Mallory Wentworth

Devancée par deux sœurs aînées aux caractères explosifs et éclatants, suivie par une jeune sœur à la force d’un petit cheval et qui ne s’en laissait imposer par personne, Mallory a depuis sa naissance choisi la discrétion et le calme, comme son père. Toute petite déjà, elle préférait aller s’asseoir avec celui-ci dans les jardins plutôt que de jouer à la maison ou de s’occuper des tâches ménagères avec ses sœurs.

D’origine modeste, la famille Wentworth habitait un petit cottage à Westport, sur le riche domaine du  magistrat John C. Milling, membre influent de l’administration britannique en Irlande. Engagé comme jardinier, le père entretenait le terrain de l’Anglais, sans état d’âme particulier par rapport à l’occupation anglaise du territoire, du moins jusqu’au début du conflit irlandais… Mallory avait 8 ans le jour où des volontaires armés défilèrent sur O’Connell street, à Dublin, prirent d’assaut des bâtiments importants de la ville et proclamèrent la création de la République d’Irlande. Six jours plus tard, le mouvement était écrasé dans le sang avec plus de 400 morts. Les années qui suivirent ne furent qu’un cercle vicieux d’actions violentes et de représailles, de meurtres et de vengeances.

Pendant un temps, cela ne toucha que les grandes villes, essentiellement Dublin, mais la réalité finit par rattraper la petite ville de Westport, et de manière particulièrement brutale pour la jeune Mallory. Alors que ce qu’on allait appeler plus tard la Guerre d’indépendance battait son plein, un membre de l’IRA se glissa dans la demeure du magistrat Milling et l’assassina par balle. C’était un 30 mars 1919, Mallory venait tout juste d’avoir 11 ans. Ce fut malheureusement elle qui découvrit le corps. Alertée par le coup de feu, elle avait quitté sa chambre du cottage et était entrée dans la cuisine du manoir, dont le plancher était éclaboussé de sang. Le choc fut majeur, et sa magie se déclencha aussitôt comme une tempête de poltergeist : portes d’armoires, vaisselle, tringles à rideaux, tout valsa dans la pièce… sous le regard médusé des domestiques et de la famille Milling accourus au cri de la fillette. Les réparateurs d’accidents magiques durent intervenir pour réparer les dégâts et fournirent quelques explications aux parents de Mallory.

Les Wentworth n’ont jamais bien compris la réalité dans laquelle Mallory allait vivre. La nouvelle qui leur parvint, de la bouche d’un employé du Ministère de la magie, de l’entrée prochaine de leur fille dans une école de magie avait été accueillie par un silence absolu et un certain soulagement. Les parents n’auraient plus à s’inquiéter de l’avenir de leur enfant en ces temps troubles, elle serait à l’abri de la violence.

Au milieu des Serdaigle, où l’envoya le Choixpeau, elle laissa ses camarades rivaliser pour décrocher les meilleures notes et se contenta d’étudier en silence. Son calme apparent et sa bonne humeur lui attirèrent plusieurs amitiés, tant chez les Poufsouffle et les Gryffondor que parmi les membres de sa maison. En cours, elle se faisait discrète et déçut quelques professeurs qui, ayant remarqué sa puissance magique, ne comprenaient pas qu’elle rate les sorts les plus faciles. Elle était purement et simplement incapable de se concentrer sur les gestes et les formules : sa magie échappait à tout instant à son contrôle. C’est ce petit problème magique qui la fit se rapprocher d’un camarade qu’on disait de la famille royale, Royce Windsor. Elle était néanmoins une excellente élève, attentive aux détails et sérieuse dans ses devoirs.

En quatrième année, le directeur de Serdaigle lui proposa de devenir préfète, ce qu’elle refusa par crainte de manquer de l’autorité nécessaire. Son refus ne l’empêcha pourtant pas de représenter une figure rassurante et pleine de ressources pour les plus jeunes de sa maison.  Elle réussit de justesse la plupart de ses BUSES, mais étincela en botanique, ce qui la convainquit de continuer dans cette branche.

En sixième et septième années, elle fut la coqueluche des élèves de premier cycle, suscitant même de la jalousie chez les préfets. C’était tout simple : les plus jeunes l’adoraient et réclamaient constamment son attention. Ils lui racontaient absolument tous leurs problèmes.

Lors de son ultime bal de Noël, elle repoussa les nombreuses demandes et choisit d’accompagner son meilleur ami Royce, un peu dans l’espoir qu’il saisisse l’occasion pour se déclarer, ce qu’il ne fit pas. Tout espoir de le croire amoureux d’elle disparut ce soir-là dans son esprit d’adolescente. Depuis, elle a souvent été courtisée, mais n’a vraiment eu qu’une relation sérieuse, qui s’est terminée sans éclat particulier à l’été 1942, après deux ans de fiançailles.

À la fin de ses études supérieures en botanique, en 1931, Mal s’est retrouvée sans emploi dans une Irlande depuis peu devenue État indépendant. Dégoûtée par le climat politique de son pays, toujours en pleine guérison de la guerre civile qui s’était terminée quelques années plus tôt, Mallory choisit de partir chercher du travail d’abord en Écosse, puis aux États-Unis et même au Honduras britannique (dans les Caraïbes). Elle fut tour à tour jardinière, nourrice, agricultrice, professeure d’anglais et d’histoire… Elle n’est revenue en Irlande qu’en 1939 quand Royce lui a appris que Poudlard cherchait un nouveau professeur de botanique. Sans expérience particulière, elle ne fondait pas trop d’espoir, mais sa passion pour les plantes dut être convaincante puisque le directeur Dipet l’engagea. Elle a un petit logement à Belfast (bien qu’elle ait pensé déménager après le bombardement d’avril 1941) et enseigne depuis trois ans à Poudlard. C’est la première fois qu’elle reste au même endroit aussi longtemps!