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 [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]

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[Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Empty
MessageSujet: [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]   [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Icon_minitimeMer 22 Oct - 19:37

Cette journée était chaude et agréable. Il s’agissait de l’une des première fois de l’année où je pourrai sortir sans cape. Une fois mes cours terminés, j’étais passée aux cuisines avec une idée très précise derrière la tête. J’avais ensuite récupéré Méphisto, que je n’emmenais jamais avec moi quand j’allais réclamer des provisions aux elfes du château. La première et dernière fois qu’il m’avait accompagnée, il avait couru partout dans la cuisine, gouté à différents plats et terrifié quelques elfes. Cet épisode avait faillit m’interdire tout accès futur aux cuisines, et c’est avec une grande honte que j’avais ramené Méphisto dans ma chambre, en le faisant léviter tout le chemin, ce qui avait arraché plusieurs remarques scandalisées à quelques élèves.

Je sortis dans le parc, accompagnée donc de Méphisto qui partit vaquer à ses occupations de chat. Il me rejoindrait plus tard. Pour l’instant, le parc l’appelait, et je comprenais tout à fait son désir de solitude et d’exploration. Le cœur d’un chat est bien plus facile à comprendre que celui d’un homme.  Je me promenai au hasard, aucunement pressée d’atteindre mon but. Je profitais de cette fin de journée. La chaleur du soleil, l’odeur des fleurs et de la terre, les chants des oiseaux et les bruits discrets des insectes, tout cela me remplissait de vie et d’énergie.

J’eu alors envie d’essayer un nouveau sort très précis… En vérité, je ne connaissais absolument pas la formule, ni même si ce sort existait. Mais j’avais envie d’essayer maintenant, et pas plus tard, puisque c’était maintenant que je le voulais. Je jetai un coup d’œil autour de moi. Il y avait quelques élèves dehors, profitant du bon temps, mais ils étaient à quelques centaines de mètres de moi.

Je portais une longue robe d’un rouge sombre, fendue jusqu’en haut de la cuisse. Il est vrai qu’il s’agissait plus d’une robe à porter pour une occasion particulière, mais je la trouvai belle et plutôt pratique. Pratique, parce que j’avais glissée ma baguette dans un ruban noir attaché à ma cuisse, ce qui me dispensait de l’avoir à la main ou de m’en séparer. Et grâce à la coupe de ma robe, j’y avais accès. Je pris ma baguette, posai le lourd panier que les elfes m’avaient remis, et je m’approchai d’un arbre recouvert de mousse. Je pointai ma baguette en direction du tronc, et me concentrai. Rien ne se passa. Mais je m’entêtai, imaginant l’arbre grandir et s’étendre. Soudain, une quantité incroyable de mousse se forma sur le pauvre arbre. J’éclatai de rire. Ce n’était pas vraiment ce que j’avais prévu. Après avoir débarrassé l’arbre de la plupart de la mousse que j’avais créée, je continuai mon chemin.

Méphisto me fit sursauter en sortant subitement d’un buisson. Rassurée en voyant que ce n’était que mon gros chat noir, je me penchai pour le caresser et j’aperçus alors une petite fleur bleue dans l’herbe. Encore fermée. Je pointai ma baguette sur elle. La fleur grandit un peu et ses pétales s’écartèrent délicatement. Magnifique. Puis une vingtaine d’autres fleurs poussèrent, dont certaines de taille totalement aberrante. Je remis ma baguette à sa place et partis précipitamment, un peu gênée par mes prouesses accidentelles. Je me promis de demander à Isobel si elle avait un livre traitant de sortilèges appliqués à la botanique, pour savoir comment accélérer la croissance des plantes et des arbres.

Je continuai d’un pas vif en direction de la forêt interdite. A priori, aucun élève ne me remarqua et je me glissai entre les grands arbres sombres avec l’aisance que confère l’habitude. Méphisto me suivit à pas feutrés. Plusieurs fois il partit tout seul de son côté, avant de revenir avec cet air de chat qui se vante d’en savoir plus que les humains. Au bout de plusieurs centaines de mètres, je m’arrêtai, un peu essoufflée d’avoir porté le panier bien rempli. Je le posai sur le sol, ouvrit les paquets pour que l’odeur s’en échappe et m’adossai à un tronc noir.

Je restai ainsi plusieurs minutes, les yeux fermés. Le monde était silencieux. J’essayai de faire le vide dans mes pensées, un exercice particulièrement difficile, voire impossible, pour moi. Forcément je dérivais, pensant à ceux que j’aimais, ceux que j’avais aimés… Fatalement, Isaac fit irruption dans mes pensées, et un instant je me souvins de la sensation de sa main dans la mienne.

J’entendis alors des pas et le souffle de plusieurs créatures en approche. J’ouvris les yeux et je vis la silhouette de trois sombrals se découper dans la pénombre. Méphisto monta rapidement le long du tronc de l’arbre. Deux d’entre eux allèrent droit au panier et commencèrent à dévorer la viande qu’il contenait. Le troisième était plus petit, et plus jeune. Habituée, je me levai pour plonger glisser mon bras et attraper un gros morceau avant que les deux autres ne dévorent tout. Je le posai devant le plus jeune. Pendant qu’il mangeait, je fis courir ma main sur son encolure, toujours fascinée de sentir la chaleur qui émanait de ses créatures à l’allure reptilienne. Amusée, je regardai Méphisto glisser petit à petit du tronc en laissant de longues traces de griffes, les branches les plus basses étant trop hautes pour lui.

~

« La seule chose que nous apprend la mort, est qu'il est urgent d'aimer. »
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Isaac Lawford
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MessageSujet: Re: [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]   [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Icon_minitimeVen 24 Oct - 15:24

« Que faites-vous, encore ? D’abord des voleurs, pour les punir ensuite. »

Je levai le nez de la copie que j’étais en train de corriger et tournai mon regard vers la fenêtre de mon bureau. Au-dehors, un soleil magnifique projetait ses rayons lumineux sur le château de Poudlard. Un vol d’alouettes passa paresseusement dans le ciel.

Pourquoi la phrase de Thomas More m’était-elle venue en tête ? Je jetai un coup d’œil à la pile de devoirs qui m’attendait. « D’abord des voleurs… ». Ce n’était pas la première fois que je ressentais toute la vacuité de cette fausse activité de professeur qui était la mienne. Sourire à des Sang de Bourbe toute la journée, faire semblant de soutenir des élèves aussi stupides que des éruptifs en période de reproduction, serrer la main de médiocres parents… Tout ça pour quoi, en somme ? Pour ma famille, oui, pour la maison Lawford, je le savais bien, mais… Le bonheur de la maison Lawford passait-il vraiment par le Plus Grand Bien ? Sans doute n’y nuirait-il pas, certes… Les risques que j’encourais en valaient-ils toutefois vraiment la peine ? Je m’étais souvent posé la question, au cours de ces dernières années, et jamais la réponse ne m’était parvenue clairement. Il me fallait donc admettre que d’autres considérations entraient en ligne de compte… Comme le plaisir, l’excitation, la stimulation intellectuelle - car c’était surtout de cela qu’il s’agissait - que je retirais de ma situation d’espion… Il ne fallait pas que je me mente à moi-même, cela aussi m'avait incité à accepter la proposition de Grindelwald. Mais ce constat ne me plaisait qu’à moitié, car il laissait supposer que je laissais mes intérêts personnels prendre le pas sur ceux de ma famille… Tant qu’ils étaient coïncidents, cela pouvait aller, mais il me faudrait rester vigilant. Passion et devoir font mauvais ménage, je n'avais que trop eu l'occasion de l'observer autour de moi… La famille doit passer avant tout, c'est le seul port d'attache sur lequel un homme puisse vraiment compter.

Je repensai à la mission que m’avait confiée Grindelwald, le recrutement des jeunes partisans… J’avais fait des progrès considérables, en la matière, ces derniers mois… Mon neveu, Mr. Fawkes, peut-être Mr. Jefferson… La liste s’allongeait petit-à-petit. Mais là encore, dans quel but ? Ces garçons allaient devenir de la chair à Géant pour Grindelwald, rien de plus… Dans le cas de Fawkes ou de Jefferson, cela ne me dérangeait guère, ils n'étaient que du menu fretin, mais je refusais de voir Alan, le sang de mon sang, sacrifié sur l’autel de la mégalomanie de ce demi-fou. La prudence restait donc de mise, la prudence et la circonspection. Heureusement, j’avais fait en sorte d’aménager quelques portes de sortie pour ma famille et moi si les choses tournaient mal sur le continent.

Un soupir s’échappa de ma poitrine. Une profonde lassitude s’abattit soudainement sur moi. Je jetai un regard méprisant à mes copies et décidai d’aller prendre l’air dans le parc. Un peu d’introspection ne me ferait pas de mal, et puis la crétinerie congénitale de mes élèves commençait à m’agacer sérieusement. J’appelai Gunhilda, qui somnolait sous la fenêtre, enfilai ma veste et sortis de mon bureau. Sur le chemin, je croisai plusieurs élèves, ainsi que le Pr Slughorn. Je les saluai tous poliment, m’arrêtai cinq minutes pour échanger des banalités avec mon collègue, puis j’arrivai au parc. Il faisait grand soleil, et l’air dégageait un plaisant parfum de fraîcheur printanière. Je préférais l’hiver, mais le printemps avait également ses charmes, je devais l'admettre. Perdu dans mes pensées, je vagabondai distraitement le long de la muraille, alors que Gunhilda allait saluer un groupe de Poufsouffles qui s’était installé au bord du lac.

J’avais eu une discussion avec mon neveu à cet endroit même, quelques mois plus tôt. Une discussion d’une extrême importance pour lui, pour moi et pour toute la maison Lawford. Et pourtant, j’avais l’impression que tant de choses s’étaient passées depuis… Le souvenir du contact d’une certaine main avec la mienne s’imposa dans mon esprit. Instinctivement, j’eus un mouvement de recul, comme si cette main était encore là et essayait à nouveau de se saisir de la mienne. Un peu gêné, je regardai autour de moi : personne ne semblait susceptible d'avoir aperçu mon geste. Tant mieux. J’appelai Gunhilda, qui s'était un peu trop éloignée. Tandis qu’elle se soulageait discrètement sur un parterre de crocus, je vis apparaître au loin, étrange hasard, une silhouette que je n’aurais pu confondre avec aucune autre : il s'agissait de la ravissante Miss Lavinia Black. Particulièrement ravissante, aujourd’hui, d’ailleurs, avec sa fort seyante robe rouge. Elle n'était pas vraiment de circonstance, mais il faut dire qu’elle lui allait bien. Il y avait quelque chose qui détonait quelque peu dans l'ensemble, cependant… Elle tenait un énorme panier à nourriture sous le bras. Etrange. Que pouvait-elle faire à cette heure ainsi équipée ? Elle prit la direction de la Forêt Interdite. De plus en plus curieux…

J’hésitai un moment, puis je décidai de la suivre. Son comportement m’intriguait. Tout en elle m’intriguait, à vrai dire. Elle se glissa parmi les arbres, jetant des regards furtifs alentours, visiblement peu désireuse d’être vue, mais un coin de la muraille l'empêchait de s'apercevoir de ma présence. J’attendis qu’elle eût disparu, puis je pénétrai à sa suite dans la forêt. J’apercevais sporadiquement sa silhouette, et réussis tant bien que mal à la suivre sans me faire repérer en me glissant d’arbre en arbre. Il en alla ainsi sur quelques centaines de mètres, puis Miss Black parvint finalement à une petite clairière qui semblait être sa destination. Elle posa son pesant panier par terre. Quelques instants plus tard, un bruit s’éleva de l’autre côté de la clairière. Je vis un groupe de Sombrals surgir de l’orée du bois. Ils se dirigèrent prudemment vers le panier et entreprirent d’en inspecter le contenu. Je pus alors constater qu’il s’agissait de gros morceaux de viande crue, qu’ils ne tardèrent à dévorer. Miss Black les regarda faire avec tendresse et, après avoir nourri la plus jeune des créatures, elle alla s’adosser à un tronc d’arbre pour les observer plus attentivement.

Ainsi donc, Miss Black allait nourrir les Sombrals de l’école en cachette. C’était très touchant, à n’en pas douter, mais ça ne m’avançait guère : que pouvais-je faire d’une telle information ? Quoique, cela m’enseignait au moins une chose assez intéressante : Miss Black avait déjà vu la Mort. Comment et dans quelles circonstances ? Voilà une information qu’il pourrait être bon de découvrir… J’avais demandé à Jefferson de se renseigner au sujet d’une éventuelle grossesse avortée dans la famille Black, mais il en était ressorti que ma chère collègue s’était bel et bien payé ma tête. Un beau mensonge, d’ailleurs. Pas très fin, mais extrêmement efficace. Je dois dire que j’avais plutôt apprécié cet aspect insoupçonné de sa personnalité. Mais bien sûr, cela laissait toujours une question sans réponse : de quoi Diable ces maudits livres parlaient-ils ? Ma curiosité s’en trouvait doublement attisée. Une idée complètement stupide me vint alors : et si je profitais de notre présente solitude pour aller le lui demander ? Ce n’était pas tant l’idée en elle-même qui était idiote que le fait que j’y ai pensé. En même temps… elle avait ses bons comme ses mauvais côtés...

Je me demandai quelle était l’attitude à adopter. Si j’allais voir Miss Black, elle pourrait croire, à raison d’ailleurs, que je l’espionnais. En même temps, j’avais une furieuse envie d’aller lui parler : son attitude m’intriguait et, après tout, ne m’étais-je pas donné pour mission d’en apprendre plus à son sujet ? C’était là une occasion rêvée… Prise par surprise, sans défense, elle aurait plus de mal à soutenir l’assaut de mes questions. En même temps, si elle s'indignait ma présence, cela pourrait mener à une fracture irréparable dans nos relations. Il y avait donc quelque risque à agir de la sorte…

Alors que je me perdais en longues tergiversation, un évènement inattendu vint emporter la décision : Gunhilda, jusqu’à présent occupée à courser des botrucs d’arbre en arbre, venait de remarquer la présence de la bestiole qui accompagnait la jeune femme, une espèce de chat-fléreur. Elle ne trouva rien de mieux à faire que de se précipiter dans sa direction en aboyant à tue-tête, toute heureuse de sa nouvelle découverte. Miss Black se retourna pour voir d’où provenait ce bruit et, sachant bien qu’elle reconnaîtrait aisément mon croup, je n’eus d’autre choix que de quitter l’abri de mon arbre et de m’avancer vers elle, un sourire poli sur les lèvres.

- Bonjour, Miss Black, dis-je le plus calmement du monde, comme s'il était parfaitement naturel que je débarque comme ceci en pleine forêt. Comment allez-vous, en cette magnifique journée ? Euh… j’ai bien conscience du caractère assez, comment dirai-je ? inattendu… de ma présence ici, mais... en fait, je promenais Gunhilda à la lisière de la forêt, quand elle a aperçu un Licheur. Ses, hum… ses instincts de chasseur se sont réveillés, je le crains, et elle l’a poursuivi. J'ai eu beau l'appeler, elle n'a rien voulu entendre, ce qui m'a obligé à à me mettre à sa recherche. C'est ainsi que nous sommes arrivés jusqu’ici. Sans même attraper ce maudit Licheur, en plus.
"Je ne voulais pas vous déranger, mais ensuite, Gunhilda a vu votre charmante petite bestiole et, visiblement, a décidé qu’elle voulait se faire un nouvel ami. A se demander si c’est moi qui promène mon croup ou mon croup qui me promène ! Enfin bref, je suis désolé de vous avoir surprise de la sorte, ce n’était pas mon intention. Toutes mes excuses.


Il y eut un instant de flottement, pendant lequel je la regardais d’un air à la fois contrit et encourageant, tout en espérant que mon explication n’était pas trop bancale. Puis, histoire de me donner une constance, je regardai autour de moi et ajoutai :

- Et ainsi, c’est vous qui venez donner leur nourriture aux Sombrals du château ? J’ignorais que vous pouviez les voir… Ce sont des créatures absolument fascinantes, ne trouvez-vous pas ?

Je flattai l’encolure de la plus proche d’entre elles, un imposant mâle qui tourna brièvement vers moi un regard vide avant de reprendre ses travaux de mastication.
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MessageSujet: Re: [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]   [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Icon_minitimeVen 24 Oct - 22:26

Méphisto finit par descendre tout à fait, non sans réticences. Je le regardai fixer les Sombrals de ses grands yeux dorés. Je m’étais toujours demandée si les chats voyaient les Sombrals. Après tout, Méphisto avait déjà vu la Mort… Mais s’il ne les voyait pas, il percevait parfaitement leur présence, puisqu’il regardait toujours l’emplacement exact des créatures. Etrangement, il ne s’habituait toujours pas à leur présence. Il commençait tout juste à se détendre quand de nombreux aboiements déchirèrent le silence. Les poils hérissés, il fuit sans attendre de voir la cause de ce vacarme. Et voilà, un gros chat noir tout ébouriffé, perché dans l’arbre, à plusieurs mètres de hauteur, ses griffes profondément enfoncées dans l’écorce.

Je cherchais le coupable des yeux. Et j’aperçus alors avec surprise le familier d’Isaac. Il s’agissait d’un croup, et d’une femelle si mes souvenirs étaient bons. Heureuse et apparemment très fière d’elle-même, elle s’était mise au pied de l’arbre et contemplait Méphisto. Je me demandais un instant si elle avait échappé à son maître ou s’il allait surgir d’entre les arbres pour la récupérer. Et… Isaac était là. Fidèle à lui-même, un simple sourire avenant gravé sur le visage, comme si nous venions de nous croiser dans un couloir. Tout simplement. Sauf que cette situation n’avait rien de normal. Aucun de nous n’était censé se trouver là, et de nous deux j’étais la plus dévoilée. Une femme de mon rang n’avait rien à faire dans la forêt, encore moins en compagnie de Sombrals. Voilà quel aurait été l’avis de ma mère. Voilà quel sentiment je craignais de voir au fond des yeux d’Isaac. Mais je ne vis rien d’autre qu’une légère gêne quand il m’expliqua la raison de sa présence ici.

Je fixai Gunhilda pour ne pas avoir à croiser le regard de son maître. Je n’avais encore dit mot. J’étais bien trop surprise et troublée pour cela. Il avait l’air sincèrement désolé de m’avoir dérangée, mais en vérité j’étais plutôt heureuse que Gunhilda l’ait trahi. C’eut été bien pire s’il m’avait seulement aperçue avant de partir avec cette étrange image de Mlle Black. C’était d’ailleurs sans doute l’envie qu’il avait de s’éclipser qui expliquait sa gêne. Je devais trouver le moyen de me justifier sans paraître plus étrange encore. Mais je ne savais par où commencer. De plus, l’appellation « charmante petite bestiole » n’avait guère plus plu à Méphisto qu’à moi. Il s’était mis à pousser de longs feulements mécontents. Je soupirai et ne fit rien pour sortir Isaac de son propre embarras. Mais quand il aborda le sujet des Sombrals, j’éclatai alors de rire. Toute la tension que j’avais accumulée s’envola. Parce que ce qu’il avait dit n’avait aucun sens. Je fis un sourire désolé à Isaac, qui ne pouvait pas comprendre la raison de mon rire et qui risquait de le prendre mal. D’autant que je ne l’avais toujours pas salué.

- Mr Lawford, votre présence, bien qu’inattendue, n’a rien pour me déplaire.

La sincérité de ces paroles me terrifiait. Surprise, gênée et piégée que j’étais dans cette situation, j’étais contente de sa présence. Cette journée n’en devenait que plus intéressante.

- Je vous prie d’excuser ce rire, il ne s’agissait là que d’une réaction de défense. Je suis troublée d’être surprise en un tel lieu, en pareille compagnie.

Je jetai un coup d’œil au mâle qu’il venait de toucher, le seul mâle adulte du groupe. Ils offraient un spectacle saisissant l’un à côté de l’autre, dégageant la même aura de fierté masculine.

- N’en prenez aucune offense, mais je dois quand même vous contredire. Je ne nourris pas ces créatures. Déjà, je pense que ce devoir, s’il était nécessaire, reviendrait à un autre que moi. Et surtout, les Sombrals sont des créatures sauvages. Ils n’ont nul besoin de l’Homme pour survivre et viennent aujourd’hui uniquement parce qu’ils le veulent bien. Moi, je leur apporte quelque chose simplement pour les attirer, et ainsi, avoir la chance de les approcher de près. Après une légère pause, j’ajoutai : J’ignorais également que vous puissiez les voir…

Je m’approchai alors de Gunhilda qui entreprit de me renifler sous toutes les coutures. Ce qui était le cas de le dire, puisqu’elle trouva bien vite ma baguette, dénudant ainsi temporairement ma jambe jusqu’à mes hanches, ce que j’avais réussi à éviter jusqu’à présent. Bien fait, Lavinia, il ne fallait pas mettre n’importe quelle robe, n’importe quand… Et surtout pas en présence de… d’un certain Professeur aussi mystérieux que séduisant. Même sans le regarder, je connaissais parfaitement sa silhouette, sa façon de se mouvoir, chaque détail de son visage. Quand est-ce que j’avais eu le temps d’engranger autant d’informations ? Il fallait croire que je faisais beaucoup plus attention à lui que je ne le pensais. Une pensée bien inquiétante à admettre.

Je fuyais toujours le regard d’Isaac. Il voyait les Sombrals. L’envie irrésistible d’en savoir plus m’envahissait. Qui avait-il vu mourir ? Etait-ce un souvenir sombre, comme celui d’Isobel ? Ou bien un simple accident, quelque chose qui ne l’aurait pas marqué ? Cela me semblait impossible de ne pas être marqué par la Mort. Elle marche a nos cotés, se dévoilant de temps à autre, jusqu’à finir par croiser notre route. Et chaque aperçu que j’avais eu d’elle m’avait laissé des cicatrices… Ces cicatrices si particulières, invisibles et bien plus douloureuses que leurs jumelles que l’on porte sur la peau. Je n’osai plus parler. Je lui poserai peut-être la question fatidique, mais pas tout de suite, alors que le sentiment de gêne planait encore dans l’air, presque palpable.

Je décidai de faire descendre Méphisto à grand renfort de mots doux et de promesses. Il finit par me sauter dans les bras, ressemblant toujours à un Boursouflet qui aurait été séché trop rapidement après un bain. Gunhilda exprima toute sa joie de voir « son futur grand ami » de retour en poussant un aboiement ravi. Méphisto enfonça profondément ses griffes dans la peau de mon épaule. Aussi profondément que lorsqu’il se tenait à l’arbre. Sauf que définitivement, je n’étais pas un arbre. Avec une pensée compatissante pour le grand pin s’il avait ressenti la même chose que moi, je le forçai à lâcher. Il ne céda qu’après m’avoir laissé deux longues griffures. Un fois au sol, il se blottit contre mes jambes, repentant et encore effrayé. Mais Gunhilda restant un peu à distance et silencieuse, il finit par décider qu’elle n’était pas un danger potentiel. Il se rapprocha d’elle, prêt à jouer. Je soupirai devant l’inconstance des chats. Je portai ma main à mon épaule pour découvrir l’importance des dégâts, et le sang que je ramenai sur le bout de mes doigts m’inquiéta légèrement. Un Sombral s’approcha de moi, de toute évidence charmé par l’odeur de mon sang. Je lançai un regard effrayé à Isaac. Je ne craignais pas les Sombrals, mais lui. Uniquement lui et sa réaction en me voyant plus proche d’une enfant qui se blesse en désobéissant, que d’une femme.

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« La mort n'est pas le contraire de la vie. La vie n'a pas de contraire. Le contraire de la mort est la naissance. La vie est éternelle. »
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Isaac Lawford
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MessageSujet: Re: [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]   [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Icon_minitimeSam 25 Oct - 22:16

L’éclat de rire de Miss Black me prit au dépourvu. Je ne voyais pas du tout ce que j’avais pu dire de particulièrement drôle. Mes capacités comiques n’avaient jamais été particulièrement réputées, pour ce que j’en savais… Non pas que j'eusse voulu qu'il en fût autrement, d'ailleurs. Mais là, je me dois de l'avouer, je me trouvai un peu déconcerté...Je n’eus donc d’autre choix que d’attendre qu’elle eut fini, affichant sur mon visage le sourire penaud de l’imbécile qui ne comprend rien à ce qui se passe mais sait juste qu’il ne faut pas gâcher la joie du moment. Chose que je n’appréciais guère, vous le comprendrez aisément… Enfin, galanterie avant tout, n’est-ce pas ? Quand finalement elle se fut calmée, elle se décida à prendre la parole :

- Mr Lawford, votre présence, bien qu’inattendue, n’a rien pour me déplaire.

Par Merlin, il s’agissait incontestablement d’un compliment ! Je ne lui trouvais pas la froideur impersonnelle des politesses d’usage ; non, il me semblait avoir décelé une certaine franchise dans les paroles de Miss Black. Je me gardai cependant de tout commentaire : lui retourner la politesse aurait pu être… mal interprété. D’autant plus mal que j’aurais, moi aussi, été parfaitement sincère…  Je restai donc silencieux, continuant à caresser la crinière du Sombral et cherchant à croiser le regard de mon interlocutrice qui, elle, fixait obstinément Gunhilda. Elle m’expliqua la raison de son éclat de rire. Elle me confia être… troublée ? Mais pour quelle raison ? A cause de la surprise ? Ou bien était-ce ma présence qui provoquait ce trouble ? Dans l'état actuel des choses, pas moyen de le savoir, même si j’avais ma petite idée sur la question. Je me contentai pour le moment de flatter un peu ses connaissances sur les Sombrals, qui semblaient assez extensives. Elle me fit remarquer qu’ils n’avaient besoin de personne pour survivre.

- Certes, convins-je avec un petit sourire. Mes cours sur les Créatures Magiques remontent à un moment, je le crains. Mais je puis vous assurer que vous êtes une bien meilleure enseignante que tous les professeurs que j’ai pu avoir dans les jeunes années, ajoutai-je en parvenant finalement à accrocher son regard.


Elle avait de très jolis yeux. Je l’avais déjà remarqué avant, mais ça ne m’avait encore jamais frappé à ce point. Je chassai cette pensée en secouant brièvement la tête. J’essayais de me re-concentrer sur notre conversation, mais Miss Black s’était accroupie pour caresser Gunhilda. Ce faisant, sa robe s’était ouverte de telle façon que je pouvais maintenant apercevoir le haut de sa cuisse et… Je détournai prestement le regard. Par toutes les gargouilles de Faery Court ! Je crois que je préférais encore la vue de ses yeux, au moins avais-je le sentiment de rester à peu près décent. J’étais moins gêné d’avoir surpris cette brève vision que par l’incontestable sentiment de satisfaction que j’en avais retiré.

Honteux de mon attitude discourtoise, je saisis avec gratitude la perche que me tendit Miss Black  quand elle s’étonna du fait que les Sombrals ne me fussent pas cachés. Je ne voyais pas d’objection à lui expliquer pourquoi je pouvais voir ces créatures, car, si tout n’était pas vraiment légal dans cette histoire, au moins n’avait-elle rien d’honteuse pour un homme de ma condition. J’étais certain qu’une femme comme elle comprendrait. Par ailleurs, si je lui en disais plus sur moi, peut-être cela l’inciterait-elle à baisser sa garde et, à son tour, à m’en révéler davantage à son propre sujet. Notamment comment il se trouvait qu’elle-même les discernait…

- Oui, je peux les voir, en effet, dis-je d’un ton volontairement mystérieux. C’est une longue histoire, je ne sais pas si vous avez envie de l’entendre…

J’attendis sa réponse, mais celle-ci ne vint pas. Et pour cause : son chat-fléreur, effrayé par les aboiements de Gunhilda, venait de lui planter ses griffes dans l’épaule. Je n’avais pas la moindre de la façon dont allait se terminer cette conversation, mais je savais d’ores et déjà que l’un des enseignements que je pourrais en tirer était que la bestiole de Miss Black était un animal considérablement plus dangereux que ma Gunhilda… Néanmoins, comme cette dernière était en partie responsable des plaies de Miss Black, je me devais de la réprimander.

- Allons, Gunhilda, ca suffit ! Tu fais peur au chat de Miss Black. Je suis vraiment désolé, ma chère, ajoutai-je en me tournant vers celle-ci. Laissez-moi vous aider, c’est ma faute si vous êtes blessée...

Je tirai ma baguette et fis le geste de l’approcher de ses blessures pour les refermer, mais le Sombral que j’étais en train de caresser fut plus rapide que moi et, se tournant vers ma charmante compagne, commença à lécher les gouttes de sang qui tombaient de son épaule. Il n’y avait rien d’agressif dans son attitude, mais il y avait toujours un risque qu’il morde accidentellement Miss Black. Je lui poussai gentiment la croupe et, le prenant par le mors, le forçai à détourner la tête. Quoique j'avais pu dire à Miss Black, j'étais en réalité assez expérimenté avec les Créatures Magiques, ayant passé plusieurs mois chez un membre de la bonne société magique Polonaise qui possédait un immense parc rempli d'animaux en tous genres.


- Holà, du calme, mon beau, ne va pas lui faire du mal, dis-je d’une d’une voix douce à la bête en lui flattant les naseaux. Miss Black n’est pas à manger… même si je peux comprendre que tu la trouves appétissante.

J’espérais ne pas avoir parlé trop fort : il n’aurait guère été convenable que Miss Black eût entendu ce dernier commentaire. Tout en continuant à caresser le museau du Sombral, je me tournai de nouveau vers elle.

- Je suis vraiment navré pour tout ceci, mademoiselle… Souhaitez-vous que j’examine vos blessures ? Ou peut-être préférez-vous vous en charger vous-même ? Je suis sûr que vous seriez bien plus apte que moi à vous en occuper. Je ne voudrais pas paraître trop présomptueux…

J’avais pris soin d’afficher sur mon visage mon air de sollicitude le plus angélique. Tandis que j’attendais de voir la réaction de Miss Black, le Sombral que je tenais maintenant par l’encolure vint fourrer ses naseaux dans ma main libre, visiblement à la recherche de caresses. Apparemment, il m’avait pris en affection (enfin, si tant est qu’un Sombral puisse prendre qui que ce soit en affection...). Je lui caressai une nouvelle fois la crinière. Les femmes avaient souvent de l’estime pour qui faisait de preuve de tendresse envers les animaux, et puis j’éprouvai une sincère admiration envers ce magnifique et puissant mâle. J’avais l’impression d’y retrouver un peu de moi-même.

- C’est vraiment une bête superbe, m’exclamai-je. Vous ne connaîtriez pas son nom, par hasard ?
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MessageSujet: Re: [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]   [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Icon_minitimeDim 26 Oct - 14:52

Je m’attendais à voir un Isaac moqueur ou méprisant… Mais c’est avec prévenance qu’il me proposa son aide, prétendant même qu’il était responsable de mes blessures. Un mensonge des plus galants, mais je me sentais pourtant honteuse. Je n’esquissai pas le moindre mouvement quand il s’avança vers moi pour me soigner, trop surprise pour réagir, et même plutôt désireuse de le voir se rapprocher de moi. Avec quelques gestes doux mais fermes, il écarta le Sombral. J’haussai un sourcil en voyant Isaac Lawford, un simple professeur d’Histoire, maîtriser aisément le mâle dominant du groupe de Sombrals. Il n’y avait aucune crainte ni aucune hésitation dans son comportement. Je dus revoir l’image que j’avais de lui et il monta dans mon estime. Les sorciers ne craignant pas la compagnie des Sombrals étaient déjà rares, mais je n’en avais encore jamais vu un capable de contrôler un tel mâle tout en faisant preuve d’autant de nonchalance. Le Sombral, si fier, si puissant, reconnaissait parfaitement la suprématie d’Isaac. Car en vérité, il venait de lui accorder un accès prioritaire à un potentiel repas : moi.

- Holà, du calme, mon beau, ne va pas lui faire du mal. Miss Black n’est pas à manger… même si je peux comprendre que tu la trouves appétissante.

Ce que je venais d’entendre me troubla au plus au point. Tout d’abord, Isaac, nullement désireux de partir comme j’aurais pu le craindre, venait de s’interposer entre les dents du Sombral et moi-même pour me prémunir de toute blessure supplémentaire. Son comportement me donnait l’impression qu’il ne me proposait pas son aide par pure politesse, mais plutôt par réelle attention portée à mon égard. Rien de plus normal pour un gentleman de s’appliquer à protéger les femmes de son entourage. Néanmoins, cela n’enlevait rien au plaisir que je retirai de sa prévenance.

Mais c’était la fin de ce qu’il venait de dire à voix basse au Sombral qui retenait le plus mon attention. Appétissante ? J’imaginais un instant cet adjectif sorti de son contexte et les images qui en résultèrent me firent tourner la tête. Je maudis mon imagination. Décidemment, la présence de cet homme m’enlevait le peu de maîtrise que j’avais sur mes pensées. Bien sûr, Isaac ne parlait que de mon potentiel en tant que proie. Pour un Sombral bien sûr ! Un long frisson me parcourut.

Isaac réitéra sa proposition armé d’une expression des plus … désarmante. C’était un bon résumé de la situation. En ce moment, il était en position de force, jouant sur un pied d’égalité avec un Sombral Alpha, alors que moi je me sentais comme une fragile créature prise au piège. Et je détestais ça. Je ne voyais aucune échappatoire, puisque j’allais bien devoir le laisser m’examiner. Sans miroir, à l’aveuglette, il aurait été aussi intelligent d’essayer de refermer mes blessures que de boire du polynectar avec un poil de troll dedans. Enfin peut-être pas quand même… Quoiqu’il en soit, les contorsions que j’aurai à effectuer combinées au risque d’avoir des problèmes à réaliser un simple sort devant Isaac Lawford, tout cela ne me donnait aucune envie d’essayer. Et au fond de moi, j’étais plutôt curieuse de voir Isaac à l’œuvre. J’allais peut-être découvrir peut-être un autre de ses talents cachés. De combien de connaissances et de savoir-faire inattendus allait-il encore faire preuve ? Ma curiosité à son sujet ne cessait de croître.

Je lui adressai un sourire charmeur en relevant le menton pour dégager la vue sur mes blessures. Entre autres. Il n’y avait aucune raison qu’il soit le seul à user et abuser de ces atouts, bien que je doutais fort que ce soit volontaire dans son cas.

- J’ai toute confiance en vous. Bien sûr, je ne serai pas trop sévère si vous rencontrez quelques difficultés. Après tout, ce n’est sans doute pas votre domaine d’excellence…

Je laissai ma phrase en suspens, ravie d’imaginer la bataille dans l’esprit de mon intrigant compagnon, oscillant entre orgueil et retenue. Je me retins de compléter le tableau par un clin d’œil, chose que j’aurais pu me permettre en présence d’un autre que lui. J’avais l’impression que tout était sujet à interprétation entre nous. Enfin, entre Isaac et moi. Sa propre attitude à l’égard du Sombral et de Gunhilda m’avait d’ailleurs marquée. J’ignore pourquoi, mais pour moi, un homme ayant de l’affection pour animal ne pouvait pas être méchant. Et la confiance que lui témoignait le Sombral me rendait tout à fait encline à lui offrir la mienne. Et en parlant de confessions…

- Et cela me plairait vraiment d’entendre votre histoire… Enfin… L’histoire qui vous a menée à voir la Mort. Si vous êtes toujours disposé à me la conter bien sûr…

Je voulais bien l’écouter me parler pendant des heures et me raconter l’histoire de sa vie, mais je ne l’avouerai pas. Et je savais bien que ce souhait informulé ne serait pas satisfait.

- Il s’appelle Thanatos… soufflai-je alors qu’Isaac s’approchait pour me guérir. Enfin, je l’appelle ainsi…

Je plongeai mon regard dans le sien, déterminée à inscrire chaque détail de ses yeux dans ma mémoire. Se passe-t-il la même chose dans l’esprit de la proie lorsqu’elle contemple le serpent qui l’a piégée ? Lorsqu’elle se sait condamnée et qu’elle décide d’emporter une dernière image dans la mort, comme pour atténuer cette vertigineuse sensation que l’on ressent au bord du vide… Je pris une expression digne et fière. Indomptable. Je n’ai pas peur des serpents.

Mais il semble que je sois sensible à leur charme…

~

« Dans un film, à cet instant précis, la musique devient romantique, le héros saisit la taille de sa belle. Elle ferme les yeux à moitié, lui tend ses lèvres, le baiser dure longtemps... dans un film. »
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Isaac Lawford
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MessageSujet: Re: [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]   [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Icon_minitimeDim 26 Oct - 21:15

Je n'étais pas un homme qui avait souvent hésité dans sa vie ; la plupart du temps, le chemin à suivre m’apparaissait toujours clairement, comme si les Moires avaient, à ma naissance, tracé des lignes qui n’apparaissaient qu’à moi et m’indiquaient, en tout lieu et à toute heure, quelle direction emprunter. Mais là… en cet instant précis… seul face à Miss Black… je ne savais pas quelle attitude adopter. Elle avait accepté ma proposition d’examiner ses blessures, et j’en étais ravi, mais, en même temps, j’avais peur, oui, peur, de m’approcher d’elle à tel point qu’elle et moi pourrions… pourrions… Je préférai ne pas formuler la pensée dans ma tête, tant elle me paraissait incongrue. Incongrue et… désirable. Je devais me contrôler. La bienséance l’exigeait autant que ma mission.

Faisant un effort pour chasser ces idées de mon esprit, je m’approchai de Miss Black et, du revers de ma main gauche, lui soulevai le coude aussi délicatement possible pour amener les blessures au niveau de mes yeux. Quand sa peau rencontra la mienne, aussi petite que fût la surface de contact, je ressentis la même exquise sensation de brûlure que celle que j’avais éprouvée dans le salon de thé à Pré-au-Lard. Mais cette fois-ci, je ne cherchai pas à me dérober. Je sentis un frisson traverser le corps de Miss Black ; cela me confirma que son trouble était au moins égal au mien, sinon supérieur. Je ne savais pas s’il fallait en être rassuré, ceci dit…

Ses blessures furent rapidement refermées grâce à un Vulnera Sanentur informulé, puis un sortilège de nettoyage acheva de retirer toute trace de sang de sa (délicieuse) peau et de ses vêtements. Tout en effectuant ces opérations, je commençais à déballer mon histoire, ce qui avait en outre le mérite de m’éviter de penser sans arrêt aux yeux qui scrutaient chacun de mes gestes, à la douceur de la chair que je ne pouvais éviter de frôler de temps en temps.

- Bien sûr, que je suis disposé à vous la raconter, dis-je d'une voix posée. Je vais par contre vous demander de ne la répéter à personne. Tout n’est pas vraiment… régulier… dans cette affaire, je le crains. Il y a prescription, certes, et puis cela s’est passé à des centaines de lieues d’ici, mais… il en va de réputation de certains grands noms, donc… si vous pouviez éviter de vous en faire l’écho, je vous en serai… infiniment reconnaissant.
« En fait, l’histoire qui m’a amené à voir la Mort est avant tout une affaire d’honneur, à la fois belle et stupide... Comme vous le savez peut-être déjà, au sortir de mes études, j’ai longuement voyagé sur le continent pour parfaire ma culture historique magique. J’ai traversé les Pays-Bas, l’Allemagne, la Pologne, l’ancien Empire Austro-Hongrois… En 1932, j’ai atterri en Autriche, à Salzburg, exactement, où l’on m’avait dit que je pourrais contacter un historien magique de renom, le docteur Panteleimon Schröder, qui possédait une bibliothèque réputée. Je l’ai fréquenté pendant plusieurs mois, et il m’a énormément appris sur les rapports entre la sorcellerie et la Réforme Protestante au XVIème siècle. Un homme très intéressant. Mais passons.
« Herr Schröder avait un fils, Leontius, qui avait sensiblement le même âge que moi. C’était un garçon joyeux et remuant, toujours prêt à faire les quatre-cent coups. Il était aussi agité et fêtard que j’étais calme et réservé. Mais, allez savoir comment ces choses se font, nous nous liâmes d’amitié.
« Parmi la longue liste de ses, euh… petits défauts, Leontius avait celui d’avoir un penchant un peu trop prononcé pour la gent féminine.


A ce moment, je fis une pause et jetai un regard à Miss Black, guettant sa réaction. Nous abordions la partie délicate du récit. En même temps, je me doutais qu’elle avait dû en voir d’autres…

- Un jour, repris-je, il eut la maladresse de connaître – connaître au sens biblique du terme, s'entend – une jeune femme qui se trouvait n’être autre que la fille du directeur du bureau des Aurors autrichiens. Ce monsieur a… assez mal pris la chose, ce qui peut se comprendre, mais, pour éviter le scandale public, il décida que l’affaire se réglerait par un duel. Les duels sont illégaux en Autriche, bien sûr, mais ils sont encore pratiqués régulièrement dans une certaine société, qui les considère comme une façon honorable de mettre un terme à un conflit.
« Maintenant, comprenez-moi bien : je désapprouvai la conduite de Leontius dans cette affaire : j’avais exigé de lui qu’il aille faire amende honorable auprès de la jeune femme et présente ses excuses à son père, mais rien n’y avait fait. Le duel allait quand même avoir lieu, que je le veuille ou non.


Cette section de l’histoire était un peu idéalisée : en réalité, je n’avais rien dit à Leontius : je n’avais pas à me mêler d’affaires qui ne regardaient que lui, après tout. S'il était assez bête pour se mettre dans une telle situation, je n'y pouvais pas grand chose.

- Toutefois, Leontius était mon ami, et, à ce titre, j’avais des obligations à son égard. Aussi, quand il m’a demandé d’être son témoin pour le duel, j’ai accepté. Et par conséquent, un matin de septembre, nous nous retrouvâmes sur un champ des environs de Salzburg, Leontius et son adversaire tenant leurs baguettes à la main, prêts à en découdre…
« Le duel ne se passa… pas bien pour Leontius. Pas bien du tout. L’Auror le désarma et, dans sa fureur, ne lui laissa même pas le temps de crier merci. Leontius fut gravement blessé. Mais, en tant que suppléant, je me devais de prendre sa place s’il était mis hors de combat sans être mort ni avoir officiellement abandonné. Je me retrouvai donc à mon tour à faire face à un combattant professionnel passablement déchaîné.
« Ne me demandez pas comment cela se fit, appelez cela la chance du débutant si vous le souhaitez, mais quelques instants plus tard, mon opposant était au sol, le visage en sang, et me demandait grâce. Je me dépêchai de la lui accorder et me précipitai vers Leontius, mais il était trop tard. Mortellement blessé, mon ami mourut dans mes bras au bout de quelques secondes, sans même un dernier mot…


Je marquai un moment de pause, comme pour mieux me remettre de ces douloureux souvenirs. En réalité, je repensai avec délices à ce duel, qui avait été mon tout premier. Contrairement à mon affirmation, je savais parfaitement comment j’avais défait ce gros idiot d’Auror. Déjà à l’époque, j’avais appris quelques bottes qu’il ne s’était pas attendu à voir chez quelqu’un de si jeune, ce qui m’avait permis de le surprendre assez aisément. Et, une fois encore, je n’avais pas été tout à fait honnête quant au déroulement du combat : Leontius n’avait en effet pas été le seul mort de la journée : mon adversaire n’avait pas eu l’occasion de plaider sa cause, je l’avais étendu raide avant même qu’il eût eu le temps de dire « Bitte ». Il venait de tuer mon ami, après tout, je ne pouvais laisser cela impuni ! Toutefois, je me doutais que Miss Black serait probablement choquée d'apprendre que j’avais moi-même déjà pris une vie humaine, aussi jugeai-je préférable de taire cet aspect du récit.

- Voilà, conclus-je en lui lançant un regard faussement triste, vous connaissez maintenant toute l’histoire. A vous de décider s'il y a une morale à en tirer...

Un instant de flottement s’ensuivit, pendant lequel j’attendis de voir la réaction de Miss Black. J’aurais pu lui suggérer de me raconter à son tour les circonstances dans lesquelles elle avait vu la Mort, mais je savais qu’il ne fallait pas forcer ce genre de choses : quand elle me raconterait son histoire, elle le ferait de son plein gré et, mieux encore, avec une véritable sensation de vertu, de justice. C’était là le stade le plus jouissif de l’art de la manipulation, ce moment où l'esprit de votre cible vous était totalement acquis. Toutefois, je sentais que, dans le cas de Miss Black, ce n’était pas cela qui me motivait : j’avais une sincère envie d’entendre son récit et, le cas échéant, de compatir à ses malheurs. Je voulais en découvrir plus sur elle, mais ce n’était pas pour la dominer, bien au contraire. C’était uniquement par désir de mieux la comprendre.

Je m’aperçus que j’étais resté extrêmement près d’elle, longtemps après que j’eus fini de soigner ses blessures. Honteux de cette malséance, je m’éloignai brusquement et retournai auprès de « mon » Sombral, qui était en train de regarder d’un œil morne Gunhilda et le chat de Miss Black jouer à se courir après.

- Ainsi, tu t’appelles Thanatos, mon beau ? lui murmurai-je en lui flattant l’encolure. Un nom divin. J’espère tout de même que tu n’es pas de mauvais présage, je n’ai pas envie qu’il m’arrive malheur, et surtout pas en cet instant précis…

Je tournai mon regard vers Miss Black. Elle était belle, infiniment belle. Non, vraiment, je n’avais jamais été moins disposé au malheur qu'à cette minute, en ce lieu…
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MessageSujet: Re: [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]   [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Icon_minitimeLun 27 Oct - 17:53

A l’instant même où la peau d’Isaac entra en contact avec la mienne, le monde se réduisit à cette sensation. Je ne le lâchai pas des yeux. Il était bien trop près de moi. Si près que j’aurais pu le toucher sans même avoir à tendre le bras. Ma main me brûlait presque autant que mon coude quand j’imaginais effleurer son torse, suivre le contour de sa mâchoire ou simplement poser ma main sur son épaule. Je n’esquissai pas le moindre geste, ne cherchant pas à le toucher, pas plus qu’à fuir ses mains qui me frôlaient. Chaque seconde durait des heures, et j’avais l’impression que rien ne pourrait me sortir de cet étrange songe éveillé. Je me jetai de temps à autre des regards perplexes, m’attendant à voir la trace brûlante de nos contacts, mais ma peau demeurait aussi blanche et lisse qu’à l’accoutumée.

Isaac refermait mes plaies avec dextérité. Je ne m’étais pas trompée, il avait bien plus de cordes à son arc que son poste n’en requérait. J’enregistrais bien cette information, pour ne plus me faire surprendre par ses actes. Ou du moins, pour savoir à tout instant qu’il pouvait me surprendre. La partie de mon esprit qui n’était pas occupée à savourer ces moments volés, était étonnement lucide et éveillée. Oh, bien sûr, elle n’était pas concentrée sur autre chose qu’Isaac. Mais elle me permettait de suivre chaque détail de l’histoire qu’il me narrait. Je n’en perdais pas une miette et j’inscrivais tout avec application dans ma mémoire. J’avais l’impression de réviser pour un examen. Mais un examen qui aurait pour thème une matière que j’adore.

Je notai qu’il avait voyagé comme moi, mais peut être moins loin que moi. J’écoutais avec attention, et quand il introduit son ami et ses défauts, je les imaginais sans peine, tout les deux, parfait opposés mais pourtant amis. Quand il m’avoua l’inclinaison de Leontius pour les femmes et leurs attraits, j’eu une réaction qui me laissa plutôt honteuse. Au lieu de penser aux conséquences qu’un tel penchant non maîtrisé pouvait avoir, je m’interrogeais sur Isaac. Est-ce qu’il était également le contraire de Leontius sur ce point là ? Je ne savais quoi espérer. D’un côté j’étais mortifiée à la pensée qu’il pu n’avoir aucun goût pour les femmes, et de l’autre… Je n’avais guère envie, je dois le reconnaître, qu’Isaac soit un grand séducteur. Non pas qu’il n’en eut pas les moyens. Je me concentrai à nouveau sur son récit, pour chasser ces pensées ineptes de mon esprit.

Un duel ? Je retins un commentaire désagréable. J’avais une bonne expérience en matière de duel. Et même si je devais reconnaître que j’appréciai tout particulièrement l’excitation et l’adrénaline que procurent un combat, je ne comprenais toujours pas l’envie de certains sorciers de se battre par honneur. Et de mourir par honneur. Il y avait tellement d’autres occasions de mourir que si c’était la mort qui les attirait, ils pouvaient en choisir une moins bête. Je pressentais la fin de l’histoire d’Isaac. Mais ce qui me prit au dépourvu c’est que lui-même ait pris la place de son ami pour finir le duel. Je trouvais cela tout à fait honorable, et malgré la modestie dont il faisait preuve en décrivant son combat, je ne pouvais pas oublier qu’il avait battu un Auror. Le directeur du bureau des Aurors autrichiens. Il était impossible qu’il s’agisse simplement de chance. Je me promis de garder ce savoir à l’esprit. De plus, il pourrait être intéressant de demander à Isaac son aide pour le club de duel à Poudlard. Néanmoins, je n’osai pas lui en faire la demande à l’instant, puisque je me doutais que le concept de duel devait être entaché de ces mauvais souvenirs qu’il venait juste de raviver à ma demande. Ma proposition aurait donc été des plus indélicates.

Je fixai toujours Isaac quand il s’éloigna soudainement. C’est vrai, il avait fini de me soigner, il avait même fini son histoire. Rien ne le retenait près de mot maintenant. J’eus alors peur qu’il ne parte encore plus loin, lassé de ma compagnie. Je pris la parole pour éviter que le silence ne lui donne des envies de départ.

- Je vous présente toutes mes condoléances pour cette perte que vous avez du subir. Mais je ne sais pas s’il y a quelque morale à retirer de tout cela. Bien souvent, les duels d’honneur se terminent mal. Et si je vous raconte les circonstances qui m’ont amenés à voir la Mort pour la première fois, je pense que vous comprendrez mon aversion pour ce genre d’affaires.

Je soupirai et m’adossai à nouveau au tronc. Le contact de l’écorce sous mes doigts me rassura et me permis de me concentrer sur mes souvenirs plutôt que sur la main d’Isaac caressant le Sombral. J’étais peu à l’aise quand il s’agissait de raconter mes propres expériences. Je décidai de ne lui parler que de la première fois. Mon histoire serait en lien avec la sienne, et elle ne me dévoilerait pas trop.

- A mon vingt-et-unième anniversaire je suis partie. J’ai voyagé dans différents pays et j’ai commencé par ceux qui m’étaient les plus inconnus, les plus éloignés d’ici. Cette histoire se passe au Japon en 1937. La guerre contre la Chine avait déjà débuté, et comme ailleurs il existait des groupes de sorciers aux mentalités plus ou moins guerrières. Je me suis retrouvée dans une des pires communautés qu’il devait exister alors. Formée majoritairement d’hommes, à vocation guerrière, elle préparait de jeunes sorciers à rejoindre les combats en Chine. Les seules femmes les accompagnant avaient un rôle purement décoratif et disons… utilitaire. Je n’étais bien sûr pas l’une d’entre elles et ma présence était motivée par un seul homme.

Je me tus un instant, curieuse de voir s’il laisserait quelque chose transparaître en m’attendant parler d’un homme de la sorte. Quoi qu’il en soit, Shiro avait vingt de plus que moi et il n’avait jamais aimé qu’une seule femme. Mon attrait pour lui avait été purement justifié par ses connaissances et son caractère droit et juste.

- Shiro était bourru et solitaire, il m’a pourtant appris des choses étonnantes en magie, et également en combat sans baguette. Ce type d’entrainement déplait à nombre de sorciers, mais il a son utilité. Je restai donc en leur compagnie pendant quelques mois. Mais, refusant de cadrer avec leur image d’une femme, plusieurs hommes entreprirent de m’apprendre quelle était ma place.

Mon regard se durcit en me remémorant ces hommes stupides et irrespectueux. J’en avais connu de tels sur tous les continents. Les seules différences entre eux consistent en les manières qu’ils emploient pour rabaisser une femme. Mais le but est toujours le même. Bien sûr, mon refus de me plier à leurs règles ne faisait toujours qu’enflammer les choses. Mais je venais tout de même d’une famille convenable d’Angleterre où la femme ne se résumait pas à un corps dénué du don de parole. Et mes propres idées rebelles me différenciaient encore de ma famille qui aurait aimée me voir en femme au foyer, cultivée et discrète. Autrement dit, il n’y avait aucune chance que je tolère de pareilles campagnes d’intimidation.

- Mon ami et maître en repoussa quelques uns, ceux que mes répliques froides n’avaient pas calmés. Il en fut un qui s’entêta. Le fou me demanda en mariage à plusieurs reprises (entre deux discours sur l’infériorité des femmes) prétextant que je ne pouvais survivre seule et que j’aurais besoin de sa protection. Ses manières m’offusquèrent à un point tel que je finis par le rejeter d’une façon très peu délicate en public. Et j’aurais mieux fait de me retenir.
L’homme en question alla se plaindre de mon comportement. La suite des évènements fut assez rapide, et le petit groupe d’hommes qui dirigeaient cette communauté se rangea de son côté. Avant qu’ils ne donnent leur décision concernant cette affaire, sur les conseils de mon ami et pour éviter un mouvement général défavorable, je le provoquai en duel. Les enjeux étaient simples : s’il remportait, je me mariais avec lui. S’il perdait, il me laissait en paix. Tout simplement.
Je n’étais pas le moins du monde effrayée, car bien sûr, si j’avais perdu, j’aurais fait semblant d’accepter ma condition puis je serai partie, une fois l’esprit général apaisé. De plus, j’avais un grand avantage dans ce duel, il me sous-estimait… Et lié par son honneur, il lui était tout simplement impossible de refuser le duel, on eut pensé de lui qu’il avait peur. Tout fut préparé. Et le moment venu, je le défis par une ruse des plus simples.
Au début, je fis semblant d’être dépassée, me contentant de me défendre faiblement, sans montrer la moindre force offensive. J’avais fait un pari avec Shiro. Il voulait que je batte cet horrible personnage sans recourir à la magie. En effet, j’avais déjà participé à des duels magiques, et il connaissait mon potentiel dans ces situations. Il voulait que je lui prouve que son enseignement avait eu quelque intérêt pour moi. A l’aide d’un sortilège de suspension magique qu’on m’avait appris en tant que Briseuse de sort, mais que je n’avais pas encore eu la joie d’expérimenter réellement, je réalisai une zone d’inhibition magique sur quelques mètres. La zone nous englobait, mon adversaire et moi-même. J’employais es quelques instants qu’il mit à comprendre pour le vaincre et placer la lame effilée d’un poignard contre sa gorge. Il me laissa tranquille par la suite.


Je fis une pause. Je n’avais toujours pas expliqué les circonstances de ma première vision de la Mort. Sans doute avais-je besoin de bien tout expliquer à Isaac avant, pour qu’il comprenne ce que je ressentais réellement. Pour qu’il comprenne que je m’en voulais, sans que j’aie besoin de le lui dire. Ma voix avait sans doute une composante un peu triste quand je repris la parole.

- Pour diverses raisons, je suis partie. Mais je suis quand même revenue quelques mois après, pour revoir Shiro. Mais il était parti, et je ne sais toujours pas ce qu’il est  devenu. Quand à l’homme que j’avais défié… Il avait été rejeté de tous pour avoir perdu face à une femme. Il n’était que l’ombre de lui-même, errant et sans honneur. Quand il m’a vu, il s’est approché de moi, tenant le poignard que je lui avais laissé. Je n’ai pas réagis quand il m’a accusée d’être responsable de son malheur. Et je n’ai pas bougé quand il a pris mes mains pour les refermer sur l’arme qu’il s’est plantée dans le ventre.
Les autres m’ont expliqué qu’il était né-moldu et qu’il venait d’une famille avec une ascendance guerrière. Cette coutume qui consiste à se tuer pour partir avec honneur, ou pour fuir un déshonneur trop grand était interdite depuis longtemps. Mais comme je l’ai dit, ce groupe de sorciers étaient particulièrement brutaux. Ils pratiquaient eux-mêmes ce rituel, à l’aide d’un sort, non pas d’une arme moldue. Son acte fut donc considéré comme normal. Mais ce qu’il a fait ce jour là, ce n’était pas seulement pour échapper à sa honte. C’était pour me dire que j’étais coupable, que je l’avais tué le jour où je l’avais vaincu.


Que je ne lui aie pas tranché la gorge ne changeait rien, je l’avais tué. Cette pensée amère me suivait. Je cherchai alors le regard d’Isaac. J’avais du l’ennuyer avec mes histoires. J’aurais du mentir et raconter une histoire simple et courte, plutôt que de l’assommer avec mes doutes et mes remords.
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Isaac Lawford
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MessageSujet: Re: [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]   [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Icon_minitimeMar 28 Oct - 17:09

Jamais je n’aurais pensé que Miss Black avait voyagé aussi loin que le Japon. Cette conversation devenait de plus en plus fascinante. Je l’écoutais avec attention faire le récit de ses aventures à l’autre bout du monde.

Quand elle parlait de ce Shiro-San, sa voix s’animait et ses yeux s’éclairaient ; j’en éprouvais bien plus de jalousie que je ne l’aurais dû pour ce qui n’était sans doute qu’une banale relation de maître à élève. Mais l’incertitude, l’ambiguïté qui demeuraient quant à la nature exacte de leurs rapports m’étaient difficilement supportables. Et je ne pouvais pas décemment lui poser une question aussi directe. En même temps, à en juger par la suite de son récit, elle n’était pas femme à se jeter à la tête du premier venu. Non pas que je crusse qu’il en allât autrement. Mais l’entendre raconter comment elle avait repoussé les avances de ces sauvages pour lesquels elle devait être le comble de l’exotisme féminin était aussi rassurant que réjouissant. Intéressant, également. Très instructif : ainsi, en plus de ses évidents talents magiques, elle maîtrisait aussi les techniques de combat Moldu ? Voilà qui était surprenant. Je ne fais pas partie de ces suprématistes qui pensent que la place de l’homme est sur le champ de bataille et celle de la femme, dans un salon. N’importe quelle femme Sang-Pur vaudra toujours mieux que n’importe quel homme Sang-Mêlé ; aussi n’étais-je nullement choqué de découvrir ses talents martiaux, bien au contraire. Mais tout de même, qu’une femme issue de son milieu maîtrisât le corps-à-corps comme le pratiquent les Moldu était pour le moins… inattendu. Je me demandais ce qu’il fallait en penser. Simple curiosité intellectuelle ou réel attachement ? Difficile à dire... Cela dit, les pays qu’elle avait traversés connaissaient des mœurs autrement plus rudes que les nôtres. On ne pouvait guère la blâmer d’avoir voulu prendre toutes les précautions possibles. Décidemment, plus j’en apprenais sur cette femme, et plus je la trouvais passionnante. Puis, elle aborda la question de son premier mort.

- Hum… Je devine à votre expression que vous lui donnez raison, dis-je d'une voix douce... Je ne suis sans doute pas le mieux placé pour vous donner des leçons, mais il me semble que vous ne devriez pas vous mettre de telles idées en tête. Cet homme n’a rien fait qu’il n’ait choisi de faire, quoique vous puissiez en penser. Ni vous, ni les conventions sociales n’y êtes pour quoi que ce soit. A la fin des fins, la décision n’appartenait qu’à lui. Chaque décision n'appartient qu'à l'homme qui la prend. Et le fait qu’il ait voulu vous rendre coupable de la sienne n’est signe que de sa couardise et de sa stupidité.  

Je n’ajoutai pas que, selon moi, le suicide était une idiotie totale, et le signe d’une profonde lâcheté. En même temps, que pouvait-on attendre d’autre d’un Sang-de-Bourbe (
Spoiler:
) ? Mieux valait taire ces opinions pour l’instant, toutefois : elles ne collaient pas avec l’image que je donnais de moi, et puis j’ignorais encore ce que ressentait réellement Miss Black sur ce point.

De bien des façons, elle était un peu comme moi, je l’avais déjà constaté : elle jouait un rôle, elle prétendait être quelqu'un qui n'était pas elle-même. Avait-elle deviné que j’étais dans la même situation qu’elle ? Sans doute, au moins en partie. Mais ma couverture était inattaquable, je n’avais pas à m’en faire, pas pour l’instant du moins.

En même temps, en fonction des découvertes que je ferais à son sujet, peut-être pourrais-je, à terme, l’entreprendre pour essayer de voir ce qu’elle pensait du Plus Grand Bien… En tant que professeur de DCFM, je me doutais bien qu’elle ne devait guère goûter aux armées d’Inferi levées par Grindelwald (pas plus que moi, d’ailleurs, mais j’avais une formation d’historien militaire, et j’étais donc bien placé pour comprendre que la valeur stratégique de telles troupes était trop grande pour être ignorée dans une guerre totale), mais certains rejoignaient la Cause par idéalisme (il y a des naïfs partout, j'en connaissais quelques-uns), et peut-être était-elle susceptible d’entrer dans cette catégorie.

Alors que je me faisais ces réflexions, l’idée me vint cependant que, somme toute, et à mon propre étonnement, je n'éprouvais pas tellement le désir de voir Miss Black s’impliquer dans la guerre. Je n’avais moi-même épousé la cause de Grindelwald que par intérêt, pour le bien des Lawford. Et, à ce titre, c’était en pleine conscience et sans remords que j’avais fait, et faisais encore, en son nom, des choses pour le moins… discutables. Je ne le regrettais pas, mais, dans le même temps, cela m’aurait gêné que ma compagne se retrouvât à commettre les mêmes actes. Pourquoi, j’aurais été incapable de l’expliquer, mais, d’une façon ou d’une autre, je souhaitais que Miss Black, elle plus que toute autre personne au monde, reste… pure. Oui, c’était de cela qu’il s’agissait, de pureté. Miss Black était parfaite, je m’en rendais compte petit à petit, et je voulais que cette perfection demeure envers et contre tout, même si ce devait être la dernière chose existant dans l’univers, dans ce que Gillean Farquharson aurait appelé le Grand Tout. D’ordinaire, lorsque je découvrais une potentielle recrue, une sensation d’excitation me gagnait à la perspective des mois de manipulation et d’intrigues qui allaient s’ensuivre. Mais quand j’essayais de m’imaginer faire de même avec Miss Black, cette excitation était remplacée par une impression de… dégoût ? Décidemment, plus j’essayais de sonder mes sentiments envers Miss Black, plus je parvenais à d’étranges conclusions… Quoiqu’il en fût, cependant, il fallait que j’en découvre plus sur son passé, son présent et, pourquoi pas, ses projets futurs avant de parvenir à la moindre conclusion.


Cela me rappela qu’il y avait une question en particulier que je m’étais promis de ne pas laisser sans réponse : les mystérieux livres que Miss Black avait achetés chez le bouquiniste de Pré-au-Lard. Je n’aurais pas osé aborder de nouveau le sujet, n’eussent été toutes ces confessions qui venaient de se produire de part et d’autre. J’avais le sentiment qu’une barrière s’était levée, entre nous, et que je pouvais revenir sur la question en toute quiétude et, mieux, en tout légitimité. Un lien s’était incontestablement formé qui m’y autorisait. Je me permis donc d’en venir là où je le voulais sans guère m'encombrer de circonvolutions, confiant dans le fait que, cette fois, elle ne m’en voudrait pas – ou plus.

- Vous me pardonnerez de changer si abruptement de sujet, Miss Black, commençai-je, mais, la dernière fois que nous nous sommes vus en tête à tête, à Pré à Lard, vous m’avez fait… une promesse. Je ne l’ai pas oubliée, comme vous pouvez le voir. Et je vous avouerai que ma curiosité n’a pas diminué d’un fifrelin depuis ce jour. Pour être franc… tout ce qui vous concerne attise ma curiosité, ajoutai-je avec un sourire dont j’espérais qu’il atténuerait l’audace de cette dernière phrase. Mais je ne veux pas vous forcer à m’en parler si vous n’en avez pas envie…

Pendant que nous devisions de la sorte, les sombrals avaient fini leur repas et étaient maintenant en train de quitter un à un la clairière, visiblement pour retourner à leur antre, où qu’elle fût. Je me dis qu'il y avait peut-être là une opporunité à exploiter, et puis j'étais désireux de prolonger ce moment le plus longtemps possible.

- Sauriez-vous où ils vont, par hasard, Miss Black ? demandai-je. Je vous avouerai que je n’ai encore jamais eu l’occasion de voir un nid de Sombrals. Puisque Thanatos semble nous avoir pris en affection, je ne pense pas qu’il verra d’objection à ce que nous le suivions. Après, je comprendrais tout-à-fait que la perspective ne vous enchante qu’à moitié… Qu’en dites-vous ?
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MessageSujet: Re: [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]   [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Icon_minitimeMer 29 Oct - 12:04

Les paroles d’Isaac résonnaient dans ma tête. Bien sûr je m’étais déjà fait de telles réflexions, mais à chaque fois je n’avais pas supporté de profiter de la mort de cet homme pour le rabaisser encore plus. Car ce n’était qu’une façon de me dédouaner. Et je trouvais ça tout aussi lâche que ce qu’il avait fait. Au lieu de se reprendre en main, il m’avait rendue coupable de tous ses malheurs, et moi,  j’étais incapable de faire de même et de nier ma responsabilité. Mais les mots d’Isaac étaient infiniment plus puissants que quelques réflexions aléatoires et je me sentais mieux maintenant qu’il me les avait dits. Cela ne changeait rien à mon sentiment de culpabilité, parce que la raison n’avait rien à voir là-dedans. Mais de savoir que Isaac ne me jugeait pas coupable et qu’il pensait que je n’avais pas à m’en vouloir, cela suffisait à me rendre le sourire et à chasser ces pensées de mon esprit. Mais cela ne m’innocentait pas.

Je contemplai mes mains quelques instants, me souvenant du sang écarlate et chaud qui les avaient recouvertes. Le corps se lave, le corps change, mais rien ne s’efface dans l’esprit. Les courses poursuites de Méphisto et Gunhilda m’attirèrent le regard. Cette sortie était une réussite. Le rappel de mauvais souvenirs et la gêne de se dévoiler n’entachait en rien la joie que je ressentais au fond de moi. Comme une mélodie joyeuse que l’on m’aurait fredonnée à l’oreille. J’avais évité de me retrouver seule en présence d’Isaac depuis notre sortie avec Isobel. Parce que j’avais découvert que loin de calmer mon attrait pour lui, sa présence ne faisait que renforcer ma curiosité et mon attirance. Alors que je formulai ces pensés je me rendis compte que je ne cherchais plus à les réfuter. Je ne cherchais maintenant que des moyens de rester en sa présence plus longtemps. Je me mis même à réfléchir à quels prétextes je pourrais trouver pour le revoir. L’idée de reprendre ma routine sans espérer de nouvelles rencontres telles que celle-ci me désespérait. J’avais retenu tous mes sentiments à l’égard d’Isaac, et il venait tout simplement de les libérer. Je n’avais plus aucune envie de les rattraper pour les enfermer et chasser à tout jamais le souvenir de sa peau.

Maintenant, j’aurais juste tout donné pour savoir ce que lui-même avait en tête.

Isaac me donna alors une raison toute faite de le revoir. Le livre. Parfait. J’allais être franche avec lui, et pourquoi pas… Solliciter son aide. Car ses connaissances me seraient précieuses.

- Pour être franc… tout ce qui vous concerne attise ma curiosité.

Je me sentis perdue. Se moquait-il de moi ? Je l’observai d’un air gêné, mais je ne vis sur son visage qu’un sourire dénué de tout sarcasme. J’en conclus qu’il avait dit cela pour m’encourager à parler. Je ne pouvais me risquer à envisager qu’il était tout simplement sincère, car cela m’aurait exposée à de sévères désillusions. Tout ce qui le concernait attisait ma curiosité. C’était ma seule certitude.

- Je vous ai promis.

C’était une simple constatation. Je n’avais plus la possibilité de garder cette information pour moi. De plus, nos récents échanges me donnaient l’impression qu’il était tout à fait ouvert d’esprit et peu enclin à se formaliser de ce qui sortait de l’ordinaire. Ou alors il se donnait bien du mal pour le cacher et rester en ma présence. Parce que s’il craignait l’inhabituel, il serait déjà parti en courant. De toute façon, je n’avais plus le choix, et il s’agissait d’une occasion en or de le revoir et de passer du temps ensembles. Seuls. Le pari n’était pas si risqué.

Isaac me proposa de suivre les Sombrals plus profondément dans la forêt. Cette idée me plut instantanément. J’acquiesçai donc et nous marchâmes à la suite des créatures. J’ordonnai quand même à Méphisto de se rapprocher de nous. Je n’avais pas peur pour moi, mais mon chat n’était ni des plus prudents ni des plus impressionnants. En chemin j’entrepris de répondre aux interrogations d’Isaac en espérant à chaque mot ne pas être responsable d’un départ anticipé.

- Déjà je dois m’excuser de mes mensonges, mais l’endroit n’était vraiment pas approprié. Et je ne pouvais rien vous expliquer en présence d’Isobel.

Comment allait-il réagir en voyant que j’appelais la bibliothécaire par son prénom ? Il n’avait aucun moyen de savoir que dans ma tête, lui-même n’avait toujours été qu’Isaac. En vérité, je n’employais des formules de politesse que par obligation ou pour ériger des barrières entre un indésirable et moi-même. Et j’aurais aimé faire tomber toutes les barrières entre Isaac et moi, y compris celle que je voyais au fond de ses yeux, une retenue prudente et contrôlée.

En continuant, je me rendis compte que je ne voulais pas impliquer Isobel dans mes histoires pour la protéger, mais que cela ne me dérangeait pas avec Isaac. Etais-je égoïste au point de désirer plus sa compagnie que son bien ? Non, ce n’était pas ça… C’était juste que je ressentais le besoin de protéger Isobel. Isaac n’avait pas besoin de ma protection. Et de plus, il aurait le choix, il pouvait me dénoncer ou juste refuser de se mêler à mes histoires. Isobel étant mon amie, j’aurais eu l’impression d’exploiter notre amitié en lui demandant explicitement l’aide qu’elle m’aurait accordée sans hésitation. Enfin, j’avais le sentiment qu’Isaac aurait l’intelligence et le sang-froid nécessaire pour me mettre l’entière responsabilité sur le dos si quelqu’un découvrait et n’appréciait pas mes recherches.

- J’ai trouvé un livre sans titre contenant de nombreuses inscriptions de différents sorciers. J’en ai déjà vu de la sorte…

Et j’en possède quelques uns, pensais-je, mais je n’allais pas lui avouer que c’était un intérêt de longue date. De plus, aucun de ceux que qui m’appartenaient n’étaient aussi fournis et tournés vers des aspects sombres de la magie que celui-ci. La magie noire… Je trouvais cela idiot comme terme, la magie n’étant ni mauvaise ni bonne, elle ne se définit que dans la manière de l’employer. De plus, en apprendre plus sur la magie noire permet souvent de découvrir ses points faibles. Et enfin, il est des types de magies présents depuis la nuit des temps, très peu connus, et dépourvus de tout aspect positif ou négatif. De la magie brute… Les lectures que j’avais eu concernant cette magie habitant chaque être et ne pouvait être contrôlée par une baguette, mais uniquement par les actes, m’avait fascinée.

- Mais celui là est assez particulier. Il y a de nombreuses informations sur des pans de la magie peu explorés. Et je dois avouer que certains passages traitent manifestement de maléfices peu recommandables. Néanmoins, je pense que la théorie est très différente de la pratique, qu’en dites-vous ? Personnellement je vois différents intérêts à faire de telles recherches dont le premier est purement intellectuel. En tant qu’ancien… Serdaigle, c’est bien cela ?

Oh oui c’était bien cela, je le savais parfaitement. Mais je n’étais pas obligée de le laisser comprendre que je retenais la moindre information sur lui.

- Je me disais que vous pourriez comprendre mon intérêt. Et si tel est le cas… J’aurai peut-être besoin de vos connaissances pour comprendre certains passages. Je parle bien sûr de connaissances générales et linguistiques. Je n’ai jamais prétendu que vous ayez quelques connaissances concernant la magie noire.

Les mots avaient été dits. Magie noire. Certes, il n’y avait pas que cela qui m’intéressait dans les livres étranges que je trouvais dans certaines bibliothèques, mais ce livre à la couverture aussi sombre que cette forêt, celui-là, relevait assurément de magie noire. J’y avais déchiffré plusieurs informations sur des sortilèges expérimentaux mais la plupart semblaient avoir des effets trop aléatoires pour être employés. Les parties intéressantes étant codées d’une façon qui me laissait perplexe et je n’avais pas pu comprendre. Mais quelques dessins griffonnés m’avaient parfaitement renseignée sur le thème des écrits. J’allais devoir demander à Isobel l’accès à son bureau pour y consulter les livres de la réserve dont elle m’avait parlée. Et assurément, la présence d’Isaac accélérerait considérablement les choses. J’espérais qu’il accepterait ma proposition ou à défaut, qu’il ne la prenne pas mal.
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Isaac Lawford
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d'histoire de la magie
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MessageSujet: Re: [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]   [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Icon_minitimeJeu 30 Oct - 15:33

Le plaisir que j’éprouvai quand Miss Black accepta mon offre était sans doute bien supérieur à ce qu’aurait commandé la raison, mais peu importait. J’étais fermement décidé à prolonger ce moment le plus longtemps possible, et je n’allais pas cracher sur cette nouvelle occasion de le faire.

A propos de notre conversation à Pré-au-Lard, elle s'avoua désolée de la grossièreté de l'expédient dont elle avait dû faire usage. J’écartai ses excuses d’un geste de la main.

- Je comprends tout-à-fait. C’est à moi de m’excuser. L’insistance dont j’ai fait preuve était déplacée. Vous avez eu tout-à-fait raison de m’arrêter : ce n’était ni le lieu, ni le moment d’aborder un tel sujet. En même temps… Je ne vous cacherai pas que j’avais en partie deviné la nature du sujet abordé dans ces livres. Je n’avais pas de certitudes, mais, disons… de forts soupçons. C’est ce qui avait suscité ma curiosité, je dois l'avouer.
« Sur ce point, d’ailleurs, je peux vous rassurer de suite : je ne me permettrai jamais de vous juger de quelque façon que ce soit, et surtout pas là-dessus. Vous enseignez la Défense contre les Forces du Mal, après tout, il est plus que légitime que vous vous documentiez précisément sur ce contre quoi vous tentez de nous prémunir
.

Le discours qu’elle tint ensuite sur les Arts Sombres semblait avoir été écrit à l’avance pour moi ; si je n’avais pas été si certain de ma couverture, j’en aurais conçu des soupçons, à vrai dire. Bien sûr, je doutais que ma délicieuse collègue allât jusqu’à mettre en pratique ce qu’elle pouvait lire, contrairement à moi, mais le fait demeurait qu’elle avait sur la question un point-de-vue qui changeait des lieux-communs bien-pensant que j’entendais d’ordinaire. Elle n’avait pas peur de ce dont elle parlait, elle, au moins. Je me souvenais que mon professeur de DCFM tremblait pratiquement de peur à la simple évocation des soi-disant « dangers » contre lesquels il était censé nous apprendre à nous préparer. Pathétique. Encore un de ces sorciers du dimanche, couards et étroits d’esprit. Miss Black, elle, avait la finesse d'esprit et la curiosité intellectuelle qui allaient avec son nom : il était normal, pour une sorcière comme elle, d’être attirée par ce type de magie proscrite. Elle n’était pas du genre à laisser d’autres gens lui dire ce qu’elle devait faire et penser. Beaucoup de mes pairs auraient trouvé cette indépendance répulsive, mais, en ce qui me concernait, cela ne faisait que rendre Miss Black plus séduisante encore à mes yeux. Je m’étonnai que cela fût possible, à vrai dire.

Il me fallait tout de même rester prudent. Je doutais très sincèrement qu’elle fût en train de me tendre un piège (même si tout restait possible), mais cela n’était pas une raison pour abdiquer de toute forme de prudence. Même si son intérêt pour moi était sincère, elle pouvait toujours laisser tomber un mot de travers dans l’oreille de la mauvaise personne. Il fallait que je dise comprendre, à titre de curiosité, l’intérêt qu'elle pouvait porter aux Arts Sombres, mais sans plus. Aussi me contentai-je dans un premier temps de hocher la tête d’un air compatissant. Mais ensuite, la situation se corsa : Miss Black venait de me demander mon aide dans la traduction et, pourquoi pas, l’interprétation de ces fameux bouquins. Peste. Voilà qui était inattendu. J’étais partagé entre trois sentiments distincts : le premier (et celui qui, je dois le reconnaître, primait dans mon esprit),  c’était l’envie que j’avais de passer le plus de temps possible seul en la compagnie de Miss Black ; le second, c’était la curiosité, la soif de connaissances, que suscitait en moi la perspective de découvrir ces livres ; le troisième, enfin, c’était une grande méfiance. J’étais somme toute disposée à l’aider, mais il était hors de question que je lui laisse deviner le quart de la moitié de ce que je connaissais réellement en matière de Magie Noire. Je prenais un risque, en acceptant sa proposition, le risque de m’exposer. J’allais devoir faire preuve de finesse et de diplomatie, prendre de mon temps et de mon énergie, et tout ça pour quoi, en somme ? Pour le sourire de Lavinia … Il n’y avait plus de doute, elle m’avait bel et bien ensorcelé. Je me consolai en me disant que, si je ne m’abusais, cet ensorcellement paraissait réciproque…

- Pas besoin d’être un Serdaigle pour comprendre, ma chère. L’intellectualité n’est pas l’apanage de notre maison, Merlin soit loué ! Vous en êtes la preuve, ajoutai-je avec un fin sourire. En tout cas, je vous aiderai avec grand plaisir ! Je suis toujours avide de découvrir des ouvrages anciens, quelque soit leur sujet. Et s’il y a des codes à briser, alors, oui, je serai ravi de vous y aider. Je ne vous promets rien, bien sûr, mais ce genre de choses m’a toujours passionné. Après, je doute être plus compétent que vous sur ce point. Mais j’y jetterai volontiers un coup d’œil, ne fût-ce que par curiosité.

Voilà. Je n’avais surtout pas parlé de Magie Noire, et avais laissé entendre que mon intérêt pour sa proposition ne procédait que de l’exercice intellectuel qu’elle m’apporterait, rien de plus. Ainsi, pas d’ambiguïté. Après, en fonction de la profondeur que les connaissances de Miss Black en ce qui concernait les Arts me paraîtraient revêtir, je pourrais éventuellement envisager de lui en dire plus. A vrai dire, plus le processus avancerait lentement, plus j’aurais d’excuses pour me trouver seul en sa compagnie. Je n’allais pas m’en plaindre.

Nous marchions depuis un moment, maintenant. Les Sombrals nous avaient un peu distancés, mais nous voyions encore leurs silhouettes effilées se dessiner entre les troncs d’arbre. Cette partie de la forêt était particulièrement sombre ; la canopée était si dense que la lumière du soleil ne nous parvenait qu’à grande peine, pâle et tamisée. D’aucuns en auraient retiré un sentiment d’oppression, de crainte, même, mais, pour ma part, j’aimais plutôt cette atmosphère sombre et furtive. J’avais l’impression d’y gagner en intimité avec Miss Black.

Tandis que nous suivions les Sombrals, Gunhilda et Méphisto, désormais devenus les meilleurs amis du monde, semblait-il, gambadaient de part et d’autre, jouant à se courir après ou essayant d’attraper les vols de fées qui passaient de temps en temps. A un moment, l’une de ces fées ne trouva rien de plus intelligent à faire que de tirer brutalement les moustaches de Méphisto, puis de s’enfuir à toutes ailes en éclatant d’un rire moqueur. Méphisto, cela va s’en dire, galopa aussitôt à sa poursuite en poussant des feulements rageurs. Gunhilda, à n’en pas douter mue par un méritoire quoiqu’assez fâcheux élan de solidarité, crut bon de faire de même et, bientôt, toute cette joyeuse cavalcade avait disparu de notre vue, en dépit de tous nos appels, à Miss Black et à moi, pour tenter de la retenir. Nous pressâmes le pas dans l’espoir de rattraper nos compagnons à fourrure, mais il était hors de question que je me misse à courir, et Miss Black était gênée par sa robe, certes ravissante mais décidément bien peu adaptée à une telle configuration de terrain. De telle sorte qu’au final, la poursuite fut bientôt réduite pour nous à la rumeur des lointains aboiements de Gunhilda. Les Sombrals avaient disparu, ainsi que, et c’était là le plus gênant, l’espèce de sente défoncée qu’ils avaient suivi et qui nous tenait lieu de repère. Nous étions bel et bien perdus en pleine forêt.

J’avais connu des situations plus critiques, et je ne doutais pas qu’il en allât de même pour ma compagne. Nous gardâmes tous deux la tête froide, et je fis une Pointe au Nord qui nous révéla que nous étions partis beaucoup trop vers le sud. Il nous fallait prendre la direction nord-est pour sortir des bois.

- Nous savons comment ressortir, constatai-je, mais il nous faut encore attendre Gunhilda et Méphisto… Leur sens de l’orientation est bien supérieur au nôtre ; à mon avis ils savent parfaitement comment nous retrouver. Surtout Gunhilda, qui est une croup de chasse. Je suggère que nous attendions ici qu’ils se soient lassés de leur petite escapade ; ils finiront bien par nous rejoindre.
« Par contre
, ajoutai-je en regardant autour de moi et en constatant l’absence totale d’endroit où s’asseoir, nous devrions peut-être essayer de nous trouver un coin un peu plus confortable pour ce faire… Il me semble avoir entendu un bruit d’eau, par là. Si vous êtes d’accord, je propose que nous allions voir, peut-être y trouverons-nous une clairière où nous installer.

Nous nous dirigeâmes vers ce qui nous semblait être la source du léger bruit de clapotis qui nous parvenait faiblement. Nous finîmes par déboucher sur une charmante petite trouée, étonnamment verte, fleurie et bucolique pour un endroit de la Forêt Interdite, où s’écoulait paresseusement un ruisseau qui se transformait en un petit étang dans lequel une rangée de vieux chênes venait tremper ses racines. La vision qu’offrait cette petite clairière aurait été idyllique si un petit détail n’était pas venu la troubler…

Nous pouvions distinguer des silhouettes sombres, en parties immergées dans la mare, s’agitant lentement à la surface de l’eau, comme des troncs d’arbres dérivant lentement au gré du courant. Sauf que Miss Black et moi savions tous deux pertinemment qu’il ne s’agissait pas de troncs d’arbres, ni même de quelque gentille petite bête aquatique. Non, c’était quelque chose de bien plus dangereux.

- Des kelpies, sifflai-je entre mes dents.

Hors RP :

Il y avait au moins cinq de ces redoutables créatures en train de se baigner dans l’étang. Elles avaient dû arriver récemment, car, dans le cas contraire, le garde-chasse ou la harde de centaures de la Forêt nous les auraient signalées. Pas de chance pour nous... Ces créatures ne me faisaient pas peur, je savais comment en venir à bout, mais je savais aussi qu’il aurait été stupide de les sous-estimer, surtout en si grand nombre. Si nous pouvions éviter l’affrontement, je ne m'en porterais pas plus mal. A ce moment, l’une des créatures sortit de l’eau et s’ébroua violemment, chassant l'eau de son impressionnante crinière mauve. Tout comme les Sombrals, elle dégageait une sorte de sinistre beauté, une aura de puissance et d’assurance maléfiques à la fois effrayante et fascinante. Mais là où la sauvagerie était retenue chez les Sombrals, elle se donnait libre cours chez les kelpies. Le résultat aurait probablement effrayé une personne au cœur moins bien accroché que le mien. Je jetai un regard à Miss Black et ne pus contenir une bouffée d’admiration à son endroit : elle était restée aussi froide et impassible que moi-même face au danger qui couvait dans l’étang. Cette femme était décidemment admirable.

- Ils ne nous ont pas vus, dis-je d’une voix si basse qu’elle dut tendre l’oreille pour m’entendre. C’est une chance dont nous devrions profiter. Allons-nous en avant que…

A ce moment, un bruit venant des arbres derrière nous m’interrompit. Nous nous retournâmes pour découvrir la forme immobile et menaçante d’un kelpie qui nous contemplait de toute sa hauteur, ses yeux noirs et brillants fixés sur nos personnes.

Je portai ma main à ma baguette, prêt au combat. J’espérai que Miss Black l’était autant que moi…
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MessageSujet: Re: [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]   [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Icon_minitimeVen 31 Oct - 20:04

Isaac avait dit oui. Nous allions nous revoir seuls à seuls et il ne me désapprouvait pas. Après, il n’avait rien dit par rapport au sujet même de mes recherches. Mais son intérêt pour les défis intellectuels serait suffisant et j’aurais tout le loisir d’observer ses réactions lors du déchiffrage du livre. Je m’en réjouissais à l’avance. Et ma situation actuelle me donnait d’autres raisons d’être satisfaite, puisque je marchais à quelques pas d’Isaac, dans la pénombre de la forêt. Il était beau. Je m’étais fait la réflexion plusieurs fois mais sans oser penser clairement ces mots. Je sentis alors un sourire espiègle se former sur mon visage et je passai quelques minutes à tenter de le faire disparaître. Je remerciai intérieurement l’obscurité, que je maudissais également de me cacher certains détails de l’apparence d’Isaac.

En marchant j’observais distraitement Méphisto et Gunhilda. J’aurais aimé que ma relation avec Isaac soit aussi simple que la leur. Pas de non-dits, pas de masque de politesse impassible, pas de peur constante de la réaction de l’autre. Mais un évènement m'arracha brutalement à mes rêvasseries. Une fée sortie tout droit du caleçon de Merlin tira violemment sur les moustaches de Méphisto. Je lâchai un grognement rageur digne d’un félin. Et nous voici, Isaac et moi, traînant derrière nos deux familiers qui pourchassaient l’insolente créature. Je ressentis une certaine rancœur envers Isaac qui ne fit aucun effort sérieux pour les rattraper. Mais je ne faisais guère mieux. Avec ma robe, je ne pouvais courir sans risquer de tomber ou de la déchirer et en présence d’Isaac… S’il n’avait été là, j’aurais depuis longtemps découpé le bas de ma robe pour suivre en courant mon chat, libérée de toute entrave. Mais là, je ne pouvais absolument pas agir de la sorte. Nous finîmes par les perdre totalement. Je croisai les bras avec exaspération et poussai un long soupir frustré. La présence d’Isaac m’avait empêchée d’agir selon mes souhaits, et c’était plutôt agaçant. Me serais-je vraiment retenue en présence d’un autre homme ? Rien n’était moins sûr.

Isaac me parla de la direction à prendre, de Gunhilda et de Méphisto, d’une clairière. Au début je l’écoutais peu, mais sa voix fit disparaître le moindre sentiment négatif à son égard. Et ce n’était vraiment pas sa faute… Je lui adressai un sourire pour qu’il ne pense pas que j’étais fâchée. De plus, sa proposition était tout à fait censée et tentante. Je le suivis donc.

- Est-ce que cela vous intéresserait d'animer le club de duel avec moi ?...

Je n’avais pas pu me retenir. J’avais envie d’assurer un certain nombre de rendez-vous futurs pour être sûre de ne pas le perdre. Je ne pourrais pas toujours compter sur le hasard, bien qu’il nous ait agréablement servis aujourd’hui. Je cherchais un moyen d’adoucir un peu ma demande, par exemple en m’excusant de lui proposer une telle chose après qu’il m’ait raconté son souvenir, mais je n’en eu absolument pas le temps.

- Des kelpies…

Je tournai brusquement la tête. J’aurais mieux fait de regarder autour de moi plutôt que de reluquer gaiement Isaac. Effectivement, cinq kelpies trônaient au milieu de ce petit oasis de beauté. Avant que je puisse donner mon avis, mon compagnon se mit à chuchoter. Distraite, je me concentrai pour l’écouter alors que je ne n’avais plus qu’une seule idée en tête. Il me parla de partir… Je faillis m’exclamer qu’il n’en était pas question quand des bruits attirèrent notre attention. Il y en avait un juste derrière nous. Il était magnifique, bien que bestial et bien moins raffiné que les Sombrals. La couleur de leur robe était tout de même assez envoutante. Je sortis ma baguette d’un geste lent pour ne pas provoquer le kelpie. Sûrement un mâle celui-là. Mais il était tout aussi rustre que l’alpha des Sombrals (et Isaac…) étaient beaux et fiers.

Je me tournai lentement vers Isaac avec des étoiles dans les yeux.

- Je veux ce kelpie !

Je lui fis un grand sourire, amusée de savoir que je le prenais encore au dépourvu. A cet instant le kelpie décida d’attaquer. Je me jetai alors contre Isaac, de peur de l’avoir trop déconcentré avec mes bêtises. Il était hors de question qu’il soit blessé par ma faute. Le kelpie avait chargé et continua sa route un peu trop loin. J’étais alors tout à fait satisfaite de moi-même quand je réalisai que j’avais plaqué Isaac contre un arbre et que mon visage se trouvait à deux centimètres de son torse. Peste ! J’en avais trop fait. Je reculai précipitamment, les joues en feu. Heureusement notre adversaire eut le bon cœur d’intervenir pour me sortir de mon embarras.

- Impedimenta ! lançai-je sans hésitation. Il me le faut et l’un d’entre eux là-bas aussi ! Et il ne faut pas trop les amocher, c’est pour mes élèves, ils vont adorer ça.

Surpris ou non, Isaac eut la parfaite réaction d’utiliser un sortilège de placement pendant que le mâle essayait désespérément de combattre mon sortilège. Mais il était si ralenti que chacun de ses mouvements donnait milles fois le temps à Isaac de l’attraper. Mon sort perdit de son effet, mais la créature resta sur place, se débattant dans le vide, retenue par la bride invisible créée par mon collègue préféré. J’étais ravie. J’aperçus alors les autres kelpies courir vers nous, attirés par notre combat et… par la quantité non négligeable de nourriture que nous offrions. Je serrai les dents. Ce n’était peut-être pas l’idéal de se battre contre autant d’ennemis, surtout que nous avions eu de la chance pour le premier.

Je reculai légèrement. Aucune chance de fuir, ils seraient bien plus rapides que nous. Et puis… J’avais vraiment envie d’en ramener à mes élèves. Peut-être que le garde chasse accepterait de me les garder dans un enclos ? Je décidai d’attirer les kelpies pour qu’Isaac ait le champ libre pour lancer des sorts. Je partis sur le côté, tout en produisant de nombreuses étincelles violettes avec ma baguette. Les créatures me suivirent sauf deux d’entre elles qui pensèrent sans doute que mon bel allié était un morceau de choix. Ce que je ne pouvais absolument pas nier. Je lançai un magnifique sortilège de stupéfaction sur le plus proche des monstres qui tomba. Mais à cet instant, le bas de ma robe se prit dans une racine et chutai brutalement, me blessant le poignet dans ma chute. Une douleur vive me traversa le bras, m’arrachant un gémissement.

Je sentis le souffle chaud et puant d’une des bêtes dans mon dos. Je fis l’unique chose qui me passa par la tête : demander de l’aide.

- Isaac !

Ma voix ne tremblait pas, mais elle avait une composante désespérée qui me déplu. Je ne remettrais jamais cette fichue robe pour aller dans la forêt. Mourir à cause d’un bout de tissu, c’était vraiment dénué de toute dignité.
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Isaac Lawford
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MessageSujet: Re: [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]   [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Icon_minitimeSam 1 Nov - 19:42

Elle en… pardon ? Avais-je bien entendu ? Elle en voulait un ? J’ouvris la bouche pour lui demander si elle plaisantait, mais je n’eus pas le temps de prononcer un mot : un instant plus tard, pour des raisons qui, je le crains, m’échappaient du tout au tout, nous étions dans les bras l’un de l’autre, plaqués contre un arbre, nos corps à ce point collés que je pouvais sentir les battements de son cœur résonner dans ma propre poitrine. Pendant un instant, un instant aussi intense que bref, j’eus l’impression d’être le plus heureux des hommes. Puis je fus ramené à la dure réalité des choses...

Le kelpie s’élançait vers nous, la gueule grande ouverte, sa crinière volant derrière lui. Il fut rapidement neutralisé par nos efforts conjoints, mais le bruit de l’affrontement avait averti les autres de notre présence. Miss Black chosit de faire diversion en partant sur la droite, tandis que j’étais censé m’occuper du plus petit contingent. J’aurais préféré que nous ne nous séparions pas, mais il était trop tard. Deux kelpies se précipitaient vers moi d’un air furieux. Je lançai un maléfice de croche-patte au premier, qui chuta et roula sur plusieurs mètres, entraîné par sa vitesse. Le second ne ralentit pas pour autant, et il était presque sur moi quand je réussis à lui imposer un sortilège de placement. Brusquement stoppée dans sa course, la créature se retrouva prisonnière d’invisibles entraves. Mais déjà, profitant de son agilité naturelle, la seconde bête s’était relevée et avait repris sa charge. J’allais lui faire subir le même sort que la première quand un cri retentit derrière moi.

- Isaac !

Je tournai la tête et vis Miss Black au sol, sa robe (aussi seyante que peu adaptée, preuve en était définitivement faite) accrochée à une racine, apparemment blessé, et entourée de deux de ces maudites créatures. Je voulus l’avertir du danger, lui dire que j’arrivais, mais cette distraction faillit m’être fatale : profitant de mon inattention, mon kelpie était parvenu jusqu’à moi. D’un puissant coup de tête, il me renversa et je tombai violemment sur le dos. Alors que je reprenais mes esprits, j’aperçus la bête qui se cabrait pour m’asséner un violent coup de sabot, sans aucun doute destiné à m’achever. Ce fut son erreur : profitant de l’ouverture qui s’était faite, je visais le poitrail sans défense de la créature et m’écriai « Expulso ». Etant donné nos positions respectives et la puissance de mon sort, le kelpie se retrouva projeté très haut dans les airs. Pendant un bref instant, je lus dans son regard une expression d’hébétude totale, puis il disparut à travers la canopée. Je l’entendis s’écraser lourdement quelques mètres plus loin. A mon avis, Lavinia n’allait pas pouvoir compter sur celui-ci pour son cours. Ou alors pour étudier les natures mortes, peut-être…

Mais l’heure n’était pas à la réflexion. Lavinia était en danger, et je devais lui venir en aide, non seulement parce que c’était ce que l’on attendait du respectable Professeur Isaac Lawford, mais aussi, et avant tout, parce que j’étais horrifié à l’idée qu’il puisse lui arriver malheur. En plus, pour la toute première fois, elle m’avait appelé par mon prénom…

La menace présentée par mes deux adversaires écartée, je me portai aussi prestement que possible à son secours. Il fallait parer au plus pressé et distraire l’attention des kelpies avant qu’ils ne lui fassent plus de mal. Le moment n’était donc plus à la finesse ni à la demi-mesure. Je pointais ma baguette vers un arbre situé à un mètre environ de l’endroit où Lavinia avait chu et lançai un Mobiliarbus. L’arbre vacilla sur sa base et s’arracha de la terre, mais un mon sortilège l’empêcha de s’effondrer. Au lieu de cela, je le fis voler, quelques centimètres au-dessus du sol, vers les deux kelpies qui menaçaient ma collègue. Ils eurent largement le temps de le voir arriver, mais ils n’avaient clairement encore jamais été confrontés à un arbre flottant et, visiblement, c’en était un peu trop pour eux. Affolés, ils se dispersèrent aussitôt, et l’arbre ne fit que les frôler en passant au-dessus de la tête de Lavinia. Incapable de contrôler plus longtemps un tel poids, je l’envoyais s’écraser dans la mare. Puis je repris une posture défensive tandis que les deux monstres se reprenaient et tournaient leur attention vers moi. Au moins avaient-ils oublié Lavinia. Mais je commençais à fatiguer, et j’avais dû me casser quelque chose quand le précédent kelpie m’avait renversé. Cette nouvelle passe allait être plus dure à gérer…


Mais c’était sans compter sur la ressource de ma compagne : celle-ci avait lâché sa baguette en tombant, mais, profitant de la distraction des kelpies, elle l’avait récupérée et la pointait maintenant sur celui d’entre eux qui était le plus proche d’elle. Concentrés comme ils l’étaient sur ma personne, ils ne la virent absolument pas se ressaisir, de sorte qu’elle eut tout le temps de préparer tranquillement un impeccable sortilège de mise en place qui surprit complètement la bête. Celle-ci se retrouva plaquée au sol sans même pouvoir se retourner pour essayer de comprendre ce qui lui était arrivé. Son collègue fit volte-face et, se rappelant de l’existence de Lavinia, fit mine de vouloir la charger, ce qui me laissa une magnifique ouverture pour lui lancer un aimable petit maléfice du saucisson, vite parachevé par un ultime sortilège de mise en place. Puis je me précipitai vers Lavinia et la pris dans mes bras.

- Par tous les poils de la barbe de Merlin, m’exclamai-je, laissez-moi vous aider, Lavinia ! Ne bougez pas, je vais soigner votre poignet ! Là, voilà. Vous vous sentez mieux ? Vous pensez pouvoir vous relever ? J’ai eu tellement peur pour vous, quand je vous ai vue à terre…

J’avais véritablement éprouvé une crainte infinie à l’idée de la perdre, et c'est peut-être ce qui expliqua le geste qui allait suivre... Ainsi penché sur elle, je pouvais tout voir, tout sentir, tout entendre d’elle : la perfection de la ligne de ses sourcils, la délicate odeur de rose qui émanait d’elle, sa respiration tremblante sous l’émotion… Il y eut un instant de flottement, un instant qui dura une éternité, puis, irrésistiblement, comme mues d’une volonté propres, mes lèvres se mirent à descendre lentement vers les siennes. Je n’avais pas la moindre idée de ce qui était en train de se produire en moi, mais je trouvais cela extrêmement plaisant.

Nos bouches étaient presque en contact l’une avec l’autre, je pouvais sentir la chaleur qui émanait de la sienne, quand un bruit retentit soudain derrière nous. Nous nous éloignâmes aussitôt l’un de l’autre, comme si un enchantement avait soudain été rompu. Ce qui était sans aucun doute le cas, d’ailleurs.

Le bruit qui nous avait interrompus avait été causé par le dernier des kelpies, celui auquel Lavinia avait lancé un sortilège de stupéfixion. Il était resté sonné quelques moments, mais nous avions omis de le neutraliser définitivement, et il avait profité de notre faux sentiment de sécurité pour tenter de nous prendre par surprise. En d’autres circonstances, nous aurions pu nous laisser surprendre, mais le combat avait affuté nos réflexes. Je me retournai brusquement, tandis que Lavinia brandissait également sa baguette, et, visant tous deux le kelpie, nous nous écriâmes d’une seule voix : « Incendio ». Deux boules de feu sortirent de nos baguettes et frappèrent la créature de plein fouet, embrasant sa crinière. L’animal poussa un cri épouvantable et tourna les talons. Quand il se précipita dans l’étang, il n’était plus qu’une gigantesque silhouette enflammée en mouvement. Il y eut encore quelques cris, un peu d’éclaboussures, puis plus rien. Un silence pesant s’abattit sur la clairière. Je me tournai vers Lavinia. Ce qui venait de se produire entre nous, ou plutôt ce qui avait failli se produire entre nous, était gravé dans ma mémoire, mais il était trop tard, l’instant était passé. J’étais redevenu moi-même, le froid et distingué Isaac Lawford, professeur d’Histoire de la Magie à Poudlard et espion de Grindelwald. Je ne l’avais jamais autant regretté qu’en cet instant précis, mais je n’y pouvais rien : c’était ainsi.

Je fixai Lavinia droit dans les yeux, y cherchant les traces du même regret que celui que j’éprouvais. Qu’allait-il bien pouvoir se passer entre nous, maintenant ?
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MessageSujet: Re: [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]   [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Icon_minitimeDim 2 Nov - 23:46

J’avais mal et peur. Et cela ne me rendait que plus vivante et réactive. J’entendis un bruit sourd derrière moi et j’imaginais très bien l’atterrissage lourd d’un kelpie envoyé dans les airs par Isaac. Je me retournai pour voir mes deux poursuivants distraits par le baptême de l’air de leur compagnon. Cela ne les fit pas fuir pour autant et le plus proche de moi se dressa sur ses pattes arrière pour m’adresser un formidable coup de sabot. Je roulai sur le côté pour l’esquiver et j’attrapai ma baguette de ma main gauche. J’avais travaillé le maniement de ma baguette avec ma main non directrice sur les conseils d’une vieille amie qui avait vécu un combat semblable et faillit mourir de ne pas savoir se défendre des deux mains. Mais les deux créatures étaient au dessus de moi et je n’avais aucune chance de fuir ou de parer un second coup dans cette position. Je me préparai à ressentir l’impact d’un sabot ou la morsure d’une des bêtes. Mais la douleur ne vint pas. Au lieu de ça un énorme bruit retentit et j’entendis les kelpies détaler. Un arbre volant n’est pas une arme conventionnelle, mais c’est bougrement efficace ! J’adressai un remerciement silencieux mais intense à Isaac.

Je me redressai alors avec quelques difficultés et je vis les deux brutes retourner vers Isaac. Hors de question. J’entravais l’une des créatures avec adresse, et ce d’autant plus facilement qu’elle ne me prêtait plus la moindre attention. Sauf qu’instantanément le second se rappela de mon existence. J’essayai alors de me relever mais je pris appui sur poignet qui refusa de me soutenir. Heureusement, Isaac se chargea brillamment du dernier. Je lui lançai un long regard admiratif et reconnaissant, et avant que je puisse esquisser le moindre mouvement, il était là et m’entoura de ses bras. Je restai parfaitement immobile, surprise de le voir aussi inquiet.

Son corps dégageait une chaleur douce et réconfortante. Il me soigna et je ne ressentais alors plus la moindre douleur, mais un infini sentiment de protection. J’étais heureuse dans ses bras. Mais je ne comprenais pas pourquoi il était si inquiet… Après tout, ma vie n’était pas si importante. Le monde aurait continué de tourner rond sans la petite Lavinia, et Isaac aurait toujours eu sa vie devant lui. Qu’est ce que ma mort aurait changé à tout cela ? Je levai de grands yeux étonnés sur Isaac. J’étais perdue. Pourquoi diable un homme tel que lui aurait pu craindre qu’il m’arrive quelque chose ? J’avais envie de le rassurer, de lui dire qu’il ne fallait surtout pas s’en faire pour moi, parce que cela ne servait à rien, que je n’avais pas la moindre importance à coté de lui et que c’était impardonnable qu’il se soit mit en danger pour moi. Je n’aurais pas du l’appeler au secours, je n’aurais même pas du l’entraîner dans cette forêt. La seule chose qui m’importait en cet instant c’était qu’il ne soit pas blessé, et plus inquiet non plus.

- Je vais très bien ne vous en faites pas…

Je croisai son regard et j’oubliai tout. Mes doutes et mes craintes. Le combat, la forêt, les kelpies immobilisés autour de nous. Tout ceci disparut, remplacé par les yeux d’Isaac dans lesquels je ne voyais plus aucune barrière. Ma main se posa contre son torse. Je sentis mon cœur s’affoler. Je sentais aussi le sien battre fort sous mes doigts, et j’étais encore plus troublée. J’avais envie de me blottir tout contre lui, de faire disparaître tout espace entre nous… Il s’était encore rapproché et je pouvais sentir son souffle caresser mes lèvres. Cet instant était parfait. Bien trop parfait. Mon sortilège de stupéfixion cessa brutalement de faire effet.

Je ressentis soudain une haine intense envers cet importun kelpie qui se jetait sur nous. Sans même réfléchir, avec le seul désir de l’expédier droit en enfer, je levai ma baguette pour m’exclamer : « Incendio ». Sauf qu’Isaac avait fait de même. La pauvre bête à la crinière de flammes partit droit vers l’étang. Je mis à espérer qu’elle ne soit pas morte. Je me sentais un peu coupable de mon emportement… J’aurais surement d’autres occasions d’embrasser Isaac… A cette pensée, je me retournai brusquement vers lui. Il était toujours penché vers moi mais il avait reprit un regard distant et une expression neutre. Les murs dressés entre nous étaient revenus sans que je puisse les abattre. Je baissai les yeux, gênée par ma conduite et mes envies irraisonnées. Je n’aurais peut-être pas d’autres occasions finalement. Qu’un homme se laisse aller en étant si proche d’une femme après un tel combat, c’était tout à fait probable sans qu’il ait pour autant le moindre réel attachement pour elle. Le comportement d’Isaac ne prouvait rien d’autre que son humanité. De plus, son attitude actuelle laissait penser qu’il n’avait aucune intention de me séduire maintenant qu’il avait repris ses esprits. Quelques soient ses raisons, il ne voulait pas de moi. Soit. Il me regardait maintenant avec une inquiétude polie, se demandant sans doute si j’étais apte à me déplacer. Je me relevai en le frôlant, ce qui me déclencha quelques frissons.

Une fois debout, ma cheville me fit souffrir. Je pris soin de ne rien laisser paraître. Je me soignerai plus tard, sans Isaac pour me regarder et me proposer son aide. Je pouvais marcher avec une cheville foulée, je n’étais pas faible. Je fis un ou deux pas difficiles jusqu’à un arbre sur lequel je pris appui. J’espérai qu’Isaac n’avait rien remarqué. Je me tournai vers lui, un air pensif sur le visage.

- Je pense que je vais emmener les quatre que nous avons attrapés. Merci de votre aide… Et… Je me sentis rougir. Merci pour tout en fait.

Je détournai le visage, profondément troublée. Je n’osais même plus lui proposer de se revoir, ni pour le livre, ni pour le club de duel. A cet instant Gunhilda arriva en courant dans la clairière et se jeta aux pieds d’Isaac. J’eus un pâle sourire devant cette démonstration d’affection. Méphisto nous rejoignit juste après, et vint se frotter contre moi. Il me lança un regard perçant comme s’il savait parfaitement tout ce qui s’était produit depuis son départ. Je le pris dans mes bras et je le surpris à lancer un regard lourd de reproches à Isaac. Impossible que ce regard sombre échappe à mon collègue. Je le gratifiai alors d’un sourire moqueur, après tout, il n’avait qu’à m’embrasser ou se comporter en gentleman. Pas me donner un espoir puis me le retirer d’un sourire vide d’émotions. J’effaçai bien vite cette expression de mon visage parce que je me sentais quand même coupable de tout ce qui c’était passé.

- Isaac, je suis désolée pour tout cela, c’est principalement ma faute. Vous n’êtes pas blessé j’espère ?

Je ne lui avais même pas demandé. J’étais la pire des ingrates. Méphisto s’échappa de mes bras et je fis un pas vers Isaac, inquiète de l’avoir délaissé par pure frustration. Ma cheville m'empêcha de faire tout mouvement supplémentaire sous peine de tomber. Et je réalisai alors que je l’appelai par son prénom sans la moindre gêne. J’eus alors honte de m’être laissé emportée… Peut-être n’allait-il pas apprécier ce manque de politesse. Même s’il m’avait également appelée par mon prénom, c’était pendant… son instant de perte de maîtrise de soi. Alors cela ne comptait pas.

- Je… Mr Lawford…

Je ne savais plus du tout quoi dire. Que j’étais désolée du tournant dans notre relation ? Cela aurait été mentir. J’avais envie d’être proche de lui et de lui donner envie de me prendre dans les bras même en l’absence d’un danger de mort. Mais j’étais désolée si le moindre de mes sentiments lui déplaisait. Je me mis à fixer obstinément l’étang. Je n’avais aucune envie de l’entendre me dire qu’il préférait que nous rentrions immédiatement et que je devrai me passer de son aide pour le livre. Je n’avais pas non plus envie de l’entendre me dire poliment que je pouvais l’appeler Isaac et que nous ferions quand même mieux de rentrer maintenant. Quoi qu’il dise, le ton calme et maîtrisé de sa voix me blesserait aussi surement qu’une lame. Parce que je n’étais moi-même ni calme ni maîtresse de moi-même. Je voulais juste retourner dans ses bras. Je le détestai et l’adorai en même temps. Je le détestai précisément parce qu’il me forçait à l’aimer, comme si ces sentiments avait toujours été en moi. Il fallait que je parte, tout de suite. Je n’avais jamais autant eu envie d’être seule et proche de quelqu’un à la fois.
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MessageSujet: Re: [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]   [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Icon_minitimeMar 4 Nov - 17:58

Miss Black se releva et fit semblant que tout allait bien, qu’elle ne souffrait pas. Elle trotta jusqu’à un arbre et s'y appuya. J'aurais pu l'aider davantage, mais je me doutais qu'elle n'appréciait guère de se trouver ainsi en position de faiblesse. Je n'insistai donc pas et l'écoutai reprendre la parole. Par tous les lutins d'Angleterre, que sa voix était belle...

- Je pense que je vais emmener les quatre que nous avons attrapés, dit-elle en désignant les kelpies. Merci de votre aide… Et… merci pour tout en fait.

Je lui aurais volontiers fait remarquer que, s’il n’avait tenu qu’à moi, ces créatures auraient été mises à mort sur le champ, ç’aurait arrangé tout le monde. Mais je n’avais ni le droit, ni l’envie de contredire Lavinia, aussi me contentai-je de balayer d’un geste ses remerciements et de lui proposer mon aide pour ramener les créatures au château. Je n’arrivais pas à lui en vouloir, c’était absolument effarant : même si je l’avais voulu, je n’aurais pas pu. Et puis la rougeur qui lui monta aux joues, conjuguée à son air gêné, était tellement adorable… Non, vraiment, jamais je n’aurais jamais pu lui faire le moindre reproche.

A ce moment, Méphisto et Gunhilda sortirent de l’orée des arbres et se précipitèrent chacun vers son maître. Je les soupçonnais d’avoir été là depuis un bon moment, mais de ne nous avoir volontairement pas rejoints dès la fin des combats. Ce qui me faisait que les animaux étaient souvent plus intelligents que les humains. Plus intelligents que Lavinia et moi ne l’avions été en l’occurrence, à tout le moins… Enfin, j’étais content de revoir ma Croup et, quand elle vient m’aboyer joyeusement dessus, je lui caressai la tête avec reconnaissance. Une exclamation de ma collègue me tira de ces démonstrations d'affection.

- Isaac, je suis désolée pour tout cela, c’est principalement ma faute. Vous n’êtes pas blessé j’espère ?


Etais-je blessé ? Bonne question. Tandis que je tenais Lavinia dans mes bras, toute forme de douleur avait disparu dans l’abîme de ses yeux noirs. Cet état de grâce s’était prolongé jusqu’à cet instant, mais la question me ramena brusquement à la réalité. Une rapide inspection de ma personne me révéla que, comme je l’avais pressenti, une ou deux côtes avaient dû être abimées dans ma chute. Cela faisait mal, mais ce n’était pas la première blessure que je subissais, et j’avais l’habitude de masquer ma douleur aux yeux des autres. Pas question que j’apparaisse en état de faiblesse devant qui que ce soit, et encore moins devant Lavinia.

- Ce n’est rien, assurai-je d’une voix parfaitement posée. Minui Doloris. Voilà, cela me permettra de tenir jusqu’à l’infirmerie. Miss Lecter aura bien une potion pour me remettre tout cela en place. Et ne vous en veuillez pas, Lavinia : la faute est autant la mienne que la vôtre, sinon plus. Je n’aurais jamais dû nous amener ici. J’en suis navré.

J’étais sincère. J’avais commis une erreur impardonnable, et je m’en voulais beaucoup : hypnotisé par son regard, j’en avais oublié à quel point la Forêt Interdite était un endroit périlleux, et je nous avais mené sans réfléchir à cette clairière. Une erreur qui avait bien failli nous être fatale. Et je savais que si Lavinia avait été tuée, je ne me le serais pas pardonné. J’ignorais pourquoi, mais j’en étais absolument certain. Ce sentiment fut encore renforcé quand je l'entendis bafouiller :

- Je… Mr Lawford…

- Hum… Je crois que nous en sommes arrivés à un stade où nous pouvons dépasser les formalités d’usage, souris-je en gratouillant Gunhilda entre les oreilles. Je ne vous en voudrai si vous continuez à m’appeler Isaac, après ce que nous venons de vivre…

J’hésitai un instant avant de me lancer et d’ajouter :

- Au contraire, je… j’en serais ravi. Et j’aimerais beaucoup pouvoir vous appeler Lavinia. Me le permettrez-vous ?

N’était-ce pas trop osé ? Après ce qui avait faillir se produire entre nous, j’étais tenté de dire non, mais les circonstances n’étaient pas les mêmes. Nous avions cédé à un instant de folie, certes délicieux, mais que nos deux éducations réprouvaient. Cela ne signifiait pas qu’il n’était pas appelé à se renouveler, mais pas de manière si… précipitée. La vitesse à laquelle Lavinia et moi semblions devoir entrer en collision l’un avec l’autre était bien trop grande pour ne pas susciter d'inquiétude en moi...

Et puis à vrai dire, j’étais soulagé de pouvoir prendre un peu de recul sur tous ces évènements : il me fallait en effet considérer la possibilité que je fusse en train de compromettre le bon déroulement de ma mission pour les beaux yeux de Lavinia. Une perspective effrayante, car elle signifiait que j’étais en train de perdre mon professionnalisme et, partant, que ma sécurité pourrait en pâtir… Une chose que je ne pouvais laisser advenir, autant pour moi que pour toute la maison Lawford. J’avais besoin de temps pour analyser mes sentiments et décider comment agir en conséquence. Je ne pouvais me laisser contrôler par mes émotions, même si cela ne voulait pas nécessairement dire que ne pouvais pas les accepter. Mais ces émotions ne devaient en aucun cas précéder mes actions.

Je n’avais pas l’intention de me raconter d’histoires quant à mes trouble que Lavinia provoquait en moi - se mentir à soi-même est le premier pas vers la destruction pour un espion - mais je devais étudier calmement ce trouble pour voir ce que je pouvais en faire. A ce titre, le recul ou, à tout le moins, la pause qui venait d’être marquée dans nos relations était, je l’espérais, salutaire. Elle allait me permettre de reprendre le contrôle de moi-même, de ma mission, de ma vie… De tout, en somme. Car c’était là l’essentiel, dans ma position : il me fallait tout maîtriser. J’espérais juste que Lavinia finirait par comprendre mon attitude… Mais ça, seul le temps le dirait.

- Etes-vous certaine que tout va bien aller ? m’enquis-je avec sollicitude. Parfait, alors… Hum, par contre… Comment proposez-vous que nous transportions ces charmantes bestioles jusqu’à la cabane de M. Campenhausen, au juste ?

Je jetai un coup d’œil aux kelpies qui trépignaient sous leurs jougs invisibles. Hors de question de les leur retirer, je n’avais guère envie de recommencer à me battre avec eux…
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MessageSujet: Re: [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. [Lavinia et Isaac]   [Début mai 1943] La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière désolé où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir.  [Lavinia et Isaac] Icon_minitimeMar 4 Nov - 23:31

Isaac était blessé… Et de toute évidence il ne voulait pas que je l’aide. L’infirmière s’occuperait de lui… Je serrai les dents. Il était donc hors de question que je laisse paraître la moindre gêne. Je lançai également un Minui Doloris mais informulé. Je me soignerais moi-même une fois rentrée. Je bougeai maintenant ma cheville sans trop de gêne. Et  j’étais heureuse, parce que Isaac venait de m’autoriser à l’appeler par son prénom désormais. Tout cela était parfait. Notre relation venait d’évoluer, et cela me plaisait. Quand il me demanda s’il pouvait m’appeler Lavinia, je répondis sans hésiter.

- Bien sûr… Isaac.

Son prénom avait une saveur tout particulière maintenant qu’il était prononcé délibérément. Finalement, il ne semblait pas gêné de la tournure des évènements. Son comportement, en tant que gentleman, avait été irréprochable et je me félicitais que rien d’autre ne soit survenu. Car même si j’avais quelques regrets… Je tenais à tout prix à garder ma liberté de décision. Un baiser imprévu aurait tout chamboulé dans ma vie. Pour l’instant j’avais encore le choix. Le choix de revoir Isaac. Le choix de l’apprécier plus que de raison. Le choix de rester fidèle à un souvenir…

Quand il me demanda si tout allait bien, je me contentais de l’ignorer pour m’approcher d’un des quatre kelpies que nous avions attrapés.  Il essaya de tendre le cou pour me mordre mais les liens invisibles le retenaient toujours solidement. Comment allions-nous les transporter ? Bonne question. Peut-être tout simplement par lévitation… J’essayai sur celui-ci.

- Wingardium Leviosa.

Le kelpie s’éleva dans les airs et je contrôlai parfaitement ses déplacements sans qu’il soit libéré de ses entraves. Parfait.

- Comme ceci, je pense que ce sera très bien.

Je fis de même avec une seconde créature. Mais j’aurai un peu de mal à contrôler également la trajectoire des deux autres. Heureusement, Isaac s’en chargea avec prévenance. Je lui adressai un sourire radieux, qui en disait peut-être un peu trop. Mais peu importe, je n’allais pas cacher que sa présence me comblait. Nous nous mîmes en route sans plus d’histoire. Après tout, cet endroit idyllique nous avait déjà réservé trop de surprises. En route je regardais à nouveau Isaac se déplacer, appréciant la maîtrise qu’il avait sur chacun de ses gestes, l’aisance féline qui se dégageait de ses mouvements. L’image d’un autre homme se superposa à la sienne et je m’empressai de la chasser avec quelques frissons. Méphisto me lança un long regard doré. Un kelpie poussa un cri de protestation. Les pas d’Isaac allaient au même rythme que moi. Je me sentais un peu nostalgique parce que j’avais peur que tout cela prenne fin aussi brutalement que cela avait commencé. Je m’arrêtai brusquement. Nous étions revenus sur nos pas et étrangement je venais de me stopper à l’endroit même de notre rencontre. Les griffures fraîches sur un grand pin encore suintantes de sève me le confirmaient. Il restait quelques débris du panier que les Sombrals avaient déchiqueté en plus de la viande qu’il contenait. Ces créatures étaient fascinantes, mais un certain Professeur l’était encore plus.

Je tournai mes yeux sombres pour plonger mon regard dans ceux, verts, d’Isaac. Mon cœur manqua un battement.

- Avec tout ce qui c’est passé, nous n’avons pas pu parler de ma proposition concernant le club de duel… Je comprendrais bien sûr que vous refusiez, étant donné… Je détournai les yeux pour ne pas paraître trop impolie. Etant données les circonstances qui vous ont menées à participer à un duel.

J’espérai qu’il accepterait cette demande. Par pur désir d’être avec lui, mais également par curiosité. Si Isaac savait mieux se battre en duel que sa modestie ne voulait l’admettre, et bien moi, je voulais le savoir. Ce que je commençais à éprouver ne me donnait pas d’autre alternative que de bien me renseigner sur Isaac… Car si je me laissais aller, si je cédai à ce qui me faisait rougir et baisser les yeux quand je croisai son regard, si je n’arrivais pas à refouler ces sentiments… Alors, il deviendrait instantanément la personne la plus dangereuse pour moi. Cette idée était terrifiante. Et je n’étais même pas sûre de vouloir nier ce que je ressentais, ni même d’en avoir la possibilité comme je me plaisais à le croire. Bien sûr, peut-être qu’une fois seule, toute cette agitation adolescente aurait disparue de mon cœur. Mais Isaac hantait mes pensées depuis trop longtemps pour que je me berce d’illusions…

~

« Aimer est l'un des plus beaux choix qui s'offrent à un homme. Ou à une femme. Et l'un des plus difficiles. »
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