[1943 - Mars] I'm on fire (Artur)

Et bien, avec un peu de chance, il nous avait réellement débarrassés de tout ennemi ! Du moins, c’est ce que on pouvait en conclure, en entendant les bruits qu’il y avait à l’intérieure de la caverne, qui n’était certainement pas concluant pour eux. J’étais même très heureux de ne pas être à leur place. Je ne sais pas trop comment j’aurais fait pour m’en sortir. Sans doute que j’aurai périt à l’intérieur, après m’être pris un feu d’artifice de pleine face. Quelle belle mort. Quoiqu’il en soit, en voyant Ethan arriver vers moi, la bouteille en main, je ne pus m’empêcher de sourire. La bouteille, lui. Entiers. Tous les deux. Nous avions donc…réussi ? Du moins c’est ce que j’osais imaginer. Il ne nous restait plus qu’à regagner notre château. Ce qui en soit ne devait pas être plus difficile que ça, si ? Il faudrait juste…marcher. Ca, je sais encore faire. Seulement…Il nous faudrait trouver notre chemin. Ce qui serait assez pratique en fait si on voulait un jour pouvoir espérer retourner dans notre dortoir. Pas très envie de passer la nuit dehors, surtout avec des gens qui en ont après nous. Quoique…Quoique Ethan venait de changer de couleur de cheveu, un vrai caméléon ce type !, ce qui le rendait presque méconnaissable. Ne restait plus que moi. Qui ne pouvait pas faire grand-chose, alors autant laisser tomber, en espérant qu’ils cherchent plutôt une personne aux cheveux vert/jaune que rouge hein. Peut-être que pour une fois le destin voudra bien nous aider. Même si j’en doute assez fortement. Il m’a assez faussé le pas ces dernières années. Donc je ne lui fait plus confiance. Plus du tout.

Mais bon. Entre temps, il y avait eu le bruit caverneux, qui venant du destin ou non n’annonçait rien de bon, il faudrait certainement qu’on se bouge. Et assez vite. Mais cette fois-ci c’était ma voix qui m’avait lâché – a qui le tour ?- et bien évidemment, Ethan, ou du moins ce que j’arrivais encore à en voir, ne comprenait pas le message que j’essayais vainement de faire passer. Dommage. Je pourrais très facilement le lui faire passer, d’une manière ou d’une auuhrvygbh. J’avais à peine remarqué que des gens sortaient, je m’étais à peine concentré sur ce que m’avait dit Ethan que je m’étais brusquement retrouvé en train de m’étouffer à moitié, pas à cause de ma salive cette-fois, ma cravate ayant apparemment décidé de m’emmener plus loin, accomplir ses rêves peut-être en ma compagnie. Mais après quelques instants, déception, il ne s’agissait que d’Ethan me tirant visiblement dans sa course, qui consistait à semer les sorciers, pas très heureux du feu d’artifice. Enfin, déception qui se transforma vite en grâce. Il m’avait encore sauvé d’un faux pas. C’était peut-être mon ange gardien. Et il était contre le destin. Je te remercie ô Ethan de m’avoir pris sous ton aile si c’est le cas.

En attendant, j’étais un peu forcé de baisser la tête, aucune idée de si ça marchait bien ou non, dans l’espoir de ne pas trop m’étouffer. Espoir quand tu nous tiens. Cela devrait être ma devise. Je l’écrirais en belle calligraphie, et puis je l’accrocherai dans le dortoir au-dessus de mon lit. Aucune idée de si c’est accepté. Mais je m’en fiche. Je dirais que c’est pour le bien du monde et que cela fait partie de mon destin. S’il ne sont pas contents, je m’en fiche je le ferai quand même. Après tout, je ne suis même pas sûr qu’ils viennent souvent dans les dortoirs, donc ils ne le verraient peut-être jamais ? Je pouvais toujours l’espérer, mais de toute manière ce n’était pas non plus comme si j’étais déjà en train de calligraphier et de coller/épingler ça sur mon mur hein.

En attendant, j’étais toujours en train de suivre mon partenaire, un peu forcé en même temps, essayant de courir à son rythme, en évitant de m’emmêler les pinceaux et surtout de trébucher, bien que ce ne soit pas la chose la plus facile qu’il soit, de courir alors que quelqu’un vous tire par la cravate. Ceci dit, deuxième course de la journée, remarquer l’effort que je fais. Qui serait bientôt néant je pense. D’habitude je ne cours même pas 500 mètres avant de m’arrêter, sauf urgence. Mais ici, on pouvait appeler ça une urgence, avoir des sorciers en colère à vos trousses. Mais bon, plus on s’éloignait, moins je les entendais, ce qui était plutôt une bonne chose. Ce qui était mois bien par contre, c’était le fait que je ne respirais que de plus en plus difficilement, en produisant une espèce de sifflement douteux. Je vais me reconvertir dans le doublage, je suis certain que j’aurai du succès. Mais pour le moment, je n’avais pas demandé d’auditionner pour une théière, ou une bouilloire. Il fallait trouve un moyen de faire arrêter Ethan de courir. Soudainement une idée me vint à l’esprit, du moins si je pouvais encore réfléchir normalement, et attrapai un réverbère de mon bras libre. Ce qui fut plutôt…Assez radical on va dire. Je m’étais un peu plus étranglé à cause de ça, et j’aurais pu me déboîter l’épaule, ou presque. Mais au moins, il y avait des chances que ça l’ait arrêté. Portant automatiquement une main à mon cou, desserrant le nœud coulant de la cravate, j’essayai de reprendre mon souffle, alors que mes jambes menaçaient de me lâcher d’un instant à l’autre, pire que de la compote. Et j’inclus des pommes écrasée dans mon histoire si je veux. Enfin. Maintenant que j’avais un peu plus d’air, je pouvais peut-être espérer avoir les idées un peu plus claires. Et après avoir regardé un peu autour de moi, remarquant qu’ils semblaient ne pas nous avoir suivis, - maintenant ils allaient peut-être tous sortir d’une porte, comme des sauvages- je fronçai légèrement les sourcils, mettant mes mains sur mes genoux, les pliants légèrement, espérant qu’ils allaient revenir à la normale au plus vite. Ce qui serait utile, surtout s’ils étaient à nos traces, prêts à nous tuer.



« ▬On…On est où ? C’est…C’est joli.»


Pas mal le pot de fleur près de la fenêtre. Ca égaye le paysage, et c’est en accord avec la tenture derrière. Tout comme le paillasson un peu plus loin. Magnifique. J’irais bien sonner chez eux pour leur demander où ils l’ont eu, ce serait sympa d’avoir le même devant chez moi. En tout cas, une chose était sûre, je n’étais jamais venu par ici. Du moins pas dans mes souvenirs.

Bon, point positif, on avait arrêté de courir. Point négatif…Je vais éviter de commencer sinon on serait encore là demain. Mais bon, bien que je ne voyais quasiment rien actuellement, que j’essayais de reprendre un souffle normal, tout en espérant que les sorciers ne retrouveraient pas notre trace, j’avais senti Ethan s’arrêter à son tour, sinon j’aurais plus eu de cravate ou de souffle, au choix, au moins je ne l’avais pas perdu. Et petit à petit, je retrouvais une vue plus ou moins normale. Déjà un bon point, je n’avais pas tellement envie de rester à moitié aveugle à vie. Ce serait un peu dommage. Surtout que je ne pourrais plus admirer les beaux pots-de-fleur accrochés ici. Très beaux même. J’aurais pu les admirer encore longtemps, si Ethan n’avait pas avoué le fait qu’il ne savait plus par où on était passés. J’admets avoir mis un petit peu de temps avant de comprendre pleinement le sens de sa phrase. Sans doute que, étant obnubilé par la plantation tout autour, je n’avais pas bien assimilé ce qu’il avait dit. Heureusement, ou malheureusement, après quelques secondes, la réalité me frappa de plein fouet. Et je ne pus que tourner la tête vers lui, avant de croiser son regard, lui aussi visiblement effrayé. On devait penser à la même chose. Comment rentrer ? Est-ce qu’on nous retrouverait ? Allait-on mourir ici ? Tant de questions existentielles dont nous n’aurons sans doute jamais les réponses. Surtout si l’on dépérit ici dans cette ruelle. Dans un geste plutôt désespéré, je regardai à ma gauche et ma droite, comme si le chemin allait s’offrir à moi, en vain. Il n’y avait pas de flèches indicatives, rien qui ne pouvait nous aider à trouver le château, ou quelque chose de connu. Tout ce que je savais était que le village était derrière, et que si l’on y retournerait, on nous pendrait à coup sûr. Ou quelque chose dans le genre, magnifique. Nous étions vraiment fichus. Avec une bouteille de Whisky Pur Feu en main. Peut-être allait-elle nous aider ?

Mais Ethan semblait nettement plus efficace que la bouteille pour proposer des idées. Demander notre chemin aux gens ? Hm. Peut-être. En espérant qu’eux non plus n’allaient pas pour une raison ou l’autre nous regarder bizarrement. Et puis, fallait-il encore jouer la comédie devant eux ? Ou alors tout simplement cacher la bouteille ? Et si nous tombions sur quelqu’un que l’un de nous deux connaissait ? Et si jamais, la personne voyait quand même la bouteille et décidait de prévenir l’école ? Et si il n’y avait tout simplement personne ? Peut-être que c’était désaffecté et que…le voisin d’en face aimait les fleurs et en a mis chez eux aussi. Ce n’est pas impossible. Mais pour le moment, la question était « Etaient-ils gentils ou non ? », question qui me demandait un peu trop de réflexion pour le moment, je dois bien l’admettre. J’aurais tendance à dire oui, vu les fleurs, comme il venait de le dire, mais pouvions-nous vraiment faire confiance à quelqu’un selon l’extérieur de sa maison ? L’habit ne fait pas le sorcier. Ou quelque chose dans le genre. En tout cas, mon homologue ne semblait pas plus rassuré que moi. Je le comprenais. Vu ce que l’on venait de vivre, il ne valait mieux pas réitérer l’expérience de sitôt. Après, on serait connu dans tout le village, on mettrait notre photo dans les journaux et dans le village même, et on l’aurait un peu mal. Surtout vis-à-vis de la famille. Et même des professeurs. Ils nous prendraient pour des délinquants. Et une nouvelle fois, je n’ai pas la moindre envie de faire un tour à Azkaban. Parait qu’il fait froid là-bas. Bien que je préfère le froid au chaud, c’est pas une raison pour essayer de m’y enfermer. Mais bon. On ne pouvait définitivement pas rester ici en se tournant les pouces. Il fallait que l’on fasse quelque chose. Ethan avait resserré notre butin contre lui – très bonne idée, il ne fallait certainement pas le perdre pour l’instant- avant de poser la question que l’on devait certainement se demander intérieurement tous les deux.


« ▬On a…pas vraiment le choix je crois…Mais…tu es sûr qu’ils sont…gentils ? Peut-être qu’ils veulent juste…Tromper les gens…Et si jamais c’était…Nos poursuivants ? Qui se sont cachés ici pour mieux nous avoir ? C’est…C’est terrifiant quand même…»


Bah ouais, c’est pas parce que nous on les sèment qu’ils n’ont pas plus d’un tour dans leur sac. Et puis en plus, y avait un chat à la fenêtre de la maison. Quoique. Les chats c’est mignons et c’est gentil. Parfois. Quand ça en a envie en fait. Peut-être que lui était gentil ? La seule manière de le savoir était d’attirer son attention. Mais même en attirant son attention, il ne pourrait pas sortir de par la fenêtre, le pauvre. Et si jamais il mourrait étouffé ? La fenêtre n’était pas ouverte, donc il n’avait pas d’air CQFD. Mais on avait assez joués au héros aujourd’hui, on a bien vus où ça nous avait mené. Nulle part. Si ce n’était à se faire pourchasser par des méchantes personnes qui ne comprenaient pas le fond de notre pensée pourtant si belle. Nous voulions juste réussir nos examens, pas compliqué à comprendre, si ? Enfin. Il faudrait peut-être avertir son propriétaire qu’un chat était en train de s’étouffer chez lui, et lui demander le chemin. Si on sauve son chat, il nous serait reconnaissant. Non ? Allez, on se clame, on reprend contenance et on se lance.


« ▬Bon…J’imagine que on peut pas faire grand-chose d’autre… »


Prenant une grand inspiration, et lançant une nouvelle fois à Ethan un regard, comme pour me donner du courage, je levai un peu la main la laissant en suspend quelques seconde, regardant la porte comme si elle s’apprêtait à me dire quelque chose, peut-être que ses occupants n’étaient absolument pas fréquentables, et finit par toquer au rectangle de bois, avant de me reculer un peu. J’aurais bien voulu partir plus loin et observer de trèèès loin qui était exactement à l’intérieur, mais je ne pouvais pas lâcher Ethan. Certainement pas après ce qu’il avait fait pour nous sauver. Et puis il fallait bien que l’on sorte de cette ruelle un jour.

Pourquoi. Juste, pourquoi j’avais toqué à cette porte ? J’aurais très bien pu la laisser tranquille. Je suis certain en plus qu’elle a eu mal. Et pas qu’un peu si ça se trouve. Même si je n’ai pas non plus essayé de la défoncer, encore heureux, elle aurait encore plus souffert. Mais le résultat était le même. On était ici, à attendre. Attendre quoi ? Attendre qui ? Aucune idée. Allait-elle s’ouvrir ? Bonne question. Tout n’était que question, tout n’était que suspens. Et tout n’était que question existentielle. Qu’allait-on devenir ? Mourir devant cette porte ? Peut-être. Ce ne serait pas très glorieux, il faut bien l’admettre. En même temps, je préfère mourir là qu’en pleine bataille, ça fera certainement moins mal. Quoiqu’il en soit, je ne pouvais rien faire d’autre que de fixer la poignée, comme si notre vie en dépendait. Ce qui était un peu le cas. Soit elle s’ouvrait sur quelqu’un d’extrêmement méchant, qui allait nous désintégrer sur place, soit personne n’ouvrirait et on mourrait de faim et de soif et de fatigue. …Dans les deux cas, nous n’avions pas beaucoup d’espoir. Ou en tout cas, je n’en avais pas beaucoup. Qui aurait bien pu être optimiste dans cette situation, sincèrement ? Je serais prêt à donner n’importe quoi à celui qui le serait. Ceci dit je n’ai jamais réussi à gagner ne serait-ce qu’un prix, donc il se contentera d’une feuille blanche, à la limite gribouillée, ou d’un mouchoir de ma part. C’est déjà ça.

Quoiqu’il en soit, la porte finit par s’ouvrir et je ne pus m’empêcher de reculer d’un pas. C’était la fin. Uuuh. Je sais que j’ai pris un verre d’alcool mais quand même. On est censé voir des hippogriffes octopodes roses à la limite, mais pas ce genre de personne qui vous font froid dans le dos. Et qui pourrait vous faire faire une crise cardiaque. Bon, en tout cas, je crois qu’on peut laisser tomber le stéréotype comme quoi les personnes ayant des belles fleurs sont gentilles. Même si je ne l’avais pas encore entendue parler, elle ne m’inspirait pas du tout confiance. Bon on m’a souvent dit de ne pas juger sur l’apparence, mais s’il était vraoment gentille, on aurait eu droit à un accueil…Plus chaleureux non ? Avec quelqu’un qui s’inquiéterait de notre état ? Je ne me fais pas d’espoir, même si Ethan semblait avoir récupéré de sa course, vu le nombre de fois où je courrais sur une longue distance, qui devait se limiter à un grand maximum de trois fois par an, ce n’était certainement pas mon cas, rien que ma respiration me le prouvait déjà. Du coup, s’il fallait partir en courant pour échapper à cette personne, c’était déjà mort. Il faudrait trouver un autre échappatoire.

Après quelque seconde de blanc, de toute manière je n’avais pas grand-chose à lui dire, fallait déjà bien que je me remette de tous les évènements précédents, Ethan le fis, essayant d’expliquer la situation. Ce qui était plutôt une bonne chose. Peut-être qu’elle nous indiquerait le chemin tout simplement et nous laisserait tranquilles. Mais une nouvelle fois, si on lui demandait où était le château, il y avait le risque qu’elle prévienne un des profs, ou même le directeur. Et on aurait encore plus de problèmes que si on trouvait le chemin par nous-même, quitte à y mettre 5 jours. En attendant, elle ne répondait même pas. Bon on va faire comme Ethan et essayer de sourire aussi. Si elle ne veut pas paraître gentille, nous on le sera. Même si on ne devait pas être des plus convaincants, l’effort et l’intention étaient là


« ▬On…On nous a dit qu’il…Y avait un château pas très loin d’ici et qu’il nous fallait le rejoindre pour… »


Aucune idée de comment finir cette phrase. Après tout, il n’y avait pas vraiment d’excuses plausibles. Si ce n’est allez visiter de la famille. Et l’on pouvait difficilement prétendre avoir quelqu’un à voir. Quoique, on pourrait toujours essayer. Mais la manière dont elle nous fixa une nouvelle fois, me convainc à ne plus lui mentir. Pour le moment. Il fallait donc trouver quelque chose à dire. N’importe quoi, ne serait-ce que dériver la conversation, et si possible qui lui fasse détourner le regard, parce que là, je me sentais de plus en plus mal à l’aise.


« ▬Hrm…Vous devriez laisser sortir votre chat, il risque de s’étouffer pour manque d’air sinon… »


Bon même si ce n’est pas glorieux, ça me permet de détourner le regard et de fixer l’animal en question. Pauvre bête, devoir être résignée à rester à l’intérieur toute sa vie sans jamais pouvoir découvrir le monde extérieur. Dans un sens, ça pouvait être pas mal, au moins, lui ne se perdrait pas comme nous. Mais en même temps, il y a peu de chance qu’un autre chat lui demande d’aller acheter de l’alcool lorsqu’il est mineur. Et il est encore moins probable qu’il ait des examens à passer. Mais quoiqu’il en soit, le chat était nettement plus intéressant à regarder que la sorcière. Il faisait nettement moins peur surtout. Par réflexe, je pris une de mes mèches de cheveux de devant, le reste étant de toute manière « camouflé, l’enroulant autour de mon index, avant de me tourner vers Ethan, réessayant de reprendre mon sourire.


« ▬Heureusement qu’il ait beau aujourd’hui hm ?»


Puisqu’elle ne voulait pas parler, autant essayer de lui prouver que nous étions des personnes civilisées, comme n’importe qui. Si ça se trouvait, c’était elle qui avait peur de nous, et essayait de le cacher sous…sous ses rides ? Pas impossible. Ce serait un peu bête si chaque camp avait peur de l’autre. Mais il faut bien avouer que nous faisions nettement plus d’efforts qu’elle. Parce que pour le moment, de son côté et sans vouloir la vexer, elle n’avait strictement rien fait pour nous accueillir, alors qu’elle était dans un environnement qui lui était parfaitement familier, contrairement à nous. Il ne restait plus qu’à voir si elle allait maintenant consentir à bien vouloir converser ou si…ou si nous devrions trouver autre chose.

Si je continue de triturer cette mèche encore longtemps, je ne suis pas très certain du résultat qu’elle donnera demain matin. Sans doute qu’elle ondulera. …Soit je le fais de l’autre côté aussi, soit j’arrête de la faire tourner autour de mon doigt. La deuxième option est sans doute la meilleure, mais la plus dure à accomplir. Maintenant que j’avais commencé, il était pas certain que mon doigt ne veuille suivre mes pensées. Si je l’écoutais, il opterait pour la première option, mais j’aurais l’air plus que ridicule. J’admets que c’est un peu dans mes habitudes, ou du moins ce ne serait certainement pas la première fois que ça m’arriverait, mais si on peut éviter, ce serait peut-être mieux. Surtout en ce moment. Je n’ai pas envie d’attirer spécialement l’attention de notre interlocutrice. Enfin « interlocutrice », on ne pouvait spécialement la qualifier de telle, vu son mutisme. Moi aussi je veux bien me taire et essayer de faire un avec un mur, de me confondre avec lui et de disparaître en quelque sorte. Mais je ne pouvais pas laisser Ethan comme ça, surtout avec une telle personne pour compagnie. Et puis me chat aussi il a besoin de moi, j’en suis certain. Mais je ne suis pas sûr de pouvoir le sauver par contre, mais je ferai ce que je peux. Dans la mesure du possible. Je n’ai rien de l’étoffe d’un héros et encore moins le caractère. Je préfère laisser la place à des plus courageux. Ce qui ne sera pas très difficile à trouver. Et puis quelqu’un qui a une meilleure endurance aussi ce serait pas plus mal. Enfin après, je parle pour les gens qui ont besoin d’être sauvés. Ce qui serait un peu notre cas à Ethan et moi pour le moment en fait.

Parce qu’on en menait pas large. Pas large du tout. A part rester debout, devant ses fleurs, à attendre une réponse, on ne faisait…On ne faisait rien en fait. Si, respirer. En essayant de faire le moins de bruit possible, ce qui n’était pas des plus facile vu le silence qui s’était installé. Fallait-il en profiter pour partir ? Absolument pas discrètement ? De toute façon, elle ne dirait rien. Si elle continuait dans sa lancée en tout cas. …Lancée qui sembla changer, je ne sais pas trop pourquoi. En tout cas, son visage avait bougé. Et le visage d’Ethan reflétait parfaitement mes pensées. J’aurais sans doute préféré qu’elle reste là sans parler et sans bouger plutôt que de…sourire ? Et nous regarder en nous proposant de rentrer chez elle. …J’admets que j’aimerais bien m’asseoir. Et que ses fauteuils avaient l’air vachement confortable. En plus des fleurs. Mais elle venait de nous lâcher un énorme vent. Peut-être qu’elle ne savait pas où était le château ? Possible, mais elle aurait pu nous dire qu’elle l’ignorait, non ? Mais une nouvelle fois, c’était peut-être un piège pour nous prendre notre sainte bouteille. Pourquoi tout devait être aussi difficile ? Mon regard glissa automatiquement vers Ethan, en haussant un peu les sourcils. A cette allure-là, on serait encore ici la semaine prochaine, mais il ne fallait ni vexer cette sorcière, ni ne jamais retrouver l’école.


« ▬ On a…laissé une…hm…potion sur le feu…»


Pas sûr qu’elle ait entendu mon excuse. Qui tenait la route, avouons-le. Bon, peut-être un peu trop employée, mais elle était déjà…déjà partie chez elle, en laissant la porte ouverte, après nous avoir invités à rentrer. Le pire, c’est qu’une odeur de tarte à citrouille arrivait petit à petit, laissant un doux fumet dans l’air. Même si elle n’abusait pas de paroles, elle avait de bons arguments, ça allait sans dire. Cependant, maintenant qu’elle est repartie, dans sa cuisine sans doute, je pouvais me concerter tranquillement avec Ethan. Pour combien de temps ? Aucune idée, mais autant en profiter tant que l’occasion se présentait.


« ▬ On…On fait quoi ? Elle a pas l’air de pouvoir nous aider mais…Je ne sais pas s’il y a quelqu’un d’autre et puis…et puis il faudrait pas qu’ils nous retrouvent, mais…ils penseraient à venir ici ? »


Si ça se trouvait, ils n’avaient toujours pas laissé tomber l’idée de nous rattraper. Encore heureux que personne n’ait eu l’idée, ou même la capacité de nous suivre. Sinon nous serions même peut-être déjà six pieds sous terre. En attendant, je remettais mon jugement à mon homologue. Ou plutôt ma question et notre avenir. Je relançai un coup d’œil au salon, avant de baisser le regard, voyant le chat qui avait visiblement quitté son lieu de prédilection, ou tout simplement qui avait enfin trouvé de l’air. Il ne me fallut même pas trente secondes pour le prendre dans mes bras et lui caresser le haut de la tête. C’est plus fort que moi, quand je vois une de ses boules de poils, je ne peux pas passer bêtement mon chemin. Trop heureux d’avoir pu sortir le félin, bien que je n’ai pas fait grand-chose, je me tournai vers Ethan, souriant une nouvelle fois.


« ▬T’as vu comme il est mig… »


Soit il aime pas les compliments, soit il m’aime pas. Mais de toute manière le résultat est le même, je viens de me ramasser sa patte dans la figure, en plus de me faire mordre la main. Bon. Je lui pardonne, il a été séquestré, c’est compréhensible qu’il n’apprécie pas mon geste. Du coup, pour éviter d’avoir plus de blessures de guerre, j’eus le réflexe de le lâcher. Ce qui n’était peut-être pas si intelligent que ça. Tout simplement parce qu’au lieu de regagner sa geôle qu’était sa maison, il…il s’enfuit plus loin, dans une petite rue qui m’étais, comme le reste, complètement inconnue. Ahaha…aha…ah. Un chat ? Non, prt, jamais vu. La dernière fois que j’en ai aperçu un, c’était à la fenêtre. Promis, je ne toucherai plus à rien aujourd’hui, sous peine de provoquer la fin du Monde. D’un air dépité, je regardai une nouvelle fois Ethan, les sourcils à nouveau un peu haussés.


« ▬Euh…On…essaye de se débrouiller ? Je…suis certain qu’on pourrait y arriver ! »


Je jetai un coup d’œil inquiet à l’intérieur, il ne vaudrait mieux pas qu’elle remarque que quelque chose manquait chez elle, essayant de ne pas trop penser à ce qui arriverait dans le cas contraire. Ne pas se sentir coupable, non. Au contraire, j’avais bien fini par sauver le chat, ce qui était un de mes buts secondaires.

Comment ? Dévoré ? Il m’avait réellement défiguré ? Genre, j’ai la moitié de mon visage qui manque ? Pour en être certain, je mis une main de chaque côté, et par chance, tout semblait être là. A sa place en prime, on ne pouvait pas demander mieux. Maintenant, je ne pouvais pas non plus me voir entièrement et si mon interlocuteur me disait qu’il m’avait dévoré le visage, c’était pour une bonne raison. Il s’était peut-être trompé de mot et voulu dire lacéré ? Dans ce cas, se pouvait-il que je ne sente pas la douleur ? Elle était tellement forte que j’en étais devenu insensible ? Était-ce seulement possible ? Ou alors j’ai tout simplement pris l’habitude de me faire griffer avec mon propre chat, possible, bien que ces deux dernières années, il n’ait plus jamais levé la patte sur moi, se contentant de faire la carpette au bout de mon lit, ne se manifestant que lorsqu’il avait faim, c’est-à-dire à peu près tout le temps. Je suis même certain qu’il a trouvé il y a quelques mois l’endroit où je planque ma réserve de nourriture, parce qu’elle diminue étrangement vite. Il faudra que je songe à en changer. Pour son bien uniquement, et puis peut-être parce que ça m’en laisserait plus aussi, mais ça, on va dire que c’est secondaire. Ici, ce qui était primaire était de savoir ce qui s’était exactement passé vis-à-vis de mon visage. Quoiqu’il en soit, alors que j’étais toujours en train de le tâter, visiblement tout semblait être en place, Ethan reprit la parole. Hm…Son hypothèse était tout aussi bien que la mienne. Et je ne voulais pas avoir la mort de quiconque sur la conscience. Et je ne voulais certainement pas provoquer une quelconque mort non plus. Il fallait donc réagir ! Et Ethan semblait plus que motivé pour réagir, même un peu trop. A prendre cet air-là, et avec la position qu’il avait prise, j’avais l’impression que le poids du monde entier reposait sur mes épaules. Et sur ce chat. C’était légèrement oppressant.


« ▬ Ce…ce serait affreux… !»


Et je le pensais. En même temps, je ne sais absolument pas mentir, ça se voit tout de suite quand je le fais. En attendant, il fallait retrouver le félin, quoiqu’il advienne ! Même s’il était parti au bout du monde. Et mon homologue semblait bel et bien motivé à aller au bout du monde pour le retrouver. Il prenait même la peine de prévenir la propriétaire que nous allions à la recherche de son animal de compagnie préféré. Il pense vraiment à tout, heureusement qu’il est là, je serais sans doute parti sans rien dire, elle n’aurait pas compris et ne se serait rendu compte que trop tard de la disparition de son chat, aurait paniqué et aurait appelé des secours. Et aurait même peut-être cru en me voyant revenir que j’avais tenté d’enlever son chat. L’horreur totale. Mais, parce qu’il y en a toujours un, Ethan était là. Ethan avait sauvé la situation. Grâce à lui, la vieille dame pourrait vaquer à ses occupations tranquillement pendant que…pendant que je me refaisais traîner. Mais pas par la cravate cette fois-ci, amélioration notable, au moins je ne risquais pas de m’étouffer, ce qui était pas plus mal sincèrement. Si je pouvais en revenir vivant de ce périple, j’en serais extrêmement reconnaissant. A qui ? Je ne sais pas, mais je serais reconnaissant.

Enfin, je suivi l’autre Poufsouffle, n’ayant de toute manière pas vraiment le choix, mais je n’allais certainement pas l’abandonner dans sa quête de retrouver le chat, qui il fallait bien l’avouer, si il était parti, c’était légèrement de ma faute aussi, je n’avais pas à le lâcher. Regardant à droite et à gauche, pendant que mon homonyme appelait la bête féroce, je mis une main dans ma poche, ayant tout d’abord l’intention de prendre ma baguette, on ne sait jamais ce que l’on peut rencontrer, mais tombant à la place sur un biscuit. Ca peut toujours être utile. Après tout, peut-être que le chat avait faim et qu’il répondrait plus vite à l’appel de la nourriture ? On pouvait toujours tenter, il n’y avait rien à perdre et tout à gagner. …A part un biscuit. Et si jamais il ne venait pas, malgré ça ? Ce serait du gaspillage ! Et j’ai horreur de ça. Mais valait-il mieux perdre un biscuit ou causer le malheur le plus profond de la sorcière en ne retrouvant pas son chat fétiche peut-être séquestré qui mourait peut-être de faim ? Le choix est assez vite fait. Même si j’aurais préféré garder le biscuit intact.



« ▬ Allez…Viens avec nous, on a des cookies ! »


Ou un reste de cookie en fait mais on s’en fiche. Essayant d’attirer l’attention du chat, où qu’il puisse se trouver, je commençai à faire des bruits avec ma bouche, tout en agitant –inutilement- ma trouvaille d’il y a quelques instants. Ce qui ne fut pas totalement vain. En effet un chat se pointa. Mais celui qu’on cherchait, il était certainement pas blanc. Lui, c’était un imposteur, j’en étais certain. Il venait certainement rien que pour manger. Il aura rien, voulà. Parce que sinon on aura strictement plus rien pour appâter notre cible principale et ce serait un peu dommage. Mais dans un autre sens, je me sens mal de ne rien lui donner, et si lui aussi crevait de faim ? Je coupai le biscuit en deux, avant de remarquer qu’un autre félin était apparu un peu plus loin, trop petit pour être celui que l’on cherchait. Wow. Y en avait tant que ça des chats ? Et si ils étaient tous abandonnés, à leur sort ? Je les aurais bien adoptés, mais je ne suis pas certain que l’on m’autorise à l’école d’avoir cinq chats. Et je suis encore moins certain que le mien apprécierait d’avoir d’autres compagnons.


« ▬T’imagines, si ils continuent de venir, on pourrait peut-être le retrouver et même créer une armée avec ceux qui restent !»


Idée du siècle. Parce que personne ne s’attendrait à voir une armée de chats débarquer. Ils seraient tous bouche-bée. Ce qui serait peut-être efficace contre les sorciers à nos trousses, s’ils n’avaient pas déjà abandonné tout espoir de nous trouver. On est trop forts quand même pour ce qui est de semer les gens, jamais vu autant de professionnalisme.

Bon, au moins le problème que l’on avait maintenant n’était pas dû au manque de chat, mais plutôt à son expansion improbable au cours des dernières minutes. D’accord, ils n’étaient que 4, mais bon on partait du néant quand même. Ou plutôt de un, et ce un en question n’était même pas là. Il était peut-être allergique aux cookies ? Si c’était le cas, je ne sais pas comment on ferait, c’était quasiment notre seul espoir de pouvoir l’attirer sans avoir à courir trois heures derrière lui. Ou alors il n’aimait peut-être pas les biscuits tout simplement. Mais même en admettant qu’il ne les aime pas, comment pourrait-il savoir de si loin qu’il s’agit d’un biscuit ? Normalement, il devrait d’abord être intrigué par le fait que tous ces compagnons viennent voir, et une foi qu’il se serait pointé, il pourrait alors dire si c’est quelque chose qu’il aime ou non, et ça nous laisserait le temps de le localiser et peut-être même de le prendre. Mais il allait falloir être attentif et rapide. Une mission hautement difficile en quelque sorte. Aucune des deux conditions n’était mon point fort à vrai dire. Mais en faisant un effort, tout devrait bien aller. Ou en tout cas, il était possible que nous réussissions.


« ▬ Hm…C’est vrai que y aurait un problème au niveau de la place…Ou alors il faudrait trouver une salle de classe entièrement vide ? Mais il faudrait qu’elle soit vraiment grande…Et…T’imagine si il y en a aucun qui a de maison ? Ils n’ont même pas l’air d’avoir de collier ou quoique ce soit…»


Et il était parfaitement hors de question qu’on les abandonne ici. On est pas des sans-cœur quand même. Mais il était certain qu’on ne pourrait pas les prendre, il n’y aurait définitivement pas la place dans le dortoir, et puis ça n’enchanterait certainement pas les autres non plus. Si ces chats avait vécu dans la rue, il faudrait certainement tout leur apprendre ou presque. Comme ne pas saccager els couettes et les coussins, ni le bois des lits. Ni manger les devoirs. Ne surtout pas manger les devoirs de quelqu’un au risque de voir l’une de ses sept vies se raccourcir largement. Ce serait trop bête. Que faire alors de tous ces chats ? Les laisser là, à la proie de n’importe qui ? Et n’importe quoi ? Et si jamais il y avait une tempête cette nuit, où pourraient-ils bien aller ? Il fallait faire quelque chose, et une nouvelle fois, ce fut Ethan qui me donna l’idée de savoir quoi faire. Ou presque, au moins j’avais une piste pour résoudre éventuellement le problème des chats errants.



« ▬ J’ai pas l’impression qu’il soit là…Mais tu crois que on pourrait même lui en ramener deux ou trois ? Comme ça, elle serait moins seule et puis eux…eux auraient une maison, son chat finira bien par retourner chez lui dès qu’il aura faim, non ? C‘est ce que font la plupart…je crois. A moins qu’il trouve un autre abri. C’est possible aussi, mais au moins ici, elle en aurait d’autre et elle aurait de la compagnie.  »


De la sorte, tout le monde serait content. Et les chats, et la dame, et nous. Enfin, si elle pouvait nous dire où se trouvait le château, on serait encore plus contents et surtout soulagés je pense. Parce que mine de rien, le temps s’écoule et se serait pas mal d’arriver avant l’heure du couvre-feu, je n’ai pas spécialement envie de me taper une retenue en plus. En attendant, ses chats se rapprochaient de plus en plus, fixant le biscuit que j’avais en main. Au moins eux, ils ne semblaient ne pas y être allergique. Cependant, ce n’est pas non plus comme si j’en avais des dizaines. Et je ne pouvais certainement pas me résoudre à privilégier un chat en particulier. Soit ils avaient tous quelque chose, soit rien du tout. Mais ce serait trop cruel de ne rien leur donner. Surtout après leur avoir ostensiblement montré que j’avais quelque chose de mangeable sur moi.



« ▬Eh…T’as quelque chose sur toi à leur donner ? S’il faut leur partager le biscuit, ça risque d’être un peu chaud là…»


Sans doute que plus tard je monterai une association pour tous les chats de gouttière. Je ferai signer des pétitions et tout des trucs dans le genre pour essayer d’en diminuer le nombre. Même si je suis pas franchement certain que beaucoup de sorciers soient intéressés par la chose. Mais il fallait bien quelqu’un pour sensibiliser les gens ! Parce que même si ce n’était pas l’envie qui m’en manquerait, je ne pourrai certainement pas recueillir la moindre boule de poil qui croisera mon chemin. Et ce n’est certainement pas non plus de la sorte que j’arriverai à bien gagner ma vie. Malheureusement. Parce que je me sens nettement plus en confiance avec qu’eux qu’à lancer des sorts, qui risquent de faire exploser à tout moment la chose la plus proche dans la salle. Ou de blesser grièvement quelqu’un. Je devrais tiens d’ailleurs me renseigner pour pouvoir faire un travail en rapport avec les créatures, magiques ou non. De préférence pas trooop dangereuses non plus. Je suis certain qu’il ne faudrait pas avoir des résultats mirobolants à ses examens pour pouvoir faire ça. Mais je ne suis absolument pas certaine que ma mère soit très enchantée par cette idée. Sans doute qu’elle essayera de me faire changer d’avis. Soit. Je pourrai toujours essayer de trouver d’autres idées, bien que je n’en aie pas tellement. Je devrais un jour demander à Ethan ce qu’il compte faire après tiens. Mais peut-être pas maintenant, autant se concentrer sur les chats et sur ce que l’on avait à faire dans l’immédiat. Ce serait en tout cas un bon début. Il valait mieux rester attentif et essayer d’apercevoir le chat de la vieille dame, qui bon, après tout pouvait toujours se pointer d’une seconde à l’autre. Du moins, il valait mieux pour nous quand même qu’il revienne. N’empêche que ça aurai été sans doute nettement plus facile si on avait son nom, mais je me voyais mal revenir chez la dame pour aller lui demander le nom de son chat, que j’ai laissé partir plus loin.

Que quelqu’un fasse quelque chose pour ces boules de poil, ce n’est pas possible. Et puis comment cela se faisait-il qu’elles étaient toutes ici ? D’accord on avait un biscuit mais quand même. Ils doivent bien se rendre compte qu’il n’y en aurait pas assez pour tout le monde. Et je ne suis absolument pas certain d’en avoir d’autre. Au pire, on en demandera à la vieille dame si elle est là, si jamais elle n’aurait pas quelque chose à leur donner…Au pire, on pourrait essayer de repasser à un des magasins de Pré-au-Lard, si on retrouve le chemin, c’est sûr que même si on recroise les sorciers en furie, ils n’oseront pas nous attaquer avec tous ces chats autour de nous. Ils auront d’office peur et ne s’approcheront même pas. Peut-être même qu’ils ne nous regarderons pas du tout, qu’ils seront trop obnubilés par les chats. Et je les comprendrai dans un sens. Si jamais ils nous suivaient, ça nous en ferait pas mal et vu de loin, c’est sûrement impressionnant. Conclusion, personne ne reviendrait nous embêter. Mais il faudrait quand même nourrir ces chats, ils ne vont pas non plus nous suivre indéfiniment. Et puis leur trouver quelqu’un aussi. Vivre entre chats, okay c’est peut-être bien un moment, mais c’est certain qu’ils ne vont pas rester tous ensemble, dès que j’aurai lâché ce biscuits, ils se rueront tous dessus et se battront pour savoir qui l’aura. Et adieu esprit d’équipe. Ou esprit de quoique ce soit d’autre. Ce sera chacun pour soi, et tous les chats en voudront aux autres et au final, ils se disputeront tous et se retrouveront tous seuls, chacun de leur côté.


« ▬ Ils ont sans doute dû être abandonnés…Si ça se trouve ça fait longtemps qu’ils doivent se débrouiller seuls….Je pourrais à la limite en prendre un mais pas plus…Et puis si elle a pas assez à manger pour eux, elle pourra peut-être nous indiquer le magasin le plus proche pour leur prendre quelque chose…A mon avis, ils ont dû nous oublier maintenant, du moins j’espère. »


Sinon c’est qu’ils sont tenaces. Trop tenaces pour êtres humains si vous voulez mon avis. Et ce serait très ennuyeux aussi. Je ne tiens pas à être recherché durant des années lumières, tout ça parce qu’ils nous ont regardé de travers. C’est eux qui ont commencé, pas nous. Nous on voulait juste notre bouteille, que d’ailleurs, nous avons eue très glorieusement. Il s’agissait maintenant de ne pas la perdre. M’enfin, à force de se perdre dans ses pensées, je n’avais même pas remarqué que certains des chats étaient venus jusqu’à mes pieds, se frottant en ronronnant à mes jambes. Technique bien connue des félins pour obtenir ce qu’ils veulent. Et qui généralement marche très bien sur une personne telle que moi. Sauf qu’ici, je savais très bien que je devais être fort. Sinon on ne pourrait jamais les amener chez la sorcière, et ils s’en iraient avant, et n’auraient donc jamais de toit sous lequel s’abriter. …Et là ils commençaient à être un peu beaucoup envahissants. En plus de miauler, certains étaient clairement près à me monter dessus pour venir récupérer ce qu’ils considéraient déjà comme leur bien. Bon, ce n’est pas que je les aime pas, mais si ils pouvaient être un peu moins pressés, ça m’arrangerait. Et surtout qu’ils me laissent le temps de trouver autre chose à manger qu’un misérable cookie. Parce que ce n’est pas non plus avec ça qu’ils vont se rassasier, loin de là.



« ▬ Tu…Tu as raison, même si je ne pense pas qu’ils vont tout de suite nous manger…Il vaut mieux éviter dans le doute !  »


Et il ne fallut pas plus de temps à Ethan pour me tirer par la manche, en revenant sur nos pas, vers chez la vieille dame. De la sorte, je pouvais toujours faire face aux félins, et leur montrer le biscuit, sans avoir à me retourner toutes les deux secondes pour éviter de me prendre quoique ce soit. Et bien que nous allions assez lentement, ça marchait. Pour le moment. Et ça me laissait le temps aussi de marcher plus ou moins correctement en continuant de faire l’appât. Bon. Y en avait un qui visiblement avait compris et avait lâché prise vu qu’il était reparti, mais les autres ne lâchaient rien. …Même que d’autres arrivaient en plus. Sans doute intrigués une nouvelle fois, par tous ces miaulements. Wow, c’est qu’un biscuit, pas le Saint Graal. Mais il fallait se mettre à leur place, s’ils étaient affamés, cela devait signifier énormément pour eux. Peut-être même une semaine de ce qu’ils avaient l’habitude de manger, les pauvres. Quoiqu’il en soit, j’entendis Ethan frapper à la porte, et m’arrêtai, levant un peu plus mon bras pour essayer de les dissuader de venir le prendre. En tout cas dans l’immédiat. Je comptais bien le donner ce biscuit, mais peut-être pas tout de suite. Il faudrait le couper en trop de morceaux. C’était effarant le nombre de chats qu’il pouvait y avoir quand même. Et le bruit que ça pouvait faire aussi quand ils se mettaient tous à miauler en même temps. Je voulais une armée de chats, j’en avais une pour le moment à mes pieds, ou presque. Si ça se trouve ils allaient bientôt tenter un coup d’Etat pour avoir le biscuit. Ce qui ne m’étonnait guère en fait. En tout cas, la prochaine fois que je voudrai attirer un chat, je sais ce que je devrai employer.



« ▬Tu…Crois qu’elle a entendu ? Parce que là je pense que…Il va pas falloir longtemps avant qu’on soit assaillis. »


Je tournai la tête vers Ethan, du moins le mieux que je pouvais, le regardant, un peu apeuré, ne sachant pas trop quoi faire si ce n’était lever un peu plus le bras en espérant que ça marcherait ne serait-ce qu’un minimum. Bon, j’aurais peut-être une crampe après, mais il fallait bien souffrir un minimum pour arriver à son but. Sinon la vie ce serait trop beau. Et puis si ce n’est qu’une crampe, ce n’est pas grand-chose comparé à ce que l’on pourrait subir. Par exemple finir écrasé contre la porte, ce qui risque d’arriver à Ethan et peut-être à moi si ces chats continuent d’avancer et que l’on refuse de nous ouvrir.

Peut-être que la porte avait été bannie en quelques minutes ? Il ne fallait rejeter aucune option. Tout était possible, tout. Même le fait que la Terre pouvait exploser d’une minute à l’autre. Ou qu’une météorite, attirée par les cris des chats ne vienne juste ici. Bien que ce ne soit pas ce qu’il y ait de plus préférable. Sans vouloir trop en demander, j’aimerais bien ressortir vivant de cette histoire. Et ne pas finir en cendre ou encore mieux, finir sous un amas de chats affamés usant de tous leurs moyens pour pouvoir arriver jusqu’au biscuit. La prochaine fois qu’un chat essaye de s’échapper d’une maison, je le retiendrai, quoique je doive faire. Hors de question de réitérer l’expérience, surtout si l’on peut l’éviter. Trop dangereux. En tout cas, une chose est sûre, je resterai calme dans les jours à venir, je ne bouge plus, je resterai bien tranquillement dans la Salle Commune, si l’on arrive à s’en sortir un beau jour. Ce qui n’est pas encore certain. Parce que cette porte ne s’ouvrait toujours pas. Et si jamais l’habitante était partie elle aussi à la recherche de son chat ? Elle nous croyait peut-être incompétents, ou ne nous faisait pas confiance ! …Ce que je peux un peu comprendre en soi, surtout une fois qu’on a vu ce qu’on lui a ramené, mais ce n’est pas de notre faute, le chat était pas coopérant, les autres si. Alors le choix avait été vite fait entre les deux sortes de félins.

Mais je devrais plutôt arrêter de me plaindre. Merlin a dû entendre mes prières. Ou je ne sais pas qui. Quelqu’un là-haut, ou tout simplement, la vieille dame avait entendu Ethan frapper une nouvelle fois, parce que la porte finit par s’ouvrir, et j’en profitai pour lâcher un soupir de soulagement. Maintenant tout serait dans l’ordre, ou presque. Bien que tout était étonnement silencieux d’un coup. Plus de miaulements. Plus de ronronnements. Que le vent qui passait. Et ma nuque qui craqua quand je tournai la tête vers Ethan, qui ne semblait pas plus avancé que moi sur la raison de ce silence. Qui ne dura pas le moins du monde. Je venais à peine de regarder mon compagnon qu’un chat fila entre nos jambes, pour s’en aller conquérir la maison qui lui faisait face et qui lui était désormais ouverte. Et de là, la Ruée vers l’Or débuta pour les chats visiblement. Ce qui n’enchanta pas du tout l’habitante.

Je ne vois pas le problème. Du tout.

D’accord. Au DEPART il n’y avait pas problème, ils venaient juste squatter, les pauvres, ils avaient peut-être froid. Mais lorsqu’un des félins se mis à griffer le fauteuil…Je n’ai plus d’idée pour défendre sa cause, désolé. Au moins, maintenant elle a une bonne excuse pour refaire sa décoration. On dira qu’elle était moche et que les chats étaient de notre avis. Ils ne font que lui donner un coup de main pour enlever la tapisserie et toutes ces choses. Maintenant qu’on a fait notre B.A., on va s’en aller et lui laisser le temps de faire pleinement connaissance avec ses nouveaux colocataires. Et je ne pouvais qu’acquiescer vigoureusement aux dire d’Ethan. Le moment était venu de nous séparer de cette charmante vieille dame, ainsi que de sa tarte à la citrouille, qui devait trôner un peu plus loin, à moins que les félins ne l’aient déjà trouvée à leur goût.



« ▬ Tout à fait. Il n’est pas si petit que ça, et il n’est pas loin. On ne mettra pas plus d’une heure à le retrouver ! Hrm…Bonne soirée madame ! »


Il ne faut pas non plus oublier toute politesse. Mais je ne suis pas certain qu’elle m’ait entendu. Et je n’ai pas envie d’en avoir la confirmation par un coup de balai. J’imitai donc Ethan, avant de tourner le dos à la maison et d’essayer de marcher. Essayer parce qu’une boule de poil plus persistante que les autres s’était accroché au bas de mon pantalon, et n’avait pas la moindre envie d’en démordre. Bon, on s’en occupera plus tard, l’important pour le moment est de s’éloigner de cette maison. Prenant le chat d’un bras, autant lui éviter à lui aussi une rencontre avec le balai, et tenant celui du Poufsouffle de ma main libre, je me remis à avancer, sans doute un peu trop vite pour paraître naturel, mais on dira que j’étais pressé de rentrer au château. Et que la perspective d’avoir en plus une vieille sorcière sur le dos ne m’enchantait guère. Je n’ai absolument aucune idée du chemin à prendre, mais pour le moment on s’occupe de mettre une certaine distance et on avisera après. Et après quelques minutes, je décidai de m’arrêter, regardant un peu les alentours avant de me retourner une nouvelle fois vers Ethan.


« ▬ Maintenant…Il faudrait retrouver le chemin vers le château, tu veux essayer d’aller par où ? »


De toute façon on n’avait que ça à faire, essayer un des chemins qui se présentait face à nous. En attendant, le chat que j’avais toujours dans mon bras, semblait avoir aimé le voyage, n’ayant pas bronché plus que ça, se contentant de fixer le biscuit un peu plus loin, ou alors aimant simplement me mettre une quantité considérable de ses poils dessus. Bon. On ne va pas faire durer le supplice plus longtemps non plus. Coupant le cookie en plus petits morceaux, je les lui donnai, petit à petit, bien qu’il semblait se les engouffrer à une vitesse inimaginable.


« ▬Ce serait pratique si c’était un animagus…Bon ce serait flippant de le voir se transformer là tout de suite, mais au moins, il pourrait nous indiquer le chemin. »


En plus, je n’ai jamais pu encore voir d’animagus de ma vie, ce serait tellement bien si je pouvais en apercevoir un, ne serait-ce qu’une seule fois ! Ca doit être plus qu’impressionnant en tout cas. Et le sorcier en question aurait aussi tout mon respect et mon admiration sans doute. Faut être vachement doué pour pouvoir faire ce genre de truc.