[4 Sept 43] I know his face - Onyx G Williams

Le vent attise le feu, le calme précède la tempête. L’ombre puise sa force de l’ombre. Un pas après l’autre, je laissais mon instinct me porter vers cette entité. Doucement, la pression qui d’ordinaire se serait accrue, ne faisait que s’apaiser. L’obscurité installée ne procurait guère peurs et insécurités -uniquement chaleur et aisance, et je ne pouvais stopper ma personne. Peut-être était-ce ma proximité aux ténèbres, me familiarisant à cette opacité dérangeante -tenté que celle-ci eut-été prête à me submerger. Leurre de ma psyché ou instinct de réalité, je me dirigeais vers l’inconnu. Un inconnu que je semblais déjà avoir croisé. L’inconnu que l’on s’accorde d’oublier, pendant un temps. Un temps nécessaire à toute chose, avant d’être enfin prêt. Prêt à voir, à accepter. Et je n’avais jamais soulevé ce voile. Je n’avais jamais fais lumière sur cette ombre. Tandis que d’aventure, c’est lors de cauchemars que mes démons m’apparaissaient.

Assise derrière mon bureau, respiration nerveuse, mon souffle se faisait court, le souvenir s'évaporant. Sortant de ma sombre transe, des gouttes perlaient mon front, tandis que chaleur se manifestait en mon sein. Baguette à la main, bras tendu, je jetais regards angoissés dans les coins de la pièce. Minutes s’écoulèrent, tandis que mon calme fraîchement retrouvé infusait une certaine conscience en mon esprit. Topi ne me quittait pas du regard, du rebord d‘une des étagères, ses grands yeux ronds trahissant un instinct plus qu’aiguisé. Posant ma baguette, je remarquai avec malaise qu’il était déjà bien tard. Les jours, de plus en plus courts, devenaient particulièrement sombres. L’approche de l’automne se faisait sentir, le vent sifflait contre les grands carreaux. Passant une main sur mon visage, je me relevai promptement, revêtant ma robe de sorcier. Jetant un coup d’œil en direction de la fenêtre, je scrutait brièvement la vue. Le parc était désert, silencieux.

Prenant quelques parchemins et dossiers, je me dirigeais doucement vers la porte en renfoncement, descendant les escaliers de pierre. Je n’étais pas encore familière avec les lieux, bien qu’ayant déjà vécue au château. Cependant, désormais en qualité de professeur, ce qui m’offrait un tout autre point de vue de l’endroit -découvrant nouvelles salles et bureaux. De plus, j’avais moi-même évoluée, forgée par de nombreuses expériences. Ainsi, la brume bleutée flottant auparavant autour de l’endroit, était désormais un voile noir troublant l’atmosphère. J’osais espérer que les nouvelles générations d’élèves percevaient tout de même cette sensation de sécurité et de chaleur que j’aimais tant à retrouver, à chacune de mes rentrées. Mon amour pour cette école était inchangée, malgré les années de troubles dans lesquelles nous nagions actuellement. Bercée par mes pensées, je ne remarquai par les quelques élèves déjà installés.

Posant le pied sur le sol de ma salle de classe, c’était malheureusement mon obligation de surveiller les heures de colle, dites « punitives », ce soir là. Je n’avais pas le moins du monde envie de devoir faire face à divers élèves perturbés et au langage bien trempé. Les bras de nouveau libres, je tendais ma baguette en direction du tableau en ardoise sombre, inscrivant règles de base, avant que quiconque n‘ait pour objectif de perturber mon calme fragilement installé. M’asseyant finalement derrière le grand bureau, je prenais confortablement mes aises, reprenant la lecture des dernières informations concernant le monde des sorciers. Topi finit par me rejoindre, se posant sur le coin d'une des tables en bois, faisant alors face aux élèves. Quatre maigres jours s’étaient écoulés depuis la rentrée scolaire, et je n’étais pas habituée à cette figure d’autorité nouvelle que je m’efforçais d’inspirer, tandis que la pièce se remplissait, lentement.