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 [1943 - Octobre] Let's take a ride! (Penny)

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Ysengrim Rhys
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MessageSujet: [1943 - Octobre] Let's take a ride! (Penny)   [1943 - Octobre] Let's take a ride! (Penny) Icon_minitimeJeu 28 Mai - 23:19

Cardiff, 1h du matin, une petite rue déserte derrière les docks. L'air est imprégné d'une humidité qui vous pénètre jusqu’aux os. Seul être vivant alentour, un misérable chat de gouttière farfouille dans une poubelle. Soudain, il lève la tête et se met à feuler… avant de s’enfuir précipitamment et sans dignité aucune quand un craquement sourd déchire l’air froid et mouillé de la nuit. L’instant d’après, résonne le bruit mat d’un corps qui s’effondre, accompagné d’un retentissant :

- Puuuuutaiiiiiiin !

Un homme vient d’apparaître dans la rue, comme sorti du néant. Il est accroupi, les genoux sur le sol, et regarde d’un air sombre sa main gauche ensanglantée. Il y manque deux doigts, remplacés par une plaie béante d’où s’écoule à grands flots un sang noir et épais.

- Merde, merde, merde, grommela Ysengrim en portant sa main valide à la poche intérieure de son imperméable en cuir.

Il en ressortit une petite fiole transparente contenant un liquide argenté et en versa quelques gouttes sur la blessure. Celle-ci se referma en dégageant un panache de fumée blanche. La douleur, pourtant vive n’arracha même pas une grimace au loup-garou, qui en avait vu d’autres : à côté des balles allemandes, c’était du pipi de niffleur. Les doigts, quant à eux, finiraient bien par revenir, il ne s’en faisait pas pour eux, où qu’ils aient décidé d’aller se promener.

Il se releva en poussant un grognement fatigué et regarda autour de lui. Bon sang, il était à Cardiff, qu’est-ce qu’il foutait là ? Il était censé arriver à Exeter… Un soupir lui échappa. Depuis le temps, il aurait dû savoir que transplaner la nuit qui suivait la transformation ne lui réussissait jamais. Trop de fatigue, trop de stress… Son esprit n’était pas encore remis de la peine de la nuit précédente, et n’arrivait donc pas à mobiliser la concentration nécessaire à un transplanage réussi. Il avait été stupide de l’oublier, et il en payait le prix. Il jeta un regard à sa main mutilée. Ca lui rappelait la fois où il avait failli se faire bouffer l’avant-bras par une acromentule dans la Forêt Noire. Il haussa les épaules. Bah, une blessure parmi tant d’autres, et pas la plus grave qu’il ait reçue.

Bon, ce n’était pas le tout de rêvasser, il fallait se bouger. Puisque transplaner était hors de question pour cette nuit, il allait devoir trouver un autre moyen de locomotion. Enfin… en supposant que ça en valût la peine. Après tout, il ne se rendait à Exeter que dans le vague espoir d’y trouver un pote à lui qui pourrait éventuellement l’héberger pour la nuit… sauf qu’il n’avait aucune nouvelle dudit pote depuis deux ans ! Donc il était en train de se taper tout le trajet jusqu’en Cornouailles pour, au final, se prendre un vent presqu’à coup sûr. La perspective ne l’enchantait pas, mais c’était toujours mieux que de passer la nuit sous le Tower Bridge, entre deux clochards moldus. Enfin, d’ici quelques jours, quand les invités qu’elle hébergeait seraient repartis, il pourrait revenir chez Mrs Valentyne, mais en attendant… il lui fallait bien crécher quelque-part, et des quelques-parts où aller, en Grande-Bretagne, il n’en avait pas trente-six. Donc il tirait toutes les ficelles qu’il pouvait, espérant sans trop y croire que l’une d’entre elles donnerait des résultats. Au pire, il irait squatter un appartement en ruines à Londres ou à Douvres, de toute façon, il était trop épuise par sa transformation de la veille pour être exigeant.

Se posait dès lors la question comment il allait arriver jusque là-bas. Infoutu de transplaner, sans balai… il ne valait pas mieux qu’un moldu. Il considéra un instant la possibilité de passer la nuit ici, à Cardiff (il connaissait le patron d'un pub à côté de la cathédrale qui accepterait peut-être de lui filer une paillasse pour quelques heures) quand une idée lui vint brusquement : il pouvait appeler le Magicobus ! Le Magicobus, ultime recours du sorcier désespéré, désespoir souvent lié à sa nullité en matière magique. Mais dans le cas d’Ysengrim, le découragement était dû à autre chose, quelque chose de plus pénible et de plus profond. Il n'aimait pas se voir réduit à ça, mais il savait qu’il y avait des choses plus graves dans la vie, et s’il avait sa fierté, celle-ci n’avait jamais tenu à si peu. Il tenait à son indépendance, mais il n’ignorait pas qu’il est idiot de refuser l’aide qui s’offre à vous quand besoin s’en fait sentir.

Il sortit sa baguette et l’alluma. Il n’avait pris le Magicobus qu’une seule fois, il y avait très longtemps, pendant une période de sa vie dont il ne se souvenait pas précisément avec ravissement. En même temps, il n’y avait aucune période de sa vie dont il se souvenait avec ravissement. Il ne fut donc qu’à moitié surpris du naturel avec lequel le geste qui servait de signal d'appel au bus enchanté lui revint : un petit coup de baguette, et dix secondes plus tard, un  « triple-deck » violet se tenait devant lui, ses phares pourtant puissants éclairant à grand peine la ruelle sombre et embrumée. Un crachin glacé s’était mis à tomber pendant que le mercenaire soignait sa blessure.

Temps de merde, se dit Ysengrim en jetant son sac en toile de jute sur l’épaule et en gravissant le marchepied. Il se retrouva tout à coup dans une atmosphère infiniment plus chaude et douillette qu’à l’extérieur. Le changement n’améliora en rien son humeur, cependant, et c’est d’un regard sombre qu’il inspecta les alentours. Son regard glissa sur l’escalier du fond, passa sur les lits et les fauteuils brinquebalants et s’arrêta sur la conductrice qui le regardait en souriant. Il fut un peu surpris par son apparence : c’était une belle femme, les traits fins, grande, habillée avec recherche (quoiqu’avec un peu trop de fantaisie pour le sévère loup-garou), pas du tout le genre de look que l’on se serait attendu à trouver au volant d’un bus pour sorciers prolétaires. Le moins que l'on pût dire, c'est qu'elle tranchait, dans cette cour des miracles, et Ysengrim ne put s’empêcher de la regarder avec méfiance : qu’une femme comme elle se trouvât ici lui semblait suspect. Il se raidit instinctivement quand elle ouvrit la bouche :

- Bonsoir et bienvenu à bord du Magicobus ! De jour, de nuit, nous vous amenons partout où vous nous le demanderez, tant qu'il s'agit de la terre ferme bien entendu, lança-t-elle d’un ton incroyablement pimpant quand on considérait l’heure et le temps qu’il faisait dehors. Où puis-je vous emmener, monsieur ?

- Hum… Exeter, se contenta de grogner le mercenaire d’un ton circonspect. C’est combien, le billet ?

Il n’eut même pas le temps de recevoir la réponse que, déjà, la conductrice avait enfoncé son pied sur l’accélérateur, faisant partir le véhicule en trombe et envoyant Ysengrim, surpris, s’écraser dans un fauteuil juste à côté de la cabine du pilote. Son sac de marin l’y rejoignit une seconde plus tard, atterrissant lourdement sur son ventre et lui coupant le souffle pour plusieurs secondes.[/color]
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MessageSujet: Re: [1943 - Octobre] Let's take a ride! (Penny)   [1943 - Octobre] Let's take a ride! (Penny) Icon_minitimeJeu 28 Mai - 23:20

Octobre 1943

Dehors, la nuit, la pluie, le froid.
Un bus magique et une conductrice, atypique.
Une rencontre étrange se prépare dans la chaleur du magicobus.
La bête va t'elle se laisser apprivoiser ?

Let's take a ride !
Le bus s'arrêta brusquement sous la pression qu'exerça la conductrice sur la pédale de frein. La pluie battait contre les carreaux.

"Bienvenue à Newport" s'exclama Pénélope de sa voix clair. "Nous vous remercions d'avoir fait appelle au Magicobus et nous vous souhaitons une bonne nuit !"

"Souhaitez vous un sort imperméabilisant, Monsieur ? La pluie est rude ce soir" finit-elle avec un petit sourire encourageant au pauvre homme toujours planté sur le marche pied du bus. Pénélope ne pouvait trop lui en vouloir d'hésiter à faire face aux bourrasques et aux saucés qui semblait régner en maître dehors. Elle était bien heureuse d'avoir un intérieur chauffé et chaleureux.

Mais l'homme, d'un simple mouvement de baguette lança lui-même le sort et sans un regard sortie du bus pour finir par se perdre dans l'obscurité du dehors. Pénélope appuya alors sur le bouton de fermeture des portes, puis sur le bouton d'invisibilité et poussa enfin un soupire agacé. Elle n'aimait pas travailler de nuit. Elle s'était retrouvée au dernier moment à remplacer un de ces collègues. En plus, Philippe n'avait pas pu se libérer pour faire le service avec elle.  Pénélope n'allait pas lui en vouloir. Elle se retrouvait donc sans contrôleur cette nuit.

Mais cela n'aurait rien changé au fait que ce soir, avec la pluie, les clients étaient de mauvaise humeur. Ils en devenaient impolis. Et dire qu'elle n'était même pas obliger de proposer ce genre de service ! Le ministère désirait que chaque supplément soit payant, mais un sort... Cela ne consommait que sa propre énergie et elle en avait bien assez par une nuit comme celle-ci. Elle n'avait eu que peu de client. Cela la déprimait. Un petit sourire de remerciement n'aurait pas arraché le visage de cette homme par Merlin !

D'un geste Pénélope réajusta ces lunettes de conduite. De nuit, sous cette pluie, à la vitesse où elle conduisait, celles-ci était quasiment indispensable pour bien voir la route. La jeune conductrice regarda autour d'elle, il n'y avait plus personne. Elle se demandait si, à presque 1h du matin, elle se retrouverait à désespérément attendre un client. C'était une autre raison pour lequel elle n'aimait pas travailler de nuit. Les clients étaient bien plus rare et bien moins bavard que la journée.

Soupirant à nouveau, la jeune femme redémarra sa machine. Pénélope préférait encore rouler sans but que d'attendre sagement sur le bas coté. Ce manège dura ainsi quelques temps jusqu'à ce qu'à 1h et quelques poussières, le panneau au dessus de son pare-brise s'alluma soudainement et afficha Cardiff. Un appel. Un sourire se répandit sur les lèvres de la jeune femme. Elle était juste à coté, un petit transplanage l’amènerait en quelques seconde. Plaçant un mains sur la troisième manette à sa gauche, Pénélope se concentra quelques instants pour se lier à l'appel avant de pousser sur la poignée. Dans un grand crack, le bus disparu. Une sensation quelque peu désagréable lui vrilla l'estomac, mais elle était habituée.

L'imposant magicobus violet apparue dans un autre crack sonore à quelques mètres d'une ombre sous un crachin qui trempait jusqu'à l'os le premier malheureux qui aurait l'idée de rester un peu trop longtemps dehors. Pénélope appuya alors promptement sur le bouton d'ouverture des portes. Inutile de faire attendre inutilement cette pauvre personne sous la pluie !

Bientôt un grand homme imposant portant un imperméable en cuir et un baluchon sur l'épaule passa les portes pour atterrir dans l'atmosphère chaude et éclairer du bus. D'un regard ambré, sombre et perçant, le nouveau arrivant scruta les lieux. Un aura presque bestiale semblait l'entourait. Merlin ! Ne pouvait-elle pas tomber sur un individus aimable et sympathique pour égailler un peu cette nuit !? Cette homme l'avait mit sur le qui-vive rien que par sa présence. Il semblait de mauvaise humeur.

Mais Pénélope n'allait pas se laisser bouleverser par cette simple présence, la jeune conductrice pouvait se vanter d'avoir accueillis des personnes de toutes sortes et de tous horizons dans son bus. Il émanait de l'homme une sensation qui la rendait certes nerveuse mais cela n'empêcherait pas Pénélope d'être professionnelle. Un client restait un client. Un grand et beau sourire se peignit donc sur ces lèvre et c'est d'une bonne humeur professionnelle que Pénélope s'exclama:

"Bonsoir et Bienvenue à bord du Magicobus ! De jour, de nuit, nous vous amenons partout où vous le désirez, tant qu'il s'agit de la terre ferme bien entendu." finit-elle avec un petit sourire amusé malgré le malaise qui persistait en elle face à l'individu dont la posture c'était raidie.
"Où puis-je vous emmenez Monsieur ?"

"Hum… Exeter," lui répondit-il dans un grogrement.

Au son de cette voix, sa nervosité augmenta soudainement et Pénélope se retrouva alors à appuyer brusquement sur la pédale d'accélération faisant faire un grand bond en avant au Magicobus. L'homme n'avait même pas eu le temps de finir de demander le prix du billet de sa voix profonde qu'il se retrouva soudainement propulser au travers du bus, s'étalant par terre dans un vacarme de tous les diables. S'eu le mérite de remettre les idées en place à la Pauvre Penny. Mais que faisait-elle donc ! Quelle idiote ! On aurait dit une débutante !

"Merlin ! Je suis navré !" s'écria Pénélope alarmée. Immédiatement, d'un geste sûr et maîtriser malgré son cœur battant à tout rompre, elle sortie de la route et s'arrêta sur le bas-côté.

"Vous ne vous êtes pas blesser j'espère" continua-t-elle tout en se retournant. D'un geste, la jeune femme enleva ces lunettes dévoilant ainsi une expression inquiète.

L'homme imposant était à quelques mètre d'elle, les fesse sur le planché vernie, son baluchon dans les bras, le souffle court. Le pauvre homme avait voler sous la pression de la soudaine accélération, emportant avec lui le fauteuil et repoussant les premiers lits vers le font du bus lambrissé. Le lustre au plafond cliquetait, se balançant dans un sens puis dans l'autre. Devant Pénélope, cette image avait un air d'incongruité assez étrange.

"Je dois dire... qu'il m'est inhabituel de voir un homme avec un gabarit tel que le votre sur mon planché." dit-elle dans un petit gloussement amusé. En vérité, elle ne se moquait même pas de l'homme, c'était simplement un constat. "Pouvez vous vous relever ?" continua-elle sur un ton plus inquiet.

"Salazar ! Vous êtes trempé..." murmura la jeune femme. Pénélope se leva et tirant sa baguette pour faire quelques mouvements gracieux.

"Me voilà honteuse ! Je ne sais pas ce qu'il m'a prit ! Il m'est tellement habituelle d'avoir des voyageurs s'accrochant à tout ce qu'il peuvent dès qu'ils montent que j'en ai oublié de vous prévenir." continua la conductrice avec un regard d'excuse alors qu'une serviette blanche et moelleuse sortait de la boite à gants.

Pénélope l'attrapa délicatement et se dirigea d'une démarche graçieuse, bien qu'empressé vers le voyageur. Elle se sentait tellement idiote d'avoir agit ainsi.

"Le tarif pour Exeter est de 11 mornilles." dit-elle lorsqu'elle atteignit l'homme, lui tendant le tissus moelleux. Pénélope avait une folle envie de posséder un retourneur de temps pour effacer les quelques dernières minutes... Ce n'était pas son genre de se fustiger ainsi, mais Pénélope accordait beaucoup d'importante à son travail. Malgré toute sa bonne volonté, la jeune femme était sûr d'avoir le rouge aux joues.

"Je vous offre la serviette et la boisson chaude si vous le désirez." dit-elle avec une moue contrite. Un petit sourire ourla légèrement ces lèvres peintes. "Pour me faire pardonner"

Pénélope tourna ensuite les talons, faisant légèrement voler les jupons de sa robe. La jeune femme se dirigea ensuite vers son fauteuil de conductrice, sa démarche toujours aussi élégante malgré le lieu incongru qu'était un bus. Mais c'était son magicobus et il était rare qu'elle n'y fasse de bêtise de la sorte. Pour elle, le client devait pouvoir passer un moment agréable dans son bus. Sinon, pourquoi préférer ce mode de transport au transplanage et aux réseaux de cheminettes qui était plus rapide !

"Vous êtes mon seul client. Si vous le souhaitez, je peux conduire à une allure plus calme. Nous mettrons plus de temps cependant." dit-elle une fois à son poste. "Est-ce la première fois que vous faites appelle au magicobus pour vous déplacer ? Je vous conseille de prendre un lit ou le fauteuil juste derrière vous. Ils prendront tous les choques pour vous puisqu'ils ne sont pas fixés au planché." continua t-elle avec professionnalisme.

Prêtes à redémarrer enfin, le tarif totalement oublier avec tout cela, la jeune femme réajusta ces lunettes et repositionna sa casquette correctement sur sa longue chevelure. "Donc, Exeter, c'est bien cela ?" rit-elle pour détendre l'atmosphère tout en jetant un dernier coup d’œil à son seul voyageur au travers du rétro.

"Mais... Par Salazard ! Vous saignez !" L'exclamation de surprise c'était accompagnée d'un mouvement sec de la baguette vers la boîte à gants. On pouvait voir sur l'imperméable humide de pluie du sang serpentant entre les gouttes d'eau. "J'ai ici une trousse de premier soin. Peut-être serait-il préférable que je vous dépose à saint-mangouste !" continua la pauvre jeune femme tout en s'approchant d'une démarchez vive vers le blesser pour constater des dégâts, la fameuse trousse la suivant de près.
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Ysengrim Rhys
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MessageSujet: Re: [1943 - Octobre] Let's take a ride! (Penny)   [1943 - Octobre] Let's take a ride! (Penny) Icon_minitimeDim 10 Jan - 17:27

Dans une avalanche de grommellements dont, vu la teneur, il était heureux que la conductrice ne pût pas les entendre suffisamment distinctement pour en comprendre le sens, Ysengrim écarta d’un geste brusque le sac de jute qui l’écrasait et massa brièvement son ventre endolori. Pas à dire, cette soirée se déroulait merveilleusement bien… La pilote, apparemment un peu honteuse d’avoir envoyé un client embrasser le plancher,  immobilisa le bus d’un coup de frein expert et se retourna vers lui d’un air plein de sollicitude.

- Merlin ! Je suis navrée ! s’exclama-t-elle en retirant les grosses lunettes de conduite qui lui donnaient un air de hibou mal réveillé. Vous ne vous êtes pas blessé, j'espère ?

Ysengrim se releva et vérifia d’un regard circulaire que le contenu de ses poches ne s’était pas échappé pendant sa chute. Il balaya les excuses de la jeune femme d’un geste sec.

- Non, non, c’est bon, j’ai connu pire.

Il regardait encore le sol quand un bruit incongru lui fit lever la tête vers la conductrice : celle-ci était en train de… rire. Non seulement elle l’envoyait valdinguer les quatre fers en l’air, mais, par Merlin, elle avait encore le culot de se payer sa baguette !

- Je dois dire... qu'il m'est inhabituel de voir un homme avec un gabarit tel que le votre sur mon plancher, lança-t-elle joyeusement.

Pendant un instant, il ne sut comment réagir. L’évidence de cette dernière remarque le laissa sans voix : effectivement, d’un autre point de vue que le sien, sa position devait être parfaitement comique : un grand gaillard sombre et sérieux comme lui qui se retrouvait soudainement sur le derrière à cause d’un coup de champignon un peu vif, ça prêtait incontestablement à rire. Ysengrim avait fait l’objet de trop de moqueries infiniment plus mal intentionnées pour prendre ombrage de l’éclat de rire d’une jeune fille qu’il aurait certainement partagé avec elle s’il avait été de meilleure humeur.

- Parce que vous avez l’habitude de les voir dans quelle position, normalement ? rétorqua-t-il avec plus d’agressivité qu’il ne l’aurait voulu.

Il se tut, un peu gêné par cette sortie intempestive. Il n'avait pas cherché à la blesser. Tout ce qu'il voulait, c'est qu'on lui foute la paix. Le chauffeur continua :

- Pouvez-vous vous relever ? Salazar ! Vous êtes trempé...

- Salazar ? releva le loup-garou dans un grognement amusé. Il y a encore des gens qui jurent par Salazar ? Euh… merci.

Une serviette d’un blanc aussi immaculé que l’esprit d’un 1ère année émergea de la boîte à gants et, sans qu’il ait le temps de réagir, se retrouva dans les mains d'Ysengrim. Qu’est-ce qu’il était censé en faire, au juste ? Se sécher ? Ce n’était pas un petit crachin anglais qui allait le gêner ! Elle le croyait en sucre ? Dans les tranchées, pendant la guerre, il avait été trempé jusqu’aux os du soir au matin pendant des mois. Par politesse, il fit mine de s’éponger le front tout en l’écoutant lui expliquer le prix du billet… et ajouter qu’elle lui offrait la serviette « pour se faire pardonner ». Il jeta un coup d’œil perplexe au bout de tissu de blanc, se demandant bien ce qu’il allait pouvoir en faire, mais les reliquats de bonne éducation qui s’accrochaient en lui le poussèrent à le fourrer dans son sac et à grogner un remerciement. Suite à quoi il lui tendit la somme requise.

- Voilà les onze mornilles. Et, oui, si c’est  possible de ne pas rouler trop vite, ce n’est pas de refus : j’ai suffisamment risqué ma peau pour ne pas avoir envie de finir étalé sur le plancher de votre bus. Et puis les tâches de sang, ça fait mauvais genre, les clients trouvent ça moyen, en général.

Elle regagna sa cabine de pilote en lui recommandant de s’asseoir dans un fauteuil, voire de prendre un lit. Fort de son expérience très récente, il suivit son conseil et s’installa dans un gros fauteuil d’un violet excessivement flashy de l’autre côté du bus. Une fois dedans, il posa son sac à côté de lui et, par précaution, inspecta le bandage ensanglanté qui enserrait sa main, pour s’assurer qu’il n’avait pas glissé. Son geste attira l’attention de la conductrice, qui s’apprêtait à redémarrer le bus. Elle sursauta et, lâchant son volant, se tourna vers lui et s’exclama d’un ton alarmé :

- Mais... Par Salazar ! Vous saignez ! J'ai ici une trousse de premiers soins. Peut-être serait-il préférable que je vous dépose à Sainte-Mangouste !

Par tous les dragons de Galles, on n’est pas près d’arriver à Exeter, si elle avance à ce rythme, songea Ysengrim en soupirant. Il ferma les yeux et répondit d’un ton plus las que rassurant :

- Ce n’est rien, ce n’est rien, juste une petite désartibulation. Pour ça que j’ai appelé votre bus, en fait : je ne suis pas trop en état de transplaner, ce soir. Mais ça ne vaut pas le coup de déranger les médicomages, je vous assure. Ca ne vaut pas le coup de déranger qui que ce soit, en fait, ajouta-t-il dans l'espoir de faire taire toute protestation.
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