[Mai] We can't dance [Atria]

Sander, en tant que déchet inutile à la société, était un habitué de la déambulation au hasard dans les couloirs. Travailler, c'est sympa deux minutes, mais qui pouvait sérieusement rester longtemps concentré dans un château avec autant de choses intéressantes à découvrir ? Il était ici depuis 5 ans, mais était persuadé qu'il n'avait même pas exploré la moitié de cet endroit. Il pouvait déjà se targuer d'en connaître plus que la plupart des élèves ; l'année dernière, il avait découvert un passage secret derrière un miroir dans une salle vide du 4ème étage. Il se retrouvait directement à Pré-au-Lard avec ça ! Il y avait sûrement d'autres secrets de ce genre, mais il ne connaissait que celui-ci, ainsi que divers passages à l'intérieur du château qui étaient bien utiles pour arriver en cours plus rapidement (et aussi pour impressionner la galerie évidemment. "Sander, tu étais pas au 7ème étage il y a deux minutes ? Comment t'as fait ?").

Lors de ses pérégrinations, il avait également rencontré bon nombre de fantômes et de tableaux très intéressants. Certains étaient toujours disponibles pour une conversation intéressante (principalement les fantômes, Sander s'étant rapidement rendu compte que les tableaux avaient une conversation limitée), certain étaient... louches (depuis qu'une vieille dame sur un tableau du 3ème étage avait essayé de le draguer, il tentait d'éviter le couloir où elle se trouvait), et il avait même essayé d'obtenir de l'aide d'eux pour ses devoirs. Après tout, qui s'y connaissait mieux sur les guerres du XVIe siècle que ceux qui y avaient participé ? Parfois ça marchait, parfois non.

Un des tableaux que Sander aimait bien était Barnabas le Follet et ses trolls. Un tel concentré de grâce valait vraiment le coup d'oeil. Aujourd'hui, il était assis par terre, en face, avec ses fiches de révision à la main. L'un des avantages de ce couloir, hormis la distraction visuelle, était la très faible circulation. Il n'y avait rien le long du couloir et pas grand chose au bout. A cette heure-ci, notamment (un samedi matin), c'était entièrement vide. Quel endroit inutile.

Il leva les yeux pour voir où Barnabas en était. Un des trolls venait de déchirer son tutu. C'était triste, d'une certaine façon, qu'il soit coincé depuis des centaines d'années sur cette entreprise impossible. Mais les tableaux ne semblaient pas éprouver de sentiments comme la lassitude.

- Plus haut, les jambes ! lança-t-il.

- Jeune homme, ne me dites pas comment faire mon travail, rétorqua Barnabas le Follet d'un ton sec.

Sander leva les mains devant lui dans un signe qui signifiait "désolé, j'ai rien dit" et étouffa un gloussement.