[1943 - Mi-Décembre] Get the f*ck out, bitches are out ! (Amanda Barnes)

La journée avait été… comment dire ? Calme. Beaucoup trop calme. Certes, il n’était que deux heures de l’après-midi mais… d’habitude j’avais au moins traumatisé un première avant le petit-déjeuner. Juste un ! Et là… rien. Nada. Le néant absolu. Et je m’emmerdais. Vachement. A croire que les vacances de Noël avaient débutées sans que j’en sois tenue informée. Déjà, il n’y avait pas un chat dans le château, pas même un fantôme à qui taper la discussion et j’avais pourtant bien vérifié ! Voilà au moins quatre fois que j’arpentais les couloirs déserts sans croiser personne. Enfin d’intéressant. Non parce que j’étais tombé sur Jenkins et sa clique, sur mon crapaud de frère et au moins une demi-douzaine de Poufsouffles en quête de nourriture près des cuisines et… et au moins autant de gens encore plus inutiles que inutiles. Tous les gens dignes d’intérêts, eux, se cachaient visiblement de moi. Alan et Oxford devaient trainer à se dire des mots d’amour dans un coin sombre du château, les victimes faciles devaient certainement se terrer loin de moi, à l’abri, et même les professeurs n’avaient pas eu le temps pour mes séances d’hypocrisie quotidiennes. En désespoir de cause j’étais allé jeter un œil à l’extérieur mais il neigeait à outrance et j’avais manqué terminer en bonhomme de neige alors que je n’avais pas encore atteint le lac. Du coup, je pense qu’on pouvait le dire, cette journée était hautement merdique. Ou du moins, c’était ce que je me répétais en boucle depuis déjà deux bonnes heures. Deux heures durant lesquelles j’avais contemplé le plafond de la salle commune des serpents. D’ailleurs, il faudrait que je touche un mot au vieux Slughorn à propos de cette fissure énorme sur le mur à côté de la cheminée, et puis à propos des infiltrations au plafond. Il ne manquerait plus que le lac nous tombe sur la tête ! Mourir noyée, tuée par ma propre salle commune, ça serait assurément moche comme mort.

J’étouffe un bâillement dans ma main tandis que je continue mon observation de la salle commune par une analyse très pointue de la faune locale, j’ai nommé : les serpentards ! Croyez-le ou non, les Serpentards sont bien loin de n’être que de sales gosses. D’ailleurs je me demande si nous n’avons pas une bonne dizaine de Gryffondors infiltrés, oeuvrant sous couverture dans l’unique but de nous faire tomber. Le fait est que certains semblent avoir autant de cerveau que ce troll de Jenkins, et pourtant je le pensais imbattable… mais le fait est que, après avoir vu ce crétin de Yaxley tenter d’avaler son poids en cacahuètes avant de s’étouffer avec une et de les recracher sur les gens aux alentours, je commence à me dire que Jenkins n’est peut-être pas l’empereur des cons. Juste le roi, tout au plus.

Je détourne le regard, écoeurée par la vision des cacahuètes à moitié mâchées par l’autre crétin. Merlin, mais comment ce type a-t-il pu arriver à Serpentard ? Potentiel cruauté de la famille ? Enfin bref ! Il est grand temps que la petite chose délicate que je suis aille voir ailleurs. Loin de la populace. Et ça tombe bien parce qu’il me semble entendre le doux son mélodieux de la voix de Barnes qui sort de son dortoir. Moi qui m’ennuyais, la solution et le remède à ma morosité sont tout trouvés !

- Barnes, je t’attendais ! Dit au revoir !

Et, ni une, ni deux, je monte vers mon propre dortoir en entrainant son bras avec moi au passage. Certes, c’est impoli pour son interlocuteur, mais on s’en fout. Il n’est rien et je suis moi, le choix est vite fait. De toute façon, personne ne peut me battre niveau médisance et papotage de fille, Amanda va forcément préférer ma compagnie. Comme d’habitude en fait. C’est qu’elle est bien cette petite. Je retrouve tant de moi à son âge en elle. Ça me rassure de voir que le potentiel garce de service de la maison est assuré pour au moins encore quelques années, ça me chagrinerait que de devoir laisser la noble et pure maison de Salazar aux seules mains d’erreurs de la nature comme Yaxley.

A peine arrivée dans ma chambre, Barnes s'assoit sur mon lit tandis que je me contente de rester debout, nonchalamment appuyée contre un pilier du baldaquin. Un fin sourire se dessine sur mon visage alors que j'écoute mon amie cracher son venin sur la fille qui l'accompagnait. C'est vrai qu'elle avait l'air particulièrement insipide cette gamine. Le genre de fille qu'on emprunte de temps à autres quand on a pas le choix et à qui faire de la lèche pour mieux obtenir ce qu'on souhaite. En vérité, c'est ce genre de fille peu populaire qu'on peut surprendre avec des étoiles dans les yeux quand une fille comme Amanda daigne lui jeter un regard et prêter un peu d'attention. Le genre de personnes qui me dégoute en vérité. Ceux, qui s'enorgueillissent de l'attention qu'on leur porte pendant cinq minuscules secondes et qui s'en vanteront à vie. En bref, les gens sans statut et qui se contentent des miettes que les gens comme Amanda et moi daignons leur donner de temps à autres. Insupportables en somme. Et insipides.

- C'est une idée... il faudra qu'on essaie la prochaine fois... quand tu n'en auras plus besoin, j'entends.

Je la regarde serrer amoureusement un coussin contre elle et, plutôt que de me donner le nausée, je la trouve réellement attendrissante. Attachante même. Amanda Barnes, la petite soeur que je n'ai jamais eu mais que j'aurais tellement mérité. Tellement plus que cette insupportable grenouille de Terrence. D'ailleurs en parlant du loup...

- Ne m'en parle pas, c'est horrible. Personne n'a été à ma disposition pour une petite séance de terreur. A croire que Poudlard est mort et que toutes les victimes potentielles se terrent quelque part. Quant à Terry... je suppose qu'il doit bien gober des mouches dans un coin du château. J'espère juste qu'il aura le bon goût de s'étouffer avec l'une d'entre elles...

Je soupire avant de plonger aux côtés de Barnes, à moitié avachie sur mon lit tout espérant secrètement disparaitre sous mes coussins, peut-être que je me réveillerais en découvrant que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve et que la journée ne fait que commencer.

- Je m'ennuie, Manda. C'est terrible à dire, mais c'est journée est des plus soporifiques. Personne à martyriser, tu te rends compte ! C'est criminel de me retirer de la sorte mon passe-temps préféré !

Je me relève sur mes avant-bras tout en la fixant, sortant ma tête des coussins par la même occasion.

- Et toi, sinon ? Miss Insipide t'a-t-elle été utile au moins ? je demande, faisant référence à la fille des escaliers.