[1944 - Janvier] Vivement la maison !

Agatha se laissa glisser sur une chaise en poussant un soupir, le regard posé sur la silhouette endormie du jeune garçon. Maintenant qu’il était hors de danger, elle hésitait encore à se sentir soulagée. Dans les heures qui avaient précédé, elle avait été poussée par l’adrénaline, focalisée sur son objectif de sauver le pauvre enfant de l’horrible maléfice qui lui avait été lancé, mais maintenant que le stress retombait, alors qu’elle attendait l’oubliator dépêché pour “finir le travail”, elle était de nouveau livrée à ses soucis.

Lorsqu’on le lui avait amené, elle n’avait guère écouté les explications qu’on avait pu lui donner quant à ce qui s’était passé, prise dans l’urgence du moment. Tout ce qu’elle savait, c’était que ce n’était qu’un adolescent, peut-être un orphelin de guerre, et qu’un odieux personnage lui avait lancé un sort transformant son sang en boue. Cruelle plaisanterie qui avait demandé une veille de tous les instants pour renouveler le précieux liquide, le temps de trouver le contre-sort.

L’adolescent gémit dans son sommeil et la jeune femme se pencha sur lui, alarmée. Tout semblait aller néanmoins, et elle écarta gentiment les cheveux collés par la sueur du visage du garçon. Il était pâle comme la mort, mais il reprenait déjà quelques couleurs. Vivement que l’Oubliator lui ôte ces souvenirs traumatisants de la tête, les moldus avaient déjà assez à faire avec la guerre qui secouait l’Europe.

Après avoir dépensé toute son énergie, Agatha était épuisée. Il était tard, elle avait envie de rentrer chez elle et de trouver du réconfort auprès de James, des chats et d’un bon feu, mais ce n’était pas encore le moment pour ça. Malgré ses paupières lourdes, il lui fallait encore résister un moment, jusqu’à ce qu’il arrive.

La tête posée sur son bras, lui même posé sur le dossier de sa chaise, Agatha ferma les yeux… juste pour un instant.

Dans la cheminée du hall de Sainte Mangouste, un feu vert s'alluma d'un coup.
Personnes n'y prêta attention, c'était parfaitement normal.
Virgil en sortit et épousseta sa robe de sorcier. Il n'aimait pas trop voyager par poudre de cheminette.
Il leva la tête et se dirigea vers l'accueil, où se trouvait une jeune sorcière occupée à raconter les derniers potins à sa collègue infirmière.
Au bouts de quelques minutes d'attentes, elle finit par se tourner vers lui et lui indiquer la chambre et l'étage où on l'attendait.

Virgil se dirigea vers l'ascenseur et y entra, sélectionnant le quatrième étage, service de pathologie des sortilèges.
Une fois arrivée, il laissa son regard aller de porte en porte tandis qu'il longeait le long couloir de l'étage. Il finit par trouver le numéro 234 et entra.

La médicomage était présente, mais endormie sur sa chaise, juste devant le lit de la victime.
Virgil s'approcha du jeune moldue, un adolescent. Il allait devoir l'interroger avant de tout lui effacer.
Il tapota l'épaule d'Agatha:

"Docteur Miller ?"

Agatha sursauta quand elle sentit une main ferme lui tapoter l’épaule pour la tirer de sa somnolence. Son regard, encore embrumé de sommeil, papillonna de son patient au reste de la pièce, pour enfin se poser sur la haute et quelque peu inquiétante silhouette du nouveau venu. Qui… ? Ah, se souvint-elle. C’est l’oubliator. Elle se détendit une seconde, rassurée, puis se raidit à nouveau. Par la barbe de Merlin, je me suis endormie ! Alors qu’elle s’était pourtant interdit de le faire !

Elle se leva comme un ressort de sa chaise, rajustant nerveusement son châle sur ses épaules tandis qu’elle adressait un sourire gêné à l’Oubliator.

- Excusez-moi, bonjour. Heu, non, bonsoir. Et oui, je suis Guérisseuse Miller, vous êtes là pour le garçon ? Il dort. Il… il va mieux. Vous voulez que je le réveille ?

Elle parlait avec empressement, comme pour masquer son embarras, mais ses joues étaient rouges et elle n’osait pas lui tendre la main pour le saluer. Dans son lit, le jeune homme gémit d’une voix basse et elle lui jeta aussitôt un regard inquiet.

Virgil eut un sourire bienveillant. Elle avait du passer la nuit entière à aider le jeune homme, cela expliquait son état de fatigue. Il ne lui en porta pas rigueur.
Il acquiesça légèrement et désigna le jeune garçon:

"Je suis content d'apprendre qu'il va mieux... Il faudrait que je puisse lui poser des questions, au sujet de ce qui lui est arrivé. Vous comprenez ? Si j'arrive déjà à cibler des souvenirs important ça m’allégera la charge de travaille. L'esprit des moldues est toujours un peu chaotique dans ces situations."

Il entendit ensuite un gémissement, observant le jeune homme:

"Vous êtes sûre qu'il est totalement rétablie ? Que lui est-il arrivé exactement ? "