Tu crois qu’il nous a vus ? »


Cette fois-ci, inutile de coder son message, on a très bien vu comme ça s’était terminé la dernière fois : c’était tombé à l’eau. Donc. Plus besoin de prendre de pincettes, on se dit tout, il faut communiquer dans la vie. Sinon on n’arrive à rien. Mais maintenant, la question principale était, premièrement si il était en état de me répondre, si oui ou non le sorcier nous avait repéré et enfin, s’il était possible de regagner sans encombres la porte pour…pour pouvoir retourner au château. Tranquillement. Avec la bouteille saine et sauve. Sinon, il faudrait en trouver une autre. Je sais pas où, mais pas ici en tout cas. Je crois qu’on en a fait assez pour aujourd’hui dans cet établissement. Il ne nous faudra plus que…qu’en sortir, si on y arrive un jour.

Pour mon anniversaire, j’interdirai toute personne présentant une bouteille de Whisky Pur Feu, c’est décidé. C’est qu’il ne serait pas digne d’être là. Mais bon, ce serait bien avant toute chose d’organiser ce jour-là, sinon c’est certain que je ne verrai personne amener quoique ce soit. Mais bon, en attendant, anniversaire ou pas, on était toujours coincés dans cette taverne, qui n’était pas prête de me revoir. Sauf si bien évidemment nous mourrions tous les deux ici même dans quelques minutes. Je serais prêt à essayer de devenir un fantôme et de prévenir toute personne de ne pas boire de ce breuvage mortel. Bon, sans doute que le patron n’apprécierait pas trop, me dirais que je fais baisser ses vents mais au moins, tout le monde serait prévenu. Après, si jamais il prévenait le Ministère de la Magie pour se débarrasser de moi, je n’aurais plus de but. Et ma mort aurait été vaine. Quelle tristesse. Il fallait donc continuer de se battre et survivre. Quoiqu’il arrive. …Si j’avais un peu plus de courage, ce serait bien. Parce que là…A part partir en courant et à la limite en criant, je ne savais plus quoi faire d’autre. Si seulement mes jambes m’obéissaient. En même temps, l’une d’elle était à moitié dans la chaise percutée plus tôt. Première étape. L’eeenlever. Doucement. Bieeen. On retient son souffle et on la repose douuucement comme ça, parfait. Maintenant, on pouvait partir en courant. Sauf que j’avais posé une question à Ethan, ouais je viens de m’en souvenir et alors ? Et sa réponse…Ne fut pas vraiment celle que j’attendais. Si lui se décourageai, je ne devais certainement pas moi le faire aussi. Je lui sourit durant quelque instants, avant de le sentir se désintégrer, et de déglutir avant d’acquiescer tristement. Autant accepter son sort tel qu’il était. Serrant un peu plus fort son bras, surtout ne pas pleurer, je me rapprochai de lui, lui faisant part de ma découverte, celle du type qui nous suivait.

Il fallait être discret. Plus discret que jamais. Il fallait se fondre avec le décor et faire comme si nous étions…de l’air. Mais mon binôme particule d’air …parla un peu trop fort. Genre…je crois que c’est loupé, qu’on est repérés. Y a en tout cas des gens qui nous regardent. Uhuhu. Ne faites pas attention à nous on est juste là pour sortir avec notre bouteille, bonne journée. Ne nous séquestrer pas s’il vous plait, nous sommes innocents. On a juste…pris une bouteille et on l’a payée ! On est dans les lois. Si ça se dit. Bref, ayant un air tout aussi effrayé que le sien un peu avant, j’essayai de lui faire signe de la main de baisser le ton, mais bien évidemment c’était un peu trop tard. Mais le pire. Le pire dans tout ça, c’était que…que le type venait de se lever. J’ai pas eu le temps de faire mon testament moi. Lâchant ce qui ressemblait plus à glapissement qu’autre chose. Un glapissement pas très flatteur si vous voulez mon avis. Mais il allait certainement venir nous attaquer ! Peut-être même tous en même temps…Tch. C’était eux les lâches. Toute une salle contre deux, ils n’ont pas honte ? Heureusement…heureusement qu’Ethan était là, il allait nous sauver la mise ! Ils allaient tous être bouche-bée devant sa ténacité et son courage et…Et il a laissé tomber sa baguette. Noooon ! Mais…Mais réflexion faite…n’était-ce pas plus dangereux de les menacer ? Nous nous sentions menacés, soyons d’accord. Mais n’était-ce pas trop…trop dangereux de leur montrer la baguette ? Trouver une méthode pacifiste ? Peut-être mieux. Mais Moi j’suis un étranger, j’peux pas parler anglais. J’vais pas leur faire un traité de paix dans une langue que je n’ai même pas choisie moi-même. Bon en attendant, Ethan lui bougeait au moins. C’est vrai ! La sortie ! Il fallait atteindre la sortie ! Mais…il y avait toujours le type là. Qui n’avait apparemment pas très peur de mon congénère. C’est que c’était un gros dur. Et…et le reste de la salle semblait nous en vouloir aussi vu leurs regards. Bien. Montrer qu’on ne cherche pas la bagarre. Même si Ethan pointe sa baguette, c’est de l’auto-défense. Donc on a pas tort de le faire. Ceci dit. Sa baguette. Elle était pas à l’envers là ? Je plissai un peu les yeux, comme pour mieux voir avant d’ouvrir la bouche, afin de prendre la parole et de me retenir à temps. Etranger on a dit, étranger. Alors pendant qu’il tourne un peu autour de lui-même, j’attendis qu’il arrive en face de moi, avant de la lui reprendre et de la lui mettre à l’endroit. Voilà, ce sera mieux.

En attendant, les gens ne semblaient pas vouloir se calmer. Enfin. J’entends par-là qu’ils étaient toujours tous en train de nous fixer de manière…pas…super…amicale. Wow on faisait que passer, y a pas eu mort d’homme. Pas encore. Parce que ça sent de plus en plus le roussi. Du coin de l’œil, j’apercevais le patron de l’établissement qui s’était arrêté de nettoyer son verre et qui…qui nous fixait de plus en plus mal ouais. Il faudrait…dégager avant qu’il nous dégage. Bien qu’au moins, on serait sorti. Mais autant éviter de faire un scandale et puis si ça se trouve il…il voudrait nous reprendre notre bouteille, notre précieux ! Traître ! Maintenant, il fallait vraiment s’en aller, avant qu’il ne nous la vole. Mais il faudrait communiquer avec Ethan. Tant pis pour la couverture, j’essayerai d’être discret.



« ▬ E…Eh…J’crois qu’ils vont….essayer d’nous prendre la bouteille…J’propose de…de partir en courant à…trois, tu…comptes, ça ira ? »


Si on appelle pas ça de la communication, je sais pas trop ce que c’est alors. En attendant, il fallait être vigilent, et prêt à riposter à tout moment si jamais une attaque venait d’un côté ou d’un autre. Cependant, alors que j’étais prêt moi aussi à sortir ma baguette, ce qui serait plus utile pour se défendre quand même, l’attaque vint non du côté ou de par derrière mais…de par au-dessus. Une araignée. Qui descendait lentement de son fil, encore plus grosse que celle de ce matin. Enorme même, à moins que ce ne soit un effet d’optique. Je m’en fous, ça a huit pattes, c’est moche et c’est méchant. Je la fixai durant quelques secondes, n’osant plus bouger, me contentant de pâlir en l’observant, avant de faire plusieurs pas plus ou moins rapide en arrière, vers la sortie. Retraite, retraite. On attends pas de compter, désolé, mais je ne peux pas rester face à ce monstre, en attendant le chiffre trois, elle pourrait très bien préparer un plan machiavélique et le mettre en action contre moi durant ce lapsus de temps. Plus loin elle sera, mieux ce sera.

On devrait engager des personnes pour chasser toutes les araignées du monde. Même les plus minuscules, ce sont les plus vicieuses. Elles se faufilent partout, sans qu’on les remarque, prêtes à faire un mauvais coup. Si ça se trouvait, elles étaient en train de chercher un moyen de se faire elles aussi des baguettes magique. En fait, le truc là qui avait essayé de m’attaquer voulait sûrement au départ me voler ma baguette ! Heureusement que je ne l’avais pas encore sortie, sinon elle me l’aurait sans doute volée. Et j’aurais dû en racheter une. Et j’aurais été à la base de l’invasion des des Araignières. Araignée/Sorcière. J’en tremble. J’aurais changé le destin de l’humanité, en mal. Je l’aurais précipitée dans les pinces même des arachnides. Mais inutile d’y penser étant donné que cela ne s’était pas passé. Alors on se calme et on surveille. On surveille qu’elle ne vienne pas réitérer son coup d’Etat envers les sorciers. Mais elle avait changé de cible on dirait. Elle se tournait plus…plus vers Ethan. Il fallait le prévenir. Mais comment ? Si j’allais vers lui il faudrait que j’approche une nouvelle fois la bête ! Impensable. Y a des limites quand même à mon courage. Chose que beaucoup de gens ont déjà comprise je pense. Heureusement pour eux. Cependant je ne pouvais pas non plus me résigner à abandonner mon partenaire. Lâche peut-être, mais certainement pas au point de le laisser là au milieu de cet endroit hostile.

Quoique je crois qu’il a la situation bien en main là. Je l’aurais bien applaudis et encouragé, mais ça aurait attiré l’attention vers moi, autant éviter vu la position dans laquelle on se trouve. Moins on fera attention à nous, mieux ce sera. D’un air à nouveau admiratif, je le regardai lever la baguette – qui sait, ce qui allait en sortir ?- , m’apprêtant à le voir se battre contre tous ses sorciers, et gagner bien sûr. Ca allait être…magique, oui voilà. En plus, il venait de sortir une formule dont j’ignorais l’existence. Peut-être qu’il l’avait inventée ? Il avait plus d’un tour dans son sac. Seulement…Sa baguette faisait un bruit bizarre. Peut-être était-ce un sort spécial, avec un son suraigu pour leur donner un mal de tête épouvantable ? Possible. Toutes les manières étaient bonnes pour pouvoir réussir et atteindre son but après tout. Si il m’avait dit à l’avance ce qu’il allait faire, ça n’aurait pas été, déjà ça m’aurait enlevé tout son effet de surprise, et puis, imaginez un instant qu’une de ses vile personne ne vienne me menacer en me demandant quel était son plan ? J’aurais sans doute été dans l’obligation de tout dévoiler. Et tout serait tomb…Oooh la belle rouge !

C’était donc ça son truc ? Aveugler les personnes assises dans la taverne ? Pas mal, pas mal je dois l’avouer. Ils se concentreraient sur…l’espèce de feu d’artifice, et nous oublierait. …Et je ferais mieux de me bouger avant de m’en prendre un en plein figure, sinon ça risque plutôt de mal se passer. J’espère juste qu’Ethan s’en sortira lui aussi. Ce serait quand même une bonne idée si nous rentrions tous les deux sains et saufs au château, à la limite blessés, mais si on pouvait éviter les morts, ce serait quand même mieux. Je ne saurais même pas quoi dire aux gens si jamais je revenais avec son corps. Ni quelle excuse j’aurais à fournir. « Il a fait apparaître des feux d’artifices, et puis poum, je l’ai vu à terre, gisant. » Un peu trop long à marquer sur une pierre tombale. Et en plus, ses parents m’en voudraient, en plus de ma mère, non ? Et peut-être même des profs, et de tout le château. …Autant éviter ça. Seulement, à part des éclats de lumière un peu partout, je n’arrivais pas à voir grand-chose, si ce n’est la poignée de la porte à quelques mètres de moi. N’étais-je pas censé sortir ?

Sans plus attendre, j’appuyai dessus, ouvrant la porte un peu trop rapidement à mon goût, manquant de me rétamer sur le sol. Merci, je l’ai déjà rencontré plus que nécessaire dans le passé, je n’ai pas envie de réitérer l’expérience plus que ça. Mais arrêtons de tergiverser, il y a un compatriote à sauver ! Heureusement que je sais encore faire des rimes, ça m’aidera énormément dans ma quête actuelle. Quête que je n’eus même pas besoin d’accomplir en fait. Après un bruit sourd –aucune idée de ce que c’était- Ethan sorti de lui-même de la taverne. Du moins j’imaginais que c’était lui, avec ses cheveux verts-jaune, il ne pouvait pas vraiment s’agir d’une autre personne. Du moins je l’espère. Souriant à cette vue, on était sortis vivant quand même, je joignis mes mains.



« ▬On…On l’a fait ! On les a tous eus n’est-e pas ? Tu…Tu les as tous battus ? »


Espoir quand tu nous tiens. Espoir qui fut très, trop, vite brisé par du bruit venant de la taverne. Genre quelqu’un pas content. Quelqu’un de vivant, qui aurait échappé ou échapperait très bientôt du piège mortel d’Ethan. Et qui essayerait sans doute de se venger. Il valait mieux ne pas la faire trop longue. Mais où aller ? Si nous nous dirigions vers le château, et que la personne nous suivait, elle allait voir que nous étions des élèves, ou alors des professeurs, et pourrait porter plainte à l’école !...Je crois. Et imaginez un peu que ce soit le gérant de la taverne qui nous suive, en essayant de nous attaquer à coup de…Tête de sanglier ? Après tout, il avait parfaitement le droit. Et dire après que nous nous étions assommés, ou blessés à cause des feux d’artifices. Il n’y aurait aucune preuve de son agression par tête de sanglier. Bouse. Il fallait bouger, avant qu’il nous bouge. Si seulement tout arrêtait de bouger, ça irait mieux. Mais il fallait une nouvelle fois se concerter avec Ethan. Me tournant vers lui, bien qu’il me fallut m’y reprendre à deux reprise pour l’avoir en face de moi -…Je crois qu’il était en face.- et essayai d’exprimer ma question. Essayai. A la place, il y eu juste un bruit guttural qui a bien voulu sortir, je me suis fait peur à moi-même, magnifique.