[Octobre] Les temps changent. Les gens aussi.

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Les temps changent.

Depuis mon retour à Poudlard, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de parler à qui que ce soit. Je suis toujours occupé, je vadrouille, m'éclipse en silence. Étonnamment, les autres élèves semblent ne pas trop s'en préoccuper. Ils continuent leur petite vie, me saluent si on se croise, mais ils ne font pas plus que ça attention à moi. Ca me change des années d'avant.
Je regarde à côté de moi mon voisin de table. Il mange son pain en parlant vivement avec la personne en face de lui, et je les regarde d'un air un peu distrait, faisant mine de m'intéresser à leur discussion. En réalité, il n'en est rien. J'ai un sourire un peu vague sur le visage et j'acquiesce lorsque mon voisin tourne la tête vers moi pour réclamer mon approbation. Presque machinal, tout ça.
Je ne traîne plus avec grand monde. J'essaie de rester poli et aimable, mais j'avoue avoir beaucoup de mal. C'est incroyable le nombre de choses qui m'exaspèrent de plus en plus. Alors je prends une pomme et croque dedans sans la moindre retenue, ma tempe venant se caler contre mon poing fermé. Le coude sur la table, je suis tourné de façon à ne pas voir le reste de la table. En jetant un petit coup d'oeil sur ma droite, j'aperçois la table des Serpentard et presque immédiatement, je repère Sally. Sans que je ne puisse me l'expliquer, je me détourne, l'air de rien, offrant mon dos à la table des verts.
Cinq secondes. Dix secondes. Puis sans donner de raison, je me lève. Faut que je bouge. Alors je m'excuse brièvement avec un sourire forcé, puis quitte la table pour aller vers la sortie. De l'air. Y m'faut de l'air.

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Accoudée à la table, sauvage, elle torturait son bout de pain avant de lui arracher le crouton avec les dents devant les yeux de sa famille entière. L'impitoyable Sally ne semblait pouvoir trouver repos à sa rage. Elle triturait le moindre morceau de nourriture qui se trouvait à proximité, et c'est dire, étant donné qu'il était l'heure du banquet pour les élèves de Poudlard.

A côté d'elle, ses amis Serpentards ne semblaient pas comprendre ce qui lui prenait. Sally, d'habitude si douce, si raffinée, si... Enfin non, quand même pas, mais aujourd'hui elle dégageait une aura plus furieuse qu'à son habitude.

Mais ils auraient compris, les pauvres bougres, s'ils étaient concernés, comme Sally, par le malheur de l'un de leurs amis. Devant elle, celui qu'elle n'avait de cesse de fixer, celui qui se trouvait juste ne face d'elle, parce que oui, Sally le super espion avait choisit sa place avec précaution, C'était Friedrich. Elle le regardait exaspérée, elle se disait : C'est ça, 'fais comme si de rien n'était. C'est ça, vas-y « j'bouffe ma pomme comme si de rien n'était ! » C'est ce qu'on va voir mon coco!

Et le voilà qui croise son regard. Sally se redresse immédiatement, une lueur d'espoir pointe le bout de son nez et elle se sent à la fois intimidé par le fait de, peut-être, avoir été découvert. Est-ce-qu'il allait la saluer ? Lui sourire ? Lui faire un doigt d'honneur ? Mais fais quelque chose, bordel !
Mais non, il ne ferait rien. Il se retourne presque aussitôt, et en Sally, une chose, une toute petite chose, se brise.
Ah oui, c'est son seuil de tolérance qui vient de se briser.

Alors, furieuse, prête à renverser le buffet, elle boue de l'intérieur et alors que l'un de ses amis replace derrière son oreille une mèche de cheveux qui menaçait de tomber dans son assiette, Dans geste brusque Sally lui bouscule le bras en hurlant

« Je ne suis pas une catin! »

Pour signifier à son ami que non, ce n'était ni le moment de flirter, ni de faire quoi que ce soit, en fait. C'est alors qu'elle s'aperçut que Fried n'était plus là. Le fourbe. Sally put cependant le voir se faufiler derrière l'imposante porte en bois.
Ni une ni deux, la voilà s’extirpant du banc des Serpents, se hâtant, sous les commentaires intrigués de ses amis, vers la dite porte.
Quand elle arriva dans le couloir voyant Fried quelques mètres plus loin, elle ne retint plus rien.

« Hé toi ! Ouais toi, l'imbécile heureux à la cheveulure blonde ! »

Elle pressa le pas, menaçant au demeurant, pour se retrouver devant Fried. Là, prise dans un élan de rage mélangé à une pointe d'adrénaline, Sally empoigna le col du Poufsouffle pour le coller contre le mur de pierre froide pour être non seulement certaine d'avoir la main mise sur le garçon, mais aussi pour le plaisir du peu d'intimidation que cette action pouvait avoir sur lui. Parce qu'il devait comprendre à quel point elle avait pu souffrir de toute cette histoire.

« Maintenant, tu te colles là, et tu déballes, princesse, parce que je sais pas si c'est un caprice, mais en tout cas je l'espére... »

Elle relâcha prise, soupira un grand coup pour essayer de se calmer.

« Parce que si c'est quelque chose de plus grave, alors j'espérais au moins qu'on soit assez amis pour que tu sois venu m'en parler. »

Elle le regardait droit dans le yeux. La reine de la culpabilité. Mais elle le pensais, tout ça, elle voulait savoir c qui se passait chez le garçon. Avant ils étaient amis, ils passaient du bon temps ensemble, riaient ensemble, et ça, ça manquait à Sally et elle allait le lui faire comprendre, sans jamais le dire.

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Il y a beaucoup de choses qui me pèsent. J'ai les épaules qui s'affaissent plus facilement et le regard qui se perd, moins d'entrain, je suis plus solitaire. Je le sais bien, j'en ai parfaitement conscience. Je réalise aussi que certains sont dérangés par ce changement. Mais est-ce que c'est vraiment un mal ?
Trop perdu dans mes pensées, je ne réalise pas à qui appartient la voix lorsqu'on m'interpelle. J'me retourne. Je vois Sally. Mon coeur loupe un battement et j'écarquille les yeux alors qu'elle débarque devant moi ; par la barbe de Merlin, me ficher une surprise pareille ! Mais j'ai même pas la temps d'articuler un piètre mot que je me retrouve plaqué contre le mur, sous le choc. Il lui prend quoi ?! Je la fixe sans vraiment comprendre la raison de son comportement, essayant d'articuler quelques mots. Mais en vain, elle me coupe la parole.

L'agressivité dans sa voix me surprend, à tel point qu'il me faut quelques secondes pour réaliser de quoi elle parle et la raison de sa colère. Parce que je l'ai évitée ? Ha ! Ce serait pour "ça" ? Rassemblant mes idées, je fronce les sourcils et retire son bras de mon col assez sèchement. « Ça va, je ne vais pas m'enfuir. » Je remets ma chemise correctement sans lâcher Sally du regard puis soupire. « Qu'est-ce qui te fait croire que quelque chose ne va pas ? J'ai peut-être juste pas envie de jouer la comédie et débiter des âneries pour être encore l'animal de foire. » Je croise les bras, mais détourne légèrement la tête sur le côté, regardant passant deux élèves de Serdaigle.

Pourquoi en faire tout un plat ? Cela ne la regardait pas, ça ne la concernait pas, et nous ne sommes pas spécialement liés. Une fois notre scolarité finie, nous ne nous reverrons plus, alors à quoi bon ? Elle se donne vraiment du mal pour rien. Je repose mon regard sur elle, mais lui parle d'un ton plus sec. « C'est aimable de ta part de t'inquiéter, mais il n'y a rien qui te concerne dans ma vie. Alors ne te dérange pas pour ça. »

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Sally le regardait, attérée. C'était quoi ce comportement ?
Et il y avait quelque chose de blessant dans ce qu'il lui disait. Si pour certains, les amitiés passagères sont choses communes, Sally, elle, ne choisit pas ses ami à la légère, et s'entendre dire qu'elle n'a rien à faire dans les histoires de Fried lui brisait le cœur, bien qu'il subsistait une partie de vrai dans ses propos.
Elle relâcha ses bras ballants le long de son corps, alors qu'elle regardait, les yeux écarquillées, avec pour seule émotion une pointe de dégoût, le Poufsouffle dans les yeux.

« J'arrive pas à le croire, t'es vraiment devenu une raclure de première. »

Du plat de la main, elle donna une légère claque sur le torse du garçon, non pas dans un but de souffrance physique, mais comme pour lui rappeler qu'il est là. Il est bien là, avec elle, dans le corps de friedrich, entre les murs de Poudlard. En fait, Sally ne pouvait pas croire que ces mots sortaient de la bouche Fried. C'était également une façon pour elle de s'assurer que 'était bien lui qui était devant elle.

« Mais qu'est-ce-qu'il s'est passé ? »

Elle plissa les yeux, orienta légèrement sa tête sur le côté alors qu'elle lui posait cette question. Une question simple et toute pleine de sens, quelle avait prononcé avec toute la compassion et le questionnement du monde.
Elle n'était pas du genre à prendre dans les bras, à dire que ça allait aller, et même si elle pouvait se forcer un peu pour certaine personne, elle savait que ce n'était pas ce dont Fried aurait besoin. Ou peut-être que si ? Elle ne le reconnaissait plus, mais ne vendrez pas son âme à quelqu'un qu'elle ne connaît pas pour le retrouver. C'est pas comme ça que ça marche. Elle voulait son vieux poto Friedrich, mais elle le voulait entier, et en le regardant, c'était évident qu'une partie de lui était partit. Alors fallait-il le prendre dans ses bras ? Lui dire que tout irait bien ? Sally en doutait, mais elle pourrait essayer.

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Une raclure de première. Mes sourcils se froncent brièvement. C'est vraiment ce qu'elle pense ? Je suis pourtant loin du niveau de certaines personnes. Est-ce que mes pensées sont vraiment aussi différentes que ça ? Est-ce que mes paroles sont elles aussi bien différentes ? Bizarrement, j'ai du mal à me souvenir. Comment je faisais, avant ? A la claque, mon dos percute légèrement le mur derrière moi, encore une fois. Mais je ne réagis pas et continue simplement de regarder Sally.

L'expression inquiète et triste de la Serpentard ne me laissent pas de marbre, je dois bien l'avouer. La voir aussi inquiète me fait penser que je ne suis pas rien et qu'ici, des gens se soucient de ce que je suis... pour autant, je n'arrive pas à m'en réjouir. Mon regard, en l'espace de quelques secondes, semble perdu dans le vague, même si je garde mon visage face à elle. J'ai quelques souvenirs qui me reviennent en mémoire, quelques bribes de phrases que je me répète afin de ne pas les oublier... mais rien qu'elle n'ait besoin de savoir. Alors, j'hausse les épaules et j'offre un sourire. « Je vais bien. Tu t'inquiètes pour rien. » Je suis en un seul morceau, en sécurité à Poudlard, loin de tout le raffut présent en Allemagne. Que demander de plus ? Si elle s'approche trop, Sally finira par s'en brûler les ailes. Je n'ai pas envie que ça arrive.

Tranquillement et sans la moindre hésitation, je viens poser une main sur sa joue et la caresse furtivement avec le pouce. « J'ai pas vraiment changé. Mais j'ai plus quatorze ans. » Je n'ajoute rien de plus et retire ma main pour passer entre elle et le mur, et reprendre mon chemin. Si elle venait à trop fouiner, elle finirait par s'en vouloir. J'en suis persuadé. Ou bien, elle serait incapable de comprendre.

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Il lui tournait le dos. Comme ça, c'est tout.
Pendant un instant, elle avait cru que c'était une mauvaise blague quand il lui a caressé la joue, mais non.
Trop d'émotions. Une surcharge que Sally ne supportait pas. C'était difficle pour elle, justement parce que rien n'était difficile. Tout allait sublimement pour elle, et elle se maudit d'avoir une vie aussi parfaite. Qu'est-ce-qui pouvait bien amener les gens à déprimer ainsi ? C'était pas plus facile d'avoir une vie aisée ?
Elle se tourna vers Fried, elle ne cria pas, alors que c'était ce qu'elle aurait voulu, mais elle avait peur qu'un trop plein d'hystérie agacerait le Poufsouffle plus qu'autre chose.

« ...Mais t'avais dit que tu t’enfuirais pas... »

Et elle le regardait partir. Il aurait été tout à fait possible qu'il ne l'ait pas entendu, tant elle avait rendu sa voix presque inaudible, serrée par l'émotion.

Puis elle craqua. Oui, pour la trentième fois du mois environ, mais i faut pas lui en vouloir, Sally est toujours dans les extrême. Cette fois-ci ce fut différent cependant : elle ne provoqua pas Friedrich en duel ou ne lui lança pas un sortilège d'immobilité. Non, elle avait autre chose. Elle accourut vers lui, et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, elle se retrouva pendue à son cou et entoura finalement les hanches du garçon de ses jambes, ainsi, elle s'était accroché au poufsouffle tel un Koala à sa branche.
Elle n'évalua même pas le risque que Fried ne supporte pas son poids. Dans la surprise, bien sûr, parce que sinon, son poids reste tout à fait supportable. Mais elle devait exercer une pression importante sur les épaules du garçon, tant elle s'était étalé sur le pauvre bougre sans autre forme de politesse.
Elle continua avec une petite voix...

« Mes parents ne me laisseront pas rentrer pour les vacances d'hiver... »

Puis elle continue, en haussant légèrement la voix.

« Ou plutôt ils travaillent, ils seront pas là... »

Un peu plus fort...

« Et moi j'ai pas envie de repartir de toute façon, j'm'en fous d'eux ! J'ai envie de rester, mais j'ai envie de rester avec des gens comme Friedrich ! »

Bien plus fort, cette fois-ci.

« Et pas des gens comme toi ! J'ai besoin de me défouler, moi ! D'oublier, de passer le temps pour être heureuse, et c'est ce qui te rendais heureux toi aussi avant ! »

Elle resserra son emprise pour rétablir sa position dans le dos du garçon, qui, somme toutes, n'était pas aussi confortable qu'elle l'aurait espéré.

« J'ai besoin de quelqu'un pour pas étriper Eli'... »

Avait-elle continuée, d'une voix plsu fluette, voulant faire réagir Fried avec toutes les armes à sa disposition, dont Elizabeth Levy.

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Même pas le temps de faire cinq mètres que Sally me saute sur le dos ! Tu m'étonnes que j'en perde l'équilibre et manque de tomber par terre ! Si en temps normal porter son poids n'aurait pas été un problème, là, j'ai pas d'équilibre ni quoique ce soit pour me tenir ; un de mes genou fléchit et je préfère suivre le mouvement pour aller par terre. Pourquoi elle me saute dessus comme ça hein ?! Et j'entends à peine ce qu'elle baragouine ! Parle plus fort si tu veux t'exprimer, nom d'un troll !
J'entends. Je l'écoute. Mais j'encaisse pas. Ca me fait ni plaisir, ni du bien. Ca me fait même l'effet inverse. Lorsqu'elle resserre légèrement son étreinte, je la repousse pour l'éloigner un peu et pour m'asseoir par terre, me retournant ainsi face à elle. Appuyé sur les coudes et Sally sur moi. Là, j'ai plus envie de réfléchir sur les mots à employer et je craque à mon tour.

« T'en a pas marre d'exprimer tes désirs d'égoïstes là ?! T'as besoin de ci, de ça, mais je m'en fous ! Les gens changent et j'ai changé, tu fais avec ! Si t'es pas contente, hé bien vas-y, disparais ! Mais lâche moi la grappe avec ça ! Tes problèmes sont rien, ils sont minables et tu viens encore te plaindre ?! » J'ai du mal à m'arrêter. A pas m'énerver. « T'es envahissante ! Lourde ! Peut-être que toi et les autres vous ne faites que m'insupporter à longueur de temps et que jusqu'à présent j'ai été trop hypocrite pour vous le dire en face ! Vous passez votre temps à vous plaindre de vos misérables vie, de parents absents, de cadeaux non désirés, d'une engueulade que vous estimez injustifiée, t'es même pas capable d'agir en adulte face à une gamine pourrie gâtée comme Elizabeth, ni même capable de te débrouiller sans moi face à elle, mais vous !... » êtes en vie. Je bloque. Les mots restent coincés dans ma gorge, rien ne sort. Je ne fais que la fixer sans rien pouvoir rajouter. Et parce que je n'arrive pas à m'exprimer davantage, je me sens subitement ridicule. Là, j'ai l'air bête, non ? En plus d'être mauvais et méchant. Inutilement, de surcroit. J'arrive même plus à la regarder en face, en fait. Son regard est trop difficile à supporter, alors je baisse le visage et laisse mes cheveux retomber devant, l'empêchant ainsi de voir mes yeux. Elle n'a pas besoin de savoir. Elle ne doit rien savoir.

Est-ce que c'est mal de ne rien vouloir dire ?

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Elle le regarde, elle prend, elle encaisse, ça fait mal, mais elle prend.
Tout ce qu'il aura à dire, elle prend, tout ce qu'il pourra l'aider à comprendre, elle est prête à l'encaisser. Et il lui crache dessus, lui déverse un flot de parole à peine croyable. Elle le regarde droit dans les yeux, elle sait pas quoi dire, elle sait pas quoi faire mais elle n'a envie de dire ou de faire quoi que ce soit.
Elle prend, elle encaisse, mais elle n'est pas crédule.
C'est pas anodin, ce n'est pas rien. Il ne lui dirait pas tout ça par pure méchanceté. Il va craquer. Il craque, et ça lui fait presque plus mal de le voir comme ça que lorsqu'il s'apparentait à un légume.

Égoïste ? Oui, elle ne l'a jamais nié, elle vit bien avec ça, et avant, à lui non plus ça ne lui posait pas de problème, la seule chose qu'il avait à faire, c'était de ne pas se plier à ses caprices.
Une attitude de gamine ? Surement, Eli' ramenait ce qu'il pouvait y avoir de pire en Sally, elle le savait et vivait très bien avec.
Mais alors lui, qu'est-ce-qu'il avait qui fait qu'il ne puisse plus vivre ?

Puis il s'arrêta. Voilà, il avait fini de cracher son venin.
Sally ne réagit d'abord pas. Elle encaisse mais ça fait mal. D'abord ses yeux se perdent, partout. Elle ne peut les poser nul part, et surtout pas sur Friedrich. Puis, les yeux vers le ciel, elle se mord la lèvre inférieur pour s'empêcher de pleurer. Et elle y arrive ; ses yeux se remplissent de larmes mais aucune ne coule.

Elle a envie de pleurer, pas pour Friedrich, pas pour elle, pas pour ce qu'il se asse, ais à cause du trop plein. Parce qu'elle ne sait pas quoi faie. Parce qu'elle aimerait ne rien faire mais elle ne peut pas. Elle est comme ça.

Puis une révélation : Elle est comme ça. Il peut lui dire ce qu'il veut, prétendre ce qu'il lui plaît, elle ne changera pas, et si il avait feint son amitié avec elle, pour Sally, c'était du vrai, du dur, et elle ne se serait jamais donné autant de mal pour une personne qui ne compterait pas pour elle.

C'est à peu de choses près là que son cerveau s'arrêta, se mit sur pause. En veille.
Alors elle rabaissa son regard sur Friedrich, peu lui importait ce qu'il pouvait bien penser, peu lui importait sa propre mélancolie, peu lui importait ce qu'il se passait autour, elle gifla Fried.
Oui, une belle gifle comme on en fait plus. Le genre qui rendrait dramatique la situation la plus comique du monde. Le genre qui fait plus mal à l'égo qu'au niveau physique. De celles qui claque mais ne frappent pas.

« Tu t'écoutes ? Tu es d'accord avec toi? »

Rien de plus, une implication réelle, un questionnement réel.
La rouquine se releva, remit en place sa jupe, l'épousseta et se retrouva droite devant le garçon.

« Moi tout ce que je veux c'est t'aider. Si tu veux pas de mon aide, c'est ton choix, mais rappelles toi que c'est pas le mien. »

Elle lui tendit la main, offrant sans un mot de l'aider à se relever.

« T'as des amis, que ça te plaise ou non. T'aurais du mieux préparer ton ermitage mon grand. »

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Le silence est lourd. Pesant. Je me perds moi-même dans le fil de mes pensées, ne sachant même plus ce que je voulais dire à l'origine. Pourquoi m'a-t-elle sauté dessus ? Pourquoi me suis-je énervé ? C'est un peu flou.
Et la gifle que je me prends subitement, elle, me surprend tellement que je relève le visage pour la regarder avec le regard complètement effaré. Première fois qu'elle me frappe. Première fois qu'on me frappe, à Poudlard. Si mon amour propre a pris une claque, c'est un véritable électrochoc pour mon être entier... Je ne sais même plus quoi faire.

Elle se relève, je la regarde toujours. Petit à petit, mon visage reprend son expression terne des jours habituels, et ma main se place là où Sally m'a giflé. Elle me tend alors la main et je reste interdit ; pourquoi vouloir m'aider à ce point ? Pourquoi est-ce qu'elle ne réagit pas plus que ça avec tout ce que je lui ai balancé ? Elle pourrait hurler, s'énerve, me frapper encore, m'envoyer un sort sur la tronche ou partir en me laissant là, mais elle reste. Et me propose son aide. Je comprends plus rien. « Pourquoi tu me proposes ton aide ? » Bizarrement, je sens que je panique un peu. Ma respiration est forte, presque haletante. « Tu pourrais... je sais pas, retourner dans la Grande Salle et rire avec les autres. Y'a d'autres personnes, pourquoi tu perds ton temps avec moi ? J'ai rien fait pour que tu viennes me prendre en pitié ! » Sûrement ça, oui. De la pitié. Même si ça ne ressemble pas à Sally, ça devait bien l'être, non ? Et je reste là, assis par terre comme un abruti, incapable de prendre une décision.

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Sally soupire, peste, marmonne dans un bourdonnement inaudible à quel point le garçon devant elle peut être un idiot.
Puis elle se baisse vers Friedrih, attrape son uniforme par les épaules et le relèvent de force. Bien sûr, elle ne fait que tenter. C'est une chose de sauter sur le dos d'un garçon, s'en est une autre d'essayer de tirer une épave vers le haut.

Alors elle croisa les bras, l'air de rien, il lui fallut seulement quelques instants, quelques soupirs profonds et un grand travail sur elle-même pour qu'elle retrouve une allure normale, comme si rien ne s'était passé. Elle se passa une main devant les yeux.

« Si tu crois que c'est de la pitié, t'as rien pigé mon pauvre. »

Elle se recoiffe, parce que oui, les apparences sont assez importantes pour elle pour qu'elle puisse penser à ses cheveux dans un moment pareil, mais au-delà de ça, c'est l'aspect du « normal » qui l'importe, parc que rien de ce qui se passe là n'est normal.
Oui, elle pourrait retourner voir les autres, et elle s'amuserait aussi avec eux, elle n'a pas tant besoin de Friedrich, il n'occupe pas de places si particulière pour elle.
Mais elle est là, c'est un fait, et elle ne lâchera rien, plus maintenant. Elle est allée trop loi pour ça.

« Je comprends, honnêtement qu'il y ait des choses que tu veuilles garder pour toi. C'est normal C'est humain. Mais là il ne s'agit pas de ça... c'est malsain, ça te ronge... »

Elle détourne le regard. Elle même n'aime pas être autant s'impliquer dans la vie de quelqu'un d'autre, parce qu'habituellement, ça finira mal. Elle cherche des yeux un endroit pour poser on regard, mais n'en trouve pas, alors son regard fuit encore.

« Et moi je veux t'aider pour ça. Parce que c'est pas bien ce qui arrive. Quoi qu'il arrive. C'est pas bon. Et t'as pas a subir ça. »

Elle donne un coup de poing amical dans le joue du garçon, du genre sans aucun élan, sans aucune intention de faire du mal.

« Et aussi parce qu'on est potes ! »

Elle imita de fait la voix d'un vieux pour faire résonner l'esprit humoristique de cette phrase. On sait jamais, ça aidera peut-être. Elle ne sait pas ce qu'elle fait. Quoi que ce soit, elle ne l'a jamais fait auparavant.

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Elle me remonte, et je l'aide. Elle peut pas porter mes soixante-quinze kilos à elle toute seule, à bout de bras. Je m'adosse au mur, et je l'écoute. J'ai un peu du mal à accepter certaines choses. Elle est là oui, c'est un fait, mais elle a encore le temps de partir. Il n'est jamais trop tard.
... Mais je n'ai pas vraiment envie qu'elle s'en aille. C'est comme si j'appréciais d'être engueulé, qu'on me remonte les bretelles. Qu'est-ce que je cherche exactement ? Je ne sais pas. Sally me surprend, mais je ne suis pas certain de pouvoir la satisfaire. Je n'en ai pas les moyens, ni les capacités. Derrière mes grands airs et mon humour salace des années d'avant, j'avais bien conscience de ne pas être très signifiant. La colère s'envole, seul un profond sentiment de désarroi et de peine m'envahit. Je passe ma main sur ma nuque, que je frotte légèrement, gêné.

« Honnêtement, j'apprécie que tu me proposes ton aide, Sally. » Mon bras retombe et je soupire brièvement. Mon regard se baisse un instant, pendant que je réfléchis deux secondes, puis le repose sur celui de la jeune femme. « Mais il y a des problèmes qui rongent bien plus que tu ne le penses. Je n'ai pas envie de voir d'autres gens rongés parce qu'ils savent. Si vraiment c'est insupportable pour toi, alors vas t'en. Je t'en voudrai pas. Mais ne me demande pas de redevenir celui que j'étais, car ça n'arrivera jamais. Je ne peux plus. » Une fatalité, balancée comme une pierre dans l'eau. Ou un rocher, allez savoir les remous que ça fera. J'en savais rien. Mais c'était une certitude, le Friedrich d'avant n'allait pas revenir. Pas après ce que j'ai entendu, vu, senti, touché. Pas après tout ça. « Chaque jour, ma conscience me pèse un peu plus. J'ai pas envie de vous voir dans cet état. » Mensonge ? Peut-être un peu. J'avais fait le choix de ne rien dire, mais j'étais incapable de me cacher. Quel piètre menteur, je devais être pitoyable. Quelle solution s'offrait à moi, en fait ? Je baisse le regard, observant les mains de Sally. Gifle, coup amical, sortilèges. Ses mains faisaient beaucoup, dans son comportement. Ses mains. Qu'inconsciemment, j'étais venu toucher du bout des doigts. « Il y a des choses qu'il vaut mieux garder pour soi et ne pas dire aux autres. »

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Il lui effleurait les les mans, et bon Dieu elle n'aimait pas ça.
C'était un recours, une façon de la faire lâcher. Du moins elle le sentait comme ça. « C'est rien et ça passera ». Mais c'est elle qui devrait faire ça.
Une tentative d'échec au projet « Il faut sauver le soldat Friedrich » déguisé en marque d'affection.
Mais l'affection, c'était elle qui devait lui donner, c'était à elle de le suivre partout et lui chanter une berceuse le soir si il en avait envie. Tout ça pour qu'il parle, qu'il partage, et elle espérait revoir un semblant du Friedrich d'avant.
Si ce changement n'avait pas eu lieu, alors elle n'aurait peur-être jamais su qu'il comptait autant pour elle.

D'un coup de main, elle se dégagea de celle de Fried, avant de les empoigner fermement.
Mimique corporelle, peut-être, ou simple geste d'affection, tout était chamboulé dans la tête de la rouquine de toute façon. Entre ce qui s'était dit et ce qui ne s'était pas dit ça faisait beaucoup.

« Mais moi j'préfèrerais que tu oublies. »

O, s'accordera sur l'aspect enfantin de cette phrase, qui de plus fut augmenté par le fait qu'elle triturait ses lèvres, boudeuse.
Elle ne pouvait plus dire grand chose. Il ne voulait pas. Ou bien ne pouvait pas. Et elle sentait qu'il pourrait se montrer encore plus têtu qu'elle, et disons le comme il est ; Sally n'est pas la plus forte quand tellement de sentiments sont mélangés.

Tout ce qu'elle avait pour elle à présent, c'était juste qu'il sache qu'elle voulait l'aider et que si il a besoin de parler, de réconfort, alors elle répondrait présente.
Le réconfort, c'est tout ce qu'elle pouvait lui donner.

Un regard furtif sur les côtés, aucun bruit de pas, personne ne semble passer près d'eux à ce moment là.
Alors elle porta ses yeux directement dans ceux de Friedrich. Un regard franc et déterminé. Une grande respiration. Elle place ses main le long du col de l'uniforme du garçon.

« Ça, Fried', je le fais pour toi. »

Puis dans un mouvement sec, elle avança son visage de celui du garçon pour aller coller ses lèvres sur les siennes.
Un bisous plus qu'un baiser, Seules les lèvres intervenaient, rien d'autre. Un baiser chaste dénué de sentiment amoureux, avec pour seul but de prouver la détermination de la rouquine à son ami, la promesse de l'aider, et s'il le faut, le protège. De lui, de ses démons, de tout.

Un geste plein de signification et vide de tout intérêt personnel. Pas le genre dont Sally peut avoir l'habitude donc.
Après un instant, elle s'écarte. Pas de sourire, pas de petit rire bête. Juste son regard, toujours posé sur le Poufsouffle.

« Tu n'as peut-être pas besoin de moi, mais tu as besoin d'aide. Et je serais là, pas seulement si tu en as besoin, mais parce que tu en as besoin. »

Elle ne décrochait pas ses mains du cou du garçon pour appuyer ses propos, et cette fois-ci, c'était évident qu'elle avait trouvé u endroit où oser les yeux.

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Jusqu'à quel point va la détermination de Sally ? Aussi loin que la mienne, plus, ou moins loin ? Je la fixe d'un regard un peu mort et esquisse un petit sourire lorsqu'elle me dit qu'elle aimerait que j'oublie. Moi aussi, j'aimerais. Mais en même temps, je ne le veux pas. Qui saurait me dire ce qui est bien et ce qui ne l'est pas ? L'ignorance du peuple ? Ils ne sont pas épargnés pour autant. Les gens ne savent pas, car ils sont loin de la vérité. Pas comme ceux de ma ville, impliqués dans cette... abominable construction. A nouveau, mon regard se perd, jusqu'à ce que la Serpentard attrape mon col, captant mon attention. « Hein ? » est ma seule réponse. Faire quoi pour moi ?
Je résiste pas. J'ai pas vu grand chose venir, surtout. C'est pas tellement quelque chose qu'on me fait à chaque coin de rue, faut dire. J'ai même pas le temps de le réaliser que déjà, c'est terminé. Mais elle m'a bien embrassé là, non ? J'ai pas rêvé hein ? Je la regarde avec surprise et incompréhension, mais aussi silencieux qu'une tombe. Un baiser ? Mais pourquoi ? Que veut-elle me faire comprendre ?
Les mots qui suivent me perdent tout autant. Son obstination à dire que j'ai besoin d'aide est à la fois plaisante et vexante. Je reste encore un bon moment silencieux, les bras raides le long du corps et le regard fixé sur elle. Je n'arrive pas à comprendre ses motivations, ses sous-entendus, ses actions. Comme j'étais devenu hermétique à toute forme d'affection et que tout me paraissais déplacé. Depuis quand suis-je devenu comme ça ? Comment aurait-elle réagi, à ma place ? Est-ce qu'elle avait seulement connaissance de ce qu'il se tramait, dehors ? Je réfléchis pas, mais je sens que j'ai besoin d'un minimum de réconfort, d'un contact, d'une accroche. Je ne lui réponds pas mais l'attrape par les épaules et l'attire à moi pour lui offrir une simple étreinte. Est-ce que c'est lâche de ma part, de me dire qu'avec cette étreinte je lui épargne au moins le regard douloureux que j'affiche actuellement ? Je ferme les yeux et soupire longuement, ma joue contre ses cheveux, mais ose quelques paroles pour ne pas qu'elle s'inquiète trop. « Ca ira. Laisse moi juste encore un peu de temps. Je sais que t'es là, ainsi que les autres, mais pour l'instant je peux gérer ça tout seul. » Tellement plus facile à dire sans la regarder.

Invité

Les temps changent, les gens aussi.

Pour qui est-ce-qu'il se renait ? Oui, certes, elle, elle venait de l'embrasser, alors qu'il la prenne dans ses bras, ce n'était rien du tout... Mais ce n'était encore qu'une façon de l’attendrir ! Et Sally est sensible, elle, sensible comme une moineau tombé de son nid ! Alors se jouer d'elle comme ça, c'était frustrant.

Mais il la rassura. Un peu.
Au moins ils n'avaient pas fait ça pour rien. Il l'avait dit, que quelque chose n'allait pas, et même si ce n'était qu'entre les lignes, il avait avoué souffrir, avoué qu'il pouvait avoir besoin d'aide et qu'il l'appréciait. Ce n'était pas pour rien.

Alors la rouquine se résigna. Et c'est pourtant une chose qu'elle n'avait peut-être jamais fait : Abandonner, laisser couleur.
Alors elle resserra l’étreinte du garçon. Et posa son menton sur l'épaule de celui-ci dans un grand soupire douloureux qui illustrait sa peine de laisser passer cette occasion de faire cracher le morceau à son ami.
Mais comme elle était éreinté par tout ce qui venait de se passer, et éreinté par le fait d'avoir été mit de côté par le Poufsouffle, elle comprenait que lui aussi, était évidemment fatigué.
Elle défit son étreinte et laissa ses mains sur les épaules du garçon qu'elle tapota.

« Tu sais quoi ? D'accord. Je t'accorde ça, je te laisse du temps...
Mais si je sens que tu en prends trop, alors je vais revenir à la charge, et cette fois, pas de câlins, pas de bisous, j'te fais directement passer sous veritaserum. par la force s'il le faut. »

Elle avait dit ça en pointant un doigt menaçant vers Friedrich avant d'en rire à de lui administrer une tape dans le dos. De là, elle le fit se retourner vers la salle de banquet.

« Et là, tu vas venir avec moi, tu vas t'assoir avec tes amis Poufsouffles, et tu vas manger un pu plus qu'une pomme. »

D'un geste de la main elle pointa ses yeux dans un signe distinct qui ferait comprendre au garçon « Je te surveilles, Compris ? »

» [Flash back Mi septembre 1940] L'époque change, les gens aussi | James Leython
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