[1943 - Noël] Quand les parents sont là...

Attention! Ne pas mettre ce produit en contact avec la peau.

Le jeune garçon qui tenait le flacon affichant cette mise en garde sourit par devers lui. Imaginer ce qu'une malencontreuse goutte pourrait faire à la peau délicate de sa soeur aînée le comblait d'aise. C'était un petit plaisir qu'il prenait quelques fois par jour depuis leur retour au manoir familial, quand la voix stridente d'Elizabeth ou sa respiration seule lui donnait envie de l'étrangler. Un petit jeu d'imagination lui permettait de se calmer instantanément, tout en le faisant sourire à demi, ce qui avait tendance à énerver grandement la dite soeur. C'était une danse qui s'exécutait mieux à deux, après tout. Il faut dire qu'après avoir fait chanter Elizabeth pendant plusieurs semaines après la rentrée, Terrence supposait que leurs relations n'étaient pas à leur meilleur. Supposait, car sa soeur ne lui avait pas adressé la parole depuis, oh voyons, le mois d'octobre?

C'était reposant.

Or, un son de clochette lui tinta dans les oreilles. Le repas du réveillon attendait ses convives. Avec un profond soupir, du genre qu'il ne se permettait qu'enfermé à triple tour dans sa chambre, Terrence reposa le flacon dans un tiroir, qu'il referma précautionneusement, puis quitta sa chambre, dont il verrouilla la porte derrière lui. Un escalier et trois pièces plus tard, ils étaient à présent réunis de force dans une même pièce avec sa soeur et ses parents.

« Père. Mère », salua-t-il d'une légère inclinaison de la tête. « Soeurette adorée. » Nuque raide, expression neutre, il n'eut pas un regard pour sa soeur et alla s'installer à sa place, la plus éloignée possible de Liz.

Mine de rien, s'éviter entre Serpentard était relativement facile, mais c'était une tout autre paire de manches lorsqu'on se retrouvait coincés en famille. Pour une rare fois, Levy père et mère n'avaient pas reçu d'invitations qu'ils ne pouvaient refuser pendant les vacances des Fêtes, du moins, ils seraient présents pour le réveillon et Noël, ce qui était plutôt embêtant pour Terrence, qui avait prévu bien d'autres activités plus intéressantes qu'un souper guindé au-dessus d'une volaille parfaitement cuite, d'accompagnements parfaitement apprêtés, d'un plateau de fromages parfaitement puants, d'un dessert parfaitement monté et d'une banane parfaitement flambée. Au moins, songea le jeune Levy en saisissant sa coupe parfaitement remplie, l'alcool lui réchauffait l'intérieur. S'il en avait eu une, Terrence s'en serait presque caressé la barbe de satisfaction, mais comme il n'en avait pas, il se contenta d'un sourire de chat. Rapide comme un flash de lumière, un elfe remplit de nouveau la coupe de Terrence dès que celui-ci la reposa sur la table.

C'était étrangement confortable.

Il ne restait plus guère qu'un court échange de civilités avant la tombée du rideau. Terrence pourrait alors retourner à sa chambre et à sa passionnante potion. Les parents ne pousseraient sans doute pas la torture jusqu'après minuit, n'est-ce pas?