[Vacances de Décembre] Le début de la faim - Vlad Corvinus

Dans la serre, sous un bureau, Sally se cache, malicieuse.
Depuis l'accident, et après sa sortie à Pré-au-Lard, elle n'avait vraiment plus rien à faire. Plus rien. Et Dieu qu'elle s'ennuyait ! Ses blessures allaient toutes beaucoup mieux, Angélica avait fait des merveilles, mais du coup elle était toujours puni dans son dortoir le temps des vacances.
Et quand elle s'ennuyait, elle s’ennuyait ! Une fois un tour à la bibliothèque, il n'y avait plus rien à faire. Personne n'était là, bien sûr, ils étaient tous tranquillement dans leurs familles..
Alors elle avait trouvé un nouveau moyen de s'amuser..

Le prof de sortilège, monsieur Corvinus, il ne lui disait rien. Ou plutôt si, il lui rappelait beaucoup de choses. Beaucoup de choses qu'elle avait lue dans des livres d'histoire de la magie ou défense contre les forces du mal... sérieusement, comment est-ce-que personne à part elle n'a fait pour voir qu'avoir le teint gris et de tels ongles c'était pas juste un problème d'ordre esthétique mais génétique ! Parce que oui, Dippett avait engagé un satané Vampire ! Un vampire ! Pour leur donner cours !
Enorme ! Un vampire, avec elle, dans un château ! Bon, avec beaucoup d'autres personnes.. mais elle l'avait approché ! Et de près, puisque les sortilèges étaient sa spécialité et sa matière préférée. Elle pourrait, bien entendu, faire comme tout le monde et lui lécher les bottes, mais de ce qu'elle avait pu lire, attaquer un vampire de front n'était jamais une bonne idée... Elle, elle voulait le connaître, le comprendre. C'était une chance unique et elle la saisirait ! Elle ne voulait pas qu'il se braque devant une question trop directe... Donc comme elle s'ennuyait, elle avait mit au point un stratagème infaillible pour qu'il se découvre par lui-même.

On dit que les sucettes au sang de HoneyDukes les appâtent. Elle en avait achetés plusieurs, cachées depuis son bureau jusqu'aux serres où elle se cachait elle-même. Là, elle avait installée plusieurs gousses d'ail aux extrémités de la serre pour qu'une fois rentré, la serre contenant l'odeur, il ne puisse plus sortir une fois la porte -pleine d'ail- refermée. S'enfermer seule avec un vampire, était-ce vraiment malin ? Suicidaire, plutôt, mais au point où elle en était..
Elle se cachait donc derrière une table pleine de plantes pour les cours de botaniques, et elle attendait. En espérant que personne « d'innocent » n'entre pas inopinément..

Sally, regardant ses ongles comme s'ils présentaient le moindre intérêt commençait à s'impatienter, là, cachée sous sa table. C'est que son plan n'était peut-être pas aussi au point qu'elle l'imaginait. En fait, il ne l'était pas du tout, après tout, les étudiants de Poudlard n'étudiaient que très peu les vampires... Honte à l'enseignement ! Sally passerait volontiers une année supplémentaire à l'école si c'était pour combler les lacunes de l'enseignement Ecossais. Enfin, si l'école restait le meilleur enseignement, chose dont elle doutait fort.
Ne s'attendant plus à rien, elle s'accorda encore quelques minutes avant de décamper.

Mais dans la contemplation de ses ongles, Sally sursauta quand elle entendit la porte claquer, et ne comprit pas ce qui lui arrivait alors qu'elle voyait la salle baignée dans une lumière rouge menaçante alors que la chaleur montait si rapidement qu'elle mordait la peau de la serpentarde. Celle-ci vit l'animal de feu entourer la serre pour venir cueillir chacune de ses gousses, se serrant plus encore au centre de la table, trop effrayée pour crier. Elle avait bien entendu reconnut le sort qu'elle était encore bien trop faible pour exécuter.

Quand le serpent de feu s'évapora enfin, elle sortit de sa cachette en criant comme une hystérique, sautant et tournant dans tous les sens, se frappant les bras comme si des braises étaient venues s'y loger. En vérité, ce n'était que la sensation si soudaine du feu sur sa peau qui lui avait fait croire à une brûlure. Elle ne prit même pas le temps de vérifier qui était coupable de sa panique.


Mais ce qu'elle vit dans l'encadrement de la porte lui fit perdre toute son hystérie. D'un coup elle ne bougea plus, alors que son sang se glaçait. La voix de l'homme vibrait de façon terrifiante dans les oreilles de la serpentarde. Elle l'avait voulu, il était là. Et maintenant, il fallait assumer.
Elle bégaya d'abord quelques mots incompréhensibles, se tortillant les doigts.
Il était quand même beaucoup plus effrayant que quand il donnait cours... Mais il ne pouvait rien lui faire, pas vrai ? Pas dans l'enceinte du château ? Du moins, pas dans le domaine.

Elle décida enfin de sortir de sa cachette. Elle savait -en fait, elle imaginait plus qu'autre chose-, qu'on aurait moins tendance à agresser un adversaire qui faisait face. Alors elle ferait face. Malgré la puissance qu'il venait de déchaîner, et l'idée que ça, ce n'était certainement rien pour lui.
Alors elle avançait. Mais pas trop quand même. Arrêta enfin de tortiller ses doigts. Qu'est-ce-qu'elle allait lui dire ? Mais pourquoi fallait-il qu'elle s'ennuie au point de devenir bête !


Dur de choisir les mots justes quand deux iris sévères semblent vous percer comme un poignard. Sally a peur mais ne détourne pas le regard. C'est comme ça, elle est courageuse au point d'en devenir idiote.


Elle s'arrête là, volontairement, montrant la carrure de l'homme d'un geste flou. Elle espérait que celui-ci comprenne sans qu'elle ait à prononcer quelques mots qui pourraient énerver son interlocuteur, voir compromettre sa propre sécurité.