(Fin Avril 44) Petit chien perdu ft Euphy Weiss

L'heure des vacances. L'heure de s'éloigner. De tout. De Poudlard. De sa peine. De ses cours. De sa famille. De tout ce qui polluait son cerveau et ne lui permettait pas de réfléchir correctement. La demoiselle avait besoin de se promener seule dans les rues de Londres, où elle avait réussi à venir avec ses parents pendant quelques jours.

Elle souhaitait changer. Elle avait décidé de changer. Se couper les cheveux dans un premier temps, changer de personnalité dans un second temps. Devenir celle qu'elle était destinée à être selon elle et non selon les principes décadents de la famille Weiss. Griffith avait raison, quelques années plus tôt, de lui dire de bien réfléchir. Elle prenait pleinement conscience du présent qu'il lui avait fait : prendre conscience de sa condition, pour mieux la dépasser. Elle serait à la tête des Weiss mais en suivant sa voie et non pas celle de ce qu'on lui imposait.

Elle croisa son regard dans une vitre d'un magasin moldu. Un coiffeur. Elle hésita. Elle porta la main à ses cheveux, les caressa légèrement, une petite moue fronçant son nez fin et légèrement aquilin.

« Nous verrons cela plus tard... »

Alors qu'elle avait marmonné cela, elle porta son regard sur le reflet d'un petit animal, à ses pieds. Elle se pencha vers le petit chien et lui tapota légèrement la tête avant de le prendre dans ses bras. On aurait dit une peluche. L'animal remuait doucement la queue et aboya une fois. LE chat norvégien qui suivait la sorcière, comme un bon familier qu'il était, ne broncha pas.

« Tu es perdu mon petit père ? Je vais retrouver ta maîtresse, elle doit être inquiète. »

Concrètement, un homme ne pouvait pas avoir un tel chien de l'avis d'Euphemia. Secouant la tête, elle se mit en marche dans une direction au hasard, regardant autour d'elle et restant bien entendu à l'écoute du moindre appel. Elle ne voulait pas enlever un animal à son foyer, mais elle espérait tout de même retrouver rapidement sa trace, car elle avait une heure de retour obligatoire à l'hôtel où elle séjournait.

La petite demoiselle marchait tranquillement avec le chien dans les bras en regardant autour d'elle. Elle s'imaginait quelle personne, quelle femme, pouvait avoir ce genre de petit chien. Elle ne faisait même pas attention aux gens qui regardaient son chat, qui lui-même se moquait de cette attention dont il était la cible. En effet c'était bien étrange mais après tout, les moldus se posaient déjà diverses questions sur tout et n'importe quoi. Donc autant leur apporter une raison supplémentaire de s'interroger. Au moins grâce à cela, ils ne penseraient pas à se tromper, se voler ou se tuer.

Euphemia trouvait les moldus trop barbares par rapport aux sorciers. Elle ne voulait pas leur extinction comme les membres les plus extrémistes du camp de Grindewald mais juste les soumettre aux pouvoirs des sorciers. C'était eux l'avenir du monde, tout le monde allait s'en rendre compte. Ils allaient apporter le progrès et la paix. Au moins, les sorciers réglaient leurs problèmes avec rapidité : un Avada Kedavra et c'était fini.

Plongée dans ses pensées, elle en fut tirée par un homme, qui venait de poser sa main sur son épaule. Elle le regarda, cligna des yeux, avant de froncer les sourcils. C'était une blague ? Il voulait voler le chien à son propriétaire c'était cela ? En même temps, pourquoi donc voudrait-il voler un chien... Les moldus étaient si étranges qu'Euphemia ne chercha pas de réponse à cette question. Mais son angoisse passa rapidement lorsque le chien sauta de ses bras directement dans ceux de l'homme.

« Oh, en effet il est à vous... », dit-elle en haussant un sourcil.

Comme quoi, un homme pouvait avoir un chien tel que celui-ci ! L'homme était-il gay ? Ou alors il appréciait simplement les choses mignonnes. Et il l'était lui aussi d'ailleurs, mignon. La demoiselle se fustigea. Il pouvait être son père. Elle était des fois bien trop mature, même dans ses goûts, pour son jeune âge. La faute à Griffith. Cet abruti...


« Vous ne semblez pas d'ici, je me trompe ? » Questionna-t-elle en fronçant légèrement les sourcils.

Elle ne se vantait pas de connaître tous les habitants de Londres mais l'accent de l'homme indiquait clairement qu'il était au moins originaire d'un autre pays. Peut-être pouvait-elle lui venir en aide s'il venait d'arriver à Londres, et plus largement en Angleterre. Enfin s'il s'avérait qu'il était un sorcier, car elle ne s'abaissait pas à aider des moldus. Ce n'était pas digne d'une Weiss.

Euphemia accorda son sourire le plus crispé à l'homme lorsqu'il se présenta. Elle n'avait rien contre les allemands ni contre les hommes s'appelant Erik bien entendu mas elle n'avait perdu l'habitude de sourire, tout simplement. Donc elle était toujours un peu tendue dans ce genre de situation, d'autant plus que les ronds-de-jambes n'étaient pas non plus quelque chose qu'elle appréciait. Elle en faisait trop souvent chez elle pour savoir que ce n'était qu'une parade qui ne cachait rien d'autre que le mépris. Elle préférait généralement rester naturelle, quitte à ne pas sourire, mais elle avait été élevée dans l'idée qu'un sourire était une courtoisie.

Elle baissa son regard sur le petit chien lorsqu'il lui fut présenté. Et cette fois, son sourire se détendit sous l'amusement. Il avait précisé que c'était le choix de sa mère. Elle ne se moquait pas de lui mais elle devait avouer que la situation était assez cocasse. Erik semblait être très viril, le voir avec un tel animal avait de quoi surprendre.


« Je m'appelle Euphemia Weiss, » dit-elle de son ton neutre en remontant lentement ses yeux marrons dans ceux de l'homme qu'elle croisa avec dignité.

S'il était du monde sorcier, il reconnaîtrait peut-être le nom de sa famille. Dans le cas contraire, soit les Weiss n'étaient pas connus jusqu'en Allemagne - cela briserait les cœurs de pierre de tous ses ancêtres ! - soit il était moldu et elle n'avait rien à craindre.

« Quant à ce que je fais seule dans les rues de Londres... Disons que j'avais besoin de prendre un peu l'air. Les vacances avec mes parent sont toujours une expérience ennuyeuse, elles ont perdu la magie des premières années. »

Elle lui adressa un petit sourire complice avant de reprendre son chemin en lui faisant signe de la suivre. Elle préférait discuter en marchant, elle avait toujours l'impression d'être un poireau si elle restait immobile trop longtemps au même endroit.

« Je connais assez bien les rues de Londres, si vous le souhaitez je peux vous conduire à votre destination. Qu'elle soit un lieu touristique ou un lieu plus administratif, et je dirais donc mortellement pénible à visiter. »

Pour avoir mis les pieds au Ministère de la Magie de nombreuses fois, elle ne pouvait que parler en connaissance de cause !

La jeune femme savait ce que les gens pensaient de sa famille. Du moins elle en avait une petite idée et elle n'aimait pas cela. Elle ne pouvait pas accepter que sa famille soit uniquement vue comme une ancienne puissance qui, aujourd'hui, ne comptait plus dans le climat politique du monde des sorciers. Mais elle ne pouvait pas empêcher les gens d'avoir leur avis sur la question, après tout les Weiss avaient péché par orgueil et en payaient désormais le prix fort. Elle allait reprendre les choses en main, elle ne comptait pas rester éternellement dans une famille de perdants.

Elle sourit en entendant la suite des paroles de l'homme. Entre sorciers - car maintenant elle ne était certaine - ils ne pouvaient que se comprendre. Enfin presque.


« Venez, suivez-moi. »

Elle lui fit un petit mouvement de la main en souriant, remettant une mèche de cheveux derrière son oreille. Tout dans son attitude respirait l'assurance et la noblesse de son sang pur. Même dans la défaite, même dans la pauvreté, elle resterait toujours aussi digne. Elle avait été élevée pour devenir une personne importante. C'était bien l'unique chose dont elle était fière et qui venait de son père.

Elle conduisit rapidement Erik Klauss devant une cabine téléphonique rudimentaire dont les sorciers se servaient pour se rendre au Ministère de la Magie. Son père lui avait déjà expliqué le fonctionnement de ce passage, qu'elle avait emprunté à de nombreuses reprises. Heureusement pour les sorciers, la cabine était en retrait par rapport à la rue. Elle tapa rapidement sur les chiffres lorsqu'ils furent tous les deux dans la cabine.

Cabine qui descendit lentement pour les mener dans l'immense hall bordés de cheminées aux flammes vertes qui vomissaient régulièrement des sorciers de tous horizons. En pleine journée comme en cet instant, l'agitation régnait, comme une immense fourmilière.

« Nous voici sur place. Je connais un peu les lieux, vous souhaitez que je vous accompagne dans un service précis ? » Demanda-t-elle en se tournant vers l'homme.

La jeune demoiselle guida tranquillement son... suiveur..? Enfin son compagnon dans les Ministère de la magie. Elle sourit légèrement en l'entendant demander à se rendre au Ministère de la Magie. Elle trouvait cela amusant. Pourquoi voulait-il voir les Aurors soudainement ? Parce qu'il travaillait avec eux ou pas qu'il faisait des repérages pour Grindewald ? Dans les deux cas, ce n'était pas le moment de poser la question car ils se trouvaient entourés d'oreilles indiscrètes et ils ne pouvaient pas se permettre de discuter de la guerre au Ministère même.

Elle lui montra l'allée qui donnait sur le ministère de la justice avant de se tourner vers lui en secouant doucement la tête, les bras croisés.


« Si vous voulez vous y rendre, allez-y, mais vous serez sans doute raccompagnés ici si vous n'avez pas rendez-vous avec quelqu'un. Et puis moi-même je ne suis pas autorisée à entrer là-bas. Déjà je ne sais même pas si je suis autorisée à être ici seule. J'en doute. »

Elle sourit très légèrement avant de lui faire signe. Elle comptait remonter à la surface pour sa part, elle avait son tour de quartier à terminer et ses parents à rejoindre avant que sa mère ne se fasse un sang d'encre et que son père ne décide qu'elle était partie assez longtemps pour qu'il puisse lui en coller une. Son père n'était pas le plus violent des hommes mais il avait déjà levé la main sur sa fille, bien que cela ait été très rare.

« Est-ce que vous voulez que je vous accompagne à votre hôtel ? » Demanda-t-elle en reprenant la cabine pour remonter, vrillant son regard assuré et légèrement lointain sur l'homme à côté d'elle.

Cela lui permettrait de continuer un peu sa promenade. Quitte à s'en prendre une, autant que cela soit pour une bonne raison... Elle sortit de la cabine et se pencha pour prendre son chat dans ses bras. Malgré sa taille, elle préférait porter le félin plutôt que de risquer qu'l ne se perde dans la foule de Londres.

La jeune demoiselle regardait son interlocuteur, attendant qu'il réponde à sa question. Et sa réponse la figea pendant quelque secondes. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il lui dise cela. Elle pouvait lui demander ce qu'elle désirait ? Dans la mesure du possible bien entendu... Elle soupira doucement et secoua la tête avant de le regarder de nouveau de son visage neutre et terriblement trop adulte pour une jeune femme de son âge.

« C'est très gentil de votre part de me proposer cela ert je me doute que c'est pour me remercier de mon aide, mais je crains que mes demandes ne puissent pas être comblées. Du moins pas pour le moment. »

Puis elle se tut et commença à marcher doucement dans la rue, le visage légèrement plus assombri alors qu'elle se plongeait dans le genre de pansées qu'une petite demoiselle de son âge n'aurait pas dû avoir. Ce qu'elle souhaitait ? La puissance. Pour prouver à Grindewald qu'elle était autre chose qu'une vulgaire poupée à marier comme sa mère. Et également pour donner une bonne leçon à son paternel beaucoup trop ambitieux et abruti pour arriver à ses fins.

« Vous savez, il y a des gens qui ne peuvent pas être aidés, et des gens qui ne le veulent pas. Je crois que je fais partie des deux catégories en même temps. Même si vous le vouliez, je doute que vous seriez en mesure de faire quoi que ce soit pour moi. »

Des paroles bien sombres dans la bouche d'une petite fille, qui pourtant les assumait parfaitement. Elle avait tout le temps devant elle pour faire ses preuves. Elle avait toute une vie pour cela. Encore fallait-il qu'elle parvienne à s'entourer des bonnes personnes, ce qui était quelque chose de beaucoup plus compliqué, surtout pour une personne au caractère méfiant. Pour l'heure, elle confiait son avenir aux enseignants de Poudlard et à la bibliothèque interdite chez ses parents, qu'elle visitait de temps en temps. Mais cela ne suffirait bientôt plus.

« Où logez-vous ? » Questionna-t-elle en se tournant vers Erik.

(Désolée pour le temps de réponse ><).

Alors qu'elle marchait avec Erik, la demoiselle écouta ce qu'il avait à dire. Elle sourit légèrement, entre l'amusement et la tristesse qui enserrait doucement son cœur. Elle avait l'habitude que les gens la croient beaucoup plus jeune qu'elle ne l'était à cause de sa petite taille et de son visage de poupée. Cependant, il ne fallait pas la prendre pour une douce petite innocente, elle avait déjà vu et entendu bien des choses qu'elle ne saurait répéter au monde extérieur sans risquer de se faire mettre en prison à Azkaban, ainsi que les personnes responsables de ses racontars. Elle trouvait toujours amusant la protection que les adultes qui ne la connaissaient pas avaient envers elle.

Secouant la main dans un mouvement gracieux, elle balança ses cheveux sur ses épaules avant de lancer un regard à Erik. L'allemand lui plaisait. Non elle n'avait pas dans l'idée de le draguer, elle était beaucoup trop jeune pour lui - même si physiquement il correspondait au genre d'homme qu'elle appréciait beaucoup - mais elle aimait discuter avec lui. Sa présence était relaxante et légère, cela lui faisait un bien fou. Elle ne se sentait cependant pas assez à l'aise pour parler de sa vie entière.

« Je suis souvent un peu noire, je suis désolée. Disons que je n'ai pas une famille dans laquelle je passe des moments terriblement joyeux et excitants, mais je me contente de sa vie. Je préfère largement être à Poudlard plutôt que chez moi. »

Si c'était pour supporter un père qui l'emmerdait et une mère qui se soumettait, Poudlard restait le lieu qu'elle appréciait le plus. Elle pouvait y étudier, s'y amuser, retrouver Elena... Elle souhaitait presque y rester tout le reste de sa vie. Du moins c'était sa lubie du moment mais elle savait très bien qu'elle partirait un jour pour de meilleurs horizons. Du moins elle l'espérait.

« Nous parlons un peu trop de moi », dit-elle en riant doucement, quelque chose de rare chez elle, surtout avec une telle sincérité dans le regard. « Ne vous en faites pas pour mes parents, ils me savent parfaitement capable de me débrouiller un peu toute seule. Et puis j'ai treize ans, donc je suis un minimum mature. »

Beaucoup plus que certains étudiants de Poulard qui avaient le même âge qu'elle. Grandir dans une famille adorant la magie noire et le grand Grindewald forçait les enfants à grandir un peu trop rapidement. Euphemia n'avait pas trop connu et vue passée son enfance. Heureusement pour elle que Griffith avait joué un vrai rôle dans sa vie en la forçant un petit peu à être une enfant en lui offrant des peluches et en partageant avec elle des moments légers. La demoiselle avait grandi trop vite le jour où elle avait appris que son cousin avait fini à Azkaban et avait achevé de mûrir lorsqu'elle avait appris son décès.

« Qu'est-ce que vous venez faire en Angleterre si je peux me permettre ? » Demanda-t-elle en voyant devant eux un grand hôtel, sans doute celui d'Erik, signifiant la fin proche de leur petite balade.

[Je bosse, pour ça que j'ai pas beaucoup de temps ^^".]