[12 juin 1943] Poudlard horror story (Serpentards)

Mise en contexte :
Onze heures sonnantes, la salle commune est presque vide. Les examens sont dans moins d’une semaine et les élèves passent leur temps à étudier (ou pas). Sauf que ce soir, certains ont abandonné leurs livres pour s’adonner à une activité toute autre : se raconter des histoires d’horreur.

Je poste la première, mais il n’y a pas d’ordre précis. Je prévoie 5 tours avant d’y mettre fin, mais si l’expiration y est ou n’y est pas, ça peut changer. Pour l’heure, il y a Terrence et Elisabeth Levy, Oliver Sangried, Alan Lawford, Lance Dawson et moi-même. Si d’autres Serpentards désirent se joindre à nous qu’ils le fassent.


-J’ai entendu dire que Hagrid tentait d’élever un loup-garou sous son lit.

Fergus Berkeley, un septième année, parlait assez fort pour que toute la salle commune puisse entendre. Il était accompagné de George Idle qui était aussi moche que son frère Graham. Zoey lui jeta un regard méprisant avant de se replonger dans son livre d’histoire de la magie. Le garçon avait été assez idiot pour se vanter d’avoir eu l’idée des pigeons lors du match de Quidditch. Malheureusement pour lui, il n’avait pas reçu le succès qu’il pensait puisque plusieurs mettait la faute de la défaite de l’équipe sur lui. Ainsi, il aurait dû chercher à disparaître dans un trou et éviter d’attirer l’attention des autres.

-Ça me fait pensée à une histoire. C’est mon père qui me l’a raconté. Il y a de cela des années, Poudlard n’était pas aussi sécuritaire qu’aujourd’hui. Des élèves disparaissaient, les uns après les autres, pour réapparaître sans aucun souvenir. Ils ne savaient pas ce qu’ils avaient fait, avec qui et quelle était cette marque sur leur bras. Ils avaient pourtant tous la même. Complètement identique. Et puis une lune plus tard, les élèves se transformèrent. Un sorcier les avait transformés en loups-garous. Pour en faire une armée tu vois. Ce fut un massacre dans les dortoirs et les corridors. Près de la moitié de l’école est morte cette nuit là…
- Arrête de mentir Berkeley. Tout ça c’est impossible.

La voix de la jeune fille avait résonné dans la salle commune, claire et distincte. Elle n’avait aucune patience pour entendre des histoires qui n’avaient ni queue ni tête. Une armée de loups-garous dans l’école. Et puis quoi encore. Ce soir là, Zoey n’avait plus de patience. Elle referma son livre et défia du regard son aîné.

-Qu’est-ce que t’as Oxford? T’aimes pas les histoires d’horreur.
-C'est pas ça... mais la tienne elle est nulle.
-Oh alors demandons à quelqu’un d’en raconter une qui donne la frousse. Allez qui connaît une histoire d’horreur.

Il lança un regard circulaire sur la salle et désigna la première personne qui croisa son regard. Si le désigner ne disait rien, Berkeley se jurait qu’il mettrait sa tête dans la cuvette des toilettes du deuxième.

Lance, réviser ? Pouah ! Quand on avait autant de talent que lui, tout cela était bien distant de la réalité. Vrai, il avait bien ouvert un livre de soins aux créatures magiques pour lire un peu, mais ce n'était que pour son amusement personnel. Même s'il avait été vraiment en train de réviser, il ne l'aurait jamais avoué. Il ne fallait pas détruire sa réputation, qui était celui d'un gros paresseux qui ne passait son temps qu'à visiter les lèvres plutôt que la bibliothèque. Il était donc dans la salle commune avec tout le monde, écoutant d'une oreille distraite les histoires qui étaient en train de se raconter.

Des histoires qui faisaient peur, il n'en connaissait pour ainsi dire aucunes. Cela n'avait jamais été dans son habitude de fêter Halloween d'une quelconque façon, rien que pour se faire peur ou juste d'effrayer les petits premières années avec des légendes saugrenues. Oui, il aimait martyriser les plus jeunes, mais avec des choses beaucoup plus concrètes que des esprits vengeurs ou autres choses de ce genre. Surtout dans le monde où ils vivaient, où les pires histoires étaient souvent les plus vraies .. Non, il n'allait décidément pas perdre son temps à ce genre d'inepties.

Mais il écoutait, quand même. Assis dans un des canapés de la salle commune, il observait de temps à autre les élèves qui racontaient n'importe quoi, vraiment. Mais puisque Zoey était là, il essayait d'être à peu près attentif, ben oui, il n'avait quand même pas abandonné son idée de la séduire à tout prix .. Elle semblait aussi peu partante à prendre part à tout ce manège que lui, mais elle aurait bien aimé l'entendre raconter quelque chose, rien que pour sa belle voix.

Après que Berkley ait fini son histoire, Alan prit la parole. Au moins, il savait mieux raconter les histoires, lui. Lance ne le croyait pas, bien entendu. Il était loin de ces histoires et n'était pas très peureux .. Même courageux jusqu'à en être totalement idiot, à faire n'importe quoi sans craindre quoi que ce soit.

« Non mais vous vous entendez? » fit-il avec un sourire narquois. Il posa son livre et poussa un gros soupir. « C'est assez pitoyable que de se faire peur avec des histoires à dormir debout .. » Il adressa un regard à Zoey. « Si c'est ça je vous avoue tout de suite que je suis le fantôme, et que je jetterai dans le lac le prochain à ouvrir la bouche pour raconter de telles idioties. »

Il reprit son livre et le fit tourner dans ses mains, essayant de prendre un effet tout à fait dramatique. « à quoi bon raconter des histoires ? Il me semble beaucoup plus intéressant de les créer. Que ne serait pas la frayeur des autres maisons si des événements inexplicables venaient vraiment à arriver .. grâce à nous, vaillants Serpentards. Mais personne ne le saurait jamais. »

La grande salle des serpentard n'est pas un refuge pour tout le monde. Pour ma part, il s'agissait plutôt de me faire le plus petit possible, afin de me faire oublier. En effet, le masque de bonté et de joie de vivre que je portais en journée m'avait déjà valu de nombreuses soirées à être moqué, voir quelques traitements peu enviables : de plus, les examens approchants, je savais que certains serpentard cherchaient un exutoire.

C'est donc depuis un coin sombre que j'écoutais Berkeley raconter son histoire de loup-garou. Je me demandai furtivement la tête qu'il tirerait en apprenant ma véritable nature, et je dus me retenir de pouffer. En revanche, la voix de Zoey me fit relever la tête du manuel de sortilège dans lequel je feignais de m'être plongé : comment aurais-je pu même feindre de ne pas réagir à une telle voix ? Ah, Zoey ...

Je savourais les mots quelques peu acides de la jeune fille, avant de me mettre à grincer des dents : Alan faisait encore son intéressant. Depuis que je connaissais le professeur d'histoire d'un peu plus près, je tentais de me rapprocher de son neveu de façon purement utilitaire. Toutefois, suffisant et parfois grinçant, le jeune homme n'avait rien pour attirer la sympathie : du moins, pas la mienne. Mais il était bien meilleur conteur que son prédécesseur, après tout, c'était déjà ça.

Une nouvelle personne intervint : Lance Dawson. Je crois qu'on peut dire qu'il me sert plus ou moins de coach en séduction, bien qu'il me prenne pour un cas désespéré de gamin timide et coincé. Un fait des plus déplaisant, c'est qu'il s'était avéré que c'était le cas pour le domaine concerné. Toutefois, il avait su se montrer nécessaire et assez compétent pour ce que j'attendais de ses cours. Et il avait une bonne idée ... sauf que.

Provoquer la peur chez les autres maisons, c'était très intéressant, voir absolument motivant, pour un serpentard lambda. Enfin, pour la plupart des serpentard, moi y compris. Toutefois, saurais-je m'intégrer à ce genre d'exercices sans faire tomber le masque ? Rien n'étais moins sûr hélas.

Je devrais sans doute profiter qu'une bonne partie des première et deuxième année, ainsi que d'autres serpentards plus vieux, partirent se coucher à ce moment-là (pour éviter les histoires glauques ? Pour ne pas être impliqués dans quelque chose de plus gros ?) pour m'effacer. Mais ...

Mais il y avait ces visages : des première et seconde années parfaitement volontaires et intéressés, d'autre terrifiés mais qui tentaient de faire bonne figure ... on voyait également les plus vieux réfléchir, qui à une histoire, qui à quel genre de mauvaises blagues nous pourrions mettre en œuvre. M'étant jusqu'à présent fait passer inaperçu, je décidai de continuer un peu : ce qui se passait était très intéressant, au moins à regarder. Et si je voyais l'occasion de participer ... et bien, ce serait dommage de se priver.