[Fin mai 43] Cabinet des curiosités de A. Lamby Artefact [Lamby et Zachary]

6h23. L’aube pointait à l’horizon et je n’avais toujours pas trouvé le sommeil. Je fixais la poussière de mon appartement voltiger dans les premiers rayons de soleil dans l’attente de peut-être sombrer dans les bras de Morphée. Le sommeil me fuyait depuis deux jours et mon corps arrivait à sa limite. Il me fallait dormir. Il me sembla sombrer dans le monde des rêves un cours, très cours moment, puisque je me réveillai soudain en entendant les gamins du dessous courir dans tous les sens et hurlant l’un sur l’autre. Un coup d’œil à ma montre m’indiqua 7h09.

-Fermez-là! hurlais-je au plafond.

C’était la même chose jour après jour, après jour, après jour. Sauf le dimanche. Là c’était à partir de 8h. Les enfants arrêtèrent leur course un instant avant de reprendre de plus belle. Je crus comprendre que John avait arraché la tête de la poupée de sa sœur Suzan. La petite hurlait tellement fort qu’elle faisait le bruit d’un chat qu’on étranglait. Je savais que le silence ne reviendrait pas et je plaçai un oreiller sur ma tête. Il me fallut un instant pour comprendre que les bruits contre ma fenêtre n’étaient pas dus à mes petits voisins, mais à un hibou.

Avec un soupir, je m’obligeai à me lever pour aller lui ouvrir. L’animal pénétra et alla se percher sur ma table où trônait un restant de saucisson. Boule de poils n’appréciait pas qu’on empiète sur son territoire et bondit à la rencontre du nouveau venu. Son dû prit, le hibou disparut tandis que le chat tentait vainement de l’attraper.

- T’es idiot le chat.

Griffith m’envoyait récupérer de la marchandise dans une boutique qui m’était connu de nom, mais où je n’avais jamais posé les pieds. On disait que plusieurs partisans finissaient par s’y rendre pour se faire soigner. Peut-être pourrais-je interroger cette Lamby Artefact sur qui passait par son cabinet. Ainsi, vers 9h, je sortis de mon appartement pour me rendre à la boutique située au coin du chemin de traverse et de l’allée des Embrumes. À la vue de la façade, mon premier réflexe fut de lever un sourcil. Le devant coloré ne laissait aucunement deviner l’activité qui s’y déroulait où encore moins le genre de clientèle qui y entrait.

À mon entrée, je fus accueilli par une jeune femme non loin de mon âge. Elle était loin de ressembler à une adepte de la magie noire. Je la détaillai avant de reprendre mes esprits et d’avancer à sa rencontre.

-B’jour. J’aurai besoin de ses potions pour un ami.

Je déposai la feuille devant elle avant de m’intéresser à l’intérieure de ma boutique. Regard à gauche, regard à droite, personne. Enfin, il regarda à nouveau vers le comptoir.

-C’est calme aujourd’hui.

Sourire aimable, voix sympathique, regard confiant.

A reposter, mauvaise manipulation. ^^

Bien sûr, Griffith ne m’avait rien dit de tout ça. Avoir utilisé le service postal aurait évité que je me déplace. Ainsi, j’aurai pu rester tranquillement dans mon lit à faire ce que je faisais de mieux ces temps-ci; lire, fumer et boire. Et dans sa missive, pas la moindre mornille pour tout payer. Par chance, j’étais dos à la jeune fille et elle ne vit donc pas ma moue de colère. Weiss avait le tour de profiter de ma gentillesse et ma générosité légendaire. Celle que personne à Poudlard n’avait eu l’occasion de voir.

La jeune femme n’était pas complètement sotte et sa répartit me plut. Je le regardais écrire sur un bout de parchemin les recommandations et un sourire étira mes lèvres. Mon camarade n’avait que faire d’une telle liste. S’il lui avait demandé de récupérer ses potions c’était qu’il savait déjà ce qu’il en ferrait. Et certainement pas pour leur fonction première.

-Ne vous méprenez pas. Je suis heureux qu’il n’y ait personne. Cela signifie deux choses. Un que les gens se portent bien et deux que vous devez être excellente dans votre profession.

Je continuais à regarder un peu partout. Il n’y avait rien pour moi ici. J’allais prendre les potions et retourner chez moi. J’obligerais Griffith à venir les chercher chez moi et à me rembourser. De plus, je lui ferais comprendre que je ne suis pas un coursier. J’avais autre chose à faire de ma vie que ses petites besognes. Il devait bien avoir un sous-fifre pour ce genre de courses. A ce moment de mes réflexions, j’eus un premier vertige. Ma vue se brouilla et je fermai les yeux pour faire en sorte que le monde autour de moi cesse de tourner.

-Ajoutez une potion pour le sommeil.

Mes doigts me démangèrent. Je devais sortir fumer. Ça me détendrait le temps de retourner chez moi. Finalement je me dis que quitte à être là, j’allais continuer mon petit interrogatoire. Ça me garderait aussi réveillé.

-On doit venir vous voir pour toutes sortes de maux non? Sûrement des empoisonnements graves aussi. Avez-vous des exemples?

J’enregistrai les informations que je pus en retirer. Ça pouvait toujours être utile. Enfin je m’avançai vers le comptoir pour lui donner l’argent et récupérer la marchandise et les instructions. Je dus relever la tête trop rapidement car le monde devint noir et j’eus à peine le temps de m’agripper au comptoir que je tombais à genoux.

-Ça va… tout va bien.

À qui est-ce que je m’adressais? À la jeune femme ou à moi-même? Je m’obligeai à m’asseoir et automatiquement, je sortis briquet et cigarette. Cependant, mes mains tremblaient tellement que je ne réussis pas à allumer ma tige de tabac.

Comme je détestais paraître faible. C’était se montrer vulnérable aux autres. Qu’on me vit dans un état aussi lamentable m’était insupportable. Qu’on eût pitié de moi m’horripilait. Certain pouvait dire que l’orgueil me tuerait un jour, mais la faiblesse était pour les autres. J’étais un auror et je ne pouvais donc pas me permettre de tomber face à une chose aussi simple que le sommeil. J’avais la rage au ventre et je serrai les doigts autour de mon briquet. J’étais prêt de la lancer, quand la propriétaire de la boutique vint m’aider. Elle alluma ma cigarette et m’aida à me redresser. À moitié relever, je relâchai son bras afin de faire le reste seul.

Si je n’avais pas eu aussi mal au crâne, peut-être aurais-je souri. Elle me proposait du thé et de me reposer alors qu’il était évident que je venais de la questionner sur ses activités. La jeune femme avait trop bon coeur pour ce monde barbare. Malheureusement pour cette dernière, elle l’apprendrait bien assez tôt.

-Ça va, je vais retourner chez moi et dormir. Merci.

Le ton tentait de garder le ton sympathique que j’avais adopté depuis mon arrivée, mais il y avait une teinte de brusquerie que je n’avais pas désirée. Je désirais seulement qu’on me laisse tranquille. Malgré tout, ma main restait agrippée au comptoir lorsque je fis mine de la relâcher pour prendre le sac en papier, je me sentis perdre l’équilibre. Cette fois, je réussis à me retenir de chuter à nouveau, mais il était évident que je ne réussirais pas à retourner jusqu’à mon appartement. Il m’en coûtait de l’avouer et je fus trop têtu pour le faire. Je crispai donc la mâchoire et m’avançai vers la porte. Aucune protestation n’aurait pu me retenir dans cet endroit. Ma course pour Griffith était faite et Boule de poils attendait sûrement sa nourriture. J’avais mieux à faire que prendre le thé.

À mi-parcours entre le comptoir et la porte ma vision se troubla encore une fois et lorsque j’ouvris à nouveau les yeux, je me retrouvai au sol. J’avais dû perdre connaissance un cours instant. Mon corps avait eu raison de moi. Désormais, je ne pouvais plus refuser l’offre de la demoiselle. Je devais paraître pitoyable allongé ainsi sur le plancher de bois et je me forçai à me redressai.

-Je crois que je vais accepter votre offre. Seulement un thé et je repars.

Cette fois, j’acceptai son aide à me relever. Plutôt, j’avais vraiment besoin de son aide pour me remettre sur mes deux pieds et avancer vers son salon privé. Ça me tuait d’être obligé à m’abaisser à demander le secoure d’un autre. Ce n’était pas Eden. C’était l’unique personne qui pouvait me voir souffrant puisqu’elle me connaissait depuis toujours. J’évitais Sainte-Mangouste, je cachais mes blessures aux autres, je feignais ne pas sentir la douleur…

Finalement, je m’effondrai dans un fauteuil.

-Navré de vous causer du souci.

J’avais plus grogné qu’autre chose, mais je voulais partir.

Assis dans le fauteuil, j’attendis que la jeune femme revienne. Je fermai les yeux et soupirai. Le monde continuait à tourner autour de moi, mais le fait d’être assis m’aidait grandement à ne plus être pris de vertiges. L’état de mon corps était lamentable. Une vieille loque qui avait de la misère à se tenir debout. C’était complètement déplorable pour un homme tel que moi. Je profitai du moment pour allumer une nouvelle cigarette. Le goût savoureux du tabac envahit ma bouche et après avoir gonflé mes poumons de fumer, je la recrachai dans un nuage au dessus de ma tête. Artefact revient avec un petit plateau et je la remerciai en prenant la tasse qu’elle me tendait. Je reconnu un bon breakfast tea avec du citron. Ce choix était tout en simplicité, mais il me plaisait. Je n’étais pas de ceux qui recherchaient le raffinement dans ce genre de boisson. Qu’il soit bon me suffisait.

Certaines femmes aimaient me donner des ordres. Eden était la première à ne pas hésiter à me traiter comme un gamin à qui on devait lui dire quoi faire. Je l’excusais puisqu’elle était ma cousine et qu’elle était l’équivalent d’une grande sœur. Que la potionneuse le fasse m’exaspérait quelques peu, mais je laissais tomber mon orgueil de côté et j’ingurgitai le contenu des deux fioles non sans faire une moue. Ça avait un arrière goût désagréable et je pris une longue gorgée de mon thé pour en effacer le souvenir de ma langue.

Je la regardai faire son grigri autour du sac de potions et le reprit.

-Merci, mais j’tiens à vous payez ce qui vous est dû.

Il était très rare que j’accepte une faveur. J’avais l’impression d’avoir une dette envers l’autre et c’était une sensation fort désagréable. Ainsi, je sortis l’argent de ma poche et je la déposai dans le plateau. Je n’allais la récupérer en aucun cas.

Artefact avait continué son discourt sur le fait que je devais parler de mes problèmes. Un sourire naquit au coin de mes lèvres. J’imaginais l’incroyable discussion que j’aurai avec Griffith. «Hey, tu sais bro, je suis un auror infiltré depuis cinq ans. Je suis le sale traitre qui a divulgué aux autorités l’infiltration des partisans à Gringotts. Ah j’oubliais, pendant que tu croupissais à Azkaban, moi j’étais dans une maison perdue dans le bois à attendre que le temps passe. Désolé». Et à Eden qu’est-ce que je dirais? Qu’elle apprenne que je travaille pour le ministère et elle m’enfermerait dans les sous-sols de sa maison jusqu’à ce que je retrouve la raison. Non merci.

-Ma situation me permet pas trop d’en parler. Disons que j’ai divers soucis de conscience. L’alcool est mon meilleur confident. Il me permet d’oublier ce merdier qu’est la vie.

Comme j’aimerais avoir ma fiole de whiskey avec moi à l’instant. Je la voyais sur la table de la cuisine à m’attendre. Je sentais déjà l’effet des potions sur mon corps et je pourrais bientôt disposer. Il n’y avait rien à apprendre ici. Cela avait été une perte de temps et Griffith allait me le payer. Il allait m’entendre râler. Je ne suis pas son domestique qu’il pouvait envoyer faire les courses. Je l’avais trop souvent fait : c’était désormais fini. Avant cependant j’irais dormir.

-J’ai une question pour vous. Mon ami m’a dit que vous soignez tout le monde. C’est pour ça ma réponse de tout à l’heure, mais je me suis mal pris. Juste que ça vous dérange pas de soigner auror et partisan au même endroit? C’est pas un peu dangereux?